mardi 28 janvier 2014

Petit foetus



Un fœtus…
D’où vient-il ?
Petite forme encore informe reliée à l’infini du monde…
Tu baignes dans le gris du papier parmi les traces et les petits cailloux…
Est-ce que tu danses ? là, si près des fils barbelés….
Dans le gris du papier, tu virevoltes au gré de mon imaginaire et tu tisses la trame d’une vie oubliée…
D’où viens-tu petit ?
Dans le tourbillon des chemins, tu dessines ta présence insistante….
Un écho résonne là-bas, loin au fond de moi
Il a un goût d’eau et de larmes…

En tourbillonnant parmi la masse dense et profonde de l'espace grisé et irisé de couleurs inconnues, petit fœtus rencontre Zebulon qui tournicote et sautillote parmi les traces grises sur le papier gris.
Il lui demande :
– Comment fais-tu pour rebondir dans la vie grise aux traces grises ?
– Je ne me pose pas de questions ! Et je sautille comme une sauterelle et brille comme un soleil et grille les lambeaux du temps…
Alors petit fœtus reprend sa danse légère et virevoltante dans la pénombre grise d'un monde perdu… Il aime le mouvement de son corps informe parmi les sons étranges qui parsèment l'espace…

C'est alors qu'il bute contre la mâchoire d'un ornithorynque qui lui lèche la figure avec sa longue langue râpeuse au parfum de terre. Petit fœtus s'ébroue, ça lui fait des frissons partout cette langue, il se met à rire, et il oublie la tristesse qui flotte partout autour de lui ; il se met à jouer avec Ornithorynque, ils se roulent tous les deux dans le gris infini, velours doux et suave… Et son contact… la douce chaleur… sa patte dans la petite main de petit fœtus…
Et tous les deux s'en vont sur les traces de ces petits cailloux gris sur le sable gris…

dimanche 26 janvier 2014

Là où j'habite

Dans sa tenue de spationaute, Pauline voyage à bord du vaisseau d'Octarius. Elle a un peu le mal du pays, elle regarde par le hublot, elle essaie de distinguer son globe terrestre, des poussières interstellaires masquent la vue que l'on pourrait avoir sur l'univers. Elle est émerveillée par les constellations et nébuleuses qui défilent à grande vitesse devant ses yeux mais elle se met à avoir peur des trous noirs et s'écrie:
-Je veux la voir, je veux la voir, toutes ces comètes, ces satellites dans l'immense galaxie, j'en ai assez, je veux rentrer chez moi!
-Où ça chez toi?, tu n'es pas bien avec moi mon Uranie, ma muse de l'astronomie.
-Si, si, mais moi , j'habite la terre, je me suis prise pour Copernic ou Galilée, les télescopes m'ont fait rêver mais tous ces champs magnétiques et ces théories sur l'expansion de l'univers m'ont mis la tête à l'envers. A l'envers, on y est, regarde, on est en dessous de chez moi, avec ces révolutions, j'ai perdu mon monde! Mon monde à moi, c'est cette boule que l'on aperçoit de temps en temps, toujours sur le même orbite, elle tourne autour du disque de feu, il parait qu'un jour il va l'avaler ma terre, pour le moment elle est toujours là, elle tourne sur elle même, je veux la rattraper et tourner avec elle. Regarde bien, elle est un peu inclinée, elle va peut être tomber, emportée par une tempête cosmique ou une implosion de son magma, tu sais , elle crache par des énormes trous, ça fait un bruit effroyable et tout change alors à sa surface, des animaux disparaissent, le sol se transforme et ça recommence pour une nouvelle ère. Et ses occupants! Ils sont parfois si turbulents qu'on se demande si sa position astrale ne va pas basculer. Tu sais, les terriens se battent, se massacrent , tentent des explosions nucléaires, des ravages bactériologiques mais elle résiste, elle tourne toujours aussi vite et malgré tout je l'aime ma terre dans son système solaire.
-Et c'est là, dans cet enfer que tu veux retourner habiter mon Uranie!
-Oui, tu sais, dans ce charivari, on peut parler à la lune, elle apaise nos nuits, et oui chez moi il y a des jours et des nuits!On peut aussi savourer l'eau, elle a beaucoup d'eau, on m'a dit que c'est pour ça qu'on l'appelle la planète bleue, il faut faire attention parce que l'eau , elle salée des fois. Et puis , où j'habite, il y a des saisons, tu connais pas les saisons?
Mes congénères font des horreurs mais dans le petit coin où j' habite , ils se sont calmés un peu en cette fin de siècle et on peut jouir du printemps , de l'été, de l'automne et de l'hiver. Elle est belle ma planète depuis l'espace galactique mais les odeurs, les odeurs de la mer, les odeurs des collines, c'est ce que je préfère là où j'habite. Les primates dévastateurs que nous sommes ont fait disparaitre des espèces mais on peut encore se promener en humant l'air, jusqu'au jour où Dame Nature ne pardonnera plus ces injures.
En attendant, ton vaisseau a beau être confortable, on se fait secouer dans la stratosphère et je préfère habiter sur ma terre, elle cache encore des petits coins sympas, des bistrots sympas, des copains sympas.
Approche un peu, il faut que tu vois ce phénomène que tu trouveras nulle part ailleurs, la chlorophylle, les arbres, le vert, c'est une couleur peu répandue dans l'univers, les arbres, c'est fantastique!, il y en a de toutes sortes, ils s'adaptent à leur place sur la boule, ils se manifestent de broussailles en haute futaie, ils donnent des fruits, ça non plus tu ne connais pas, une bonne pêche qui te coule dans les doigts! Ils donnent aussi leur bois, leur écorce, ça non plus tu ne connais pas, une cabane dans la fourche d'un platane!
Et je te parle pas des fleurs, on les a classées, des ombellifères au malvacées , elles ont aussi un langage! ça non plus tu ne savais pas!
Où j'habite on peut botaniser, allez viens, je t'invite, je te montrerai mes herbiers et toute la vie qui grouille là en bas. Pourquoi en bas? Je ne sais plus, en haut, en bas, à droite, à gauche, j'ai perdu les repères de ma terre, alors tout ce que je te demande c'est de regarder tes écrans et d'atterrir sur ma terre. Vise l'Europe, la France, Marseille, les quartiers sud, le corbu, c'est là que j'habite et si tu t'ennuies du cosmos, on ira sur le toit, on cherchera Antarès, Dioné et Betelgeuse et comme avant on rêvera du firmament.

samedi 25 janvier 2014

La pomme guide

Elle part,cheveux au vent, elle court dans le vent, elle a peur du vent, elle tourne dans le vent, elle est effrayée, le vent lui donne mal à la tête. Dans un tourbillon, une pomme l'arrête, pas la pomme de la sorcière de Blanche -Neige, non non, une pomme d'or, sa pomme d'or, il y en a tellement de ces pommes dans l'histoire depuis Eve! Celle là c'est la sienne, elle la reconnait au grain de sa peau et à sa saveur aigrelette. Elle ouvre les bras en berceau, l'accueille, se pose et croit au repos. Doucement le fruit la guide sur une voie tranquille, l'entraine sur le chemin de la musique, elle joue, les partitions avancent et une légère brise tourne les pages d'un livre. Un monde d'histoires prend corps, des marionnettes s'agitent, les personnages défilent , Gnafron du parc de la tête d'or à Lyon, Petite poule rousse derrière la castellet de la classe et le loup fabriqué pour les petits enfants, ils sont tous là!
Alors,elle arrête de tourner, de chercher les tempêtes pour se griser, elle retourne feuilleter le dépliant du Parvis des Arts et relit le programme atelier de la troupe du Funambule. Va-t-elle se décider à participer?

vendredi 24 janvier 2014

ORACLE


ORACLE
Fragments d'un texte perdu


« Tous, tels qu'ils sont, descendront au fond d'eux-mêmes, là où nulle autre lumière que leur conscience ne peut pénétrer. Là, au cœur des ténèbres, ils marcheront sur tapis de pointes acérées, écorchant leurs pieds ligotés, franchiront le gouffre de l'avidité sur un fil élastique étiré, cracheront leur désespoir dans les marécages miroitants de leurs pensées étriquées, assècheront leur bouche au sucre immonde des raffineries spéculatives. Ils crieront leur nom au royaume de Blackstaff, leurs cœurs brûlés par la passion.
Une pause salutaire, mais néanmoins vigilante, leur sera possible en pays de Blemmyae. Là, ils pourront panser leurs plaies s'ils déjouent l'orientation monolithe des visages de leurs habitants.
Si tel n'était pas le cas, le marcheur ténébreux se verrait envoyé en pays Araignée afin de méditer sur le sens de son destin en observant l'humble perfection de la toile tissée par l'animal fabuleux.
Si, par contre, les aventuriers réussissent à reprendre force et énergie en pays de Blemmyae, se dessine alors devant eux une route aux circonvolutions étudiées qui les mènera face à une montagne sombre et tranchante.
Là, dans le reflet des parois lisses et abruptes, ils se confronteront à l'homme coupé en deux, et dans leurs regards purifiés par la pierre noire du Stomboli, ils verront alors la réalité sous l'angle sans limite de l'Incommensurable. Leur cœur s'ouvrira tel un nouveau-né ouvrant les bras sur le monde et un fil d'or en jaillira, reliant chaque être dans un doux chant d'amour.

Annexe

il y a toujours des exceptions, de ceux qui sortent de la norme, qui défient l'ordre naturel des choses : Ceux qui ont reçu un anneau de la Fée Blackstaff, ceux qui ont pu échapper à l'enfermement parce que nés garçons au pays des femmes géantes, ceux qui ont su utiliser le fil de soie de l'araignée pour tisser leur propre monde,… Ceux-là n'auront pas la nécessité de descendre au cœur de l'obscurité, car la joie inscrite dans leurs cellules ouvrira leur vision sur la partition universelle du champ énigmatique de la Voie lactée. »

vendredi 17 janvier 2014

la chambre de Tango.
Dans le grenier du mas provençal Tango est installé depuis le début de l’après midi de tout son poids sous la lucarne, les rayons du soleil qui traversent le vasistas réchauffent et illuminent son poil mi roux, mi beige.
Gabon, le chat chartreux des enfants recueilli à la SPA bondit dans la pièce, se rapproche en ralentissant sa marche vers la niche en carton de Tango.
« J’étais dehors, je t’attendais, on avait décidé de chasser le mulot mais tu n’es pas venu, tu me l’avais promis !
Pourquoi n’es tu pas revenu ?
Tango ne répond pas, tango ne bouge pas, tango ne respire plus, son grand âge l’a rappelé à dieu, il gît entre sa niche et ses coussins éclairés par les rais de lumière.
L’instant est magique et solennel.
Son âme d’animal  bien que petite mais néanmoins réelle  sort de son enveloppe corporelle pour s’échapper et s’envoler vers les airs et rejoindre le ciel avec ses anges et tous les saints.
A ce moment là, Gabon surprend le départ de l’âme de son ami fidèle et face à lui, il y a 2 Tango, un tango physique et un tango angélique.
Un dédoublement s’opère sous ses yeux verts de chartreux, « Je n’aime pas voir 2 fois les mêmes visages » pense  t il, c’est le signal de la mort et de la délivrance qui vient de passer.
Et oui ! Même les chiens ont leur place au Paradis ;
Gabon est triste, il s’installe solennellement près de tango.
Une bougie allumée dans la hâte, la nuit est tombée, la lucarne ne laisse passer que la lumière de la nuit.

Seule la bougie éclaire la dépouille de Tango tandis que Gabon essuie ses larmes.
Range ta chambre...

Quand j’étais enfant je dormais dans une chambre  avec mes trois frères, on était à l’étroit, notre chambre était très simple, juste un grand lit, un tapis persan on s’amusait à  nous envoyer les coussins sur la tète. La nuit je contemplais cette petite fenêtre qui m’intriguait car j’avais l’impression d’apercevoir des ombres. Pus tard dés l’âge  de 14 ans j’ai eu ma propre chambre quelques posters Mickaël Jackson, Claude François, Johnny Hallyday. Je possédais mon radio cassette et mon gros casque SONY, un matelas posé par terre. Le strict minimum pas de meuble, j’ai horreur de ça. Ce qui me plaisait à l’époque c’était de m’enfermer dans ma chambre en écoutant la musique à fond les oreilles.
Range ta chambre

Ma mère me disait souvent ,au lieu d’écouter ta musique, tu ferais mieux de m’aider à nettoyer car je laissais tout traîner par terre les cassettes les fils le pyjama suspendu .Alors elle venait avec son balai magique et ouste elle débranchait tout.  Pour moi ce qui compte avant tout c’est la musique,  un besoin de m’évader. Je me contente de peu un coin pour écouter ma musique, un lit une table pour manger car tous ces meubles m’encombrent et j’ai besoin d’un maximum d’espace pour m’épanouir dans ma solitude, mais ma mère me rappelait il faut que tu ranges ta chambre , ne laisse rien traîner surtout les fils de la télé et de la radio ; Une fois ma mère partie, je remettais ça, le gros casque allongé dans le matelas et c’était reparti et au fil du temps je me suis assagi, je n’aime pas les scènes de ménages.
LA CHAMBRE

C’est une chambre qui me plait beaucoup, j’aime bien cette couleur rouge qui domine la pièce Elle m’a tout de suite tapé à l’œil, elle représente pour moi la sensualité, la volupté un endroit  idéal pour s’épanouir dans sa solitude je rajouterai des nénuphars pour embellir la pièce une belle chambre meublée avec beaucoup de charme en dormant dans ce lit j’ai l’impression que mon corps est enduit de baume.
ROCK& ROLL Suicide

FRITZ the cat , Grande figure de l’underground NEW-YORKAIS,
Grand ami de LOU REED ET D’Andy Warhol, après avoir sauté pour la dernière
fois une chatte dans son sous sol de Brooklyn
FRITZ  se mit à retourner tout cela dans sa tête…
Il avait déjà sauté toutes les chattes de Brooklyn...il avait cramé sa vie par les deux bouts…
Les concerts, le rock, le VELVET underground…
Les nuits blanches et décadentes …
Les premières lueurs de l’aube….
Il avait gouté à toutes les drogues, héro..coco…speed…amphé, assisté à tous les concerts, abusé et désabusé de tout…
Sex...drog...et rock&roll
Sa santé commençait à péricliter…
Le velvet Uunderground se désagrégeait….
Brooklyn n’était plus Brooklyn...
John CALE ET NICO  venaient de mourir d’une over- dose
NEW YORK changeait de tendance…
Plus bohême, plus artistique – aucun intérêt….Les muses d’Andy Warhol décédaient les unes après les autres, victimes de la drogue….
La situation devenait critique..
Il se dit que la partie était perdue..
Autant  en finir en beauté….
D’abord un dernier speed-Ball pour la route…
Puis, l’issue fatale et grandiose…..L’ OD OU LA MORT PAR EXCELLENCE…
UN DERNIER FLASH  ET LA CHUTE…
Nadine


mercredi 15 janvier 2014

Lire et écrire



Pour moi, la lecture est ma meilleure amie. Oserais-dire mon grand amour, même, maintenant? Dans mon lit deux places je dors seule avec mes livres, mes préférés, ceux du moment, ceux que je suis allée rechercher, pour relire un passage. Il y en a sur la couette et en dessous, sur la table de nuit et la descente de lit, en tas qui s'écroulent; souvent cornés, s'ouvrant tout seuls à mes pages préférées, pas présentables, pas très prêtables. S'ils sont abimés, c'est la preuve que je les aime.
A n'importe quelle heure, n'importe quel endroit, j'en ai toujours un sous la main; d'ailleurs maintenant, là, dans mon sac, à mes pieds... J'ouvre une page, j'oublie tout le reste, plus d'ennui, plus de soucis, plus d'insomnies...

Ca aurait pu mal commencer. Quand j'ai su lire, à sept ou huit ans, mon père m'a proposé Le Lys dans la Vallée, de Balzac. Je n'ose imaginer ce qu'il souhaitait pour sa fille avec ce titre évocateur. J'ai dû persévérer pendant vingt pages, bon, ce loisir n'était pas pour moi.
Mais quelques mois plus tard une grand-mère m'a offert des titres plus appropriés. Oh pas de la grande littérature, non, la Bibliothèque rose et la collection Rouge et Or. J'ai adoré. J'ai dévoré. Le pli était pris: au premier moment libre, un bouquin.

Je me souviens de vacances pluvieuses sur la Côte normande, enfant solitaire avec mes parents. Tous les matins on allait faire les courses, on passait à la bibliothèque, un ou deux livres chacun; on retournait se mettre à l'abri dans notre studio de location, on se couchait au chaud, on passait le reste de la journée à lire. J'avais douze ans, j'ai dévoré tout Agatha Christie. Plus tard j'ai disposé en "poche" l'intégralité de son oeuvre sur les étagères de mes toilettes; ça a beaucoup fait rire ma belle-fille la première fois qu'elle est venue chez moi, elle m'a offert l'autobiographie de l'auteur, j'ai aimé aussi.

A l'adolescence j'ai découvert les classiques, et les valeurs du moment bien oubliées aujourd'hui. Je dévorais tout ce qui me tombait sous la main. Déjà je lisais sous les couvertures, tard le soir, en cachette, le lendemain j'avais des maux de tête épouvantables si je ne m'étais endormie qu'à 4 heures du matin.
Mais une nuit la lampe collée au drap m'a trahie, odeur de brulé et auréole brune. Cette année là j'ai redoublé ma seconde, qui peut affirmer que la lecture favorise de bonnes études?

Aujourd'hui ce sont mes petites filles qui découvrent la lecture. J'ai longtemps espéré qu'elles aussi auraient le virus. Quelle joie cet hiver de voir l'ainée plongée dans un gros bouquin: Harry Potter. Rien de la fête ambiante ne pouvait l'en distraire; elle m'en parle avec passion.


Ecrire, c'est autrechose, il m'y faut un motif.

Quand j'avais quinze ans le téléphone était rare et cher. Avec mes camarades, on s'écrivait. On se voyait tous les jours en classe, mais on s'écrivait, presque tous les jours aussi. Des petits billets ou de très longs, temps volé aux cours ennuyeux. On découvrait et partageait nos idées toutes neuves, nos émois, nos colères... J'ai gardé leurs lettres très longtemps. Un jour j'ai décidé de tout jeter, que mes enfants ne mettent pas la main dessus. Je n'ai pu m'empêcher de lire avant de déchirer; des heures à replonger dans le passé; tout n'était pas si bête...

Ecrire une lettre, une vraie lettre, j'aime encore cela. Quand il y a matière, et un élan du coeur, je délaisse les mails, je prends un stylo. Quel bonheur si l'on me répond!

Ecrire, c'est devenu avec les années écrire de plus en plus mal. Ecrire vite, beaucoup, au boulot, sous la dictée des médecins, à leur rythme. Ca déforme.
Mais pas que ça. Avec l'age j'ai vu l'écriture de ceux que j'aimais, grands parents, parents, perdre de sa sureté, de son caractère, jusqu'aux lettres toutes tremblées que m'envoie mon cousin de quatre-vingt quinze ans. Et je sens déjà moi aussi ma main perdre de l'assurance.

Ecrire pour jouer, avec mes petits enfants, écrire lentement, tout rond, comme à l'école, je suis leur élève et ils me félicitent.

Le trait noir sur un papier blanc...
Le trait blanc sur un papier noir...

lundi 13 janvier 2014

Un bouquet de mimosas...



Le soir tombait, les pommiers se balançaient de droite à gauche, de long en large sur l’allée. Le silence se faisait entendre et demeurait ; à part si les âmes disparues du cimetière de campagne où je me trouvais ; conversaient entres elles.
J’aimais me balader là-bas, quand j’étais tourmentée, la sérénité du lieu m’envahissait comme un havre de paix.
Chaque tombeau avait sa propre inscription, mais je n’y jetais jamais un œil. Par pudeur, par respect peut-être… Je n’ai jamais su pourquoi ; à vrai dire, je ne me suis jamais posée la question. Tant d’âmes, tant d’esprits qui avaient vus la lumière du jour, demeuraient là.
Pourtant, j’aimais ce cimetière de village, pour sa petitesse, sa beauté florale. Je n’ai jamais su pourquoi ; à vrai dire, je ne me suis jamais posée la question.

Une certaine Hester Gray, reposait là. La seule, la seule que j’avais osé déranger dans son cercueil, pour la fleurir chaque soir. Hester Gray, née 1853, décédée en 1873. « Une américaine ! » avait-on dit. « Une jeunette de vingt ans, qui avait épousé un homme de trente ans, son aîné ?» Ou une histoire d’amour avec un jeune homme fiancé ? Un crime passionnel qui avait causé sa perte ?

Quels secrets et mystères cachait ce personnage ? 

Seule sa tombe n’avait pas été fleurie, et pour lui rendre hommage, sans savoir pourquoi, ni comment ; je cueillais des mimosas pour préserver sa mémoire,  sur son tombeau.
Par pudeur, par respect ? Je n’ai jamais su pourquoi ; à vrai dire, je ne me suis jamais posée la question. Désormais ce cimetière était fleuri de toutes parts, peuplés d’âmes, d’esprits fantomatiques, qui étaient en paix, grâce au pouvoir des fleurs.

Chaque soir, mon bouquet de mimosas à la main, j’y déposais discrètement ces fleurs. Puis je repartais en m’éclipsant discrètement, le cœur en rêves ; laissant derrière moi un cimetière paisible et silencieux ; à moins que les âmes disparues y parlaient des langages secrets...


Christina

c'est ça dehors!


Il faisait très froid et pourtant, elle a décidé de naître ce jour là, elle devait sans doute désirer voir le blanc dehors, le noir de l'intérieur et les bruits amortis, elle devait en avoir assez. Vite, elle est arrivée vite, le médecin du village l'a reçu dans ses mains vers dix heures  du matin. De là, le berceau, pas de visage, du vide, elle crie, elle tête un biberon posé par des mains dont elle ne connait pas la chaleur, des mains qui calent l'abreuvoir et plus rien.
"C'est ça dehors, le froid, la peur!"
Heureusement elle entend les bruits maintenant, ils sont bien différenciés, présents et variés, elle peut même les combiner, ils meublent son espace mais malheur une otite et c'est la panique, les parents irrités  un peu dépassés, il y a les autres à s'occuper.
"C'est ça dehors, le froid, la peur!"
Le toucher d'un gros nounou va la sauver, qu'il était doux!
Mais voilà on a décidé à sa place qu'elle était grande et un jour en rentrant de l'école, la petite écolière apprend que nounou est parti dans les ordures ménagères.

Si j'étais moi

Si j'étais moi, cette supposition me met mal à l'aise, je ne me sens pas bien. Pourquoi? je n'en sais rien, peut être parce que justement je suis rien ou si peu! C'est que moi je ne me connais pas ou du moins pas bien, plus exactement j'ai peur de me tromper sur moi, de passer à côté de moi.
Si j'étais moi en ce moment présent où serais je? et bien je serais là puisque c'est moi qui ai décidé d'être là  un carnet et un crayon à la main,sans doute pour piéger mon moi.
Je sais juste que moi seule, je n'existe pas du moins je n'ai pas de consistance, je dois être une espèce d'outre qui a besoin d'être emplie des autres, du regard des autres, de l'énergie des autres. Pourtant je dois bien avoir des cellules qui me sont propres, qui me différencient des autres, qui devraient me satisfaire, vivre par elles même. Et bien non, quand je les regarde ces cellules, elles s'agitent, elles retrouvent les peurs de la petite fille d'autrefois, elles ont envie de crier"ne m'abandonnez pas!"
Ce moi a grand besoin d'apaisement, il se cherche encore, je crois qu'il devrait parfois se contenter d'être et non plus faire mais voilà dès qu'il s'arrête les questions reviennent: "D'où, vers où, pourquoi?
Et c'est la panique, la liberté du moi....il est perdu sur son chemin, je l'entends encore:" Ne m'abandonnez pas! j'ai besoin de me lové dans la beauté, l'amitié.."

mardi 7 janvier 2014

Si j'étais moi


Si j'étais moi... et que j'aie vraiment envie d'être moi... je me sentirais plus à l'aise.
Je t'aimerais sans remords, je t'abandonnerais sans regret.
Ai-je envie d'être moi? Je ne m'aime plus. Je ne m'admire pas. J'ai honte de mes faiblesses, peur de mes contradictions... Et pourtant, que d'amis j'ai connus, aimés, gagnés ou perdus. Non pas la prison ni l'asile! Si vous voulez que je sois moi, prêtez moi une colline avec des arbres, une rivière ou un lac, des enfants qui jouent et rient sur le chemin, un chat et un chien qui se parlent.
Et surtout une pluie de sourires pour m'arroser, m'apaiser, me dire si je suis moi... et si vous m'aimez!