lundi 29 janvier 2018

A quatre mains

La nuit inquiétante qui nous enveloppe dans les A.I.L de Saine Anne

Les bords de mer tristes et, à l'horizon, la ligne lumineuse des îles du Planier

Le paradis pervers de ceux qui inventent des phrases sans queue ni tête

La perversité d'un jeune couple dans l'obscurité

Le charivari  des chiens qui hurlent et le scandale des chats qui gémissent dans le noir
 Marthe

Qui nous a fait croire qu'écrire était un bonheur sans limite? Ce soir je pense plutôt que c'est le paradis pervers de ceux qui inventent des phrases sans queue ni tête. Les heures ont filé sans que j'arrive à écrire quelque chose de sauvable. La nuit inquiétante enveloppe le quartier Sainte Anne. Par la fenêtre, je peux voir au loin les bords de mer tristes et, à l'horizon, l'éclat du phare de l'île de Planier. Plus près de moi, au bas de l'immeuble, un jeune couple profite de l'obscurité avec perversité, indifférent au charivari des chiens qui hurlent et au scandale des chats qui gémissent dans le noir. 
Lilou

dimanche 28 janvier 2018

phrases en cadeau

-L'immense bateau quitte le port dans la brume, on pense au Hollandais volant.
-Les volants de la robe de dentelle se soulèvent sous la brise. Elle retient son chapeau de sa main gantée.
-Au milieu de nul part se dresse un rocher scintillant, aucune vague ne semble l'atteindre.
-La bière coule à flot, les violons se déchaînent.
-La nuit est noire comme jamais, pas d'étoiles, pas de rayon de lune, le noir.
Huguette






La nuit est noire comme jamais, pas d'étoiles, pas de rayon de lune, le noir, et la peur congénitale qu'il en a.
Il sort, regarde la mer, la devine plutôt.Il sait qu'au milieu de nul part se dresse un rocher scintillant qu'aucune vague ne semble atteindre. Au loin un immense bateau quitte le port, il pense au Hollandais volant et sa peur redouble.
Il croit apercevoir une silhouette blanche. Les volants d'une robe de dentelle se soulèvent sous la brise. Elle retient son chapeau de sa main gantée.
Il délire. Là, la lumière de l'auberge est encore allumée. Il entre. La chaleur le saisit. La bière coule à flot, les violons se déchaînent. Il entre dans la danse. Il se sent vivre enfin.
Francine


vendredi 26 janvier 2018

dialogue entre écrivain et lecteur

En rentrant du travail, je regarde Fifi, mon poisson rouge. C'est joli, il tourne, il m'hypnotise, m'apaise, une sorte de thérapie Fifi.
"Que veux tu qu'il fasse d'autre ce pauvre poisson, il s'ennuie, tu te soignes par l'ennui des autres, quelle philosophie!"
" En effet, pour déculpabiliser, je vais en acheter un autre. Ils tourneront dans le même sens, ils se courront après, ce sera encore plus joli! Ils vont bien jouer tous les deux."
" Vous appelez ça jouer, se mettre en file indienne et regarder uniquement la queue de son congénère."
" Vous m'agacez, j'ai besoin de m'apaiser et c'est une histoire entre Fifi et moi , il n'y a pas de place pour vous."
" Ce que j'en dit c 'est simplement pour vous rappeler que les poissons sont des êtres vivants, vous pourriez avoir des ennuis avec les défenseurs de la nature."
" Vous cherchez à me donner des tracas supplémentaires, moi j 'ai besoin de m'apaiser et qu'est ce que vous connaissez de la vie des poissons?"
" Mettez vous à leur place, être enfermés dans un bocal juste pour vous distraire, c'est moyen , non."
"Ce  n'est pas une distraction, il s'agit de raconter ma vie de stress et de m'apporter un apaisement, je veux partager mon expérience avec les autres, donner une idée de tranquillité sans médocs."
" Quel rôle vous donnez là à ces pauvres bêtes, pensez à elles."
" Vous m'énervez avec vos remarques, je pense à mes poissons, je les soigne, les nourris, change l'eau."
" Parlons en de l'eau, pleine de javel, ils vont se décolorer, s'intoxiquer!"
" Bon , je vais vous écouter et changer mon histoire, demain je porterai Fifi et son copain à la rivière et je raconterai leur périple vers la mer, la traversée des campagnes et des villes, les rencontres au fil de l'eau, ce sera une autre forme d'apaisement, la tranquillité retrouvée au fil de la vie. Dans le bocal, je ferai pousser des plantes."
" Et voilà que vous recommencez, quelle manie d'enfermer la vie."
" Cette fois ça suffit, taisez vous, c'est mon affaire, je ne vais pas arrêter d'écrire sous prétexte que les mots enferment la vie  dans des phrases."

Phrases en cadeau

- Le vent s'était levé et un volet fermé battait lugubrement.
-Pierre se retourna vers le bord du lit en soupirant. Elle dormait déjà.
-Un nuage était passé sur la pleine lune, tout s'assombrissait comme si on avait coupé l'électricité.
-Il étouffa un juron, il s'était coupé, une goutte de sang coulait sur sa chemise blanche.
-Les étourneaux s'envolèrent d'un seul coup dans un bruissement d'ailes.
-Dès le matin, elle chantonnait, toujours un peu faux mais gaiement.

Francine

Déjà l'automne, les étourneaux s'envolèrent d'un coup dans un grand bruissement d'ailes. Un nuage assombrit la cuisine comme si on avait coupé l'électricité. Le vent s'était levé et un volet mal fermé battait contre le mur, lugubrement. Et pourtant, ce matin là, comme chaque matin, Marlène chantonnait, toujours un peu faux  mais gaiement. Dans la salle de bain, Eddy, son mari étouffa un juron, il venait de se couper en se rasant et une goutte de sang coulait sur sa chemise blanche. Dans la chambre, Pierre, leur fils, se retourna vers le bord du lit en soupirant:" Pas envie de me lever, j'ai sommeil..."
Matin bien ordinaire ou...

Dominique

Phrases en cadeau

-la salle à manger rayonnait de mille feux, le soleil traversait la grande baie vitrée.
-Descends de l'arbre ! tu devrais faire plus attention !
-Je me sens tellement bien assise dans ce fauteuil.
-les chiens, les chats, tous les animaux étaient au rendez vous dans le jardin.
-Quelle joie de savoir que dimanche toute la famille se réunit.
Dominique


"Descends de l'arbre! Tu devrais faire plus attention"
J'entends déjà la voix de grand- père. J'avoue que cette injonction immuable gâche un peu la joie de savoir que dimanche toute la famille serait réunie. Heureusement, les chiens , les chats, tous les animaux seront au rendez vous dans le jardin, eux au moins, ils sont d'accord avec moi, ils savent que le paysage est plus beau de là haut, de ma cabane dans la canopée.  Je me sens tellement bien, assise dans ce fauteuil de feuilles. Perchée, je peux admirer le paradis sans fin des marécages couverts d'anémones violettes, j'écoute le charivari des perroquets. je peux sentir la chaleur de la salle à manger qui rayonne de mille feux. Alors, quand le soleil traversera la grande baie vitrée, je descendrai pour rejoindre les autres.C'est moi qui déciderai.

Huguette
avec les phrases de Dominique et une  de Gabriel Garcia Marquez

mardi 23 janvier 2018

Famille


Do-ré-mi-fa
Mille et plus
Les familles
Ça fourmille
Toutes différentes
Et pourtant si semblables.
La mienne?
Comme les autres
Avec ses qualités
Et les défauts de ses qualités
De l'amour-beaucoup
De l'attention-trop
Attention! Attention!
Trop d'attention rend craintif
Et puis le chantage affectif
On va s'inquiéter, se faire du souci
Ne fais pas ça. Ne fais pas ci
De l'admiration sans raison
Qui fait qu'on se sent un peu imposteur
DO-ré-mi-fa
Ma famille
Parfois gaie, parfois triste
Toujours là, omniprésente
Parfois pesante
Pesante comme une couverture chaude
Obsédante
Comme une chanson douce
Do-ré-mi-fa
Ma famille

lundi 22 janvier 2018

Famille...


Au jeu des sept familles je demande le grand-père. Il est parti, il y a longtemps, il a abandonné tout le monde et court encore, sûrement, nul ne sait où.

Je demande la mère. Elle n'est pas rentrée. Après huit heures de boulot elle devait faire les courses de Noël.

Je demande le père. Il est à la maison, il prépare le dîner, il aime cuisiner. Les temps ont changé.

Je demande la fille. Elle est en voyage scolaire, classe de neige, CM2. Elle rentrera demain , des étoiles plein les yeux. Elle envoie des SMS tous les soirs, le ski c'est super.

Je demande le fils. Il n'y en a pas. C'est une famille incomplète pour le jeu, mais qui se suffit bien à elle-même.

Et je demande la grand-mère. C'est moi. Je suis là, déjà.

jeudi 11 janvier 2018

SOUVENIR DU FEU


Elle aimait aider son père à brûler les feuilles mortes au jardin.
On attendait un jour sans vent. IL fallait froisser du papier journal, l'enflammer puis déposer une poignée de feuilles dessus. Le feu commençait petit, on rajoutait des feuilles au fur et à mesure pour ne pas l'étouffer, il fallait le nourrir régulièrement mais sans excès.
Son père parlait du feu comme s'il s'agissait d'un être vivant. Il respirait et avait besoin d'oxygène, il avait toujours faim, s'étranglait quand on mettait trop de feuilles d'un coup, toussait, grognait, soufflait. Et puis il sentait si bon...Respirer l'odeur de fumée qui lui piquait les yeux et le nez, l’asphyxiait un peu était à la fois un jeu et un plaisir inoubliables. 

vendredi 5 janvier 2018

jeu des 7 familles

Un jeu qui perdure, je me souviens de longues parties avec mes voisins, c'est le jeu de 7 familles.
Il existe encore sous toutes sortes de formes, des familles d'animaux, des familles de fleurs, des familles de métiers. ..Dans cette diversité, la règle est immuable, il s'agit de reconstituer la famille, c'est simple, le grand père, la grand mère, le père , la mère, le fils , la fille. Après de multiples échanges de cartes, on arrive toujours à ses fins.
De nos jours, il en va tout autrement dans la vie. Les familles se composent, se décomposent, se recomposent. Les arbres généalogiques sont difficiles à construire. On ne sait pas trop où caser le fils de la nouvelle compagne, l'amie de la tante, la fille de la belle mère. Autrefois, on sauvait les apparences, c'était plus simple, un tronc, des branches qui se multipliaient, un arbre restait un arbre quelle que soit sa croissance. On ne sciait pas la branche sur laquelle on était assis, il en allait de l'héritage. En cas de craquement, on colmatait, on évitait les tempêtes. On savait qui ressemblait à l'oncle, au grand-père même si parfois le doute s'installait devant un visage évoquant un voisin ou un commerçant de passage. Le nom de la lignée était sauvegardé. Maintenant, on ne sait plus qui est la tante, le cousin, la pièce rapportée, c'est très compliqué. Les notaires vont devoir suivre des formations en la matière et on devra agrandir les étiquettes des cahiers à l'école primaire. Mais le problème majeur arrive pour les fêtes de famille, qui fait partie de la famille?Qui inviter?
Et si la famille c'était simplement la réunion de personnes qui se sentent bien ensemble, oui mais que deviennent "les biens" dans tout ça? Et l'oncle d'Amérique?
On devrait revenir à la tribu qui sait?

le chaperon rouge a grandi

Le petit chaperon rouge a bien grandi, il n'est pas très bien dans ses baskets rouges. Il en veut à sa mère et se pose de nombreuses questions sur le comportement de celle -ci, sur les rapports mère fille, bref des truc de psy.
"Elle était sanguinaire, ma mère, pour m'habiller tout en rouge, moi, je préférais le bleu mais elle ne voulait rien savoir même les rubans au bout de mes nattes étaient rouges, mes petites culottes aussi et ça dure, aux derniers anniversaires j'ai encore eu une écharpe rouge, des gants rouges, un jour elle va m'offrir un nez de clown. Je finis par me demander si la langue pendante du loup ne la faisait pas frissonner, en ce temps là, on avouait pas de tels emportements."
" Elle me faisait croire qu'elle se souciait de sa mère, un mensonge de plus, chez sa mère , elle n'y allait jamais, c'est moi qu'elle envoyait porter le pot de confiture, de fruits rouges bien entendu. Dans la maisonnette au fond du bois, elle s'y rendait quand sa chère maman était en cure, c'était un lieu de rendez vous, je crois bien que c'était avec le loup, elle me disait qu'il était dangereux pour m'éloigner, elle était jalouse à l'époque."
" Et les galettes, du bleuf aussi, elle ne pensait pas à elle, elle me testait. Elle savait que j'étais gourmande, alors elle trouvait là une raison de me punir , elle n'en trouvait pas d'autres, je travaillais bien à l'école, je mettais ses affreux vêtements rouges, je partais dans la forêt sans rechigner. Cà, c'était normal, le loup, je l'aimais bien, on se retrouvait dans les fourrés en cachette. On avait projeté de mettre l'ancienne dans un asile en ville et d'habiter la petite maison, on se câlinerait tous les deux, il avait le poil doux , mon loup. Pour faire vivre notre amour, je serais aller dans les écoles raconter des histoires de chaperon rouge et autres balivernes. On riait bien tous les deux."
" Mais un matin, mon loup est sorti sans se méfier des chasseurs, ces monstres l'ont tué, je me demande si ce crime n'a pas été commandité par ma mère, il y avait du sang partout. Elle a du voir rouge  quand elle a appris notre liaison, quand elle a compris que cet accoutrement dont elle m'affublait n'avait en rien caché ma fraicheur, au contraire, le loup aimait bien mes joues rouges sous la capuche rouge, il trouvait ce rouge appétissant et me léchait longuement."
" J'ai pleuré longtemps, des larmes rouges qui inquiétaient maman, elle se sentait coupable et m'offrait des robes bleues.Maintenant que je vais mieux, je milite dans une association pour la défense des loups, Ca la fait hurler maman, avec elle j'aurai toujours un problème, avec moi- même aussi, j'adore les moutons et brebis, alors....incompatible. Il n'y avait que mon loup pour comprendre de telles contradictions."