mardi 20 décembre 2022

Pourquoi je devais exploser

couler

me décomposer

J'ai voulu recevoir tout de son visage

La défaite est en voix d'extinction

La connaissance n'a plus de tête

Je marche à petit pas le long du vaste boulevard

L'obscurité m'approchait

En rentrant dans l'eau je sus mon orientation

Elle durait depuis longtemps



L'eau pénètre mes pores

Peu à peu je me dissous par effervescence

Le rivage s'agite au degré suprême

Puis le calme est de retour

Démuni

 

 

 

 

                                                                                                                    Aurore

 

mardi 8 novembre 2022

Il était une fois Anita. 

Puis un jour Anita à commencé à grossir

puis grossir 

grossir grossir

puis grossir encore 

et encore

jusqu'à 

ce qu'elle hurle.

 

 

C'est ainsi qu'Anita

et Jade

 


                                                                                                                     Aurore

 


 

dimanche 3 juillet 2022

la lune

 

 

 

la lune c'est là-bas au loin

mais pas tant

la lune c'est là

c'est rassurant

quand elle n'est pas là on la cherche

souvent on l'ovationne quand elle est pleine ou grosse ou rousse

on l'aime c'est comme ça

la lune c'est comme un ancien doudou qui veille

 

mercredi 15 juin 2022

A l'ombre de ton œil perçant,

entièrement faufilée derrière l'encadrement béant sans porte.

Il n'y en a jamais eu.

Ton regard suffisait à me dissuader de la franchir.

C'est donc naturellement que j'ai commencé à voyager en projetant mon regard suffisamment loin pour ne plus sentir le tient. Je lançais mes yeux à l'assaut du spacieux. Ils n'avaient plus besoin de converger. Aucune obligation aucun écran aucune explication.

 

 

                                                                                                                     

                                                                                                                                                    Aurore

 

 

 

 

vendredi 20 mai 2022

Un plant de tomate

 

 

J’ai dû être une graine

Je ne m’en souviens pas

Dans la terre peut-être une semaine

Je ne m’en souviens pas

 

Si petite mais vigoureuse j’ai germé

Je m’en souviens

Deux petites feuilles la lumière ont trouvé

Je m’en souviens

 

Puis quatre puis six puis j’ai grandi

J’ai aimé le ciel la terre l’eau

Dans un pot plus grand on m’a mis

J’ai aimé le ciel la terre l’eau

 

Maintenant je suis dans un jardin

Je m’y sens bien

Entre la sauge et le jasmin

Je me sens bien

 

Souvenez-vous de m’arroser

 

Lilou

 

mardi 12 avril 2022

Vous avez vu ce qui s’est passé la nuit dernière ? ( Huguette ) Aux environs de minuit, une espèce d’échelle s’est déroulée dans le ciel, un filament de lumière passant de nuage en nuage, il s’accrochait aux étoiles. Sur son passage, le ciel est devenu doré. Je l’ai vu se suspendre à la lune, elle a sursauté. Vous l’avez peut-être regardée au petit matin, elle était différente, plus joufflue, plus épanouie. Pendant la nuit, moi je l’ai vu sourire. Vous allez me dire qu’elle sourit souvent en nous regardant, certes mais pas comme ça, elle devenait rose aussi, elle faisait la timide et ce matin elle présentait des rayures comme des écritures. Et bien, cette nuit, c’est Pierrot qui est monté au ciel, il n’a pas prêté sa plume, il a écrit lui- même des mots doux et il est redescendu, il a retrouvé son lit, il m’a ouvert sa porte et avec lui j’ai écrit au clair de lune. Vous n’avez peut-être rien vu la nuit dernière tant mieux c’est mon secret ( Huguette)
Divergences ( Huguette ) Elle prépare les pancartes pour la manif du lendemain. Bruno sort de l’usine, ça discute, il ne comprend pas. Elise ne se pose pas de questions, elle s’occupe de la maison. Elle chante l’internationale en tête du cortège. Bruno rentre chez lui, l’usine a fermé, il ne comprend pas. Elise supporte mal ses discussions. Elle sert des repas aux enfants de grévistes dans son école. Bruno ne sort plus, il a peur, il ne comprend pas. Elise se contente des légumes du jardin. Elle rêve d’un autre monde. Bruno ne comprend pas, son monde s’améliorait, on avait une machine à laver. Elise est satisfaite, on mange toujours à la maison. Elle est contente, ça marche, tout est arrêté. Bruno ne comprend pas, ils avaient tous un emploi. Elise ne travaille pas, elle voit pas de changement. Elle rentre de plus en plus tard, il y a de l’ambiance dans les réunions. Bruno la sermonne, il ne comprend pas, tu vois pas que c’est tous des bourgeois. Elise lui garde toujours une assiette pour son retour. Elle va même à pieds en ville, là où on se bat. Bruno veut retourner à l’usine, il pense à la fin du mois. Elise pense que sa fille a perdu l’esprit. Les années ont passé. Elle n’y croit plus beaucoup. Bruno n’y a jamais cru Elise s’en est toujours foutu.
Papa n’aimait pas… ( Huguette ) Je le vis revenir par le chemin du bois, je le vis vérifier que tout était désert, je le vis ôter ses chaussures, brosser soigneusement les semelles, je le vis se laver les mains avec insistance et surtout je le vis nettoyer le lavabo, ce n’était pas dans ses habitudes, je le vis entrer dans la cabane du jardin, une main dans la poche de son tablier, il avait quelque chose à cacher, je vis tout de même un gant dépasser, je le vis entrer dans le salon, souriant, d’un sourire qui n’était pas le sien, un sourire moqueur, je le vis content de lui comme un enfant qui a fait une bêtise dont il est fier, je le vis regarder le jardin puis moi, le jardin puis moi …je le vis attendre une réaction, je le vis en quête d’un compliment. Intriguée, inquiète, je me plaçai à côté de lui, jetai un œil par la fenêtre. L’horreur. Je ne vis plus mon arbre préféré, mon arbre bien taillé, mon arbre à l’odeur enivrante dans le petit matin. « Mon buis, où est –il ? qu’en as –tu fais ? » Je sortis, je le vis gisant sur le chemin du bois. Je rentrai et là, je le vis rire, rire de moi. Il n’aimait pas les buis mon papa.

mercredi 6 avril 2022

Avril

 


Avril


Regarde comme les feuilles dansent avec la lumière

Et vois comme elles brillent partout dans le jardin

Admire la beauté qui éclate ce matin

Eblouis-toi des fleurs que le soleil éclaire

 

Sens l’air frais sur ta peau caressée par le vent

Respire le parfum qu’un courant d’air apporte

Hume donc le laurier fleuri près de la porte

Goûte le thym, la sauge et rêve maintenant

 

Ecoute bien les sons, le feuillage qui murmure

Ouvre-bien tes oreilles, entend comme c’est joli

Les pétales qui bruissent, le chant de la nature

 

Des notes de cristal des parterres s’élèvent

Les gouttes de rosée jouent une symphonie

Profite de l’instant avant qu’il ne s’achève


samedi 2 avril 2022

La tortue lunaire

 

Dieu avait offert à la Planète une multitude d’animaux qui habitaient aussi bien les cieux immenses, que la terre dense, que les mers houleuses et les forêts gloutonnes mais il oublia la lune. Aucun animal sur la lune ! Alors il créa une tortue qui n’eut pas de carapace mais laissa imaginer une carapace ; elle n’eut pas de pattes mais une idée de pattes ; elle n’eut pas de tête mais Dieu souffla où aurait dû se tenir la tête et l’esprit devint tête ; elle n’eut pas d’yeux mais fut dotée de la connaissance ; elle n’eut pas de cœur, Dieu le remplaça par l’Amour. Alors, satisfait, il prit sa créature légère comme un sentiment et l’éleva vers le ciel. Il la nomma Tortue Lunaire car c’est sur la lune qu’elle alla. Depuis, sa clarté pâle et bienveillante accompagne l’astre de la nuit et berce le sommeil des Humains.

Lilou

jeudi 17 mars 2022

Echange de sms

Échange de SMS entre Gaston et Anatole, deux amis

 

Gaston : Yo ! Réussi à dormir ?

Anatole : Non ! Le regard m’a hanté toute la nuit

Gaston : J’y suis retourné ce matin

Anatole : Horrible non ?

Gaston : Pas du tout. Aucune trace

Anatole : Pas une goutte de sang ?

Gaston : Rien. Tu as dû rêver

Anatole : C’est toi qui dormais

Gaston : J’ai senti un léger choc

Anatole : L’aile droite est un peu enfoncée. Mon père va être furax !

Gaston : Je vais aller acheter le journal pour savoir. T’inquiète pas pour rien

 

L’Ardennais daté du jeudi 11 mars

La nuit dernière, un automobiliste a, involontairement semble-t-il, débarrassé le quartier Ste Honorine l’Avelue du renard qui pillait les poulaillers depuis plusieurs semaines. Un beau renard mâle d’environ 3 ans. A la demande de Monsieur le Maire, la dépouille sera naturalisée puis exposée dans le hall de l’Hôtel de Ville.

 

Reprise des SMS

Gaston : C’était un renard !

Anatole : Avec des yeux d’enfant ?

Gaston : Un R-E-N-A-R-D !

Anatole : Peut-être mais ce regard entouré de nuit, dans la lumière irréelle des phares, je ne l’oublierai jamais

Gaston : Un renard ! Un nuisible !

Anatole : Me suis pas arrêté…

Gaston : Oh ! Tu piges ? Un renard !

Anatole : Moi j’ai vu les yeux terrifiés d’un enfant. Terrifiés et résignés.

 

Lilou

 

 

J'ai vu

J’ai vu… Il y a longtemps

J’ai vu le chardonneret pensif se balancer tout au bout de la branche nue du vieux pommier

J’ai vu une dame chenue cramponnée à son déambulateur qui avançait triomphalement à petits pas

J’ai vu un nuage en forme d’étoile au-dessus des toits gris

J’ai vu les mille reflets sombres de la mer profonde un jour d’orage

J’ai vu un escargot boulotter les jeunes feuilles des radis

J’ai vu passer dans les yeux du chat des rêves immémoriaux

J’ai vu le soleil danser dans le feuillage de la haie

J’ai vu les gouttes de rosée transformer une toile d’araignée en bijou ineffable.

 

Puis le monde est devenu de plus en plus flou. Ce sont d’abord les mots qui ont disparu. Comme si l’écrit n’avait jamais existé. Puis les traits des visages ont disparu à leur tour. Je vis dans une eau trouble traversée par quelques flaques de couleur.

 

Maintenant, parfois… J’entends

J’entends les vagues tristes, dans un souffle rocailleux, mourir lentement sur la plage

J’entends à la radio le bruit des bombes et les plaintes et les pleurs et la peur

J’entends le chuintement des pneus des voitures sur la route grasse

J’ai entendu la porte s’ouvrir, une silhouette s’avance. Je ne sais pas qui c’est. J’entends des pas. J’attends.

 

Lilou