mardi 18 décembre 2012

Comment ça va?


Bonjour, comment ça va?
Bonjour, comment ça va bien?
Comment vas-tu? Tu vas bien?
mais au fait, où vas-tu?
tu vas nulle part?
tu vas dans le mur? tu vas droit dans le mur?

Bonjour,comment...?
Si ça va mal, il ne faut pas le dire, ce n'est pas le moment, ce n'est surtout pas le moment, ce n'est jamais le moment.

Bonjour, comment ça va? c'est de la politesse. Seulement de la politesse. Il ne faut pas le prendre pour une question.
comment ça va, où tu vas, si tu y cours, surtout si tu cours à la catastrophe, ça n'intéresse personne, vraiment personne.

Bonjour, comment ça va? Moi tu sais, hier, il m'est arrivé une chose incroyable...

Bonjour, comment ça va pour toi? Ca, on s'en fout. Ce que j'ai vraiment envie de te raconter, c'est comment ça va pour moi. Ca, c'est intéressant, assieds-toi une minute, je vais t'en parler, d'ailleurs je pourrais t'en parler deux heures.
Deux heures, tu n'as pas le temps, ah bon.

Bonjour, Monsieur le Directeur, comment ça va?

vendredi 14 décembre 2012

Le réveillon de Noël de la maitresse de maison


Préparer un réveillon de Noël est une des tâches les plus délicates qu'aura à réaliser une maitresse de maison. Il est conseillé à la jeune mariée de laisser passer quelques années avant de se lancer dans cette entreprise, ce qui lui permettra de bénéficier de l'expérience de sa belle-mère qu'elle aura pu observer longuement.
La première fois où elle invitera chez elle famille et belle-famille le soir de Noël, il faut qu'elle sache qu'elle passera là un examen autrement important que tous les diplômes universitaires qu'elle peut posséder, et qui ne lui seront d'aucune utilité.
Plusieurs points importants sont à considérer et en premier lieu la liste des invités, qui est souvent un casse-tête inextricable. Faut-il proposer au grand-oncle Jean de venir partager le festin, pour satisfaire Belle-Maman dont c'est l'oncle préféré mais qui, depuis une histoire non élucidée, n'adresse plus la parole à Tante Berthe qui, si elle n'est pas invitée, passera Noël seule chez elle?
Les enfants participeront-ils au repas? A partir de quel age? Faut-il leur distribuer les cadeaux au dessert pour le plus grand plaisir des donateurs présents, ou attendre le lendemain matin, quand il n'y aura plus personne, pour respecter leur croyance au Père Noël?
Faut-il laisser un verre de cognac à celui-ci pour le réchauffer après sa visite, et qui le boira?
A côté de cela, le choix entre la dinde et le cuisseau de sanglier n'est qu'une question mineure.

dimanche 2 décembre 2012

Garde à vous!


Je suis l'homme à la tête au carré.
Je suis né comme cela, par césarienne evidemment. Les médecins se sont penchés sur mon cas, mais aux radios tout était normal et mes parents ont vite apprécié mes qualités d'ordre, de sagesse et de discipline. Tout ce que j'apprenais trouvait immédiatement sa place et ne la quittait plus. J'étais excellent en maths, une brève inquiétude m'a simplement traversé quand on m'a enseigné à extraire les racines, mais finalement ma tête n'était pas concernée.
J'ai trouvé ma voie quand j'ai été incorporé dans l'armée. Dès le premier matin je me suis senti à mon aise, quand il s'est agi de faire les lits. J'aime marcher droit, le pli de mon pantalon est impeccable, je suis toujours en tête dans les défilés, l'uniforme me va comme un gant, le képi posé bien à plat sur la surface lisse et horizontale de mon crâne où n'ont jamais poussé aucuns cheveux.
Je ne me suis pas marié. Les femmes n'aiment pas dormir contre moi, elles me trouvent trop anguleux, et puis je ne supporte pas les oreillers.

dimanche 25 novembre 2012

Au hasard de la Canebière


Dominique se dépêche, elle fait claquer ses talons sur le trottoir et pourtant espère ne pas trop se faire remarquer, elle a rendez-vous à l'hotel un peu plus loin, pourvu que personne ne la reconnaisse.

Martine marche doucement, la rue monte, elle est essoufflée, elle a mal aux genoux, son sac est lourd, il faudrait qu'elle déménage.

Kevin attend Mourad au coin de la rue, juste sous une caméra de surveillance, il s'en fout, il ne se fait jamais prendre.

Yasmina fonce, n'entend rien, ne voit rien, lit ses SMS, répond, trois à la minute, mince, un chat, il a failli la faire tomber.

Mr Lee attend les clients, assis sur le pas de sa porte. C'est l'heure creuse, il se cure les ongles.

Mr Paul sort du four ses brioches chaudes. Ca sent bon. Vingt ans de métier et il aime toujours le parfum de la brioche brûlante.

David et Fabien roulent de concert, épaule contre épaule sur leurs vélos. On les klaonne, qu'importe, ils échangent leurs impressions sur la petite blonde qui est arrivée dans leur classe ce matin. Seront-ils copains ou rivaux?

Mama Yacinthe remonte lentement du marché Noailles, les cabas pleins, rêvant à ce qu'elle va leur cuisiner pour ce soir.

      Francine


dimanche 18 novembre 2012

Débuts de phrase (12/11/2012)

 (Débuts de phrase à compléter. En italique, comme d' hab')
1- Une petite fille aux yeux tristes chantait derrière sa fenêtre, le chat (son chat?) avait la patte posée sur quelques plumes d'oiseau. Son oiseau ? La chanson ne le dit pas.
2- Il y avait un moulin en lisière de forêt. Il était le poteau d'arrivée des courses effrénées que les ados du village organisaient avec leurs motos tout-terrain, avant d'entrer à couvert et réduire, à peine, les gaz dans le sous-bois. Mais ce jour-là, le canon d'un fusil était lui aussi de sortie, ses reflets bien visibles sous le porche. Trop tôt pour l' ouverture de la chasse. Et encore moins pour escorter distraitement la balade aux champignons. Pour quoi alors ?
3- J' avais voyagé longtemps pour mon entreprise, une belle plante, mais un peu vénéneuse quand même. Sa croissance ne tolérait aucun tourisme. Même si ceci se limitait aux mégapoles en tenue de semaine, aux néons en guise de soleil, aux façades mondialisées. Circulez! Y a rien à voir!

Le vocabulaire de la ville (2) (12/11/2012)


"Je me casse. Marre d' attendre! Heureusement que les arbres d'alignement m' ont protégé du soleil dans cette canicule, mais là c'est trop. On avait rencard à midi à la colonne Morris (Chevalier, ou Philipp ?) devant le pan coupé de cet atroce immeuble hausmannien, blanc comme un Parisien, comme si la ville c'était propre... J'étais tellement furieux que j'ai maudit ce chien d'Hausmann et ses expropriations. Remarque, le Morris ou le Wallace de la fontaine ont bien dû en profiter aussi. Il y a des passants, oui, ils m'ont regardé bizarrement, quand je lisais le mode d'emploi des sanisettes, mais pas plus que quand j'ai mis quelques coups de pieds bien sentis dans les plots contre le stationnement. Ils m'ont résisté, ces teigneux, encore plus que la barrière de protection. Je suis sûr qu'il y en a même un qui a rigolé quand j'ai trébuché sur la trappe de visite vers les câbles d'électricité, évidemment pas de niveau avec ces fonctionnaires d' ERDF! En plus j'avais mis mon plus beau T-shirt et jean bien vintage pour elle. Tu parles ! J'ai scruté la rue pour trouver l'automobile dans laquelle elle devait arriver, à l'heure promis-mon-chou, enfin vu qu'ici, à Paris, dès qu'on met quelque chose sur la chaussée de circulation, le temps se gâte vite. Vous me voyez, là, de dos avec mon sac à dos? C'est elle qui m'a envoyé la photo. Elle aurait pas pu essayer de me rejoindre, au lieu de me laisser partir? Remarque, je venais juste de marcher sur un truc mou qui renifle sévère, juste en passant devant la grille d'arbre,  alors maintenant que je sais comment marchent les sanisettes, hein ..."

Une liste de noms ou prénoms à faire vivre (12/11/2012)

 (Chacun écrit une liste d'une dizaine de noms qu'il/elle passe à sa voisine)

1- Mouloud : il parle une langue que je ne comprends pas, mais ses potes, eux, acquiescent d'un hochement de menton final. Fringué sport, mais sportif de canapé, voire de canapés bouger-manger.fr
2- Fred passe si vite sur son vélo qu'il a à peine le temps de rendre son salut. Napaltemps ?
3- Toni, Tony pardon a l'immense fierté abdominale de servir, oralement généreux, des sandwiches qui auraient dû finir en compost depuis longtemps. Mais du Môssieur Du Con de la Triste Figure et ses principes, on s'en tamponne grave: y a le match, con !
4- Marguerite épelle son nom au préposé municipal, adjoint administratif de catégorie C. Ils ne s' amusent pas. Elle ne parle pas fort et il fait semblant d'écouter. La file des mornes s'allonge.
5- Michel sait tout sur tous, a une opinion sur tous, et même parfois plusieurs selon qui lui assène, il écoute aussi tout, mais on se demande s' il comprend tout. Surtout ce qu'il dit.
6- Simon ne se remarque que par sa kippa, un autre genre de tchador mais en plus correct. Et pour les messieurs. Il marche droit, il est dans son droit, Dieu est de son côté. Il le sait sa mère lui a dit. Et il est dans son quartier.
7- Fatia se tait. Elle a de beaux yeux qui semblent si loin et qui n'en pensent pas moins, à un mètre derrière une nuque taillée au cordeau, elle-même précédée d'une barbe brute.

Bottin - définition subjective des termes dans une ville (12/11/2012)

 (Bottin, Mobylette, Frigidaire, etc)

1 -  le café, espèce en voie de disparition programmée, c'est le vrai poumon de la ville, du village, du bourg. Là où l' on  se rencontre, on fait une pause, on contemple le temps qu'il fait, en silence ou comme une politesse avec des inconnus, et plus si affinités. On s'imagine leur(s) vie(s), on refait le monde, on attend, on rit, on joue.
2 - le pont, vieux ou récent, c'est la main tendue entre 2 mondes, en général socio-cloisonnés, un endroit où le passage en altitude est plus marqué qu' ailleurs, où la fantaisie ou l'orgueil des puissants s'exprime en perspective depuis le recul offert par la berge. Et puis, sans les ponts, l'eau ne coulerait pas dans un proverbe.
3 - la gare, l'endroit de toutes les évasions, rêvées ou subies, aux 3 temps et dans tous les modes. Cette cathédrale laïque autrefois dédiée à la vitesse qui rend fou, est aussi un théatre pour le sentiment, l' amour, l'amitié, les séparations et les retrouvailles, l'immobilité et la précipitation.
4- l' hôpital, depuis que l'accent a remplacé son "s",  c'est devenu l'avant-dernière demeure des mourants, et la première des vivants. Tout ce blanc y est aveuglant, encore aiguisé par l'éclairage. J' aime pas.

mardi 6 novembre 2012

le trajet du boulot, ou "Entre terre et mer"

Thème : le trajet du boulot, après moult dessins compliqués, yeux fermés et main levée

    Entre terre et mer, mer et terre, le serpent de mer mue sous la Corniche, Marseille, France, Planète Terre. Prélude à l'horizon, laçant de noir le blanc et le bleu, il se prélasse, lassé des décibels, insensible aux crissements des stressés du bitume.
J'y vire au retour, toujours, pour finir de freiner. Pour me laver du quotidien, le regard vague dans les vagues, au loin, rêver d' encore plus loin, d'encore plus lointain, sous la moitié d' hélice bronzée qui salue sans se lasser, exquise politesse, le phare de Planier.
Une vue si belle pour une cité si poubelle.

Récapituler sa semaine

User et abuser de la formule "avoir + participe passé" sur le modèle du "une heure du matin" de Charlie "HandsomeOfTheAir" Beaudelaire
Aujourd'hui Lundi, avoir collé ma carte de bus, collé ma carte de métro, collé ma carte de tram, collé ma carte d'accès sécurisé à LA tour d' ivoire grise et noire, avoir constaté le naufrage portuaire du Napoléon Bonaparte juste après Radio Coursive.
    Avoir téléphoné, réuni, écrit, réfléchi, joué dans un remake de Camera Café, avoir jonglé entre stress et ennui, retrouvés comme le costard trop étroit du vendredi, du jeudi, du mercredi, du mardi, et même du lundi précédent, quelle belle unité de temps de lieu, et d'(in)action! Avoir heureusement vécu le reste du temps dans mon autre temps :
- avoir Dimanche matin, composé une chanson en 3 heures compulsives, 
- avoir couru l' après-midi contre le Mistral pour aller voir hurler les vagues en furie,
- avoir appris Samedi après-midi à chanter avec le nombril, avoir respiré bébé dans un crash-test de hatha-yoga-kundalini (sic), avoir massacré au moins un dos en tentant de le masser thaï, avoir écouté la lumineuse prière de Sudeshna, joueuse de sarod,
- avoir, Vendredi, joué dans "l'ancillaire célibataire" avec pour partenaire une récalcitrante poussière,
- avoir, jeudi, aidé Jordy, un petit de sixième, Angolais nul en Anglais, à faire sa géométrie sans entrain apparent, pour sans doute faire le malin le lendemain devant les copains ("Sans les mains!")
- m' être mercredi, posé quelques questions qui ne regardent personne, et que personne n'a regardées,
- avoir, mardi, dormi à l' heure où même les poules jouent encore à renard perché,
- et avoir, lundi, écrit, comme aujourd' hui. En fort aimable compagnie. Si, si.

vendredi 26 octobre 2012

Quoi ?


Tu t'y attendais ?
Pas vraiment

Si c'était à refaire ?
Idem à deux, trois virgules prêt.

Quelles virgules ?
Celles qui claquent entre deux mots inutiles.

Tes plus beaux combats ?
Ceux que j'ai perdu. 
Pour l'instant.

A quoi bon ?
Je cherche encore

Ta minute essentielle ?
Ses yeux dans mes yeux.

Le pire ?
Tomber de l'arbre.

Le meilleur ?
Demain.

Ton pays ?
En a t-on un,  
quand on en a deux ?

Ton but ?
Vivre.

Ta direction ?
Autre...

mardi 23 octobre 2012

Moments de vie à travers nos objets personnels

Moments de vie à travers nos objets personnels - 22/10/2012

- Le Pleyel de mon enfance en France, récupéré après que mon père ait vendu son violon, seul ligneux de la lignée. Une racine de moins à l'arbre, une...
- Mes chaussures de marche en cuir à lacets rouges : défi au ridicule, défis à l'inconnu, si miennes au fil du chemin des ans.
- Mon stylo plume Parker: témoin d' éphémères ancrages, de carnets sans lumière, d' assommants sonnets, de sentiments tus, de déclarations sans lendemains qui chantent ...
- Ma guitare à cordes d'un sympathique acier, silhouette muette sur son mur, compagne attentive ou rétive, gavée de notes oubliées sitôt jouées, libre de mélodies que l' on dit.
- Et puis les vélos les violoncelles les bouquins les photos les couteaux les briquets les journaux les sacs à dos les combis les cirés les jeux les outils et les babioles, tout ce fatras rassurant pour l'instant mais dont un jour il ne restera ni rien ni personne pour les décrire... 

Dictionnaire subjectif

Sur le modèle du "dictionnaire des idées reçues" de Gustave Flaubert - 22/10/2012

Cannibale : Anthropophage qui a des soucis d' orthographe
Flageolet : instrument qui finit généralement sa vie dans un jardin potager
Lire : magazine (très) parisien. Finit généralement mal, faute d'une reliure décente
Taureau : Mythe trop puissant pour rassurer un anglo-saxon végétarien
Persévérance : qualité peu cardinale qui permet d'attendre le destin les mains vides
Osthéopathe : kiné qui a réussi
Immaturité : Reproche adressé par ceux qui croient savoir à ceux qui croient qu'ils sauront
Lance-roquettes : Arme de destruction massive pour jardinier du Bengale craintif. Et naïf.
Ceinture de chasteté : Oeuvre d'artisanat tue-l'amour
Sucre : les fraises n'en ont rien à craindre. Celui qui tient le sucrier, si.

jeudi 18 octobre 2012

Phrases à tiroirs, italiques

On venait de baptiser le bébé. Le curé, courroucé, dissimulait à grand peine la virginale gerbe de la 8° merveille du monde sur son surplis, immaculée, certes, mais déplacée en ce moment de grâce apostolique. L' innocente candeur était repue, et l'aurait fait savoir. Le pasteur invité ricanait derrière sa pilosité naissante elle aussi, bêtement bien sûr, en ce jour si sein. Sa bru n'avait pas vu la cène. Elle avait trop bu, mais le photographe avait été opportunément pris en otage par le buffet champêtre, et son garde, champêtre lui aussi, avait fait savoir qu'il ne lâcherait rien avant épuisement des stocks liquides, voire lipides. Seuls les enfants peuvent entrer dans le royaume de Dieu. Pour ces trois là, il était bien trop tard, le royaume leur était passé sous la couperose peu après que ce même curé ne les ait baptisés.

    J'ai souvent l'impression d'être observé, en particulier par ma voisine, une dame au parfum s'il s'lave, si solide, et si lente à lisser la vitre, d'autant plus lente à quitter le spectacle qu'il est régulièrement gratuit. Ses 2 yeux immenses, aussi mobiles qu'un aquarium oublié, riaient peut-être autrefois. C'était avant que son fils ne finisse au Tranxène, qu' elle n' enterre et sa fille et sa vie, pour mieux déterrer celle d'autrui. J'ai souvent l'impression d'être observé. Je leur en ai fait l'observation. Mais observer l'étiquette n'est pas leur tâche d'été.

    Assez vite j'ai compris qu'on me cachait l'essentiel. Alors je suis allé cherché une bouteille à la droguerie, et mis le feu. Leur existence a pris fin dans l'essence.

Ana(rock)phore

    Je me souviens d'un objet lourd, rare, important, à la poignée trop grosse et aux trous de cadran coupants. De sa lenteur à composer les numéros impossibles à modifier sans tout recomposer. Heureusement, il n'y en avait que 6. Le 22 à Asnières n' était plus qu' une blague de fin de banquet républicain. Dans un lieu de passage, ou au contraire un cabinet secret, c'était selon ... le nombre de cadavres familiaux probablement.
    Je me souviens des 1° mobiles aussi, format batterie 12 volts blindée militaire, antenne stratosphérique, extraits mi-nu-tieu-se-ment de leur étui, un 4x4 gonflé au bitume ciré. C'était bien avant la Rolex de leurs 50 ans.
    Je me souviens de ces nuits blanches, passées à composer des listes successives de numéros modem dans la pénombre d'un bureau transformé en cellule monacale dédiée au culte du dieu Cyber, pour envoyer quelques zéros et presque autant de uns, ou en recevoir d'aussi anonymes correspondants sans visage. Une décharge de clics, un hululement de porteuse et le frisson du voyant vert, après le rouge tout bouge. Vers un autre cagibi désert, dans un autre fuseau horaire.
    Je me souviens de ce passage initiatique des collégiens vers le GSM, l'ouverture frénétique du carton surdimensionné  d'avant le greenly correct. Le vibreur n'était pas seul à rêver d' impunité après des soirées non (r)accompagnées et de sorties - de route. Magie du sans-fil à la patte, caméléon.
    Je me souviens aussi de ces moments passés à l'attendre, le tamagoshi conscient des piles en fuite, sans savoir si elle, oui, elle, se trouvait derrière un de ces murs qui ne se rappelaient même plus à quoi avait bien pu ressembler une mandoline.
    Je me souviens enfin de ce SMS si récent, ici recopié, afin qu'il fane et reste:
" Ce jour à midi
Le soleil, après la pluie
a illuminé ton sourire béni.
Et on ne sait lequel des deux
a le plus ébloui ceux qui étaient ici."

interro écrite ?

Ce visage inconnu réfléchit-il? L'ombre ou la lumière?
Quand cesseront les 'pourquoi' ? Et les 'comment' ?
Ta nuit est-elle claire de lune ou ombre d'arène ?
Est-ce que les astres nous disent d'où nous venons ?
Ton sourire est-il sincère, ou fin d' adultère ?
La bouteille se hausse-t-elle du col quand le bouchon l' étire ?
Un bar ? Poisson ou poison ?
Où commencent le connu, l'inconnu et l'inconnaissable ? Et où finissent-ils ?
Faut-il être plein pour délier ?
Mais où est donc or ni car ?
Les légendes urbaines manqueraient-elles de héros ?
Pourquoi 3 minutes sans e ?
Et les coques ? Sombrent-elles dans l' horizon ?
Pourquoi tant de fins ne s' en donnent-elles pas les moyens ?