Un fœtus…
D’où vient-il ?
Petite forme encore
informe reliée à l’infini du monde…
Tu baignes dans le gris
du papier parmi les traces et les petits cailloux…
Est-ce que tu
danses ? là, si près des fils barbelés….
Dans le gris du papier,
tu virevoltes au gré de mon imaginaire et tu tisses la trame d’une vie oubliée…
D’où viens-tu
petit ?
Dans le tourbillon des
chemins, tu dessines ta présence insistante….
Un écho résonne là-bas,
loin au fond de moi
Il a un goût d’eau et de
larmes…
En tourbillonnant parmi
la masse dense et profonde de l'espace grisé et irisé de couleurs inconnues,
petit fœtus rencontre Zebulon qui tournicote et sautillote parmi les traces
grises sur le papier gris.
Il lui demande :
– Comment fais-tu pour
rebondir dans la vie grise aux traces grises ?
– Je ne me pose pas de
questions ! Et je sautille comme une sauterelle et brille comme un soleil et
grille les lambeaux du temps…
Alors petit fœtus reprend
sa danse légère et virevoltante dans la pénombre grise d'un monde perdu… Il
aime le mouvement de son corps informe parmi les sons étranges qui parsèment
l'espace…
C'est alors qu'il bute
contre la mâchoire d'un ornithorynque qui lui lèche la figure avec sa longue
langue râpeuse au parfum de terre. Petit fœtus s'ébroue, ça lui fait des
frissons partout cette langue, il se met à rire, et il oublie la tristesse qui
flotte partout autour de lui ; il se met à jouer avec Ornithorynque, ils se
roulent tous les deux dans le gris infini, velours doux et suave… Et son
contact… la douce chaleur… sa patte dans la petite main de petit fœtus…
Et tous les deux s'en
vont sur les traces de ces petits cailloux gris sur le sable gris…