mercredi 25 novembre 2015

FORMIDABLEMENT !

Je ne crois pas qu'il y ait de "mots" pour ça... Alors... Trouvons-les !



FORMIDABLEMENT


 

Formidablement. Il faut vivre. Formidablement. Respirer. Formidablement. Il faut rire. Formidablement. Croire. Et Espérer. Formidablement. Parmi ces débris que la nuit cache. Parmi ces secrets enfouis sous la terre brûlée. Il faut accepter, formidablement, la terre ébranlée, notre monde en train de basculer et le temps qui semble s’arrêter. Entrechoc. Explosion. Bombardement. Cris. Et puis, plus rien… Piégé. Déchiré. Meurtri. Mutilé. De blessures qui ne repartiront jamais. Que faire ? Que faire ? Dîtes-moi ! Que faire ! Oublier ? Nier ? Tuer ? Haïr ? Mais à quoi bon !                                                                                                                                                         Il faut vivre. Formidablement. Respirer. Formidablement. Il faut rire. Formidablement. Croire. Et Espérer. Formidablement. Et avancer. Chaque pas en arrière est une défaite, une hésitation un échec, et un abandon une trahison. Le sang qui coule. Et qui gicle. De partout. Sur tous les visages. Dans toutes les vies. Personne n’est épargné. Les pleurs contenus. Les sanglots qui déraillent, qui déconnent. La ferraille. Le chaos. L’alarme. La terreur. Qui résonnent. Et qui résonnent, en moi. En toi. En nous. Qui écrasent. Qui torturent. Qui massacrent. Sans penser. Sans pitié. Sans humanité. Du peu qu’il en reste. Les cris stridents comme les détonations des mitraillettes. Tu les entends ? Moi aussi. Elles me hantent. Les balles qui éclatent. Fort. Fort. Très fort. Minable. Minablement. Fort… Formidablement. Comme un hymne. Qui monte. Et monte. Encore et encore. Il faut vivre. Formidablement. Respirer. Formidablement. Il faut rire. Formidablement. Croire. Et Espérer. Formidablement. Et les ruines et les décombres. Épars. Foudroyés par l’horreur. Un massacre. Oui, la mort. La mort qui rôde, la mort qui guette et qui se frotte les mains. Qui écrase. Qui torture. Qui massacre. Qui tue. Machinalement. Des vies. Des couleurs. Des espoirs. Des rêves et des réalités. Du bonheur et un chemin. Rasé. Détruit. Et le sang, qui coule, qui gicle de partout. Mon sang. Ton sang. Notre sang. Oui, on a voulu nous détruire. On a voulu nous anéantir. Effroyablement. Lamentablement. Minablement. Fort… Fort… Comme un hymne. Qui monte. Et monte. Encore et encore. Brouhaha. Murmures. Fort… Fort… Formidablement. Un mot. Une pensée. Solidarité ! Main dans la main. Ne pas céder à la peur. C’est la terreur qu’ils veulent répandre. Nous interdire de vivre. Bannir la liberté. Et Incompréhension. Impuissance. Tristesse. Colère. Rage. Désespoir. Violence. Haine. Je comprends. Je comprends ! Mais à quoi bon ! Fort… Fort… Formidablement ! Et toutes ces différences ? Faisons-en une force ! Fort… Fort… Soyons forts ! Formidablement ! N’oublions jamais. Il faut vivre. Formidablement. Ne pas se laisser mater. Ne pas se laisser massacrer. Nous sommes forts ! Formidablement, et vivre ! Vivre pour tout ces morts ! Une revanche terrible. Redoutable. Justice implacable. Intransigeante. Fort… Fort… Existons ! Levons-nous ! Formidablement !  Oui, nous devons vivre. Formidablement. Et respirer. Formidablement. Nous devons rire. Formidablement. Espérons. Croyons en l’avenir. Formidablement. Personne ne connaît LA solution, alors cherchons la. Tous ensemble. Formidablement. Et avançons !

 

 

-Vous êtes formidable(s) !  

lundi 16 novembre 2015

Herbier lunaire

Selenae longiflora
Le genre Selenae est le premier genre endémique de notre satellite. L'espèce longiflora regroupe les variétés à sépales et pétales outrepassés, caractéristiques de l'hémisphère sud de la face cachée. Comme toutes les espèces du genre, elle est violemment toxique.

Papaver nocturnum
Le pavot de nuit est blanc, et pousse dans les cratères de la face cachée. Les capsules contenant les graines triforées exsudent un latex volatile très hallucinogène, utilisé dans les rites chamaniques des nomades lunaires.

Capsicum solaris
Le piment solaire pousse sur les cimes des cratères, face visible. On en dénombre 233 variétés, plus un nombre incalculables d'hybrides avec les espèces terriennes. Les fruits de la variété negra – dite de l'étoile noire – sont si concentrés en alcaloïdes irritants qu'il a fallut revoir l'échelle de Scoville.

Opuntia gigantea
Issue de l'adaptation lunaire des oponces terriennes, l'oponce géante étale ses raquettes sur la mer de la Tranquilité. Grâce à la gravité moindre, les spécimens atteignent facilement les trente mètres de haut, et les raquettes deux mètres de diamètre. Les épines de vingt centimètres de long sont recouvertes – comme le reste de la plante – de poils urticants. Les fruits servent à produire du moonshine, la liqueur emblématique de la Lune.

Aeonium ferris
Conçu à l'origine pour dépolluer les terrains industriels, l'Aeonium ferris s'est fait une place dans la flore sélène. Son aptitude à fixer les métaux lourds dans ses feuilles y est pour beaucoup. Les habitants de Luna 12 se sont spécialisés dans la culture sur barre de fer de la variété Razor, dont les feuilles peuvent dès lors directement servir de lames, sans nécessiter aucun affûtage.

Citrus eos
Le citron de l'aube, ainsi nommé à cause du dégradé typique de rouge vers le jaune de ses fruits, ne se trouve que sous serre.

La non-photo

Qui aurait pu la prendre ? Personne n'était là – à part le protagoniste, bien sûr. Oh il y avait des gens, plein même, mais aucun avec une raison de la prendre. Ou peut-être que si. C'était un quai de gare, après tout. On prend des photos sur un quai de gare, non ? Peut-être a-t-elle été prise, d'ailleurs, peut-être qu'elle a servi de fond à une autre, de départ, d'adieu ou d'au revoir, plus parlante que celle-ci. Il y a peu de chance, quand même. Rares sont les photos prises sous la pluie. Le ciel gris, entre les rails et les cathéners, sur fond de béton et de terre rouge, avec juste le contrepoint orange brillant des lampadaires et des affichages lumineux. Qu'est-ce qu'elle a d'intéressant, cette scène, pour que quelqu'un ait eu, comme ça, l'envie de la fixer sur pellicule, écran ou carte mémoire ? Pas grand-chose, il faut bien l'avouer. Et, s'ils l'ont fait, pour sûr se sont-ils intéressés à eux-mêmes, rien d'autre. Pourquoi documenter cette gare infâme sous la bruine ? Pourquoi s'attarder sur ce type en T-shirt, un sac sur le dos et l'autre à la main, en train de regarder le train qui ralentit le long du quai ? Aucune raison, aucune. Vraiment aucune.

Édouard

Édouard était comptable.
Heureusement, l'agence qui l'employait fit faillite.
Malheureusement, Édouard retrouva très vite du travail, chez la concurrence.
Heureusement, il hérita bientôt d'un dossier trouble, ou disons, plein de trous.
Malheureusement, le détenteur dudit compte apprécia grandement les services d'Édouard, et le débaucha pour ensuite l'embaucher.
Heureusement, ce nouveau patron – suite à un différend financier – fut bientôt retrouvé avec la cervelle hors de la boîte crânienne.
Malheureusement, la femme de feu son patron reprit les choses en mains, Édouard y compris. La femme d'Édouard n'apprécia guère.
Heureusement, la fille du mort défia sa mère – la femme. Au maniement du couteau elle n'était pas très douée, et dans la tombe elle emporta sa mère, avec elle.
Malheureusement, la femme d'Édouard était déjà partie, avec le frère de la fille – le fils, donc.
Heureusement, le fils ne savait pas vraiment piloter, aussi des lagons paradisiaques qu'il lui avait promis ne goûtèrent-ils que le fond.
Malheureusement, Édouard devint donc calife à la place du calife.
Heureusement, la police l'avait à l'œil.
À suivre…

Semaine

Aujourd'hui, un grand sac de rien, avec une triade anglais-français-italien qui surnage, sourde.
Hier, un anneau et deux comptes-rendus. Le sien, tout en blanc, le mien, tout en noir.
Dimanche, séisme. À peine. Turbulence plutôt. Vague remous. Mais tsunami aussi. Rouge. Claque sur béton, notes qui crient. Lampée absente.
Samedi, branle-bas de combat. En alternance avec flemme en fin de journée.
Vendredi, dodo. Si seulement. Carillon sous os.
Jeudi, noyade dans bulles en bottes, quatre fois. Russes fous, aussi. Esprit, es-tu là ?

Ne pas avoir et ne pas être

J'ai pas toujours raison
Je suis pas stupide
J'ai pas de chance
Je suis pas trop mal tombé
J'ai pas mal
Je suis pas bien
J'ai pas fini
Je suis pas au début
J'ai pas de plan
Je suis pas perdu
J'ai pas confiance
Je suis pas prudent
J'ai pas la solution
Je suis pas à court d'arguments
J'ai pas d'attentes
Je suis pas patient
J'ai pas d'égo
Je suis pas transparent
J'ai pas d'expérience
Je suis pas trop mauvais
J'ai pas la bonne tête
Je suis pas où j'aurais dû

vendredi 13 novembre 2015

le cliché pas fait

La plage, une fin d'octobre, cette année là la rentrée était tardive mais tous les touristes étaient partis. Nous étions seuls sur le bord du lac, vous mes enfants et moi. La lumière dorée d'un été indien se reflétait dans l'eau, la nature retrouvait son calme, elle semblait se reposer de ces étés agités. Sur les berges les arbres commençaient à jaunir, les sapins pointillaient de vert la colline. Une douceur immense enveloppait le paysage, la température était idéale et des filaments de brume se faufilaient dans la forêt. Les chalets en haut du pré s'endormaient dans une grande paix, le nôtre respirait dans les volutes de fumée s'échappant de la cheminée, il nous attendait. La journée s'étirait et on nageait dans ce silence infini, quelques vaguelettes produites par nos mouvements faisaient frissonner l'onde, des éclats d'argent se mêlaient alors au gris des fonds. Un écureuil sur les galets nous regardait étonné de nous trouver là à cette période de l'année. Au loin, une barque de pêcheurs, sans doute la première sortie pour le brochet, elle se balance dans ce temps arrêté.
Un pur bonheur que nos corps baignés dans cette nature sauvage !
Un cliché l'aurait il fixé davantage ?