samedi 25 février 2017

Un jour,

Un jour, le courage m'habitera de nouveau, ce jour là, je trouverai la vie belle et je partirai par les chemins. Accompagnée par les oiseaux, j'atteindrai une bergerie. Elle sera appuyée à la colline et ouverte sur une prairie, le printemps sera là, les pâquerettes pointilleront l'herbe verte. Un troupeau de moutons m'attendra. Les pierres dorées me réchaufferont, mon regard jouera avec les nuages courant dans un ciel clair, une profonde joie se dessinera sur mon visage. Je sortirai mon repas d'une besace de cuir, je mangerai là seule sur un rocher, il me transmettra sa force et une rivière murmurera à mes pieds. Le soir quand la fraicheur me rattrapera, quand la lune m'adressera son sourire en virgule, je retrouverai la douce chaleur d'une cheminée et je tisserai la laine de mes brebis, le cliquetis des navettes agrémentera mes silences et les écheveaux colorés sur le mur me feront oublier la peur, la peur qui paralyse, la peur qui sans cesse me rappelle notre pauvre humanité. D'autres jours, à l'heure où la rosée aura nettoyé mes yeux, je grimperai la pente à la cueillette de plantes médicinales et je complèterai mes herbiers sur la grande table de bois ciré, je façonnerai la terre et mettrai les pots à sécher sur le banc au bout du pré. De temps en temps, je ne ferai rien, je parlerai simplement au vent sous les branches d'un tilleul au parfum enivrant, je saluerai quelques passants et leur demanderai de laisser quelques mots dans mon carnet, les jours de pluie, je les relirai. Un jour, je monterai dans une montgolfière pour avoir un nouveau regard sur mon monde de carte postale puis je reviendrai me coucher dans l'herbe pour écouter de plus près  la terre et peut être que je chanterai en pensant à la mer que j'aurai laissé là bas quand c'était chez moi.

lundi 13 février 2017

le poux et le perroquet

le poux: "Dis donc le volatile de la maison, as tu déjà accueilli un de mes congénères dans tes plumes?"

Le perroquet: "Non, je me gratte mais il ne s'agit pas de bestiole de ton espèce, je me fais juste une petite beauté."

L.Po.: "Tu ne voudrais pas m'inviter dans tes plumes je te ferai quelques chatouilles, tes belles couleurs me changeraient de ces forêts de cheveux ternes où je commence à m'ennuyer, et je te parle pas des noeuds où je m'embrouille les pattes. ça me boit le sang"

L.Pe.:"Comment ça, c'est pas toi qui boit le sang?"

L.Po: "Si bien sur, c'est une façon de parler, mais j'ai une sorte d'indigestion de sang humain, je pourrais goûter le tien, tu voudrais pas juste une fois , soit sympa. Je ferai ça en douceur, pas besoin de te gratter, tu verras."

L.Pe.:" Il n'en est pas question, sale bête !"

L.Po.:" Sale bête toi même, tu as reniflé tes fientes! On te suit à la trace. Moi, je suis incognito, pas de déchets. Je comprends pas pourquoi ils lavent toute la maison quand ils m'aperçoivent sur leurs têtes blondes. Une histoire de commerce, ils me perdent dans un brouillard de poudre maintenant. J'y verrai plus clair chez toi!T'es sur que tu veux pas de moi!"

L.Pe.:" Si tu poses une de tes pattes sur mon perchoir , je te malaxe entre mes griffes et te coupe la tête de mon bec acéré"

L.Po.:" ça va , ça va, vieux grincheux, je vais essayer le chien! Je rencontrerai peut être une puce, elle au moins elle est de ma famille, abominable bipède!"

L.Pe.:"Méfie toi saleté , je vais tout répéter
           Le poux, il est sur le chien
           le poux, il est sur le chien"
Proverbes

Qui ment bien s'en sort bien.

L'accent ne fait pas le Marseillais.

L'amant ne fait pas la nuit.

Porc-épic du soir, grattoir;
Por-épic du matin, mal au train.

Petit à petit la femme s'épaissit.

Une note ne fait pas la symphonie.

Une idée ne fait pas le génie.

Bien mal bâti ne dure jamais.

Au royaume des cons le connard est roi.




Thèse :
Vu de loin une courbe se confond avec l'horizon et engendre un trouble visuel.

Antithèse :
Vu de près les bleus du ciel se confondent avec les couleurs de la Terre.

Synthèse:
Plus oniriques que les couleurs, les courbes nous emmènent vers l'infini.



Suites :
Entre les pinces du crabe, la petite culotte de ma voisine.

Au milieu de la rue, une toute petite fleur rose qui palpite encore.

Au bout du couloir, la buanderie qui sent la lessive et la lavande. On y entre comme dans une église, c'est le lieu où on élève à la rédemption le linge souillé.

Entre les radis et les haricots nains, on aperçoit à peine Mémé, tant elle était petite.

Au rayon des surgelés il me regarde, me parle au rayon des fromages, me donne la main au rayon boucherie, m'embrasse au rayon fruits et légumes.



Manifeste de Brume
1) Apparaître et disparaître aussi vite
2) Cultiver une nonchalance distante
3) Envelopper chaque chose de mystère
4) Mettre une distance entre soi et les autres
5) Tenir des propos parfois pâteux ou incohérents 
6) Se chercher dans les vapeur de l'alcool
7) S'embrumer pour un oui ou pour un non


Manifeste de la rue
Nous les bouches d'égout, les bouches d'incendie, demandons à exister au même titre que toutes ses bouches qu'on voit fleurir dans les magazines et sur les affiches. 
Elles sont là, rouges, flamboyantes, quand elles ne font pas du bouche à bouche!
Et on nous oublie, nous, pauvres bouches au ras du sol, alors que nous avons tant de choses à dire!



Cahier de doléances :
1) On est trop serrées dans le poulailler. La brune à crête rouge me marche dessus toute la nuit.

2) Le poulailler est sale, le garçon de ferme fait semblant de le nettoyer, on ne sait plus où poser les pattes.

3) Alex le coq s'est amouraché de la nouvelle. Il ne nous touche plus, ne nous regarde plus. C'est pas bon pour le moral, et donc pas bon pour les oeufs.

4) Mais bon, de toutes façons,  tu nous prends nos oeufs, tous nos oeufs, tous les jours.
Je ne pourrai jamais voir mes poussins, ni petits poussins...

5) Nous ne voulons plus finir au pot, nous méritons une retraite sur la côte, à Miami!


dimanche 12 février 2017

La maison grise

Dans la première chambre, tout est gris, rien ne transparait que de la monotonie , de l'uniformité, une sorte d'ennui sans lendemain.
Dans la deuxième chambre, le même gris mais sur un mur, un tourbillon noir, sans doute un vol d'étourneaux qui se déploie en bordure de nuages d'automne, il dégage une force, un élan vers la vie, un chant.
Dans la troisième chambre, le même gris, pas tout à fait, des nuances de gris qui se déclinent en arrondis, des moutons en prairie?Non un ciel qui joue aux intempéries, peut-être la pluie?
Dans la quatrième chambre, le même gris, traversé de lignes bleues, une palette d'horizons et au milieu un bateau.
Dans la cinquième chambre, le même gris agité de vert et d'écume, une tempête, plus d' embarcation, des rouleaux remontant des fonds, des rouleaux qui avancent en quête d'espérance.
Dans la sixième chambre, le même gris, nuancé de rose, le vent pour demain, c'est du moins ce qu'on dit, un vent qui gonflera la voile du destin.
Dans la septième chambre, toujours le même gris, bleuté, rosé, indéfini, dégradé en lavis ou brossé dans l'épaisseur de la matière et au centre l'éclatante blancheur d'un lys, un diamant dans l'écrin gris, un résumé de la vie.

jeudi 9 février 2017

L'oiseau et le ver de terre

L'oiseau: Hé, gros pépère! c'est pas prudent de prendre l'air à cette heure-ci!
Le ver de terre: Ben oui j'sais bien, mais elle a bêché ce matin la gourde. Je sais plus où j'habite!
O: Et tu sais ce que je vais faire moi?
VDT: Laisse moi deviner...
O: j'ai aiguisé mon bec hier. Tu ne souffriras pas.
VDT: On peut négocier?
O: qu'est-ce que tu proposes?
VDT: la grosse a dit qu'elle reviendrait bêcher demain. T'auras de la fraîche!
O: Merci du tuyau. Tu es vraiment le "roidèc" en un seul mot!  Je te bouffe aujourd'hui et je reviens demain.
VDT: Je devais le tenter, j'avais une chance sur deux. A ce propos, t'aurais pas vu ma fiancée par hasard. Je la cherche depuis 2 jours.
O: une petite dodue qui remue du cul? Dans mon gosier.
VDT: Tu t'emmerdes pas! C'était la plus gironde!!!
O: Eh oui beau gosse! je suis sans pitié. Mais tu vas la rejoindre dans 30 secondes.
VDT: Pas sûr. Y a le chat de la grosse qui t'observe et qui est près à bondir, eh eh eh!!!. Bon, c'est pas tout ça, mais je me rentre. Je ne veux pas voir le carnage!

Les sujets qui fâchent

Les 4X4 en ville

POUR
On peut monter sur les trottoirs
On peut mettre plein de choses dans le coffre
Ca fait riche
C'est la classe
On ne craint pas les accrochages
On a l'air de baroudeurs surtout si elle est sale

CONTRE
Ils se croient Tout permis
Les conducteurs sont des voyous
Impossible de faire des créneaux
Ca pue
Ca pollue
Les pintades font leur belle au volant.


La chirurgie esthétique

POUR
Ca nous fait des gros nichons
On rajeunit de 10 ans
On a un super beau nez
On peut enfin ressembler à Barbie
Ca permet de vider son codévi qui ne vaut plus rien

CONTRE
Quand on vieillit y a que les nichons qui tiennent
On a la bouche en canard de toutes les pintades en 4X4
Parait que ça fait très mal
Parfois c'est raté et très laid
Ca coûte un bras quand on n'a pas de codévi

Leur monde



Dans la première chambre, sur le pas de la porte, un vieux sommeille, sur une chaise. Il a incliné le front, ses deux mains croisées sur la canne qu'il tient entre ses genoux.
C'est le gardien de la chambre.

Dans la deuxième chambre trois femmes brodent, assises par terre, en devisanr à voix basse. Leur murmure emplit l'espace. Les fils courent autour d'elles, multicolores.

Dans la troisième chambre deux jeunes filles sont enlacées sur un lit. Elles s'embrassent doucement. Leurs corps sont lumière.

Dans la dernière chambre un bébé dort sur une couverture, à même le sol. Pouce dans la bouche, on l'entend téter goulûment, puis s'arrêter, et tout est silence et paix.

Dans la cour, derrière la maison, à l'ombre du mur, quelques hommes parlementent avec de grands gestes des bras. On sent la colère monter. Mais on ne sait pas pourquoi.

mercredi 8 février 2017

incipits


Rue des trois filles, il y en avait quatre...mais je vous l'accorde la quatrième on ne la voyait plus depuis qu'un jeunot en jaguar rouge était passé par là. Certains affirment qu'elle n'est pas partie avec lui, il l'aurait engrossée et depuis elle serait enfermée dans un grenier de la rue des filles perdues.

Là où dorment les chiens, Auguste a ramassé des puces, faut dire qu'Auguste s'est fait mettre à la porte par sa femme un soir de grande beuverie, son retour est compromis...


Dans le noir, deux rayons d'or.. Les yeux du chat qui ne dort pas encore...


A droite des grands saules, se dresse un sapin, sa parure sombre semble étrange et les botanistes se questionnent sur son origine. personne n'a compris, il s'agit simplement d'un sapin de Noël planté là par les occupants de la maison à gauche des grands saules.

Je cherche ce que tout le monde cherche, Ah bon, il y a quelque chose de cacher, on ne m'a dit qu'on jouait..

Je suis là haut, où ça là haut? sur la montagne non c'est trop bateau, je suis là haut dans les airs à bord d'une montgolfière....

Crier ne sert à rien, je suis au fond d'un trou, il n'y a personne, on m'avait bien dit de ne pas partir seule.

lundi 6 février 2017

Rêves et cauchemars

Nuit n° 1
Elle fait un voyage. Elle ne sait pas où elle va. Elle sait juste qu'elle part.
Elle se retrouve sur un lit d'hôpital. Que s'est-il passé? Pourquoi est-elle là? Un accident? Un malaise? Une maladie? Elle cherche quelqu'un du regard dans cette chambre. Elle s'observe. Elle s'écoute. A priori elle n'a rien. Pas de branchement, pas de tubes, pas de sangles, pas de seringue plantée dans le bras. Pas de plâtres sur ses membres. Pas de nouvelles cicatrices sur son ventre. Juste cette douleur diffuse dans la tête.
Alors elle se lève et va dans le couloir. Personne. De couloirs en couloirs, d'ascenseur en escalier, elle se retrouve dehors. Dans la rue. Les gens sont pressés. Ils courent. Ils la regardent à peine. Mais elle sent que quelque chose ne va pas. C'est une intime conviction. Quelque chose de vague.
ELLE EST NUE!!!
Elle est nue dans la rue, livrée en pâture, aux regards critiques des autres, à leurs moqueries et leurs réflexions moralistes.
Et comment faire? Comment faire pour trouver une robe, un pull, un manteau, une serviette, quelque chose qui pourrait cacher son corps. Comment faire pour retourner dans sa chambre d'hôpital? Sans que personne ne s'aperçoive de sa fuite?
Vraiment la honte!


Nuit n° 2
Elle a fait un rêve. C'était plutôt agréable donc c'était un rêve. Mais au réveil, aucun souvenir, aucune bribe de cet état serein et doux. Oui, voilà: c'était serein et doux. Et comme chaque fois que ça lui arrive, elle cherche, fouille, creuse, gratte, ratisse sa mémoire comme on le fait pour un jardin. Mais rien ne vient. Alors elle écrase sauvagement son réveil et replonge la tête sous ses draps dans l'espoir de se rendormir et de refaire son rêve.
Avez vous remarqué que l'on se souvient plus facilement de ses cauchemars que de ses rêves?


Nuit n° 3
Ca commence plutôt bien. Elle est en vacances au bord de la piscine d'un hôtel assez classe, un délicieux cocktail à la main. Elle papote, sourit, charme, joue de ses yeux pétillants, fait danser sa jolie robe de soirée. L'homme de sa vie n'est pas loin, elle l'aperçoit qui discute avec une jolie blonde.
Puis tout bascule.
Son homme enlace la pétasse blonde, l'embrasse et lui tient la main en riant, lui chuchote des je-ne-sais-quoi à l'oreille. Elle l'a connait mais ne se souvient plus bien de qui elle est. Peut-être une ancienne amie dont elle était très proche. Ou une ex de son futur ex. Ses yeux se brouillent. La colère la frappe comme une vague qu'elle n'aurait pas vu venir. Elle court vers eux en hurlant, pleurant, crachant. Elle dit des phrases insensées, des mots très méchants qu'elle pense vraiment, se débat dans sa haine et sa peine. Elle sait bien que ce n'est pas d'elle, faire des scènes horribles, se dire qu'elle est jalouse, crier sa colère (elle déteste la colère), se donner en spectacle, sortir les griffes. Mais elle ne peut pas s'en empêcher, c'est plus fort qu'elle, elle ne se reconnaît pas.
Lui ne dit rien, ne bouge pas, reste avec la main de la pétasse dans la sienne et un intolérable sourire sur les lèvres.
"Je ne veux plus te voir! Prends ta valise et tire toi. Ne reviens jamais!"
Au réveil elle pleure encore. Se serre contre lui et lui demande s'il l'aime? Pourquoi il l'aime? Qu'est-ce qu'il lui trouve?

Voyage en bateau

Bateau démâté pour le canal du midi.
Ecluses à passer. Sauter sur la berge. Tourner la manivelle. Attendre que l'eau monte.
Remonter sur le bateau. Re sauter sur la berge. Fermer l'écluse. Continuer.
Chemin d'eau sinueux. Les arbres qui font de l'ombre. Des villes à traverser. Le silence du moteur qui ronronne. Arbres. Ecluses. Villes.
Puis la mer.
Bateau remâté.  Voiles gonflées. Traversée de la Méditerranée. Silence tout court. Grand calme. Cuisine dans le minuscule carré. Apéros. Copains. Mari capricieux et pointilleux.
Quarts de veille la nuit. Garder le cap. Maîtriser la barre. Ne pas dormir.
Baleine dans le petit matin. Là, tout près. Quelques mètres. Seule sur le pont. Trouille d'une vie. Bouche ouverte. Et aucun son ne sort. Matin blême. Hélène blême. Muette. subjuguée. Sidérée. Tétanisée.
Puis tempête. Tout le monde sur le pont. Harnais obligatoire. Voiles affalées au maximum.
Insomnie. Météo marine qui crache son venin. Bateau chahuté par les vagues courtes et cassantes. Pipi dans le ciré. Ordres sèchement lâchés. Barre difficile à tenir. Personne n'a faim. Ca tombe bien. Le coeur au bord des lèvres.
Enfin la côte devinée dans la brume. L'odeur de la terre. Les montagnes qui se dessinent.
On croise des petits chaluts. On s'habille. On fait des signes.
Le port. La douche de tout le monde. Le plein d'eau. D'essence. De bouffe. Avant de repartir demain.
Un long mois sur l'eau. A regretter la terre. A se faire bousculer. Chahuter. Engueuler. A se gorger de soleil et de sel à en être brûlés. A regarder l'horizon. A regarder le compas. Puis l'horizon. Puis le compas.
A se sentir petit sur ce méritoire immense.
A se sentir grand de l'avoir fait.