mercredi 17 mars 2021

IL y a des jours

 


Il y a des jours boiteux. Sans raison particulière, ce matin Madame Panicot s’est réveillée dans un grand état de tristesse. Ce n’est pas dans sa nature, elle est, la plupart du temps d’un caractère enjoué.  Trop lucide pour être naïvement optimiste elle a décidé une bonne fois pour toute de jouir de ce que la vie lui offrait.

Alors pourquoi y a-t-il des jours ou l’on se réveille avec cette angoisse qui pèse comme une  bête dans la poitrine ? Un mauvais rêve peut-être, oublié dès l’éveil en laissant ce sentiment de peur, de danger immédiat. Madame Panicot  pose son front sur la vitre fraîche de la porte-fenêtre. La terrasse entourée de plates-bandes qui lui tient lieu de jardinet baigne dans une lumière incertaine. Il ne fait plus nuit, il ne fait pas encore jour. Rien ne bouge. Le calme avant quoi ? D’une main moite, Madame Panicot ôte une mèche de cheveux gris qui tombe devant ses yeux. Elle n’a envie de rien et cet état la surprend, l’inquiète. Aurait-elle envie de fraises ? Non. Envie d’une promenade ? D’aller faire quelques courses ? Il faudrait pour cela qu’elle ait envie de faire sa toilette et de s’habiller. Envie d’une poitrine d’homme contre laquelle s’appuyer ? Oh non, elle n’a plus ce genre d’envie depuis trente ans. Depuis qu’elle a demandé le divorce pour se séparer d’un homme qu’elle n’aimait plus et depuis elle a appris à aimer cette liberté qui fut une maigre compensation à la solitude.

Avoir envie, c’est désirer, se sentir en vie. A ce stade de son introspection, Madame Panicot  se dit  qu’elle n’a envie de rien ce matin mais qu’elle est en vie. Vaut-il mieux être ou avoir ? Avoir envie ou être en vie ? Le jour pâle se lève au-dessus des toits endormis, chasse la nuit qui résiste encore tapie sous les feuillages. La lumière maintenant est un léger voile qui enveloppe doucement les arbres. De diaphanes filaments roses apparaissent à l’est. Madame Panicot n’a toujours pas beaucoup d’envie mais elle se sent en vie. Il y a des jours où il ne faut pas trop en demander.

lundi 1 mars 2021

Le temps qui passe

 

 


J’ai cru qu’en m’arrêtant / Qu’en regardant le temps passer / Il m’oublierait

A travers les carreaux / J’ai vu des gens pressés / J’ai vu le ciel changer

Caché par mon rideau / J’ai guetté les aurores / Et salué la lune

Assis sur mon derrière / J’ai transpiré l’été / grelotté en hiver

J’ai vu de belles femmes / Qui avaient l’air de vivre / De l’autre côté de la vitre

J’en ai aimé une / Qui passait chaque jour / Un matin elle a changé de rue

Hier je me suis levé / J’ai fermé le rideau /  J’avais trop vu le temps passer.