mardi 12 décembre 2017

la virevolte

On pourrait penser à la valse mais la virevolte va bien au delà. Le départ est moins léger, le pied est ancré, le centre de gravité est concentré en un point comme le crayon se préparant à l'écriture. Le pied s'enfonce dans le sol, la mine dans le papier, tous deux cherchent la même poussée. Un lent tournoiement s'amorce comme la feuille emportée par le vent. Les bras entrent dans la spirale et là, on s'envole, une volute se dessine, on n'est pas dans la danse mais dans une sorte d'élan irrésistible. Ne pas lutter , se laisser emporter. On perd ses repaires, on monte, on atteint le moment de suspension, le moment subtile de tous les possibles puis tout semble se calmer et là dans un frémissement au creux des reins, on pousse encore plus loin, à la fois plus haut et plus profond. Le cercle se densifie, on est dans l'accélération d'une toupie, puis la base vacille, on mordille le crayon, encore un tour , on décroche et la descente s'amorce tout doucement on retrouve le sol, on ferme le cahier. C'est la virevolte.

Un couple


Elle dit des choses graves qui normalement devraient me démolir, elle dit qu'elle a fait la plus grande erreur de sa vie quand elle est tombée amoureuse de moi. Elle dit que je suis lâche, égoïste, irresponsable. Elle dit qu'à cause de moi elle n'a pas pu réaliser la carrière dont elle rêvait. Elle me rappelle que l'ai obligée à arrêter ses recherches, à quitter l'université pour s'occuper de moi, des enfants. Elle dit qu'elle s'est fait teindre en blonde pour me plaire, et refaire les seins. Elle dit qu'elle a horreur du blond et que ses seins lui font mal. Elle dit qu'elle aimait Paris et qu'elle déteste le village de Normandie où j'ai choisi que l'on s'installe. Elle redit que je suis égoïste, égocentrique, que je ne pense qu'à moi. Enfin, je crois qu'elle me dit tout ça, parce que je ne l'écoute pas vraiment. Je vois ses larmes couler. Elle dit sûrement que si elle en avait les moyens elle me quitterait. Je regarde par la fenêtre, le soleil descend. Il a plu ce matin, j'ai envie d'aller au jardin fumer une cigarette. Je n'en n'ai pas le droit à la maison. J'ai envie de me dégourdir les jambes, et je pense à toute l'herbe qui pousse et à la tondeuse qui m'attend.

mardi 5 décembre 2017

passage initiatique

Nous pédalions dans la lumière nature . Les sentiers forestiers se déroulaient sous nos roues. L' odeur des sapins nous apaisait, l'air vif de ce massif jurassien nous revigorait. Les enfants ouvraient le chemin, on suivait, tout était parfait.On ne se posait pas de question, l'air était bon, on pédalait.
Après quelques heures, les estomacs réclamaient, le moment était venu de chercher une clairière, on posa pied à terre, on vida les sacs, on s'étendit sur l'herbe à l'odeur de framboises puis le vent se leva, léger, il semblait nous appeler. On avait les cerfs volants dans nos sacoches, le temps idéal pour les faire danser dans le ciel d'été, j'aimais particulièrement m'échapper dans les airs avec ces oiseaux de papier, j'oubliais la terre ferme , je tournoyais avec un grand dragon couleur feu, je l'avais fabriqué tout exprès, je pensais m'envoler vers d'autres contrées. Soudain une bourrasque d'une intensité étrange fit échouer ma bête dans la rivière. Pas question de l'abandonner aux tourbillons du torrent, de le laisser partir sans moi, je traversai les orties, me cramponnai aux branches , sautai sur les rochers. Après une petite chute, la rivière coulait tranquillement entre ses berges adoucies.Je tendais le bras pour récupérer mon animal défréchi quand j'aperçus un canoë qui avançait au fil de l'eau,sans bruit , il accosta dans les roseaux, un indien en descendit. Attirée par les plumes colorées et l'agilité de l'homme, je le suivis. Sans aucune  peur d'égarement, sans me soucier de ceux qui m'attendaient, je lui emboitais le pas, nous empruntions des sentes inconnues. Après une heure de marche dans de hautes herbes, soulevée par je ne sais quelle énergie, je me trouvai au milieu d'une tribu. Un feu crépitait,des enfants jouaient, les femmes tressaient des écorces de bouleau. Je fus accueillie dans une ronde, on m'installa  comme si la place m'était réservée et au bout d'un moment, je chantais dans une langue inconnue. Ce soir là, je récupérai mon âme au son des tambours et depuis je suis accompagnée par mon animal totem: un grand loup blanc aux yeux bleus.

lundi 27 novembre 2017

petites nouvelles à début et fin imposés

Ce matin, le facteur a sonné à ma porte, c'est fréquent ces derniers mois, j'ai éteint ma cigarette, j'ai ouvert, il fallait une signature, une preuve de la distribution. La porte refermée, j'ai ouvert la missive, une menace de coupure d'électricité, encore une facture impayée. ce genre de courrier s'entasse dans un pot sur ma cheminée, ils sont tous signés, comme si une griffe allait changer quelque chose.Ma signature en bas d'un chèque peut être mais la banque me la supprimé, je suis interdit de chéquier, normal mon compte n'est plus approvisionné depuis des mois, je ne travaille pas. Je vais sans doute être expulsé de mon petit chez moi, au printemps, cela me laisse un peu de temps. J'allais m'affaler sur mon divan quand j'ai entendu le pas du facteur dans l' escalier, il a dû oublier une lettre d'huissier qui m'était destinée. Je l'ai laissé sonner, je n'ai pas insisté, je connaissais la suite.


Chaque fois que j'appelais chez elle, je tombais sur le répondeur,"Qu'est ce qu'elle pouvait bien faire?"Elle ne se doutait pas que tout le monde la cherchait et s'inquiétait, elle était de santé fragile et son entourage avait peur , surtout sa mère, elle se lamentait:"Ma petite, que lui arrive -t-il? Appelle la, toi, elle te répondra." Mais rien, puis c'était le tour du frère, de l'oncle, d'une amie, d'un collègue, le soucis envahissait toutes ses connaissances qui finissaient par me harceler." Appelle la toi, elle te répondra". J'allais me rendre à son domicile, quand je fus saisi par les pompiers, installé dans une ambulance et transporté aux urgences. "J'ai du me tromper de numéro, il faut dire qu'avec tous ces loups autour, je n'avais plus toute ma tête"

Elle dit des choses graves qui normalement devraient me démolir."Je t'aime plus, je vais partir, tu comprends, je vais partir de la maison, j'en ai assez de tous ces travaux commencés et jamais terminés, de ton odeur de tabac dans toutes les pièces, de ton linge sale que tu laisses trainer, de ces auréoles de sueur sur tes chemises, même ton déodorant m'insupporte sans parler de ton incapacité à réparer les fuites d'eau et l'électricité. Je pars ou je saute par la fenêtre".
Elle ne se fera de mal , on est de plein pied, je la laisse vociférer à l'intérieur, moi , je suis un homme du dehors.Si elle saute, elle atterrira sur la pelouse, je la cueillerai, je pense alors à l'herbe qui pousse et à la tondeuse qui m'attend.  

jeudi 23 novembre 2017

Années 50


Quand le téléviseur tombait en panne on faisait venir l'électricien. Il donnait un grand coup du plat de la main sur le dessus de l'appareil, et ça marchait. Mais on n'a jamais osé porter le coup nous-même.

On dormait tous dans la même chambre, parents, enfants. J'attendais toujours que ma mère soit couchée pour m'endormir, alors seulement elle éteignait la radio que j'avais écoutée passionnément, y compris le tirage du Loto.

Parfois il  neigeait un peu, notre étroit jardin blotti entre quatre murs de ciment devenait somptueux.

Le poêle à charbon fumait, il tirait mal. Ça déposait une très fine poussière noire sur le carrelage. Tous les matins ma mère passait la serpillère mouillée, à quatre pattes, avec ses mains. Elle disait qu'elle voyait mieux ce qu'elle faisait.

On portait tous des socquettes en laine tricotées maison, même ma mère, même en robe.

Les filles ne portaient pas de pantalons, c'était interdit à l'école, sauf s'il gelait, mais à condition de mettre une jupe par dessus; la plupart d'entre nous préférait se passer de pantalon.

J'étais fascinée quand mon oncle embrassait sa jeune épouse à pleine bouche devant toute la famille. Mes parents ne faisaient pas ça en public.

Aux carrefours un agent de police réglait la circulation à l'aide d'un bâton blanc, debout sur un plot, au milieu de la place. Bâton levé on devait s'arrêter, bâton horizontal on pouvait traverser. Je n'ai jamais pu savoir comment il faisait la nuit, je ne sortais jamais la nuit.

On faisait bouillir le linge dans une lessiveuse sur la cuisinière. Ça dégageait une telle vapeur qu'on ne voyait plus rien par la fenêtre.

Parfois dans la rue passait un fiacre tiré par un cheval. C'était rare, beaucoup plus beau que les automobiles.

samedi 18 novembre 2017

Une vieille compagne

Je ne prends jamais le temps de te regarder, ma petite éponge à vaisselle. Je ne pense jamais à toi, je n'ai jamais rêvé de toi la nuit, et pourtant, quand j'y songe, comment ferais-je sans toi?
Je te choisis machinalement dans le rayon du supermarché, toujours la même, depuis cinquante ans: éponge jaune d'un côté, grattoir vert de l'autre, Spontex, si possible. Cinquante ans de fidélité. Je te méprise pourtant, et il faut bien cet atelier d'écriture pour que je fasse attention à toi. Tu es l'un des objets que je saisis le plus souvent dans une journée: pour essuyer la table, ôter les miettes du petit déjeuner, rincer le bol, vite, un coup d'éponge. Je te vois, là, ce soir, et je te sens dans ma main. Je t'attrape, te plonge sous un filet d'eau, froide ou chaude selon l'instant, te presse pour garder juste l'humidité nécessaire, et hop, un coup d'éponge et la saleté s'en va.
Au fait, c'est agréable, ce petit geste, te comprimer, refermer mes doigts sur toi, sentir ton volume, ta consistance. Les muscles de ma main droite te doivent certainement un peu de leur vigueur, ceux de la main gauche aussi car tu es bien l'objet facile à utiliser avec une main comme avec l'autre, pas besoin d'une grande habileté.
Tu es douce, chaude quand j'ai froid, froide quand j'ai chaud.
Neuve, à peine sortie de ton emballage transparent, tes couleurs sont vives, ta forme parallélépipédique parfaite. Et puis au fil des journées et des vaisselles tu deviens grise, tu t'effiloches, le vert se détache du jaune, et quand vraiment tu n'en peux plus, que même ton toucher n'est plus agréable, hop, à la poubelle, sans un regret, sans un au revoir, et à la suivante, la même, ta sœur.
Combien en ai-je serré, dans mes mains, des petites Spontex, depuis cinquante ans que je fais la vaisselle tous les jours ?
J'ai bien essayé de t'être infidèle, j'ai utilisé un lave-vaisselle puis un autre, mais avec eux je n'ai pas de chance, ils tombent vite en panne, et coûtent fort cher, et font du bruit, même les plus silencieux. Et puis, allez essuyer la table ou enlever une tache avec un lave-vaisselle ! Tu restes indispensable.
Alors ce soir, quand je vais rentrer, après dîner, avant de te mouiller, de te presser, de te poser à ta place sur l'évier, je te regarderai un instant d'un autre œil, juste pour le plaisir.

jeudi 16 novembre 2017

Un jour après l'autre


Dans sa rue, il déambule, il n'a jamais envie de rentrer chez lui.

Chez lui c'est tout petit, sale, sans meuble, froid, mais au moins il y a un toit quand il pleut.

Sur son matelas, par terre, il s'affale et fume clope sur clope tant qu'il en reste dans son paquet.

A l'évier coule un filet d'eau froide, ouf, on ne l'a pas coupée aujourd'hui; il boit dans ses mains, il ne sait plus où il a posé son verre.

Penché à sa fenêtre il se demande s'il va ressortir, où il se sentira moins seul, dans sa piaule, sur le trottoir?

Au fond de la pièce il fouille dans un tas de vêtements, il a envie de mettre son pull-over rouge.

Au dessus de sa tête il entend des enfants galoper et leurs parents s'engueuler, ça résonne dans sa pièce nue.

Il voudrait bien que les enfants viennent galoper chez lui. Il n'ose pas les inviter. Il a acheté un paquet de biscuits pour eux, pourtant.

Quand les voisins se calment il allume sa télé, sans mettre le son pour ne pas les réveiller.

Jusqu'à 1h, 2h, il regarde l'écran s'agiter, muet, ça met des couleurs dans sa tête.

Il dort sans rêve, c'est le meilleur moment, il ne sait plus qui il est.

Le matin, il se lève tôt, 5h, court à la Plateforme du Batiment, quatre kilomètres à pied, ça réveille bien.

Avec d'autres il attend, sur un pied puis l'autre, en espérant une embauche pour quelques heures ou la journée.

S'il travaille il oublie tout, il mangera ce soir ce qu'il aura acheté.

Si la journée est vide, il marche.

Dans les poubelles il y a des trésors qu'il revendra peut-être un jour.

Dans les poubelles il y a toujours assez de nourriture pour la journée, il faut juste prendre ce qu'on trouve, on ne peut pas choisir comme chez l'épicier.

A 14h il entre au bistrot, près de chez lui. Il boit un café, s'il n'a pas de monnaie le patron le sert quand même, il est compréhensif.

Il fait le tour des rues de son quartier, il rencontre parfois un copain.

Il rentre quand la nuit tombe, tard l'été, tôt l'hiver, il a toujours peur qu'on ait muré son squat.

Il ne se pose pas trop de questions. Lui, un jour après l'autre, il connait.


mardi 14 novembre 2017

la tante Alice

Toutes les fêtes familiales étaient sources de problèmes pour les chefs de cérémonie. Le casse-tête venait d'une question qui revenait sans cesse:"Doit on inviter tante Alice?"
Le moment fatidique d'établir la liste des envois provoquait  sueurs froides et rougeurs des visages.
On avait penser à tout: les fleurs, les menus, les tenues, les décors, alors... manquait plus que la liste. Et la question revenait: "Doit on inviter tante Alice?"
Seuls les adultes se tracassaient. Les enfants, ne comprenant pas la gravité du problème, affabulaient et échafaudaient toutes sortes d'histoires.
"La tante Alice, c'est celle qui a mangé le dernier né des cousins de Pontions ?"
" La tante Alice, c'est celle qui ne sait pas parler et grogne comme le cochon du père André?"
"La tante Alice, c'est celle qui vide les armoires et part sur un balai de sorcière?"

Les adolescents lancèrent alors en ricanant:
"Mais, non, c'est celle qui a des gros nichons!"
" Et alors? vous aimez pas les gros nichons?"
" C'est surtout nos pères qui les aiment, surtout qu'elle les promène à l'air, elle met toujours des décolletés, la tante Alice"
" Ben alors, il faut l'inviter la tante Alice et je me mettrai à côté pour mieux voir ses nènès. "
" Le soucis, il vient de nos mères, elles sont jalouses des regards envieux"
"Elles ont surtout peur que les maris se noient dans les dentelles et qu'ils partent avec elle faire un tour dans la grange à foin ou qu'ils se prennent l'idée de partir loin"
"Et elle pourrait donner des idées à nos filles, l'Alice!"
C'est comme ça que naissent les querelles de famille sur une question futile.

"Doit on inviter une tante qui met toujours des décolletés?"

mon bol

Mon bol, mon cher bol, toi le premier objet du jour qui me donne consistance, avant toi le matin, il y a bien la radio mais ces gens si loin de moi sont abstraits tandis que toi, je te touche, ensemble, on est en prise sur le réel. Avec toi seulement, je m'éveille à la vie, tu me sors du brouillard de la nuit, par la douce chaleur du café que tu gardes à mon gré, tu me fais oublier la journée annoncée. On est tous les deux dans une sorte de sasse entre sommeil et éveil, dans un moment de non être. Tu me maintiens là,  en arrêt sur image en pause dans la course du temps. Je t'ai choisi sans anse pour que ta forme galbée épouse la courbe de mes mains. On est pas dans le raffinement des petits doigts levés des tasses à café de salon, on est plutôt dans les épousailles paysannes, je t'encercle comme un amant posant ses mains sur les hanches de sa belle. Je t'enveloppe, ton arrondi adoucit la raideur de mes doigts au petit matin et quand je suis un peu chagrin, je perds mon regard dans tes dessins, dans tes motifs chinois qui racontent la vie d'autres pays, qui tentent de me délivrer des maximes. Les jours où je ne te crois pas, je bois, à petits gorgées pour reculer le moment de démarrer. Parfois, je te penche un peu pour mieux t'admirer, pour m'imprégner de ces mots de vie et là, je t'entends me murmurer:" attention, tu vas tout renverser".
Il est vrai qu'on passe beaucoup de temps mon bol et moi, le matin. Je l'aime tellement qu'il m'accompagne jusque dans mon fauteuil, là je lis mes mails, je regarde l'horoscope du jour mais il n'aime pas ça, normal je suis obligée de le poser et il n'aime pas perdre le contact, c'est la raison pour laquelle il ne veut pas aller au lave vaisselle, il ne veut pas se mêler aux graisses mais avant tout, il veut que je le caresse, mon bol, il veut être tout seul sous l'eau tiède et se faire grattouiller de mes mains parfumées.
Je le connais si bien, mon bol, que les yeux fermés je pourrais le dessiner.

dimanche 12 novembre 2017

Eloge de la poubelle

Et alors on se dit: la poubelle, quelle idée géniale!Saurons et pourrons nous un jour lui rendre l'hommage quelle mérite cette poubelle? Je suis sûre que vous prenez grand soin à la choisir, car elle orne souvent les cuisines exiguës. Ronde, cubique, haute, avec couvercle, sans couvercle, avec lumière bleue, en plastique, en intox, en osier...On n'imagine pas ce que la poubelle est capable de déployer pour nous séduire.
Et pourtant, quels ingrats nous sommes! On la gave de nos détritus sans vergogne. Même ceux qui puent: arêtes de poissons, mégots de cigarette, le vieux fromage du fond du frigo, la couche culotte. Et allez on y va, on la bourre, la pauvrette! Alors qu'elle est tout amour pour nous, qu'elle est prête à nous rendre les services les plus intimes et les plus secrets! Elle planque discrètement le verre cassé de la grand-mère, nos cotons tige jaunâtres et collants, nos mouchoirs en papier plein de morve, nos serviettes hygiéniques et nos tampons...
Est-ce qu'une seconde vous pourriez avoir un autre regard sur cet objet somme toute banale et malgré tout indispensable?
Alors, s'il vous plaît, parlez lui, soignez la, nettoyez la de temps en temps en prenant bien soin de la gratouiller là où ça lui fait du bien, caressez la, ne la jetez plus sauvagement dans la grosse benne du local à poubelles! Rendez lui ses lettres de noblesse faîtes corps avec votre chère poubelle!
Pensez, réfléchissez à ce que vous lui faîtes vivre! Ne la gavez plus des choses inutiles qui encombrent votre vie et votre frigo.
Bichonnez la, aimez la. Triez. Elle le mérite bien!

mardi 7 novembre 2017

UNE VIE

Avant de naître il y a juste une longue apnée dans le néant. Peut-être des bruits venus de loin, des battements d'un cœur qui s'affole parfois. La peur déjà. Qui sait?

Les bébés se souviennent , c'est pour ça qu'ils sourient aux anges. Ils oublieront.
Les bébés rotent, bavent, pleurent, souillent leurs couches, ont faim toutes les deux heures pour le plus grand bonheur de leurs parents.

Les enfants sont curieux, veulent tout savoir, posent beaucoup de questions.
Les enfants ne marchent pas. Ils gambadent, ils courent, ils sautillent.
Avant les enfants rêvaient d'une poupée ou de petites voitures, maintenant ils réclament une tablette et un smartphone. Ils veulent aller chez Mac Do, à Disneyland et au Futuroscope.

Pendant des générations, on est passé directement de l'enfance à l'age adulte. Aujourd'hui il y a plus de nuances.
 On distingue le pré-ado, identifiable à ses écouteurs sur les oreilles, le téléphone  dans la main et la coupe de cheveux des footballeurs.
Dans peu de temps il deviendra un ado dans lequel on aura du mal à reconnaître le bambin que l'on câlinait récemment. L'ado est long et mou. Grandir le fatigue. Il passe de nombreuses heures affalé sur le canapé, regarde la télé ou l'écran de son smartphone qui ne le quitte jamais. En général l'ado pense que les adultes sont de vieux cons.

Les adultes travaillent pour gagner la vie qu'on leur a donnée et dont ils ont profité gratis jusque là. les adultes s'occupent aussi de la maison qu'ils ont achetée à crédit et des enfants qu'il faut emmener à l'école, au tennis, au foot, au judo, à la danse, à la poterie, au cours de piano, chez le pédiatre, le médecin, l'orthophoniste, l'ostéopathe, le pédopsychiatre. Tout cela occupe beaucoup l'adulte qui,sans s'en rendre compte, devient vieux.

Le vieux est un adulte qui ne travaille plus. Il est à la retraite financée par les adultes qui bossent encore.
Le vieux va au cinéma à deux heures de l'après-midi.
Le vieux s'accroche, il a peur. Grâce aux progrès de la médecine le vieux reste vieux de plus en plus longtemps.

Les morts, eux, vivent ailleurs.
Les morts vivent dans les cœurs, les pensées, les mémoires. Leur absence est partout présente. Les morts sont dans les livres, sur les photos, dans le nom des rues, dans l'histoire, dans la peinture, la sculpture, l'architecture. Les morts sont dans les villes, dans les arbres, dans l'air, le soleil, la lumière. Tant qu'il y a des vivants, la mort n'existe pas.

lundi 6 novembre 2017

Une journée à la plage

A droite il y a les familles du coin.
La blonde avec ses moutards, les sacs carrefour à bloc de jouets, pelles, rateaux, seaux, serviettes, parasols... Son mec suit, le temps de fermer la voiture. Dans les mains, les glacières et les chaises longues.

Au milieu, il y a les touristes. On descend de la voiture, on longe le lit de la rivière et HOP! la plage, le sable, la mer, le pied.

A gauche, il y a les aventuriers nudistes. Juste une serviette et la crème solaire.

Et moi j'attends la désertification et le silence moite.

A neuf heures, presque personne. La copine qui descend digérer son chagrin, celle qui doit garder la forme et qui court et qui nage, le pêcheur qui revient en zodiac avec un seau de soupe.

A dix heures, la mamie et ses quatorze petits enfants. Crème solaire à tour de rôle, tee-shirt anti UV, lunettes, casquettes, nagettes.

A onze heures, le gros de la troupe a enfin fini le petit dej, la toilette, la vaisselle et  les courses au camping. La blonde et son mec par exemple.

A midi, le parasol, faut qu'il tienne! Le vent se lève et les brailleurs viennent réclamer les sandwiches et le paquet de chips.
Les touristes du milieu et les aventuriers de la gauche arrivent en bande ou en couple.

A quatorze heures la mamie remonte pour la sieste.
Au milieu c'est noir de monde et à droite ça bouquine sous les parasols.

Et moi j'attends la désertification et le silence moite.

A seize heures la plage affiche son heure de pointe. A droite, à gauche, au milieu, même combat: des cris, des bateaux, des scooters de mer, des palmes, des chiens, des méduses, des ballons, des raquettes.

A dix-huit heures le flot se distille. Ca remonte le chemin pour les douches, l'apéro, le dîner.

A dix-neuf heures, c'est copains/apéro en attendant le coucher de soleil. Ca picole, ça rigole, ça danse entre deux cacahuètes et trois mojitos. Le bruit du clapotis en bord de mer est couvert par les rires et la musique.

Et moi j' attends la désertification et le silence moite.

A minuit, c'est bain de minuit.

A deux heures tout le monde rentre chez soi. Même moi, qui attendra demain pour ma désertification et mon silence moite. Peut-être.


Une vie

Le foetus bouge quand il a faim soif mal au cordon envie de sortir.
Le foetus suce son pouce pour se détendre et écouter le monde.

Le bébé pleure quand il a faim soif mal au ventre envie de te voir
Le bébé suce son pouce pour se rassurer et voir le monde.

L'enfant pleure quand il a faim soif mal au ventre envie de te voir.
L'enfant tête son doudou pour ne pas pleurer sur les petites misères du monde.

Le pré ado râle quand il a faim soif mal au ventre pas envie de te voir.
Le pré ado se colle un écouteur dans les oreilles pour échapper au monde.

L'ado hurle quand il a faim soif mal au ventre envie d'être ailleurs.
L'ado se visse les yeux sur un écran pour s'isoler du monde.

Le jeune adulte te réclame de l'argent quand il a faim soif mal au ventre envie de voyages.
Le jeune adulte se défonce dans l'alcool ou le sport pour exister et envisager le monde.

L'adulte paye quand il a faim soif mal au ventre envie de vacances.
L'adulte se gave de télé d'infos de lecture pour connaître le monde.

Le vieux bave quand il a fait faim soif mal au ventre envie de pisser.
Le vieux se gave aussi de télé parce qu'il n'a rien d'autre à faire et le monde il connaît.

Le mort n'a plus faim soif mal au ventre et plus envie de rien.
Le mort se gave de silence et gave les vers. il n'a rien d'autre à faire. Le monde n'existe plus

lundi 23 octobre 2017

faire le ménage

"faire le ménage"
Voilà une expression qui fait partie de moi depuis mon enfance, j'ai la sensation qu'elle occupe mon esprit et mon corps entier depuis que je suis née, normal, je suis née fille, élevée en fille, conditionnée en fille qui deviendra femme, épouse, responsable de la tenue de la maisonnée.
J'ai tenté de faire le ménage dans ma tête pour gommer cette idée mais en vain, elle est toujours là, elle a même une place dans dans mon horloge interne. On fait le ménage le matin, c'est encore vrai, maman m'a bien éduquée, alors quand arrive l'après midi , une sensation de liberté m'envahit. Je dois avouer que j'aime bien quand tout est propre, ordonné, je peux alors me poser en toute sérénité dans l'odeur fraiche retrouvée. Je peux alors rêvasser, ça on me l'avait pas inculqué, c'est arrivé après. Mais avec ce corps vieillissant, je devrais me ménager, alors, c'est décidé, je vais jeter un peu de ces objets qui encombrent mon quotidien et ne servent à rien. C'est du moins ce que je croyais. Je n'ai rien pu jeter, les objets, je les ai déplacés, je n'ai pas pu les mettre dans le sac prévu à cet effet, quand je m'approchais, ils pleuraient, criaient, vociféraient, dès que je les reposais , ils me racontaient des histoires, mes histoires, le premier cadeau des enfants, la boîte à secrets de grand mère, l'oeuf à repriser de maman, la tirelire de mon enfance, nos souvenirs de voyage, les  pensées des amis, mes livres, mes crayons, bref ils me racontaient ma vie. Je ne vais pas jeter ma vie , les bons moments qui plus est. Alors, je vais faire le ménage des mauvais épisodes dans ma tête et je vais garder" mes ramasse poussières", je vais même le regarder avec amour et respect, je ne vais plus les nettoyer à toute allure, l'esprit ailleurs, j'enlèverai la poussière dans l'idée de fixer un moment d'éternité, de fixer l instant dans la courbure d'une cruche, la transparence d'une carafe. Je serai avec eux, maintenant, présente à mon histoire.
Et finalement, le matin, c'est bien, un bon ancrage avant de poursuivre le chemin.

Ce soir, il y a

Il y a un silence rayé de bruits de crayon.
Il y a des lunettes sur des visages et sur la table.
Il y a des bustes penchés offrant des chevelures à souhait.
Il y a des bustes penchés au dessus de l' onde.
Il y a des photos vieillies par le temps
Et des passants qui captent l'instant.
Il y a des stylos et un crayon
Un crayon sorti de ma collection.
Il y a des écritures sur un tableau blanc
Il y a des dessins à la craie sur des ardoises d'antan.
Il y a un souffle de vent et une feuille qui prend son envol
Serait ce enfin l'automne?
Il y a des papiers, des cahiers, couverts de mots
De mots pour les moments où on a le coeur disant
Puis il y a les pages blanches qui attendent que se pose l'instant.

Il y a des cafetières et des verres
Tenir la nuit dans cet univers. Qui sait?

Ma nuit

"La nuit , tous les chats sont gris", le sien , il s'en moque, il est gris même en plein jour et la nuit il dort sur les pieds de sa maîtresse, au chaud, ses yeux dorés font office d'étoiles dans la chambre aux rideaux tirés. Et oui, la nuit , elle tire les rideaux occultants pour trouver le sommeil et épouser le néant. Vous l'aurez compris, la nuit n'est pas si noire qu'on le dit, il y a la lune qui joue dans les feuillages, les réverbères qui éclairent les allées, les phares des voitures, les enseignes lumineuses et parfois la cigarette d'un insomniaque dans le parc. Il parait qu'il y a aussi un monde de la nuit dans certains quartiers de la ville, celui là , elle ne le connait pas ou si peu. Elle se souvient bien de quelques rires à la sortie de bals, de quelques baisers volés après un repas bien arrosé mais ce qu'elle en connait , elle l'a découvert dans les romans policiers qu'elle a dévorés. Son monde de la nuit se résume aux bougies sur les fenêtres le 8 décembre dans la ville de son enfance.
La nuit n'est jamais tout à fait noire en ville, on éteind plus les lumières, la nature non plus, dans le noir des roches volcaniques coule la lave, dans la nuit du grand nord tombe la neige et dans la profondeur des océans brillent des poissons d'argent. Il faut aller voir les grizzlis dans leur tanière pour rencontrer la nuit. Elle aussi a longtemps cru que la nuit était noire jusqu'au jour où elle est sortie marcher dans la nuit. Là elle a vu des couleurs, elle a senti les couleurs des arbres et de la mousse, elle a découvert la douce lumière de la lune, elle a retrouvé roches et sentiers nimbés d'une clarté apaisée. Et les bruits, distincts, précis, pas de parasite. elle a écouté le brame du cerf, elle a entendu la chouette. La nuit est vivante, elle éveille les sens jusque dans le lit des amants. Et la clairière, elle n'offre pas qu'un bout de ciel mais un champ d'étoiles, un aperçu de l'univers, la nuit ouvre la porte de l'imaginaire.
Certes, il y a les nuits sans lune, les nuits noires où elle croit voir les loups, le loup qui va la dévorer, les nuits où elle a peur de tout, les nuits où les ombres indéfinies figent l'angoisse. Alors elle se souvient des danses qui célèbrent la victoire du matin, elle sait que bientôt le soleil aura rendez vous avec la lune. Elle n'assistera pas aux retrouvailles, elle n'est pas assez matinale.

samedi 21 octobre 2017

Moi, mésange célibataire.

J'ai mis des jours à trouver le bon endroit.
Finalement, j'ai choisi ce trou dans un tronc d'arbre. Je trouvais qu'il était déjà un nid, ce petit trou d'écorce douce. Et puis, il était à la croisée de trois branches, comme le symbole de la paix.
Mon mâle n'était pas vraiment d'accord avec moi. Il est suspicieux, l'oiseau!
Finalement il a cédé. De toutes façons il fallait se dépêcher.
Ensuite, il a fallu encore des jours à chercher les bonnes brindilles et à les installer une à une, dans un agencement dont nous seuls avons le secret: les courtes, flexibles et douces à l'intérieur, les longues un peu folles à l'extérieur.
Puis j'ai fini par m'installer.
J'aimais bien la vue de mon balcon.
Et tous les jours je me disais que j'avais fait le bon choix.
Ils seront en sécurité là, mes petits oeufs.
J'en ai pondu quatre. Tous beaux, tous ronds, tous blancs.
Amoureusement couvés.
Au 6° jour de couvage, je n'ai plus revu mon mâle.
Parti avec une autre? Prisonnier dans une cage? Mangé par un chat? Ecrasé contre une fenêtre?
Il a fallu que je quitte mon nid et mes oeufs pour me nourrir.
Mon nid plein.
Quelle vie, d'être mésange célibataire!
Il faut défier tous les pièges pour être sûre de revenir se coucher sur ces petits trésors.
Et le pire reste à venir!
Vous, vous pensez oisillons, c'est mignon, becs ouverts, babillages...
Moi je pense vermisseaux à trouver, nourriture, astreinte, nuits blanches, angoisses....
Dès qu'ils volent de leurs propres ailes, c'est décidé, je me trouve un autre oiseau.

Mots tirés du panier.

Faire le ménage en chantant en dansant en rêvant en s'éclatant en sanglotant en râlant en téléphonant en lisant en s'affalant sur le divan pour que maman le fasse pendant ce temps.

Le suédois est très difficile à appréhender.
C'est une langue dure qui a subi les assauts de l'hiver.

Il s'agit d'une légendaire licorne.
La mienne, fabuleuse, sur laquelle je chevauche dans la nuit de mes rêves.

Il y a

Il y a des cheveux blancs et d'autres moins.
Il y a des chaînes qui pendent en attendant le fantôme.
Il y a le gratouillis des mines sur le papier et le frottement des mains qui glissent sur les cahiers.
Il y a des éclairs de lumière dans les feuilles jaunissantes.
Il y a des lunettes qui tombent sur le nez.
il y a des mots et des mots et des mots.
Il y a des couleurs neutres sur les corps.
Il y a des yeux qui cherchent l'inspiration.
Il y a le brillant des paillettes sur la table.
Il y a des oliviers sauvages qui chuchotent dans le vent.
Il y a des bouts de bleu avec des nuages.
Il y a le silence peuplé de bruits diffus.
Il y a mon bonheur au fin fond du coeur.
Il y a mes perles qui parlent d'amour.
Il y a la sagesse qui coule dans les yeux .
Il y a les souvenirs d'une amitié perdue.
Il y a le secret des fautes inavouées.
Il y a les morts qui vivent ailleurs.
Je pense à vous.

C'est la nuit

C'est la nuit qu'elle vient me chercher.
Elle arrive, toute fraîche dans sa lueur blanche, ma licorne préférée.
D'abord je la caresse et puis je la chevauche.
Et alors elle m'emmène.
Pas de questions, pas de mots.
Juste cette tendresse dans le contact chaud de sa crinière.
Et mon regard attiré par les paillettes de son rostre torsadé.
Je voyage.
Je vais de chambre en chambre.
Je pénètre les rêves de ceux qui y dorment.
Je les transforme, ces rêves.
Je m'y incruste.
Je les badigeonne de poudre scintillante.
Je me présente à eux comme une évidence divine.
Je frôle les étoiles et elles frissonnent.
La nuit est un velours bleu profond où tout est silhouette sombre.
Ma licorne me fait aller où elle veut.
Parfois je vois la mer qui s'habille d'argent devant la lune.
Parfois je vois des branches menaçantes.
Parfois je vois l'aube à l'ouest.
Alors il faut rentrer, se remettre au lit pour qu'on ne s'aperçoive de rien.
Et ranger ma licorne sous l'armoire pour qu'elle reste mon secret.
Le secret de mes nuits vagabondes.
Le pansement de mes insomnies.
Le miel de mes angoisses nocturnes.

dimanche 25 juin 2017

CRAB

Crab a horreur d'être mouillé. il porte un scaphandre et des palmes jaunes.

Crab est somnambule, enfin c'est ce qu'il fait croire.
Il déambule sous les balcons des femmes, la nuit, les mains tendues mais les yeux mi-clos.

Crab a décidé que les épluchures devaient être incinérées dans une urne en porcelaine de Limoges 
Il appelle ça un hommage à la Terre.

Crab lit tous les jours le journal. C'est toujours le même. Celui qui annonce l'explosion d'Hiroshima. 
Il dit que la vie s'est arrêtée ce jour là.

Crab aime les chiffres surtout les rouges. Il n'aime pas les bleus ni les verts. Il les laisse à sa marchande de fruits.

Crab a des enfants. Il ne s'en souvient plus. Quatre, non trois, il en est sûr.

Crab pense que les moutons de lit seront les trésors de demain. Il les enferme dans son coffre fort en attendant que le cours monte.



Biscuits chinois

Quand la chouette hulule, les souris rentrent.

Les astres brillent plus, quand on les invente.

Ne laisse pas la langueur entraîner ton coeur, il pourrait s'y noyer.

Quand le coucou chante, chacun se retourne.

S'il y a péril dans la demeure, il y a risque dans l'agitation.

Tu n'as pas la langue dans ta poche, je la préfère dans ma bouche.



Conversation

Je ne sais pas si vous connaissez Alix Tirbouchonné. Ce n'est pas son vrai nom. Il s'appelle en fait Alix de la Ferté, le dernier d'une grande lignée. 
Mais il ressemble tellement à un petit cochon qui aurait gardé le même costume pendant 3 jours dans le même train, il ressemble tellement à une pivoine chiffonnée  qui s'étire au petit matin, que je lui ai donné ce surnom.
Je lui parle quelquefois, il m'intrigue.

- Comment allez-vous Alix, pas trop froissé?

- Si ma chère, vous ne pouvez pas savoir, mes pensées sont nouées au fond du tiroir.

-Ne pourriez-vous pas faire un grand ménage de printemps et aérer vos idées noires?

-Oui, j'y ai pensé, mais mes pensées pourraient s'échapper, comme ça, par la fenêtre. Je ne pourrai pas en retrouver d'autres, cela me terrifie.

-Que pensez-vous faire alors?

-Réfléchir, réfléchir, elles vont bien finir par trouver un ordre pour sortir.

-Et avez vous songé à faire de l'exercice, un poirier par exemple, la tête en bas, elles pourraient se renverser, vous pourriez les voir différemment.

-Oui ma chère c'est une bonne idée, mais j'ai trop peur d'abîmer mon costume, c'est qu'il me vient de mon aïeul,je ne voudrais pas qu'il se retourne dans sa tombe...

-Je comprends, vous devriez peut être revenir aux essentiels, l'amour....

-Ah! Je vous interromps , ça fait partie des pensées coincées au fond du tiroir! Je n'y ai plus accès ma chère, j'en suis si désolée!

-Mon pauvre ami, que de contrariétés pour un tiroir bloqué!

-Je l'avoue, je vais rester là à essayer de retrouver la clé. Le temps presse, l'huissier vient saisir mes meubles, je dois vous laisser....

Isabelle













mardi 13 juin 2017

journal de Josépha 5 ans

Dimanche, on est allé au petit bois, j'aime bien le petit bois, on a joué avec papa c 'est rare, j'ai adoré ça et on a bu du seltiné, c'était comme à la fête de l'école sauf que ça a pas duré, papa s'est cassé le pied alors il est de mauvaise humeur, on n'a pas voulu de lui à l'usine et il sait pas s'il va être payé.
Je me fais toute petite depuis.

En rentrant de l'école, j'ai trouvé un bouton en or, ce doit être un bouton de riche, je l'ai caché dans une boite et le soir je le regarde briller sous mes draps, c'est comme mon étoile.

Aujourd'hui, j'étais en colère, elle m'a agacée ma soeur, toujours à rire, pour la faire arrêter je lui ai cogné la tête contre le mur, maman m'a punie, elle a raison maman, je suis méchante mais elle m'énerve tellement ma soeur.

J'ai mangé les fraises dans le jardin, quand papa est venu pour les cueillir y en avait plus. j ai été malade, papa a ri mais pas maman.

Aujourd'hui, j'ai bien rigolé, j'ai ouvert la cage des lapins, ils sautaient partout dans le jardin. papa et les voisins couraient pour les attraper, moi j'ai appris plein de gros mots.

L hiver est venu tôt.
je soufflais sur les vitres pour faire fondre les fleurs de givre, c'était beau comme dans un rêve.
J'ai pas compris pourquoi maman pleurait

On est allé au bal du 14 Juillet, on a pas dansé, on s'est disputé avec Marc, Marc c'est mon petit frère, on a pris deux claques, on est rentré et au lit sans manger. J'ai juste entendu les pétards et le feux d'artifice, ils devaient être beaux les bouquets de feu dans le ciel.

Patricia

Patricia, jeune femme au physique bien ordinaire rentre chez elle. Elle habite en banlieue , Patricia, dans un petit deux pièces qu'elle a su rendre douillet. Elle ôte ses chaussures à hautes semelles compensées, se démaquille, elle ne sort jamais sans être fardée, un peu à outrance diront certains mais elle a ses raisons Patricia. Le trait d'eye liner un peu trop épais lui donne un regard charbonneux, c'est à cause des lunettes dit elle. Les lèvres épaisses, rouges écarlates sont toujours entr'ouvertes, pour la politesse dit elle.
Pour le moment, elle retrouve son teint naturel, un peu pâle il est vrai, elle enlève le bandeau noir qui retient sa chevelure brune mèchée de rouge. Elle change le tailleur vert pomme contre un jogging orange mais elle ne chausse pas ses baskets, elle ne fera pas de sport ce soir, elle pleure, les larmes coulent sur ses pommettes un peu hautes, son nez en trompette coule, ses épaules menues sont secouées par le désespoir, elle vient d'être licenciée Patricia après quinze ans de services à l'accueil chez Simca.
Elle retrouve son foyer, elle va au marché, elle cuisine, entretien son intérieur, fait un peu de couture, elle ressemble à sa mère sur la photo au dessus du frigo. elle attache ses cheveux pas toujours propres avec un élastique de pot de confitures, sa bouche retombe, ses sourcils ont retrouvé leur épaisseur, elle ne connait plus que les tabliers, fini les chemisiers aux cols amidonnés. L'après midi, elle feuillète  des magazines, elle rêve encore même avachie dans son fauteuil avec ses charentaises. Elle ne se fait plus les ongles mais elle rêve  de sa silhouette quand elle était au bureau, juste à l'entrée, tout le monde pouvait la remarquer.Elle n'était pas très grande mais debout elle faisait son effet et sa poitrine rebondie mettait les hommes en appétit et sa taille de guêpe faisait raller les collègues.
Pourtant, elle était gourmande Patricia, elle l'est toujours mais ses yeux sont plus ternes seule devant son pot de crème.
Avant de jeter sa revue, elle tombe en arrêt devant une pub de glaces. Elle est sauvée. Voilà ce qu'elle va faire, elle va dénicher une charrette, elle est petite mais solide. Elle sera marchande de glaces.
Elle retrouve son enthousiasme et son maquillage, un peu moins prononcé certes, la clientèle ne sera pas la même. Elle change de bandeau, il sera à carreaux, roses et blancs, assorti à la robe aux manches ballon qu'elle a vu dans une vitrine puis elle chaussera des ballerines à carreaux aussi, pas de talons hauts, il faut faire estivale sur les plages. Le vernis, le rouge à lèvre, le fard à paupières, tout est descendu d'un cran dans la palette, elle devra paraitre sage auprès des enfants. Elle connait bien les enfants, plus jeune elle gardait les petits de sa voisine Claudette, on lui avait appris à bien se tenir, elle avait oublié mais ça allait revenir.
Patricia est aimée sur la plage, elle vend des glaces l'été et des frites en hiver, là on ne la reconnait plus sous sa polaire.

voyage à travers le monde

Bientôt je partirai pour Colbordolo, village natal de mon père, dans le centre de l'Italie. avant de trouver mes racines personnelles, je passerai par Florence, berceau des arts, je longerai aussi l'Arno aux couleurs d'ocre. Après être restée en arrêt devant le printemps de Botticelli, je chercherai les villages blancs d'Andalousie, la fraicheur des jardins de l'Alhambra où j'étudierai la maitrise de l'eau dans les canaux, les canaux, j'aime tellement ça que je retournerai naviguer sur le canal St Martin puis à Venise où je visiterai les palais et j'achèterai des masques. Les masques, je les ferai tomber à Rome devant la Pieta ou dans les termes de Caracala, la beauté à son plus haut niveau et pourquoi pas à vienne, art décor , Klimt sans oublier une bonne pâtisserie dans une brasserie accompagné d'un café viennois sous le regard d'Athéna. C'est meilleur qu'une choucroute sucrée dans le grand nord, mais je ferai tout de même le détour pour l'immensité des paysages , la découverte des gnomes , le silence et la transparence bleutée des glaces. Les transparences, les reflets,j'irai me perdre dans ces images multiples et colorées de Barcelone, je photographierai encore une fois la maison de la musique , les vitraux et lumières de la Sagrada Familia, je les confronterai à la Sainte Chapelle à Paris. Avant de retrouver mes ancêtres, dans ce coin perdu d'Italie, je retournerai me confronter aux forces de la nature, aux éruptions de l'Etna, aux cascades de glace du Tyroll et je chercherai un peu de paix au bord d'un lac suisse, je savourerai un férat et du chocolat. J'hésite avec les grandes plages du nord et leurs harengs saurs. Pour me nourrir l'esprit, avant d'être coupée du monde, j'assisterai à un concert à la Philharmonie de Berlin et pourquoi pas un opéra à la Fenice. Je passerai bien aussi par New York mais c'est un peu loin et je me suis éloignée des américains, allez savoir pourquoi? Il faudrait aussi que je vois l' Asie, l'Afrique, ce serait la découverte de continents que je ne connais pas, il y a tant de choses que je ne connais pas mais tant pi, me voilà , papa.

jeudi 8 juin 2017

Souvenirs d'Henriette, 3 ans

La rue était très chaude.
La lumière aussi.
Ma main toute mouillée dans celle de Maman.
C'était jour de marché et on était obligé d'y aller.

Dans la campagne il fallait marcher longtemps sans se plaindre. Les grandes herbes me piquaient partout et Mamie passait de l'eau de la rivière sur mes brûlures. Puis il fallait rentrer avec des bouquets de lilas qui me dépassaient et qui sentaient très bon.

J'aimais bien aller au cabanon. Il y avait plein de choses à faire. J'aimais surtout regarder la lente marche des chenilles à la queue leu leu comme on faisait dans la cour de l'école quand on allait manger à la cantine.

De l'autre côté de la fenêtre il y avait ce garçon qui me regardait tout le temps. Je ne l'aimais pas: il avait les oreilles décollées. Alors je lui ai tiré la langue. Et j'ai failli m'étouffer en avalant mon bonbon.

Un jour on est parti avec la belle auto de Papi, très loin dans le désert caramel. Et puis on est arrivé dans un village tout démoli avec des pierres cassées partout. On voyait la mer à travers. Tout le monde trouvait ça très beau. Moi, ça me rendait triste et désolée.

Dans les cactus, j'ai caché mon trésor. Une petite boîte remplie des mines cassées de mes crayons de couleur. J'ai été obligée de le dire à Papa quand il a voulu arracher les cactus.

Les feux de l'été.


Résumé de l'épisode 5 de la saison 4 de la série "les feux de l'été".
Article de la blogueuse Kimberley.


Rappelle des personnage principal de la cerie.

Patricia qui voix tout en rouge. Elle aime les cokeliquos et le san. (En fette elle es comuniste)
Coralie qui es aracnofobe. Elle hurle dé qu'on parle d'arénié.
Yvon il aime la foto de nus. Il choisit ses copine en foncsion des foto qu'il peut en tirer.
Louis est dan la polisse. Il es jenti.
Denis ème les fames. Surtou les étrangers et pour sa, il fait le tour du monde.
Ariel est jalouze. Même d'elle. Elle fé tout le tan des crise absurde et per Tou ses ami.


Yvon a reuci a sové son studio foto des flame. mai il a perdu Tou ses négatif. Il va faloir retrouvé plin de copine! Mais Ariel ki ai tro jalouze, va lan enpeché paske voila, elle ne suporte pa toute ses ninfette qui tournent otour d'Yvon. Donc elle va voir sa copine Patricia et lui demande koi ki fô faire.
Alor Patricia, ki vient justemen de plaker son copin Denis ki cour un peu tro le monde, lui dit qu'il fo avertir les flic que l'insendi es criminel. Ariel se di que cé une bonne idé et elle acuse François ki fume Tou le tan d'avoir foutu le feu au studio.
penden se tent, Coralie ki es trè amoureuse du comiçère qui s'apele Louis, fait genre je tonbe dan les pome parski a une arénié comme fon d'écren sur son portable.
Denis, ki été parti à Lagos en "voyage d'afère", revien à se momen la et trouve Tou sa un peu louche, vu que c'es le meilleur ami d'Yvon et kil set bien kil a des souci financié. 

Ira tel voir Louis pour lui sugéré que c'est pas François ki a fai le cou mais Yvon ki a fé une arnake à l'açurence????

A suive. 

SILENCE

Silence
Une existence.
De la brillance
sur les ailes qui dansent.
Comme une errance
Dans le silence.
Et cette cadence
en transparence.
Miroir immense
Regards intenses.

Silence et résistance
à la souffrance
de l'enfance.

HOPPER. "The long leg" 1930

C'était un jour bleu.

Je revenais tranquillement d'une sortie en mer avec mon ketch.
Le vent gonflait gentiment mes voiles et la sensation de vitesse donnée par la gîte du bateau me grisait doucement.

C'était un jour bleu.

La rondeur du paysage me plongeait dans un sentiment de confort et d'harmonie, comme l'édredon posé  sur un lit douillet.
J'étais en sécurité.

C'était un jour bleu qui s'étirait sur le soir avec des nuances violettes qui brisaient l'outremer foncé de mon placenta.
Pas un nuage dans l'azur clair. Que les ombres des dunes sur l'horizontalité de la côte.

C'était un jour bleu et le sémaphore faisait écho à la verticalité de mon mât.
De la barre, je voyais la rondeur de mes voiles et cette sérénité iodée sur laquelle mon bateau glissait.
Comme une évidence.

C'était un jour bleu d'espoir et d'amour. Fragile et sûr.
Une lueur d'éternité figée dans les couleurs.

lundi 29 mai 2017

il était une fois un nuage..

Il était une fois un nuage qui pleurait pour de vrai.
C'est Pierrot, un petit garçon d'une dizaine d'années qui s'en aperçut le premier.
Un matin, alors qu'il jouait dans la cabane du jardin, il sentit une goutte sur sa main, une grosse goutte comme il n'en avait jamais vu, il leva les yeux, le ciel était bleu, au milieu de cet océan de bleu, un nuage gris aux yeux clairs le regardait.Des yeux tristes comme les siens quand maman le grondait, des yeux qui s'ouvraient, se fermaient comme les siens quand il attendait un câlin.Sur le dos de sa main, la goutte s'étirait, avant de l'essuyer il voulut la goûter, un petit goût salé comme ses larmes quand il pleurait de chagrin. Il leva son regard vers le ciel, le nuage était toujours là, il tremblotait, comme lui quand il était secoué de sanglots. Il essaya de lui parler, pas de réponse comme lui quand il se coupait du monde. Il reçut une autre goutte, pas une goutte, une larme, il en était certain. Il plaça une échelle sur le tronc du noyer, grimpa au sommet et tendit son mouchoir au nuage; ce dernier l'attrapa, se moucha et dans une respiration qui déclencha une averse il invita Pierrot à partir avec lui: " C'est trop triste ici, viens..."
Le vent se leva...

paysages en qqles mots

Sur la place, une école, une ancienne école, devenue restaurant, un restaurant ouvert le dimanche et pendant les vacances. En face, l'église, sans curé et fermée à clefs.
Une ruelle, autrefois baptisée, grand rue, elle est bordée de maisons aux volets clos.
Les murs sont colorés, c'est déjà ça, les vieux ils laissaient aller.
L'été il y a un marché, des produits authentiques il parait. Etrange , ici, on ne voit plus de champs.
Et au bout du village des chalets, des chalets jusqu'au lac pour l'été mais plus pour les brochets.


Après les gorges, le paysage s'ouvre.
Des collines dans une lumière dorée.
Des sentiers bordés de lavande.
Des tilleuls dans les prés et aussi des noyers.
Plein de petites crottes, celles des moutons là haut.
De la laine accrochée aux églantiers, celle du bélier.
Un matou vient vous chercher, il vous conduit au berger entre tonte et fromage.
la quiétude vous attend.

incipits

 C'est à ce moment que tu ne m'as pas vu, à ce moment même où t'ayant aperçu  dans la foule mon coeur s'était mis à battre de bonheur; je m'apprêtais à te sauter au cou et toi tu ne m'as pas vu, tu n'as pas voulu, tu te dirigeais vers une belle blonde de l'autre côté de la rue.

Je marchais par une nuit sans fin en me disant que malgré la beauté des étoiles, elle finirait bien cette nuit, et si je courais, peut être qu'elle finirait plus vite, que le soleil de lèverait.

Bon Dieu, je n'arrive plus à me lever, cette carcasse est collée au lit, pourtant j'ai bien dormi, un rêve qui ne veut pas me quitter ou la réalité que je ne veux pas aborder.

J'étais seul, l'autre soir, j'ai regardé les bouteilles sur le bar, je les ai cachées pour ne pas me laisser tenter, je ne dois pas boire, je vais être malade. mais je sais qu'elles sont là, alors , une goutte et on verra.

Plus de quarante ans ont passé, et oui même mes enfants présentent des signes de vieillissement, étrange.




Scène d'un autre temps

C'est le temps des épousailles, dans un autre temps. les jeunes filles étaient vêtues de blanc pour l'occasion, symbole de leur virginité. on pouvait les voir tout au long de la côte, accompagnées de leur mère. A leurs bras, un sac avec leurs effets personnels et un cadeau pour la belle famille. Elles partiraient, c'est certain, sinon on les noyait. elles scrutaient dans le petit matin les embarcations venant de l'île aux hommes, ils bravaient les vagues, hissaient haut les voiles puis ils choisissaient.
Le soir, les couples étaient formés, ils quittaient le rivage et partaient s'installer dans les fermes des grands prés. Certains étaient heureux, ils gardaient de la mer le vol des mouettes sur les chaumes pour le reste, ils cultivaient en espérant avoir une fille pour revoir au moins une fois l'écume des vagues sur l'océan.
Au journal ce matin
ce matin, un flacon flottait, personne ne semblait l'avoir remarqué, il dansait sur l'eau et dérivait dans le courant. de nos jours plus personne ne s'occupe de message dans une bouteille, la e génération ne connait pas ça. sauf qu'aujourd'hui, Mauritz, un habitant de Sèvres, venu en touriste, se baladait tranquillement l'oeil rivé sur la seine, il avait l'air triste diront les témoins plus tard, ce qu'on sait c'est que Mauritz repéra le flacon, se pencha pensant trouver un mot d'amour, il souriait. Mais il tomba, par imprudence, par dépit, on ne le saura pas. le médecin légiste de la morgue n'a pas su déterminer la cause du faux pas de Mauritz. suicide ou accident, peu importe, Mauritz est passé de vie à trépas ce matin de mai 2016, en bord de Seine.

mardi 11 avril 2017

Surréa-liste

Des chevaux qui volent au-dessus des nuages,
Un homme à tête de chien scrutant l'horizon,
Une colonie de fourmis qui marchent au pas telle une armée de soldats,
Un enfant de cinq ans qui conduit un autobus,
Un arc-en-ciel blanc illuminant le ciel après l'averse.

Le bois

La noblesse du bois est saisissante.
Le bois qui est d'abord arbre,
Le bois qui brûle dans la cheminée,
Le bois qui devient table, armoire, lit.
Le bois est chaleureux. Qui ne troquerait pas un carrelage froid, une moquette frisée contre un majestueux parquet de chêne ?
Qu'il soit chêne, érable, merisier ou acajou, le bois a une grâce infinie.
Le bois est nature. Le bois est vivant.
Le bois est la vie.
Le bois se laisse caresser comme aucune autre matière.
Ses noeuds apparents lui donnent une personnalité bien à part.
Le bois a vu naître des concurrents, d'autres matériaux soi-disant modernes.
Mais le bois est intemporel.
Les modes passent et le bois est toujours là.

lundi 10 avril 2017

Liste

Un hippopotame en talons aiguilles
Une mangouste en montgolfière
Un troupeau d'oies sur un toboggan
Le téléphone aux ailes de papillon
Une photo qui éclate en mille morceaux
La maison qui trotte vers la forêt
Une lettre à bascule
Un lit qui tricote ses édredons
Un planeur palmé qui nage
Mes lunettes qui s'évaporent
Des nuages à la surface de l'eau
Un savon qui fume
Un indien déguisé en père noël
Un arbre qui vomit
Un ange qui boude
Un train qui vole et une vache qui le suit
La lune qui baille
La lumière qui fond
Le désordre qui court en tennis
Un film sans fin
Un agneau qui mange le loup
Une perle qui parle
Un cactus qui picole de la téquila
Une souris qui brode avec des poils de chat.

La nébuleuse du Crab. suite

Crab est un grand sportif. Il s'achète tous les ans une nouvelle planche à voile qu'il promène sur son dos à la montagne.

Crab aurait pu être bel homme, s'il n'avait pas les oreilles à la place du nez et la bouche sur le front.

Crab est un grand romantique. Quand il est amoureux, il offre à ses flirts des moules qu'il a ramassé sur le plage le mois dernier.

Crab ne fait pas de sport. Il déteste ça. Il dit que le ménage et le jardinage le font déjà beaucoup suer, ça suffit bien pour sa bedaine proéminente.

Crab a eu une enfance plutôt heureuse. Le souvenir de sa mère morte quand il avait 3 ans le fait encore sourire. Ainsi que les sévices corporels subis dans le pensionnat de son quartier. Finalement, il s'en tire plutôt bien, Crab.

Quand il parle, Crab ouvre grand le front. Ses dents jaunies par le tabac sentent la menthe salée et un banc de sardines s'écrase dans sa barbe.

Crab consomme beaucoup de médicaments. Pourtant il n'est jamais malade. Juste un peu schyso et hypocondriaque . Mais avaler des pilules le rassure sur le bien fondé des laboratoires, sur la montée de l'islamisme et sur le mariage pour tous.

Avec du sucre, votre café?

Le sucre est un petit carré de luxe, pas vraiment bon pour la santé, mais carrément bon pour le moral.
On le trouve aussi en poudre. Toutes sortes de poudres: épaisse et brune, fine et blanche, farineuse comme du talc. Ou bien en cristaux comme des petites pierres précieuses. Ou accroché à un bâtonnet de bois que l'on peut sucer.
Le simple fait d'en prendre un morceau dans les doigts nous transporte dans les îles où les cannes à sucre  dansent sous le vent.
En fermant les yeux, on aperçoit les esclaves noirs, à demi nus, luisant de sueur, fouettés par le maître à cheval pour attiser la cadence.
Sous le coupecoupe qui fait tomber les tiges ligneuses, il y a des bêtes voraces et dangereuses: serpents, araignées, scolopendres.
Et ces esclaves noirs, qui sont pieds nus, se font piquer ou mordre, attrapent la fièvre et meurent.
Tout ça pour le petit carré de sucre qui tombe mollement au fond de notre tasse de café, pour un minuscule et fugace plaisir gourmand.
Mais bien sûr, on ne meure plus en ramassant la canne. Les esclaves n'existent plus. Normalement.
Les coupeurs ont de hautes bottes de caoutchouc qui protègent leurs jambes.
Et des machines infernales et gigantesques transforment la plante en mélasse, puis en sirop, ou en poudre ou en morceaux, ou en rhum. Des machines conduites par des hommes, dirigés par des chefs grognons et exigeants,  payés en dessous du SMIC.
EXPLOITATION: c'est comme ça qu'on appelle les distilleries dans les îles.
C'était hier. Et c'est aujourd'hui.

Le petit pull

Un petit pull blanc en laine vierge.
De la laine vierge filée et tissée sur un métier.
De la laine vierge tondue sur le dos du mouton.
Ce mouton qui broute l'herbe d'un alpage quelconque.
Sur une montagne bien sûr.
Une montagne toute blanche en hiver.
Couverte de neige.
De la neige, qui n'est autre que de l'eau.
De l'eau de pluie très froide.
De la pluie qui vient d'énormes nuages blancs.
Des nuages qui filent dans le ciel.
Le ciel qui se voûte et nous protège.
Avec ses armées d'anges et de démons
Des anges et des démons dirigés par un dieu.
Ou plusieurs, on s'en fout.
Un Dieu ou des dieux pour qui les hommes se battent.
Et s'entretuent.
Alors qu'il y a tant d'autres choses à faire!
Par exemple, se promener dans la montagne.
Marcher dans l'herbe.
Admirer le beau mouton qu'il faudra tondre.
Pour filer la laine vierge de mon petit pull blanc.


mardi 4 avril 2017

la nébuleuse du crabe suite

Un jour, Crab a eu la varicelle, il a ponctionné toutes ses vésicules pour contaminer les chiens du quartier. Il n'aime pas les chiens Crab.

Crab a voulu connaitre les sports d'hiver, il est parti bien équipé, skis, raquettes bonnet... En arrivant , il s'est rendu compte qu'il craignait le froid, il a passé son temps à ramasser du bois et allumer des feux dans toute la station. Il a fini en prison, déclaré dangereux pyromane.

Crab a tenté le jardinage, il maitrise tout Crab, il a la main sur tout. On doit obéir à Crab, aussi quand les plantes poussent au delà des limites qu'il a fixées, il les arrache. Il n'a jamais pu manger de légumes du jardin.

Crab aime les collections, il collectionne tout, les pierres, les cartes, les plantes. Il est très ordonné alors il classe par famille, groupes , sous groupes jusqu'au jour où il n'a pu identifier une fleur. La colère est montée à son paroxysme, il a tout jeté par la fenêtre et a failli sauter avec.

Crab ne supporte plus de voir son ombre, il l'a trouve infidèle, c'est pourquoi on on le voit déambuler pas forcément  dans le sens où il veut aller, son ombre doit être derrière lui, il se doit de calculer ses déplacements en fonction des heures de la journée. Il doit planifier .

nouvelles en quelques lignes

Le 1er avril 1924, le docteur Chauvin est retrouvé caché dans une grotte: il déclare avoir peur des malades.

Ce matin Mr Joseph part à la pêche, il trouve le cadavre de sa femme dans sa barque; Il la croyait partie.

Hier, Mme Tournemire opéra sa voisine au canif, elle voulait la libérer des épines de cactus, la dite voisine succomba d'hémorragie.

le soir du 6 juin, Pierrot laissa tomber son sabot un lapin. il fit un civet. Sa tante reconnut l'oeil de son animal, elle tua Pierrot.

Pénurie de balais chez le droguiste de Verdon. Mme Tournemire les a tous cassés sur le dos de son mari.

Trop heureux de retrouver le printemps Mr Pochon sortit la voiture de son jardin sans ôter la bâche, 3 morts.

vendredi 31 mars 2017

il serait dommage

pour se préparer à un bal costumé, il serait dommage
-de ne pas aimer danser avec un inconnu
-de ne pas vouloir perdre le contrôle de ses émois
- de ne pas vouloir oublier sa personnalité
-de ne pas vouloir se séparer de ses perpétuels jeans
-d'être allergique aux maquillages
-d'avoir peur des ampoules aux pieds dans de nouveaux souliers
-de craindre des odeurs corporelles inhabituelles
-de ne pas supporter les musiques endiablées
-d'avoir peur de perdre la notion du temps
- de craindre les boissons un peu aphrodisiaques
-de se laisser reconnaitre au premier coup d'oeil
- d'être offusqué par quelque langage grivois ou grossier
-de ne pas vouloir commettre la moindre tromperie
- d'être outré par le baiser d'un inconnu
- de craindre le retour à la réalité.

biscuits chinois

Demain est un autre jour, si tu te réveilles.

Il pleut, il mouille , c'est la fête à la grenouille, tu n'es pas batracien? tant pi pour toi.

Pince mi, pince moi sont dans un bateau, te connaissant, un conseil, ne monte pas.

Je te tiens par la barbichette, celui qui rira aura une tapette. Tu es sur de gagner , tu ne ris jamais.

La cigale ayant chanté tout l'été, pas de problème pour toi, tu chantes faux alors ça ne durera pas.

Ouvrez l'oeil, un nouvel amour s'approche, un conseil: ouvrez les deux.

En core un effort et vous atteindrez vos objectifs. j'ignorais que tu en avais.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle...Tu n'es pas concerné, tu ne connais pas le balai.

Après la pluie vient le soleil, mais toi pense plutôt à la grêle.

La configuration des astres vous annoncent la prospérité mais on ne connait pas le délai.



fatrasies

Un crapaud foutraque
amoureux d'une limace
se prit de jubilation
en peignant la bave de sa compagne.
Sortis de leur grotte
partis à l'assaut de la Tour Eiffel
ils se fatiguèrent
prièrent un zindien planté là
de leur fournir des citrons pour redescendre sans dommage
en glissant sur la bave.


le marabout somnambule
sortit au clair de lune
pour quelque courses
vola caisses et bourses
emplit son chapeau de rôtis
doigts farcis et fesses en sauce
tout lui semblait beau et bon
que de tentations!
regonflé, neuf à souhait
il fût fait, marabout est au bout.
Il n'a plus fière allure
dans les fers, rougi par les brûlures.
Du fond du trou, il nous maudit
de son unique doigt qu'il brandit.

lundi 27 mars 2017

Portrait de Loula

Loula est légère et brillante comme une libellule.
Quand elle rit, c'est mille soleils qui éclatent comme des bulles.

Loula est gourmande. Et elle aime préparer des petites choses à grignoter avec un verre de vin. Elle sort trois bricoles du fond du frigo et arrive à satisfaire ses papilles et les nôtres.

Loula aime la fête, la vie, l'amour et préparer des surprises. Elle a toujours le cadeau idéal à offrir.

Loula aime le soleil et la mer. Et l'été sa peau est dorée. Un or brun presque noir. Comme une Princesse massaï. Elle habille son corps de tissus légers et se coiffe de paille ou d'un foulard juste noué. Elle met ses affaires essentielles dans un petit panier d'osier tressé et déambule subtilement dans ses rues préférées.

Loula aime le vrai. Le pur. Le naturel. Les matières nobles et les gens sincères.

Quand elle maquille ses grands yeux bleus, Loula se concentre. Un trait fin et noir qui souligne ses paupières, juste un peu d'ombre au dessus et des cils noirs qu'elle allonge avec une brosse moussue.
Un petit coup de terracota, du rouge sur ses lèvres pulpeuses et hop! Invitation à un voyage dans le charme et le sourire.

Loula n'est pas facile parfois. Elle est très exigeante dans ses liens avec les autres. Aucune fausse note n'est tolérée. Une petite réflexion peut faire valser l'équilibre de sa bonne humeur et ses yeux très bleus deviennent noirs et menaçants.

Mais Loula est un vrai cadeau/bonheur. Un baiser divin de la vie. Un ange qui vous frôle de ses ailes. Une biche douce et apprivoisée. Un oiseau magnifiquement coloré qui a quitté le nid.

dimanche 26 mars 2017

L'absence


Il n’y a plus rien,
ni vaisselle séchant à coté de l’évier,
ni verre à pied dans le bahut,
ni courrier sur le plan de travail.

Pas de farine, pas de miettes,
pas de couteau à pain,
plus d’odeur de levain,
Il n’y a rien.

Pas de tarte dans le four,
pas de radio, pas de chansons, pas de bruit
Pas de cris, pas de rires.
Il n’y a personne.

Dans la chambre, plus de parfum,
dans le lit, plus de chaleur,
plus de fleurs dans les vases,
et plus de vases… de toute façon.

Restent le valet
et sa veste
qui attend.

mardi 21 mars 2017

Psychanalyse des lettres

Le H m'a dit: Je suis le timide, le discret, celui qu'on n'aime pas, qu'on ne prononce pas. Je suis l'autiste de la famille.
Même en couple avec le C, je passe toujours après.
Je n'aime pas le bruit.
J'impose le silence: chuuuutttt!!!!


Le Z m'a dit: Je suis l'essentiel, le dernier, l'ultime, le gardien de toutes les autres, le berger qui rassemble son troupeau.
Le A ouvre la marche et moi je la ferme.
Et je vous dit "ZUT" quand vous me faites zozoter.


Le Q m'a dit: Je suis le mal aimé.
Celui qu'on n'aime pas avoir sur sa plaque d'immatriculation.
Je suis la honte et la risée de tous.
Pour couronner le tout, on m'affuble du U, comme si ça ne suffisait pas!
Mais je suis fier de pouvoir faire des abréviations pour écrire plus vite: CQFD, PQ, QI, QG....
Et aussi d'être au cul du coq qui se pavane en symbole des français.


Le O m'a dit: Je suis le O.
Le contemplatif, l'étonné, le lunaire, le zéro.
Je suis tout rond, on peut me tourner dans tous les sens, je resterai un O.
Si je voulais, je pourrais faire des miennes et rouler sur les lignes pour embêter tout le monde.
Je suis dans le OUI et dans le NON.
Je suis l'essence de l'HOMO.
Je peux faire le gentil: "Oh que c'est bien!"
Et le méchant:" Oh que c'est mal!"
Tout dépend de l'intonation qu'on me donne à l'oral.

Le monde à l'envers

La marguerite se caresse les poils
Les tuiles pleurent sur la mousse
Le peuplier gigote sous sa couette
Le homard broie du noir
La cruche apprend sa poésie
Le gazon gronde les poules
Le bateau glisse sur les rochers
La menthe se dandine entre les glaçons
Les vélos dansent la gigue pendant que la digue s'écaille
Le mur disparait quand la mer monte
La nuit s'éclate en jouant du banjo et la lune voit rouge en l'entendant
L'échelle s'épile les barreaux
L'iguane s'écartèle devant l'araignée
La clef dessine un soleil
Les arbres hurlent à la vie quand la mort s'électrocute
Le chablis perd son latin
Le pain fait des crottes
Le nuage gonfle d'orgueil
Le chat fume des caramels
Les escargots s'enrhument dans le brouillard
Et la lavande éternue sans un silence
Les abeilles frissonnent dans la voiture
Le chien met son chapeau de pluie
Les cactus ont des vergetures
La route coule vers la ville
Le champignon mange un mystère
Le gigot gigot dans son berceau
Et moi, je prépare la fin des fins.

FATRALAND

FATRASIES

Un marabout qui portait un chapeau de bois neuf, cherchait dans ses caisses un rôti.
La tentation était grande de mettre son doigt dans le trou des fesses de la dinde qui faisait ses courses.
Mais, comme il s'était déjà brûlé les pattes, il préféra jouer au somnambule.


Les couettes de la carotte
Traînaient dans un avion.
La libellule, une passoire sur sa cagoule,
Se mit à danser sans sandales.
Mais, le scaphandre, rusé et pervers,
Coupa net la musique des nuages.


Madame Framboise passait son temps à faire du coq au vin
de façon désinvolte sur sa plaque de gaz.
Elle s'imaginait sortie des ronces dans un magnifique carrosse
à tricoter de la ouate et oubliant son bégaiement.


Quelle drôle d'histoire, aujourd'hui dans le brouillard!
A midi, il a fallu monter pour cueillir un bout de providence
En attendant les vacances à la croisée du lendemain.

lundi 6 mars 2017

Si Marianne Si

Marianne en avait assez de la France. Elle souhaitait aller vivre ailleurs. Son prénom l'exaspérait. 
Elle s'arrêta devant une agence de voyage, y entra et se mit à lire plusieurs prospectus sur des destinations qui la tentaient bien. Elle avait le choix entre plusieurs moyens de locomotion pour s'y rendre, mais elle s'interrogea tout à coup. Un train pour Londres? Un avion pour Tahiti? Ou une navette spatiale pour la lune?

Elle se décide pour la navette spatiale. Le problème c'est le prix. Elle n'a pas suffisamment d'économie. Foutu patron qui ne paie pas les heures supplémentaires, et la tante Agathe qui l'a rayée de son testament, elle ne sait pas pourquoi.

Elle va tenter un braquage.
Marianne arrache son bonnet phrygien et le remplace par un bas nylon. Elle jette sa cocarde, enfile un imper, sort son Browning de la poche de sa toge et se rue au Crédit Mutuel.
"Haut les mains! C'est un hold-up!" Les employés terrorisés se jettent à terre.
"Mais madame, nous n'avons pas accès aux espèces ici..."
"Ta gueule, viens avec moi!" 

Elle embarque le patron dans un bureau, remet son bonnet phrygien, arrache sa cagoule et se dénude le torse.
"Tu ne me reconnais pas abruti?! Je suis Marianne, la fiancée de la République!"
"Euh.. je ne sais pas, peut être..." hoquette le patron.
"Au nom de la République, tu dois me donner immédiatement le contenu de ton coffre-fort! J'ai de grands projets pour la France, il faut sortir de ce marasme!"

Il ne voulait pas c'est sûr, par un geste réflexe idiot, le patron de la banque déclenche l'alarme.
Aussitôt une sirène épouvantable retentit, toutes les portes se ferment. Marianne, torse nu, regarde hébétée le patron du Crédit Mutuel qui tremble de tous ses membres et urine sous lui en voyant le révolver braqué sur lui. Alors Marianne, bonne fille sourit.
"Voyons, tu as oublié? Je suis la 'République garante des droits et de la Liberté'. Tu ne me paierais pas un verre? Après je te ferai voir la lune..."

samedi 4 mars 2017

Igor et Bianca, rêve d'amour

Igor et Bianca, rêve d'amour

C'est l'histoire d'Igor. Il va comme tous les soirs au bar de L'Empire. Comme tous les soirs, il boit du whisky accoudé au bar. Comme tous les soirs, il regarde la salle de ses grands yeux bleus en repliant ses longues jambes sous un tabouret haut. Il attend le spectacle de french cancan avec impatience. Il aime surtout regarder Bianca, la grande brune au regard de braise. Elle lève la jambe plus haut que les autres et son port de tête est impérial. Il attend, il en est à son troisième whisky.

Il n'aurait pas dû boire autant. Il voit trouble, se frotte les yeux, les ouvre grand, les fait autant que possible sortir de leurs orbites, tant et si bien qu'il finit par ressembler à une langouste. Son coeur tente d' exploser de sa poitrine."Ce  n'est pas vrai, Bianca n'est pas là."

Igor a les yeux révulsés, il est en pleine crise d'épilepsie car en cas de contrariété il se rend malade, Igor."Ma Bianca!Pourquoi me fais tu ça? Pourquoi ton absence ce soir?Alors que c'est ce soir que j'avais quelque chose à te dire , quelque chose de très important, ma Bianca!"

L'ambulance appelée par le patron de l'établissement arrive, les secouristes transportent Igor. Il se débat comme un forcené, le pauvre Igor." Je ne suis pas saoul,je ne suis pas malade, ma Bianca va arriver, vous verrez!"

Igor s'enfuit en courant dans la rue, il regagne sa chambre de bonne, boit et boit encore, s'écroule sur le lit aux draps douteux. Il écrase son visage sur l'oreiller et le nez dans les plumes, il rêve que sa tête est au creux de l'opulente poitrine de Bianca. Elle est à lui Bianca, elle est là pour lui Bianca. Son esprit divague."Demain on sera ensemble au bar de l'Empire...."

mercredi 1 mars 2017

Mieux vaut un tien que deux tu l'auras

Dans une contée lointaine, très lointaine, vivait un lama qui avait une langue bleue dotée de pouvoirs magiques. Le propriétaire de ce lama était très vieux et très sage. Sa maison était d'un dénuement extrême. Il n'autorisait pas son lama à sortir du grand jardin car il avait très peur de ne plus l'avoir sous les yeux.

Mais le lama se sentant prisonnier de son propriétaire choisit de s'enfuir. Il ne pouvait plus supporter ce jardin devant cette maison délabrée, il rêvait de grands espaces et d'accomplir des miracles devant des yeux d'enfants émerveillés grâce à sa langue bleue.

Il se blesse mais sort du jardin, le sang coule le long de ses pattes, il souffre, souffre tellement qu'il ne peut même plus cracher. De plus il laisse des traces, il piétine le chemin mais plus il piétine plus le sang coule, il se met à tourner en rond, sa laine s'emmêle autour de ses narines, il bave. Horreur! Il ne crache plus, il bave.
Le propriétaire le retrouve mais comme il ne crache plus, il ne le veut plus.

Alors le lama se dit qu'il tient enfin sa chance, à lui la liberté! Il commence par se rendre chez un vétérinaire afin de soigner ses blessures. Après quelques semaines de convalescence, il veut s'engager sur la voie du succès, réaliser son rêve.

Il participe à "Incroyable talent" dans la catégorie bêtes fantastiques. Avec lui, plusieurs phénomènes: la femme à barbe, le nain au grand zizi, le chameau à trois bosses, la fée Carabosse. Le public hésite, un lama à langue bleue qui crache des mollards turquoises, ça ne s'est jamais vu. Dans les cirques ça peut rapporter gros. Pourtant c'est la fée Carabosse, laide à faire peur, réunissant la bosse du chameau, la laideur de la femme à barbe et le pouvoir de transformer en nain tous ceux qui la regardent, qui remporte le prix.
Trois phénomènes pour le prix d'une! Pinder l'achète à prix d'or. Notre lama s'en retourna fort marri.

Collectif




La vengeance d'Astrid


Ce matin là,La reine Astrid se réveilla de fort méchante humeur.Elle repoussa négligeamment le couvre-lit damasquiné qui lui avait tenu lieu de compagnie. Cette nuit,loin de combler ses espèrances,s'était révélée un échec total. Elle se dirigea vers la coiffeuse.

Elle saisit sa brosse à cheveux et se déméla longuement les cheveux devant le miroir. Songeuse ,elle repensait à cette nuit ratée. Qu'est ce qu'il lui avait pris de s'amouracher de ce marquis ténébreux.Il l'avait à peine regardée malgré son rang et sa noblesse et n'entreprit même pas de l'embrasser. Elle décida de se venger.

La bave de rage aux lèvres,Astrid ouvrit le tiroir de sa coiffeuse,sortit du papier et écrivit le mot suivant:
Mon amant inégalable,
Je t'attendrai ce soir dans les bois de Versailles où tu sais. Je te prépare une surprise qui ne te décevra pas. Elle signa d'une trace de rouge à lèvres écarlate.

Mais l'amant minable ne vint pas au rendez-vous car "là où tu sais" il ne le connaissait pas.Astrid redoubla de colère et décida qu'il fallait piétiner ce piètre amoureux et l'oublier dans la foulée. Elle envoya une lettre à sa femme spécifiant la nature de leur relation et ajouta même le nom de ses autres maitresses.

Convoqué par sa femme l'amant minable jura qu'il ne connaissait pas Astrid et qu'elle avait inventé toute cette histoire à cause de la jalousie du couple qu'il formait.

"Nous ne nous séparerons pas à cause de cette horrible femme qui ne t'arrive pas à la cheville"
  dit il
"Et les autres maitresses qu'en fais tu ?" lui demanda sa femme

Astrid tenait sa vengeance : Le sacré courreur de jupon était démasqué par sa femme.

Le terrible secret de Mr Danglebert

Comme à l'accoutumée, Mr Danglebert ferme sa porte à clef, descend l'escalier et va attendre son bus qui le conduira au bureau. Il est en retard, le bus! Mr Danglebert est saisi de panique non pas à cause du travail qui attend dans l'administration de la rue Pic, mais à cause des minutes de liberté qu'il a devant lui.

Etourdi par le sang battant à ses tempes, il bifurque rue Deferre et ses pas le mènent devant la maison de son enfance. Il monte les escaliers, haletant , jusqu'en haut, jusqu'au bout du couloir.

La porte s'ouvre par surprise sur un petit bonhomme bossu, habillé de noir, avec un oeil de verre qui lui dit: "Je t'attendais! Entre, c'est l'heure."

Il entre, les yeux sur l'immense horloge qui trône sur le mur du fond, pris entre la curiosité d'apprendre ce que le petit bossu a à lui dire et la peur de manquer le bus suivant. Le petit bonhomme a sorti d'une vitrine un gros grimoire. Il chausse ses lunettes, regarde Danglebert d'un air sournois et dis: "Tu vas enfin savoir."

Le petit homme dévoile à Danglebert tout ce qu'il y a à savoir sur sa vie passée. Il lui dit aussi ce qui va se arriver parce qu'il a raté son bus. Et enfin, il lui révèle le terrifiant secret de sa vie future: il va mourir! Et quand Danglebert lui demande quand, le petit bossu lui dit: " Personne ne le sait! C'est une certitude, tout vivant finit par mourir un jour. Demain, dans 10 ans, dans 60 ans... Je te conseille de profiter du reste de ta vie et de ne plus te mettre la rate au court bouillon pour un bus raté!"

samedi 25 février 2017

Un jour,

Un jour, le courage m'habitera de nouveau, ce jour là, je trouverai la vie belle et je partirai par les chemins. Accompagnée par les oiseaux, j'atteindrai une bergerie. Elle sera appuyée à la colline et ouverte sur une prairie, le printemps sera là, les pâquerettes pointilleront l'herbe verte. Un troupeau de moutons m'attendra. Les pierres dorées me réchaufferont, mon regard jouera avec les nuages courant dans un ciel clair, une profonde joie se dessinera sur mon visage. Je sortirai mon repas d'une besace de cuir, je mangerai là seule sur un rocher, il me transmettra sa force et une rivière murmurera à mes pieds. Le soir quand la fraicheur me rattrapera, quand la lune m'adressera son sourire en virgule, je retrouverai la douce chaleur d'une cheminée et je tisserai la laine de mes brebis, le cliquetis des navettes agrémentera mes silences et les écheveaux colorés sur le mur me feront oublier la peur, la peur qui paralyse, la peur qui sans cesse me rappelle notre pauvre humanité. D'autres jours, à l'heure où la rosée aura nettoyé mes yeux, je grimperai la pente à la cueillette de plantes médicinales et je complèterai mes herbiers sur la grande table de bois ciré, je façonnerai la terre et mettrai les pots à sécher sur le banc au bout du pré. De temps en temps, je ne ferai rien, je parlerai simplement au vent sous les branches d'un tilleul au parfum enivrant, je saluerai quelques passants et leur demanderai de laisser quelques mots dans mon carnet, les jours de pluie, je les relirai. Un jour, je monterai dans une montgolfière pour avoir un nouveau regard sur mon monde de carte postale puis je reviendrai me coucher dans l'herbe pour écouter de plus près  la terre et peut être que je chanterai en pensant à la mer que j'aurai laissé là bas quand c'était chez moi.

lundi 13 février 2017

le poux et le perroquet

le poux: "Dis donc le volatile de la maison, as tu déjà accueilli un de mes congénères dans tes plumes?"

Le perroquet: "Non, je me gratte mais il ne s'agit pas de bestiole de ton espèce, je me fais juste une petite beauté."

L.Po.: "Tu ne voudrais pas m'inviter dans tes plumes je te ferai quelques chatouilles, tes belles couleurs me changeraient de ces forêts de cheveux ternes où je commence à m'ennuyer, et je te parle pas des noeuds où je m'embrouille les pattes. ça me boit le sang"

L.Pe.:"Comment ça, c'est pas toi qui boit le sang?"

L.Po: "Si bien sur, c'est une façon de parler, mais j'ai une sorte d'indigestion de sang humain, je pourrais goûter le tien, tu voudrais pas juste une fois , soit sympa. Je ferai ça en douceur, pas besoin de te gratter, tu verras."

L.Pe.:" Il n'en est pas question, sale bête !"

L.Po.:" Sale bête toi même, tu as reniflé tes fientes! On te suit à la trace. Moi, je suis incognito, pas de déchets. Je comprends pas pourquoi ils lavent toute la maison quand ils m'aperçoivent sur leurs têtes blondes. Une histoire de commerce, ils me perdent dans un brouillard de poudre maintenant. J'y verrai plus clair chez toi!T'es sur que tu veux pas de moi!"

L.Pe.:" Si tu poses une de tes pattes sur mon perchoir , je te malaxe entre mes griffes et te coupe la tête de mon bec acéré"

L.Po.:" ça va , ça va, vieux grincheux, je vais essayer le chien! Je rencontrerai peut être une puce, elle au moins elle est de ma famille, abominable bipède!"

L.Pe.:"Méfie toi saleté , je vais tout répéter
           Le poux, il est sur le chien
           le poux, il est sur le chien"