vendredi 30 octobre 2020

Un moment d'éternité

Ça fait tellement longtemps mais vous savez bien que c'est encore aujourd'hui et que ça restera demain. Vous êtes là, à côté de moi, au volant de ma 2CV brinquebalante. Je rentre de vacances, vous rentrez de vacances, la route défile, propice aux confidences. Je suis heureuse d'être là avec vous.Vous êtes heureux aussi, je le sens. Vous parlez à voix basse, il fait nuit dehors. J'écoute. J'écoute vos confidences incroyables. Comment sous votre aspect sévère pouvez-vous recéler tant de douceur ? Je vous dirais bien un mot, une pensée, j'aimerais vous poser une question. Mais je sens au fond de moi qu'il ne faut pas vous interrompre. J'écoute, j'écoute et vos paroles me transforment. Vous me faites découvrir un monde intérieur que je ne soupçonnais pas. Je suis ébahie de la confiance que vous me faites, et puis je me laisse aller. La 2CV ballotte sur les bosses de la route, la nuit m'enveloppe. Je ne vois que la lumière des phares, je ne vois pas votre visage. Si je le regardais vous arrêteriez de parler. C'est un moment comme cela, vous, moi que tout sépare et séparera demain. Une connivence inouïe. C'était hier, il y a longtemps. Je suis là et me rappelle. Vous avez quitté la terre mais je sais que là, maintenant, vous aussi, vous vous rappelez.

mercredi 14 octobre 2020

 Histoire en 3 vues

 

Dans un jardin, des fleurs à foison, de toutes les couleurs, bleues, rouges, orangées…Il y a une petite allée de pierres bien polies comme cirées, elle traverse une pelouse parsemée de statuettes de Cupidon. Au bout de ce chemin, une marguerite épanouie sous le soleil, seule, au milieu d’un carré de terre bien nettoyé, pas un brin d’herbe. Elle resplendit, confiante dans sa destinée.

 

Firmin est là, planté devant cette fleur. Il la regarde avec admiration, il semble lui poser une question. Il attend tout d’elle, il l’a choyée pour ça, il a mis son costume du dimanche et sorti son chapeau, il est à l’heure au rendez- vous. Il approche religieusement sa main de la précieuse corolle immaculée.

 

Les oracles ont parlé, les pétales sont au sol, éparpillés, piétinés. Le cœur de la marguerite pleure, Firmin aussi. Le sacrifice a eu lieu, il l’a effeuillée, le verdict est là. Il garde dans la main le dernier pétale, celui qui lui a dit : « Elle ne t’aime pas du tout ». Aucun espoir d’embrasser Ernestine.

Tout est gris sur le jardin de Firmin.

 La jeune fille irlandaise

 

J’aimerais avoir les cheveux roux et bouclés

Et avoir des taches de rousseur sur les joues

Vivre en Irlande au milieu de la lande

Ecouter le vent et chercher les moutons

Récupérer leur toison et tisser des plaids douillets.

Mais je connaitrai la maladie des pommes de terre,

La famine, la révolte. Dans ce cas, je partirai pour je ne sais où,

Pas aux U.S.A. surtout.

J’ai atterri en France, allez savoir pourquoi et je danse.

J’apprendrai le violon, je ne serai pas premier violon dans un orchestre symphonique,

J’intégrerai un groupe folklorique.

Je boirai de la bière, j’ouvrirai un pub irlandais,

Je ferai danser les gens et après avoir bien rigolé,

Je jouerai des ballades, ces ballades qui me donnent le frisson.

On pleurera un peu chez Mac Kenny mais tant pi.

Je vibrerai avec mon violon.