La tension en famille était devenue palpable au fil des
mois, la gangrène s’était installée au fil des silences Et le nœud a
commencé à couler. La maladie du patriarche voulait rester anonyme. Elle
rampait, elle scandait les jours, et surtout les nuits. Elle ne lâchait rien,
et prenait tout. Y compris les rires, et les sourires se gênaient de s’immiscer
ainsi, dans ces rares conciliabules longtemps retenus par des années de secrets, de dialogues
étouffés dans des souvenirs contés.
Elle portait un nom, latin, qui lui murmurait son
glissement depuis les origines de ses ancêtres. Il ne savait rien de ces mânes, mais ils le guidaient, ou du moins le pensait-il.
La mer n’était pas loin, le patriarche le savait aussi. Partir
avant de mourir ? Faire un ultime effort pour ne pas subir ? Ou
lâcher, glisser sur ce lit d’algues tapissant ces rochers familiers, et devenir
enfin une ultime proie. Lui, le carnassier…