mardi 12 avril 2022

Vous avez vu ce qui s’est passé la nuit dernière ? ( Huguette ) Aux environs de minuit, une espèce d’échelle s’est déroulée dans le ciel, un filament de lumière passant de nuage en nuage, il s’accrochait aux étoiles. Sur son passage, le ciel est devenu doré. Je l’ai vu se suspendre à la lune, elle a sursauté. Vous l’avez peut-être regardée au petit matin, elle était différente, plus joufflue, plus épanouie. Pendant la nuit, moi je l’ai vu sourire. Vous allez me dire qu’elle sourit souvent en nous regardant, certes mais pas comme ça, elle devenait rose aussi, elle faisait la timide et ce matin elle présentait des rayures comme des écritures. Et bien, cette nuit, c’est Pierrot qui est monté au ciel, il n’a pas prêté sa plume, il a écrit lui- même des mots doux et il est redescendu, il a retrouvé son lit, il m’a ouvert sa porte et avec lui j’ai écrit au clair de lune. Vous n’avez peut-être rien vu la nuit dernière tant mieux c’est mon secret ( Huguette)
Divergences ( Huguette ) Elle prépare les pancartes pour la manif du lendemain. Bruno sort de l’usine, ça discute, il ne comprend pas. Elise ne se pose pas de questions, elle s’occupe de la maison. Elle chante l’internationale en tête du cortège. Bruno rentre chez lui, l’usine a fermé, il ne comprend pas. Elise supporte mal ses discussions. Elle sert des repas aux enfants de grévistes dans son école. Bruno ne sort plus, il a peur, il ne comprend pas. Elise se contente des légumes du jardin. Elle rêve d’un autre monde. Bruno ne comprend pas, son monde s’améliorait, on avait une machine à laver. Elise est satisfaite, on mange toujours à la maison. Elle est contente, ça marche, tout est arrêté. Bruno ne comprend pas, ils avaient tous un emploi. Elise ne travaille pas, elle voit pas de changement. Elle rentre de plus en plus tard, il y a de l’ambiance dans les réunions. Bruno la sermonne, il ne comprend pas, tu vois pas que c’est tous des bourgeois. Elise lui garde toujours une assiette pour son retour. Elle va même à pieds en ville, là où on se bat. Bruno veut retourner à l’usine, il pense à la fin du mois. Elise pense que sa fille a perdu l’esprit. Les années ont passé. Elle n’y croit plus beaucoup. Bruno n’y a jamais cru Elise s’en est toujours foutu.
Papa n’aimait pas… ( Huguette ) Je le vis revenir par le chemin du bois, je le vis vérifier que tout était désert, je le vis ôter ses chaussures, brosser soigneusement les semelles, je le vis se laver les mains avec insistance et surtout je le vis nettoyer le lavabo, ce n’était pas dans ses habitudes, je le vis entrer dans la cabane du jardin, une main dans la poche de son tablier, il avait quelque chose à cacher, je vis tout de même un gant dépasser, je le vis entrer dans le salon, souriant, d’un sourire qui n’était pas le sien, un sourire moqueur, je le vis content de lui comme un enfant qui a fait une bêtise dont il est fier, je le vis regarder le jardin puis moi, le jardin puis moi …je le vis attendre une réaction, je le vis en quête d’un compliment. Intriguée, inquiète, je me plaçai à côté de lui, jetai un œil par la fenêtre. L’horreur. Je ne vis plus mon arbre préféré, mon arbre bien taillé, mon arbre à l’odeur enivrante dans le petit matin. « Mon buis, où est –il ? qu’en as –tu fais ? » Je sortis, je le vis gisant sur le chemin du bois. Je rentrai et là, je le vis rire, rire de moi. Il n’aimait pas les buis mon papa.

mercredi 6 avril 2022

Avril

 


Avril


Regarde comme les feuilles dansent avec la lumière

Et vois comme elles brillent partout dans le jardin

Admire la beauté qui éclate ce matin

Eblouis-toi des fleurs que le soleil éclaire

 

Sens l’air frais sur ta peau caressée par le vent

Respire le parfum qu’un courant d’air apporte

Hume donc le laurier fleuri près de la porte

Goûte le thym, la sauge et rêve maintenant

 

Ecoute bien les sons, le feuillage qui murmure

Ouvre-bien tes oreilles, entend comme c’est joli

Les pétales qui bruissent, le chant de la nature

 

Des notes de cristal des parterres s’élèvent

Les gouttes de rosée jouent une symphonie

Profite de l’instant avant qu’il ne s’achève


samedi 2 avril 2022

La tortue lunaire

 

Dieu avait offert à la Planète une multitude d’animaux qui habitaient aussi bien les cieux immenses, que la terre dense, que les mers houleuses et les forêts gloutonnes mais il oublia la lune. Aucun animal sur la lune ! Alors il créa une tortue qui n’eut pas de carapace mais laissa imaginer une carapace ; elle n’eut pas de pattes mais une idée de pattes ; elle n’eut pas de tête mais Dieu souffla où aurait dû se tenir la tête et l’esprit devint tête ; elle n’eut pas d’yeux mais fut dotée de la connaissance ; elle n’eut pas de cœur, Dieu le remplaça par l’Amour. Alors, satisfait, il prit sa créature légère comme un sentiment et l’éleva vers le ciel. Il la nomma Tortue Lunaire car c’est sur la lune qu’elle alla. Depuis, sa clarté pâle et bienveillante accompagne l’astre de la nuit et berce le sommeil des Humains.

Lilou