lundi 26 février 2018

Méli-mélo d'emplois du temps

FIFI
Lundi: tête dans le plâtre
Mardi: tête dans l'eau
Mercredi: tête à barbe de 3 jours
Jeudi: tête en l'air
Vendredi: tête à claques
Samedi: tête dans le cul
Dimanche: tête à tête

RIRI
Lundi: porte à porte
Mardi: porte manteau
Mercredi: porte de l'orient
Jeudi: porte feuilles
Vendredi: porte jarretelles
Samedi: porte documents
Dimanche: porte fermée

KIKI
Lundi: bleu de travail
Mardi: bleu sidéral
Mercredi: bleu outremer
Jeudi: il bleut des cordes
Vendredi: bleu pastis
Samedi: bleus sur les yeux
Dimanche: bleu dans le ciel

MIMI
Lundi: bas nylon
Mardi: des bas et des hauts
Mercredi: bas résille
Jeudi: bateau sur l'eau
Vendredi: baba au rhum
Samedi: batifolage
Dimanche: bah dis donc!

Les livres dont personne ne veut.

"Bernadette Soubirou, sa vie son oeuvre" De soeur Marie-Madeleine.
C'était une petite bonne soeur toute ronde et tout sourire, âgée d'une soixante d'années. Elle déclara qu'elle avait mis 20 ans à rassembler tous les éléments de la vie de cette sainte mais qu'elle eut plus de mal à raconter son oeuvre.

"Attrape-moi par la queue" De Roger Dushmoll.
Un gros bonhomme adipeux se présenta au bureau. La couverture de son livre était tachée de gras et de ronds marrons qu'on devinait être la trace de tasses de café. (Peut-être?)
Roger Dushmoll disait que c'était un livre pour enfants. Il y racontait tous les viols de curés sur leurs enfants de coeur, avec moultes détails.

"La vie secrète d'une mouche" De Valentina de Saint Hubert.
La dame, âgée d'une quarantaine d'années était habillée avec beaucoup de classe et portait une capeline de feutre et des talons hauts. Elle expliqua que son livre était une vraie daube: qui peut s'intéresser à la vie "secrète" d'une mouche, franchement? Mais qu'il avait le mérite d'avoir été écrit et donc publié.

"Rapport entre la physique quantique et le pâté" D'Arnold Pissededans.
Le personnage ressemblait étrangement au Professeur Tournesol. Il était persuadé que son livre était un monument de la science, LE livre qu'il fallait avoir lu avant de manger une tartine de pâté et ne comprenait pas qu'aucun éditeur n'ait vu le best seller qui sommeillait en lui.

"Odette se fait des couettes" De Pétronille Abusco
Une vieille dame voutée sur sa cane, qui portait un chignon haut perché et un peu de travers, disait qu'elle écrivait des livres pour enfants indisciplinés et perdus pour la société, qu'il fallait remettre dans le droit chemin.



Vents contraires

Toi tu es  parole et moi je suis silence.
Tu remplis ta vie alors que je fais le vide.
Tu as besoin de bruit, de tumulte, de vitesse. il me faut juste le calme.
Tu es Kung Fu, je suis yoga.
Tu es voyage, je suis maison.
Tu es dans la joie, moi dans la peine.
Un dans l'urgence, l'autre dans la lenteur.
Tu es anxieux, je suis sereine.
Tu es terre, je suis mer.
Tu es père, je suis mère.
Mais la vie, c'est moi. Es-tu donc la mort?
Qui restera? Qui partira?
Dans tout ce plein que tu t'inventes, où est mon vide?
Il faudrait que tu viennes en bas pour me parler. Mais tu voles trop haut.
A trop t'aimer, je finis par te haïr.
Tout devient noir dans ce trop blanc.
Vivre ensemble et mourir séparés.
Autant le faire tout de suite.
Moi le silence, toi la parole.

mardi 20 février 2018

Quand les mots s'échappent

Je me souviens, elle cherchait ses mots.  Elle commençait une phrase, s'arrêtait, prononçait:  "Comment je vais dire?"...et reprenait.
Quand je l'ai connue, ça m'amusait, je pensais qu'elle faisait preuve de réflexion. Ça a duré longtemps comme cela.Et puis "Comment je vais dire?" est revenu de plus en plus souvent, à mesure qu'elle vieillissait, c'était comme un tic et ça m'agaçait.
J'avais de moins en moins de patience pour l'écouter, je n'osais pas lui en parler, il aurait fallu peut-être.
Les derniers mois, il n'y avait plus rien, plus d'autres mots entre ces petites phrases répétées à l'infini: "Comment je vais dire? Comment je vais dire?Comment je vais dire?"
Je n'ai jamais su si elle s'en rendait compte au début, si c'était une souffrance pour elle, à quel moment elle s'est sentie sombrer dans la maladie.
Et c'est un souvenir que je ne peux effacer de ma mémoire, nous avions tant partagé ensemble, avant.

lundi 12 février 2018

L'escargot qui voulait vendre sa coquille à une limace


Beau l'escargot était désespéré. Il n'avait plus un sou et il voulait aller au cinéma. On jouait "Pluie d'automne dans un champ de salades". Ce film avait remporté la coquille d'or du festival de Normandie. Comment se procurer la monnaie nécessaire pour payer le billet d'entrée?
Il n'avait rien, rien à lui. Par bonheur il faisait soleil, il pensa qu'il n'avait pas vraiment besoin de sa coquille aujourd'hui. Il pourrait la vendre? Ou au moins la louer? Elle était belle, sa coquille, blanche et nacrée, avec des rayures grises et mordorées.
Il chercha de ses antennes des enfants. Les enfants collectionnent souvent les coquilles et ont toujours une ou deux pièces en poche. Personne alentour. Quand au pied d'un arbre, un peu plus loin, il vit se profiler Dame limace. Il la connaissait un peu. Elle était laide, d'un gris marron très fade, épaisse, baveuse. Mais il savait qu'elle était coquette. Et qu'elle appartenait à une famille fortunée qui avait élu domicile dans l'abri de jardin du château.
Il s'approcha de toute la vitesse dont il était capable et lui fit son plus beau sourire : « Bonsoir Dame limace, comment allez-vous aujourd'hui ? » Elle semblait tout émue, il ne lui adressait jamais la parole d'habitude. Les escargots, c'est beau, mais c'est fier. Il lui annonça qu'il allait pleuvoir. C'était étonnant, le ciel était tout bleu. Il lui demanda si elle aimerait avoir un parapluie. Elle ne savait pas ce que c'était mais elle dit oui, pour continuer la conversation. Il lui parla du confort de sa coquille, lui déclara qu'il la lui céderait volontiers si elle avait quelque monnaie. Elle dit encore oui et offrit trois sous qu'elle gardait dans sa poche dorsale.
Monsieur l'escargot n'était pas malhonnête. Il ne voulait pas voler Dame limace. Mais comment faire passer sa belle coquille de son dos à lui à son échine visqueuse à elle ? Ils se rapprochèrent l'un contre l'autre, se serrèrent, se contorsionnèrent, la coquille ne bougea pas, bien sûr, mais ils échangèrent avec stupéfaction un long baiser très agréable, voluptueux même.
Dame limace en frissonnait et quand l'escargot est reparti en se hâtant vers son cinéma, elle ne se sentit pas flouée. Elle avait vécu la plus belle expérience de sa vie, une expérience unique.