mercredi 29 juin 2016

Dialogues

ELLE : Mais tu peux pas faire ça !
LUI : Si. Je peux. C'est même assez facile, en fait.
ELLE : Mais ça va à l'encontre de toutes tes convictions !
LUI : Peut-être. Mais là, maintenant, j'en ai juste marre. Tu sais qui tu vas choisir, toi ?
ELLE : Je sais qui je ne vais pas choisir, c'est déjà ça…
LUI : Tu vois ? C'est exactement ça ! J'en ai marre de choisir par défaut. Je préfère encore rester à la maison faire de la trompette.
ELLE : Mais tu la détestes cette trompette !
LUI : Exactement.

ELLE : Il reste du café ?
LUI : De quoi ?
ELLE : Je te demande s'il reste du café !
LUI : Lucie a fait quoi ?
ELLE : Rien ! Est-ce qu'il reste du café ?
LUI : Du café ? Je sais pas, est-ce qu'il en reste ?
ELLE : De quoi ?
LUI : De quoi ?
ELLE : Qu'est-ce que tu dis ?
LUI : Je comprends pas !
ENSEMBLE : Lucie ! Ça suffit la trompette !

ELLE : On fat quoi ce soir ?
LUI : Je sais pas. Y a un concert de blues au bar d'en bas, c'est Laurent qui est à la trompette.
ELLE : C'est à toi ce tuba ?
LUI : Non, je croyais que c'était le tien.
ELLE : Comment est-ce qu'il est arrivé là ?
LUI : Je sais pas, j'ai jamais fait de plongée moi.
ELLE : Moi non plus.
LUI : Du coup on fait quoi ?
ELLE : On reste là ?
LUI : Ça me va.

Je sais

Je sais,
tu sais,
que tout
se sait,
car c'est
ainsi.

Je sais que c'est cet essai qui haussait au sec ces sept ascètes Ossètes.

Je sais que
les sept queues
et ses chœurs
disséquèrent
le secteur.

Je sais que c'est l'heure
L'heure qui est la leur
Leur tour d'avoir l'heur
L'heur d'être, que sais-je ?

vendredi 24 juin 2016

Pour la 37e journée consécutive, il arrive à l'heure au travail

Dans le Nord-Pas-de-Calais, un cadre du service RH d'une société de fournitures de bureau semble bien parti pour battre le record de ponctualité de sa branche.

Valenciennes, le 16 juin 2016. Henri-Pierre S., assistant à la gestion du personnel de Toramine SA, est arrivé aujourd'hui à l'heure à son poste pour la 37e journée d'affilée. L'homme de 44 ans, pourtant simple amateur, a d'ores et déjà pulvérisé le record de ponctualité de sa catégorie, établi en 2013 à 12 jours par Martine B., conseillère en gestion à Sarreguemines. S'il assure ne s'entraîner que de manière très anecdotique, Henri-Pierre est pourtant en bonne voie pour s'attaquer au record toutes catégories confondues, établi par le mythique David C. en 2009, à pas moins de 44 journées de ponctualité consécutives. David avait d'ailleurs immédiatement pris sa retraite, comme le lui autorisaient cet incroyable exploit et son statut de sportif professionnel de haut niveau. La performance de Henri-Pierre — simple amateur, rappelons-le — suscite cependant déjà suspicions et rumeurs de dopage, qui trouvent un écho particulièrement favorable au sein du fan-club de David. L'intéressé assure pourtant être « simplement en très bonne forme, c'est tout. » Si Henri-Pierre a toutes les apparences de l'honnêteté, les regards se tournent vers sa hiérarchie, qui compte en effet plusieurs anciens concurrents de David. Auraient-ils été jusqu'à doper Henri-Pierre à l'insu de son plein gré, afin de prendre une revanche tardive ? C'est la question que certains se posent. La direction du service RH de Toramine n'a en tout cas pas souhaité faire de commentaire.

mardi 21 juin 2016

Iles, etc...


Iles

Iles sauvages du bout du monde
Iles rêvées dans les tourmentes
Iles flottantes de mon enfance
Iles pointillées sur l’ océan
Iles verdoyantes dans le feu du couchant
Iles battues par les vents
Iles noires et blanches de la colère des volcans


Histoire de phrases volées


Tout l’été chante une rivière, c’est la son moindre défaut, nuit et jour pour s’amuser, elle se rit de l’archer. De vastes oiseaux, la priant de lui prêter ses parfums, les pattes dans les glaïeuls, s’accrochent follement aux herbes. La rivière traversant un petit val leur dit : »Vous chantiez auparavant, j’en suis fort aise, alors maintenant dormez dans le soleil , nature ne fera pas frissonner vos narines, voyageur ailé, exilé sur le sol jusqu’à la saison nouvelle » Avant l’août les ailes se remettent à marcher et au temps chaud, sous le soleil, ils atteindront la montagne fière où la lumière pleut dans l’oubli des gouffres amers. Même sans parfum, tranquilles, ils seront rois de l’azur.


Mélodie d’immeuble
Au rez de chaussée, Mme Policarpe caresse sa poule apprivoisée sur le bord de la fenêtre.
Au troisième, la fille des Perrouche s’épile les jambes.
Au premier, Melle Dochant travaille son piano.
Au deuxième un chien aboie.
Au quatrième l’arrosage des plantes commence.
Au rez de chaussée, la poule caquète, Mme Policarpe l’embrasse, elle a un œuf pour son omelette.
Au troisième, la fille Perrouche hurle de douleur.
Au premier, Melle Dochant reprend le même morceau, du Mozart il semblerait.
Au deuxième, le chien aboie encore.
Au quatrième, elle éponge, essore, les récipients débordent.
Au rez de chaussée, Mme Policarpe n’est pas contente, sa poule n’a pas pondu, elle claque la fenêtre et coince la queue de la bête.
Au troisième, la fille Perrouche finit dans les bandelettes et jette sa machine par la fenêtre.
Au premier, Melle Dochant se plante à la quatorzième mesure.
Au deuxième, le chien aboie toujours.
Au rez de chaussée, la poule ne pond plus,Mme Policarpe lui tord le cou, la fait bouillir et lance la tête sur le trottoir.
Au troisième , la fille Perrouche pleure, elle n’ira pas au bal !
Au premier, Melle Dochant en colère par ses échecs, se prend les doigts dans le couvercle du piano.
Au deuxième, le chien aboie.
Au quatrième, l’eau monte !
Au rez de chaussée, la S.P.A. est appelée
Au troisième, la fille Perrouche fait une tentative de suicide.
Au premier, melle Dochant ira aux urgences.
Au quatrième, on appelle les pompiers pour un dégât des eaux.
Ils seront sur place pour découvrir au deuxième un chien aboyant à côté de son maitre mort depuis plusieurs jours.