vendredi 22 janvier 2016

Le petit géographe

Amalée
Île du Pacifique, située très précisément sur le Tropique du Capricorne. Le décompte officiel y est de 116 habitants et demi. La population compte en effet deux unijambistes qui, selon la loi locale, ne comptent chacun que pour trois quarts d'homme. Très jolies plages.

La Corne de Bron (en anglais Bron's horn, en mannois Eairk Brann)
Petit cap inhabité en mer d'Irlande, sur la côte ouest de l'Île de Man. Dernier repaire de pirates de la zone, il jouit de ce fait d'une grande popularité qui lui assure une forte activité touristique.

Niè (en chinois 湼)
Village chinois perdu dans l'Himalaya, près de la frontière avec le Bhoutan. Si le village fait officiellement partie de la République Populaire de Chine, l'absence de route pour y accéder fait que personne n'a pu s'y rendre depuis cinquante-trois ans.

Le Pré Houbée
Lieu-dit de Loire-Atlantique, entre Châteaubriand et Ancenis, où, selon la légende, aurait un jour poussé un chêne en forme de chèvre. L'arbre n'existe plus, mais une pierre levée marque l'endroit, soigneusement entretenu depuis plus de quinze générations par la famille propriétaire du champ.

Corimolinthe la Grande (en grec Κορίμολινθα)
Capitale de l'île du même nom, un rocher perdu dans les Cyclades, qui n'a jamais, depuis trois mille ans que des gens y vivent, reconnu d'autorité extérieure à l'île. Encore aujourd'hui, elle ne fait ni partie de la Grèce, ni d'aucun autre pays ou organisation.

La Palamondie (en italien Palamondia, en allemand Palamund, en palamondin Palamundinescha)
Vallée alpine du Trentin italien, de la Suisse ou de l'Autriche, selon le traité auquel on se réfère. Ce qui importe peu aux habitants, qui se considèrent avant tout comme Palamondins. Aux dernières nouvelles, le Liechtenstein revendiquerait lui aussi la Palamondie.

Qar-aslem (en arabe قاراسلم)
Oasis du Sahara tchadien, fameuse pour ses arbres fruitiers. Ses oranges, grenades, dattes et autres se négocient à des prix faramineux sur un nombre très restreint – et confidentiel – de marchés privés, pour se retrouver ensuite sur les plus riches tables du monde.

Ouverture

La pièce était vide. Littéralement vide. Ou presque. Sur l'étagère, à droite, un christ de pacotille, sans sa croix. Il se dit qu'il en avait peut-être eu marre de la porter. Par terre, là où aurait dû se trouver le radiateur, un embout de tuyau en fonte, et son écrou, tous les deux rouillés, hors d'âge, et beaucoup trop gros pour être autre chose qu'incongrus. Dans les tiroirs du bureau, qui faisait face à la porte et dos à l'unique fenêtre de la pièce, on avait trouvé une clé – vieille, tordue, probablement inutilisable depuis des décennies – et une pièce d'une roupie. Qu'est-ce qu'une roupie faisait là, à vingt mille kilomètres de chez elle ? Mystère. D'après les voisins, il n'était même pas certain que l'homme ait jamais été au courant de l'existence de l'Inde.

C'était les seuls autres objets que l'on avait trouvé dans la pièce. Le dernier, de loin le plus évident, ç'avait été la balle. Inutilisée, propre comme un sou neuf malgré son âge, posée verticale sur le bureau, bien au milieu. Différente de celles qu'on avait extraites du parquet – il avait demandé.

Il y avait une histoire là-dessous, c'était évident. Quelque chose de vieux, un message codé, qui ne lui était pas destiné et donc qu'il ne pouvait saisir. Quelque chose de préparé, de précis. En triturant sa cravate, il se dit que plus qu'une scène de crime, c'était plutôt sur une scène tout court qu'il se trouvait.

L'Enfer

15 août (enfin j'imagine que c'est le 15 août, mais après tout je n'en sais rien et je n'ai aucun moyen de le savoir). Je suis mort. Un truc bête : je me suis pris un camion. Évidemment, ça n'a pas fait un pli. J'y suis passé en un quart de seconde à peine. Et de là, directement en enfer. Mécréant comme je suis, ce n'est guère étonnant que les portes de là-haut me soient restées fermées. Chose plus amusante, je suis attendu. Apparemment, mon apostasie galopante et ma tendance au blasphème éhonté me valent d'être traité comme une sorte de VIP. De fait, je n'ai aucune intention de me repentir, aussi les feux de la Géhenne ne me font – au contraire des pauvres hères que je croise – que l'effet d'un doux soleil de printemps.

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25 décembre. Le temps, bien que relatif, est apparemment une donnée universelle. Aussi puis-je affirmer qu'on est effectivement le 25 décembre. Aujourd'hui je reçois mes galons pour rejoindre le Cinquième Cercle. Notez que les « Cercles » sont bien mal définis. Pandemonium ressemble davantage – du moins pour ce que j'en ai vu – aux favelas de Rio qu'à Paris intra-muros. On y mange bien, cela dit. La cuisine de rue est exceptionnelle. Ben oui, la gourmandise est un péché, du coup on s'en sort pas trop mal dans le coin.

Les gens du 4C – dans la terminologie locale – sont des connards. Et je ne dis pas ça parce que ce sont des démons. Plutôt parce que ce quartier est celui des affaires, et que tous sont bien trop pressés pour être polis. Je détestais Mammon de mon vivant, je hais ses sbires maintenant que je les ai vus à l'œuvre. Une belle bande de monomaniaques suffisants.

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13 avril. Qui l'eut cru ? L'enfer est une démocratie. Mais une moderne, bien entendu, où les ténors de la politique ne changent jamais puisqu'ils sont immortels. Quoique. Ça a bien besoin de nouvelles têtes dans le coin. Et je ne suis pas le seul à le penser.

Si j'étais moi

On m'a posé la question : « Et si tu étais toi ? » Voilà ce que j'en pense.

Si j'étais moi, rien ne changerait. Absolument rien. Tout, du plus petit haussement de sourcil au choix de vie le plus cornélien, serait strictement identique à ce qu'il a été. Rien ne serait différent. Les erreurs, les hésitations, les faux pas et les actes manqués comme les réussites, de par chance à passables à éclatantes. Confronté aux mêmes problèmes, j'aurais opté pour les mêmes solutions. Confronté aux mêmes dilemmes, j'aurais choisi les mêmes voies, bonnes comme mauvaises. J'en serais précisément, exactement, strictement au même point, avec les mêmes questions en tête, les mêmes idées, les mêmes espoirs basés sur les mêmes déceptions, les mêmes rancœurs, les mêmes renoncements. Mes cicatrices seraient les mêmes, suivraient les mêmes tracés, répondraient aux mêmes souvenirs. Et le futur qui s'offre à moi ne différerait en rien de celui que je contemple maintenant. Rien n'aurait dévié, rine ne se serait écarté de la route que j'ai prise et que je continue d'emprunter. Rien. Parce que cette route, à bien des égards, c'est moi. Chaque tournant, chaque embranchement, chaque pas de côté comme chaque raccourci à travers champs, c'est à la fois moi qui l'ai choisi, et c'est ce qui fait que je suis moi. Si j'étais moi, je serais cette route, avec le même point de départ, les mêmes circonstances rencontrées aux mêmes moments, ayant provoqué les mêmes décisions. De A à Z, de bout en bout, tout, absolument tout, jusqu'à la moindre pensée jamais pensée, ce serait moi. En un mot, si j'étais moi, je serais moi. C'est tout.

Histoires en deux phrases

La plupart du temps, ce qu'on cherche n'habite au final pas très loin. Dans mon cas, ma voisine se révéla très professionnelle : jamais on ne retrouva mon mari.

Le jour où cela a commencé, j'ai fait une sorte de trouvaille dans la forêt. Le problème est que je n'ai depuis toujours pas réussi à sortir de ladite forêt.

Quand me prend le violent désir d'être un athlète léger, j'arrête de manger et je cours, je cours toute la nuit, tout le jour, jusqu'à m'effondrer. Un jour, j'en suis sûr, je m'envolerai.

P. a scié une ceinture de chasteté en argent sur un cadavre, et s'est ramassé un paquet de pognon. Bon, il a aussi choppé l'hépatite.

Fenêtres d'hôtel

San Francisco :
Pas beaucoup regardé à travers. Trop de choses à voir, à faire, dehors. La nuit, surtout, les lampadaires et les sirènes dans le noir, les néons d'en face. Le bleu du matin aussi, diffus, de l'aube, avant de sortir.

Los Angeles :
Un treillis fin et pas en très bon état, qui donne sur un couloir d'herbe et de béton, entre notre mur et la palissade en lattes blanches du bâtiment d'en face. Un mètre à peine. La profondeur de champ d'une flaque d'eau.

Bruxelles :
Une rue, petite, adjacente comme on dit. Une ruelle, pas bien famée ni fameuse. Des immeubles en briques sombres, typiques. De grandes baies vitrées sur la rue, noires, opaques, seulement éclairées par les néons dansants qui leur luisent dessus.

Lucca :
Le canal, vert, paresseux. Le calme, derrière le rempart. L'air frais du matin, l'odeur du café, le sourire de la cafetière. Et le soleil, qui se fait promettre une belle journée.

Saragosse :
De la lumière. Des tonnes de lumière, à peine contenues par les rideaux, des tombereaux de lumière qui vous écrasent, vous roulent dessus à peine ceux-ci entrouverts. Trop de lumière.

Helsinki :
La cour est vide, tout le temps. Et jamais sombre. La bénédiction des hautes latitudes quand s'en vient juin. Rien ne bouge. Rien ne vit. Un calme retenu, puritain.

Paris :
Vue sur le Fleuve, de nuit. Un pont, des tours, point.

Tokyo :
Une allée sans nom. Sans trottoirs. Et des câbles, à ma hauteur, innombrables, emmêlés, entrelacés. La toile d'araignée de la ville, qu'on dit d'ordinaire tentaculaire.

Corte :
Du vert. Et de la pluie.

Le monde des maths

Exponentielle a des rêves de grandeur. Elle va toujours trop loin, beaucoup trop loin. Et plus elle va loin, pire c'est. Pour beaucoup, elle est l'archétype de celle qu'on ne peut rattraper. C'est un mensonge, savamment monté par elle. Factorielle est bien pire qu'elle.

Dérivée est déprimante. Elle s'emploie à briser les rêves des gens. les Polynômes sont ses proies favorites, qu'elle ramène toujours, pas après pas, à zéro. Les autres elle les brisent, en fait des monstres, hideux. Seule Exponentielle est immunisée contre son venin.

Intégrale est une bâtisseuse. D'un rien elle vous fait un empire, d'un trait une œuvre d'art. C'est la reine du global, sereine, inébranlable, la polisseuse par excellence. Elle ne redoute que Pôle.

Factorielle est discrète, malgré ses points d'exclamation. C'est pourtant une star, une vraie, toujours à viser les étoiles. avec sa grande sœur Gamma, on les voit partout, pour peu qu'on creuse un peu. Elles sont pleines de mystères.

Pôle est un empêcheur de tourner en rond, un enquiquineur de première. Demandez à Dérivée ou à Intégrale ! C'est un virus, impossible à éradiquer. Alors on tourne autour, on le circonvient à défaut de pouvoir l'évacuer. Il n'est qu'une seule personne de plus ingérable que lui, c'est Delta de Dirac.

Delta de Dirac est le mal incarné. Et comme Satan, il est plutôt cool une fois qu'on le connaît. C'est un père de famille nombreuse, toutes les distributions sont ses enfants. Parmi eux, deux des plus monstrueuses : Peigne de Dirac et Heaviside.

Heaviside est un mur. Mutique, borné, il ne vous parlera pas. Jamais. Doué en électronique, il fait également un excellent portier.

Peigne de Dirac est un punk, un anarchiste, qui ne respecte rien. Rien d'autre à ajouter.

Zêta de Riemann est une déesse, sauvage, inaccessible. Une charmeuse, une sirène qui a ensorcelé bien des personnes, qu'elle a eu à l'usure, à les faire courir derrière elle. C'est une vampire.

Les frères Polynômes sont cools. Ce sont les types sympas par définition, toujours là pour te filer un coup de main. Même ceux d'ordre infini te cassent pas les pieds, c'est dire. Attention toutefois à ne pas semer la division parmi eux : c'est le meilleur moyen pour que Pôle viennent foutre la merde.

La famille Infini est une grande famille, dont on ne connaît hélas que le benjamin, le père et le grand-père, respectivement Aleph-zéro, enfant naturel ; Aleph-un, d'un très grand réalisme ; et Aleph-oméga, dont on ne sait rien si ce n'est qu'il est grand, très grand. En fait, c'est le plus grand.

Parades

C'est la nuit. Une nuit blanche. Le ciel est cloisonné, des briques qu'aucune pioche n'est jamais venue égratigner. Crayon en main, je surfe sur le sel de la mer. L'île n'est pas loin, les moutons y scandent une antienne peu glorieuse, à base de salamis et de bigorneaux harangonnés. Clic ! fait la vache, les pis en trompettes et le trombone frémissant. Elle tourne, elle tourne la tête de la baleine, sur son trente-et-un elle tourne, et il est bientôt midi trente-deux. Ciel ! hurlent les murs en se cognant les uns aux autres dans une cohue conjointement composée de compotes cossues peu coopératives. Il est l'heure, tous en chœur ils courent. Le monde tangue et coule de travers. La fille du vent s'est levée de bon pied, son petit déjeuner est prêt. Elle ouvre la bouche et boit le tout, tout l'univers. Et glou et glou jusqu'à la lie, l'hallali, la dernière goutte.

jeudi 21 janvier 2016

Une vie dans un gant.


Parce qu’elle aime viscéralement ce lieu, seul endroit du monde capable d’apaiser ses peurs, de sécher ses chagrins, de lui injecter le courage, la force et le sourire, parce qu’elle s’y sent à la fois protégée et exposée à la puissance du vent du vent qui lave tout ce qu’elle a dans la tête, alors elle s’y rend dès que les besoins s’en font sentir. Ce jour-là, elle marche vite sur la digue qui longe la mer. C’est marée basse. Tant mieux. Des centaines de petits éclats d’eau flirtent avec la lumière des nuages. Elle arrive sur la dune, essoufflée, énervée, fatiguée. Se place face au sud de la vieille table d’orientation. Regarde la mer, regarde Chosey tout au fond. Commence ses paliers de décompression. C’est alors qu’elle l’aperçoit. Une tâche sombre sur le bleu écaillé. Une tâche qui cache l’oiseau gris dessiné naïvement. Un gant ! Un gant de femme oublié là, qui chuchote sa solitude et sa détresse. Elle s’en saisit et d’instinct le porte à ses narines. Parfum de pivoine blanche. Invitation à un rite initiatique fascinant qui l’amène loin, très loin de la table d’orientation, loin de la dune, loin de la digue et du motif de sa présence ici. Elle s’assoit et se rêve sirène échouée, bateau- pirate, île des mers du sud, dentellière de mots, cocotier dans les alizés. Son téléphone vibre dans sa poche. Elle a du mal à quitter ses voyages. Mais quelque chose lui revient : elle a un train à prendre, un concours à passer. Elle se lève d’un bond et court sur la dune, court sur la digue, court dans le jardin, attrape ses clefs, attrape sa voiture, attrape la gare. Train parti. Concours aussi. A cause d’un gant oublié sur une table d’orientation. Que faire d’autre que pleurer, crier, frapper, se cogner, se détester, s’insulter, s’ouvrir les veines dans le silence plombant de sa voiture Elle a 20 ans. Elle déteste le sang. Alors elle mollit dans sa vie. Plein de petits boulots et quelques kilos. Pas très rigolo ! Elle finit par décrocher un CDI : secrétaire dans une usine locale. Et puis le patron s’en va. Il est remplacé par une femme grande, forte et autoritaire. C’est quand elle passe sa corpulence dans son étroit réduit qu’elles se reconnaissent. Les meilleures amies, les partenaires de fou-rires, de cuites, de révisions, de petits et grands secrets. « Michelle ! Ca alors ! Tu te souviens ? » Oui elle se souvient. Qu’elles devaient prendre le même train. Passer le même concours. Un putain de gant oublié sur une table d’orientation. Elle n’a plus 20 ans. Elle n’a plus peur du sang.


mercredi 13 janvier 2016

Un bon moment aujourd'hui dans le sourire partagé ,la répétition nécessaire et entendue en vue de la future mission hypnotique du mois prochain!

Beau comme


Beau comme un homme épousant sa guitare
Beaux comme des yeux tombants mais rieurs
Beau comme des mains unies qui battent en cadence
Beau comme les cheveux noirs et longs de la danseuse écrasant de ses talons les charognards insensibles au convoi et à la sempiternelle fuite en avant
Beau comme les pieds bruns et sales des enfants échappant aux immondices
Beau comme la roulotte de différents horizons

Beau comme le linge coloré battant au vent
Beau comme ces foulards rouges dans le ciel à l'heure du départ

Beau ces familles soudées dans une éternelle errance depuis toujours.

poème de "Emma REGGAE", poétesse africaine du 20eme siècle


Pas de panique
Tu es unique!
Fuis ton nombril
Fuis le babil
Admire la beauté
Crois en ta vérité

Remonte ta redingotte
Ne baisse pas ta culotte
Demande l'impossible
Sois TOI irresistible
Je t'aime petite soeur
Gourmande avec ta bouche en coeur
Vole libre libellule
oublie les conciliabules

Apprends à gouter l'ivresse
Laisse aller la caresse

Arrête de faire ta baleine
Tu vas manquer d'oxygène!!!

samedi 9 janvier 2016

Cauchemar ou prémonition?

La capitale de ce monde perdu brillait de mille feux, son emblème renvoyait la lumière dans le monde entier. Elle faisait partie des villes les plus photographiées, les touristes se pressaient pour entrer dans ses musées, elle rayonnait tel un diamant aux multiples facettes.
Une nuit, un son profond remonta de son sous sol, des fumerolles jaillirent et crachèrent leur souffre. Vulcain se déchaîna dans ses entrailles et les feux de l'enfer s'abattirent sur terre. L'air devint irrespirable   et la lave changea la Seine en rivière de sang. Des maisons brûlaient et les rues se recouvraient de poussière noire, les grandes avenues jonchées de pierres incandescentes n'étaient plus praticables. On sentait la mort roder, une sorte de peste se répandait alentours. Il fallait fuir, fermer la ville, partir vers d'autres cieux, partir vers un ailleurs ou la décomposition du monde ne ferait plus peur, retrouver l'unité et les images stables de nos vies, oublier la fragmentation provoquée par les secousses.
On rassembla quelques roupies et effets dans nos besaces et on est parti sur des chemins incertains en quête d'une nouvelle lumière. On s'était regroupé au pied de la Tour Eiffel qui tremblait, on attendait amis et voisins en chantant des cantiques. On ignorait où cet exode nous conduirait mais on croyait au salut. Il fallait encore y croire, croire à la rencontre de "l'homme qui marche". On a avancé contre vents et marées, dans la souffrance et la faim, puis on est arrivé sur la terre sainte tant espérée mais là notre homme était lui aussi crucifié, le sang coulait encore sur son flanc. Anéantie par le désespoir je suis tombée à ses pieds, pour me soulager je dessinai des ronds  concentriques dans le sable. En arrivant à l'infiniment petit, je trouvai une balle.
"Etrange, Jésus n'a été fusillé!"
"Je me suis plantée, il est temps de me réveiller dans mon lit bien douillet en espérant le garder longtemps encore!"