mardi 1 décembre 2015

cauchemar: effroi dans le cosmos

Grande terre et petite terre, un pied sur chacune d'elles, j'avance dans l'espace interstellaire. les vents cosmiques se contrarient, pour tenir l'équilibre je m'accroche à un rayon de lune, l'instabilité est totale, je me surprends à faire le grand écart, mes jambes s'allongent, mes os se tordent et craquent, les cartilages de mes genoux se déforment dangereusement. Grande terre et petite terre se mettent à tourner en sens inverse, mes membres deviennent torsades, squelette et chairs se vrillent, mes cheveux s'emmêlent, ma bouche se déforme, mes yeux se révulsent, des grains de poussière descendent le long de mon corps en une musique de cordes pincées, un pizzicato qui enfoncent des aiguilles dans ma peau. Je vais craquer, faut il hurler? a quoi bon, les pauvres humains de grande terre sont trop occupés à se faire la guerre, ils n'ont que faire de ma détresse. Des dragons de feu émanant du soleil me frôlent, me narguent en ricanant,  lèchent ma carcasse de leur flamme rouge violacées, je vais brûler! pas encore, ce n'est qu' un avant goût de l'enfer, un supplice, une épouvante.Ils tentent de couper le lien ancestral entre petite et grande terre, rompre l'équilibre , briser l'harmonie de l'unité. Mais je tiendrai, je finirai écartelée mais je tiendrai.Mes talons plongent dans la terre mère, des puits se creusent dans les sols, je sens les eaux vives, les énergies se purifient, les rotations s'apaisent, petite et grande terre retrouvent leur mouvement parallèle, le grand chariot du ciel retrouve Déméter, de jeunes pousses  frémissent sous mes pieds, croissent et blondissent dans la lumière retrouvée. Je marche dans un champ de blé.
Sirocco: personnage de théâtre italien nommé Rocco qui ne contrarie jamais personne
              en italien oui se dit si

mercredi 25 novembre 2015

FORMIDABLEMENT !

Je ne crois pas qu'il y ait de "mots" pour ça... Alors... Trouvons-les !



FORMIDABLEMENT


 

Formidablement. Il faut vivre. Formidablement. Respirer. Formidablement. Il faut rire. Formidablement. Croire. Et Espérer. Formidablement. Parmi ces débris que la nuit cache. Parmi ces secrets enfouis sous la terre brûlée. Il faut accepter, formidablement, la terre ébranlée, notre monde en train de basculer et le temps qui semble s’arrêter. Entrechoc. Explosion. Bombardement. Cris. Et puis, plus rien… Piégé. Déchiré. Meurtri. Mutilé. De blessures qui ne repartiront jamais. Que faire ? Que faire ? Dîtes-moi ! Que faire ! Oublier ? Nier ? Tuer ? Haïr ? Mais à quoi bon !                                                                                                                                                         Il faut vivre. Formidablement. Respirer. Formidablement. Il faut rire. Formidablement. Croire. Et Espérer. Formidablement. Et avancer. Chaque pas en arrière est une défaite, une hésitation un échec, et un abandon une trahison. Le sang qui coule. Et qui gicle. De partout. Sur tous les visages. Dans toutes les vies. Personne n’est épargné. Les pleurs contenus. Les sanglots qui déraillent, qui déconnent. La ferraille. Le chaos. L’alarme. La terreur. Qui résonnent. Et qui résonnent, en moi. En toi. En nous. Qui écrasent. Qui torturent. Qui massacrent. Sans penser. Sans pitié. Sans humanité. Du peu qu’il en reste. Les cris stridents comme les détonations des mitraillettes. Tu les entends ? Moi aussi. Elles me hantent. Les balles qui éclatent. Fort. Fort. Très fort. Minable. Minablement. Fort… Formidablement. Comme un hymne. Qui monte. Et monte. Encore et encore. Il faut vivre. Formidablement. Respirer. Formidablement. Il faut rire. Formidablement. Croire. Et Espérer. Formidablement. Et les ruines et les décombres. Épars. Foudroyés par l’horreur. Un massacre. Oui, la mort. La mort qui rôde, la mort qui guette et qui se frotte les mains. Qui écrase. Qui torture. Qui massacre. Qui tue. Machinalement. Des vies. Des couleurs. Des espoirs. Des rêves et des réalités. Du bonheur et un chemin. Rasé. Détruit. Et le sang, qui coule, qui gicle de partout. Mon sang. Ton sang. Notre sang. Oui, on a voulu nous détruire. On a voulu nous anéantir. Effroyablement. Lamentablement. Minablement. Fort… Fort… Comme un hymne. Qui monte. Et monte. Encore et encore. Brouhaha. Murmures. Fort… Fort… Formidablement. Un mot. Une pensée. Solidarité ! Main dans la main. Ne pas céder à la peur. C’est la terreur qu’ils veulent répandre. Nous interdire de vivre. Bannir la liberté. Et Incompréhension. Impuissance. Tristesse. Colère. Rage. Désespoir. Violence. Haine. Je comprends. Je comprends ! Mais à quoi bon ! Fort… Fort… Formidablement ! Et toutes ces différences ? Faisons-en une force ! Fort… Fort… Soyons forts ! Formidablement ! N’oublions jamais. Il faut vivre. Formidablement. Ne pas se laisser mater. Ne pas se laisser massacrer. Nous sommes forts ! Formidablement, et vivre ! Vivre pour tout ces morts ! Une revanche terrible. Redoutable. Justice implacable. Intransigeante. Fort… Fort… Existons ! Levons-nous ! Formidablement !  Oui, nous devons vivre. Formidablement. Et respirer. Formidablement. Nous devons rire. Formidablement. Espérons. Croyons en l’avenir. Formidablement. Personne ne connaît LA solution, alors cherchons la. Tous ensemble. Formidablement. Et avançons !

 

 

-Vous êtes formidable(s) !  

lundi 16 novembre 2015

Herbier lunaire

Selenae longiflora
Le genre Selenae est le premier genre endémique de notre satellite. L'espèce longiflora regroupe les variétés à sépales et pétales outrepassés, caractéristiques de l'hémisphère sud de la face cachée. Comme toutes les espèces du genre, elle est violemment toxique.

Papaver nocturnum
Le pavot de nuit est blanc, et pousse dans les cratères de la face cachée. Les capsules contenant les graines triforées exsudent un latex volatile très hallucinogène, utilisé dans les rites chamaniques des nomades lunaires.

Capsicum solaris
Le piment solaire pousse sur les cimes des cratères, face visible. On en dénombre 233 variétés, plus un nombre incalculables d'hybrides avec les espèces terriennes. Les fruits de la variété negra – dite de l'étoile noire – sont si concentrés en alcaloïdes irritants qu'il a fallut revoir l'échelle de Scoville.

Opuntia gigantea
Issue de l'adaptation lunaire des oponces terriennes, l'oponce géante étale ses raquettes sur la mer de la Tranquilité. Grâce à la gravité moindre, les spécimens atteignent facilement les trente mètres de haut, et les raquettes deux mètres de diamètre. Les épines de vingt centimètres de long sont recouvertes – comme le reste de la plante – de poils urticants. Les fruits servent à produire du moonshine, la liqueur emblématique de la Lune.

Aeonium ferris
Conçu à l'origine pour dépolluer les terrains industriels, l'Aeonium ferris s'est fait une place dans la flore sélène. Son aptitude à fixer les métaux lourds dans ses feuilles y est pour beaucoup. Les habitants de Luna 12 se sont spécialisés dans la culture sur barre de fer de la variété Razor, dont les feuilles peuvent dès lors directement servir de lames, sans nécessiter aucun affûtage.

Citrus eos
Le citron de l'aube, ainsi nommé à cause du dégradé typique de rouge vers le jaune de ses fruits, ne se trouve que sous serre.

La non-photo

Qui aurait pu la prendre ? Personne n'était là – à part le protagoniste, bien sûr. Oh il y avait des gens, plein même, mais aucun avec une raison de la prendre. Ou peut-être que si. C'était un quai de gare, après tout. On prend des photos sur un quai de gare, non ? Peut-être a-t-elle été prise, d'ailleurs, peut-être qu'elle a servi de fond à une autre, de départ, d'adieu ou d'au revoir, plus parlante que celle-ci. Il y a peu de chance, quand même. Rares sont les photos prises sous la pluie. Le ciel gris, entre les rails et les cathéners, sur fond de béton et de terre rouge, avec juste le contrepoint orange brillant des lampadaires et des affichages lumineux. Qu'est-ce qu'elle a d'intéressant, cette scène, pour que quelqu'un ait eu, comme ça, l'envie de la fixer sur pellicule, écran ou carte mémoire ? Pas grand-chose, il faut bien l'avouer. Et, s'ils l'ont fait, pour sûr se sont-ils intéressés à eux-mêmes, rien d'autre. Pourquoi documenter cette gare infâme sous la bruine ? Pourquoi s'attarder sur ce type en T-shirt, un sac sur le dos et l'autre à la main, en train de regarder le train qui ralentit le long du quai ? Aucune raison, aucune. Vraiment aucune.

Édouard

Édouard était comptable.
Heureusement, l'agence qui l'employait fit faillite.
Malheureusement, Édouard retrouva très vite du travail, chez la concurrence.
Heureusement, il hérita bientôt d'un dossier trouble, ou disons, plein de trous.
Malheureusement, le détenteur dudit compte apprécia grandement les services d'Édouard, et le débaucha pour ensuite l'embaucher.
Heureusement, ce nouveau patron – suite à un différend financier – fut bientôt retrouvé avec la cervelle hors de la boîte crânienne.
Malheureusement, la femme de feu son patron reprit les choses en mains, Édouard y compris. La femme d'Édouard n'apprécia guère.
Heureusement, la fille du mort défia sa mère – la femme. Au maniement du couteau elle n'était pas très douée, et dans la tombe elle emporta sa mère, avec elle.
Malheureusement, la femme d'Édouard était déjà partie, avec le frère de la fille – le fils, donc.
Heureusement, le fils ne savait pas vraiment piloter, aussi des lagons paradisiaques qu'il lui avait promis ne goûtèrent-ils que le fond.
Malheureusement, Édouard devint donc calife à la place du calife.
Heureusement, la police l'avait à l'œil.
À suivre…

Semaine

Aujourd'hui, un grand sac de rien, avec une triade anglais-français-italien qui surnage, sourde.
Hier, un anneau et deux comptes-rendus. Le sien, tout en blanc, le mien, tout en noir.
Dimanche, séisme. À peine. Turbulence plutôt. Vague remous. Mais tsunami aussi. Rouge. Claque sur béton, notes qui crient. Lampée absente.
Samedi, branle-bas de combat. En alternance avec flemme en fin de journée.
Vendredi, dodo. Si seulement. Carillon sous os.
Jeudi, noyade dans bulles en bottes, quatre fois. Russes fous, aussi. Esprit, es-tu là ?

Ne pas avoir et ne pas être

J'ai pas toujours raison
Je suis pas stupide
J'ai pas de chance
Je suis pas trop mal tombé
J'ai pas mal
Je suis pas bien
J'ai pas fini
Je suis pas au début
J'ai pas de plan
Je suis pas perdu
J'ai pas confiance
Je suis pas prudent
J'ai pas la solution
Je suis pas à court d'arguments
J'ai pas d'attentes
Je suis pas patient
J'ai pas d'égo
Je suis pas transparent
J'ai pas d'expérience
Je suis pas trop mauvais
J'ai pas la bonne tête
Je suis pas où j'aurais dû

vendredi 13 novembre 2015

le cliché pas fait

La plage, une fin d'octobre, cette année là la rentrée était tardive mais tous les touristes étaient partis. Nous étions seuls sur le bord du lac, vous mes enfants et moi. La lumière dorée d'un été indien se reflétait dans l'eau, la nature retrouvait son calme, elle semblait se reposer de ces étés agités. Sur les berges les arbres commençaient à jaunir, les sapins pointillaient de vert la colline. Une douceur immense enveloppait le paysage, la température était idéale et des filaments de brume se faufilaient dans la forêt. Les chalets en haut du pré s'endormaient dans une grande paix, le nôtre respirait dans les volutes de fumée s'échappant de la cheminée, il nous attendait. La journée s'étirait et on nageait dans ce silence infini, quelques vaguelettes produites par nos mouvements faisaient frissonner l'onde, des éclats d'argent se mêlaient alors au gris des fonds. Un écureuil sur les galets nous regardait étonné de nous trouver là à cette période de l'année. Au loin, une barque de pêcheurs, sans doute la première sortie pour le brochet, elle se balance dans ce temps arrêté.
Un pur bonheur que nos corps baignés dans cette nature sauvage !
Un cliché l'aurait il fixé davantage ?

samedi 24 octobre 2015

page blanche

Mardi 20 octobre,
J'ouvre mon cahier sur une double page blanche; blanche, pas tout à fait, c'est plutôt un blanc ivoire, une légère pointe de noir ou une goutte de café semble avoir atténué l'éclat de la pureté. Depuis quelques minutes cette page beige attend le gris de mon crayon, non pas pour ombrer un quelconque dessin mais pour  m 'inviter à coucher des mots bien rangés. Elle veut m'obliger à assagir mes griffonnés habituels qui occupent d'ordinaire l'espace de mes feuilles de bas en haut, de droite à gauche, qui montent, qui descendent sans aucune rigueur. Ces pages vierges sont en effet agrémentées de fines lignes bleutées parfaitement parallèles, elles m'évoquent une voie ferrée en attente de train , de trains de mots sagement ordonnés. Pour l'instant, je ne vois que des rails sans locomotive, sans wagons, aurai-je loupé le départ?, j'étais peut être en retard, surprenant  ce n'est pas dans mes habitudes! La pendule de la gare a sans doute perdu ses aiguilles et les voies désaffectées ne savent plus où aller. Je vais attendre le prochain départ, on verra , je trouverai bien un quai annonçant un convoi en partance. Si l'attente est trop longue, je regarderai l'herbe pousser sur l'asphalte, je jouerai avec les graviers et laisserai mes valises en consigne. Le mathématicien des destinées devra reprendre ses calculs, abandonner la rectitude, croiser les parallèles pour me redonner des ailes. je mordille mon crayon en attendant le sifflet d'un hypothétique chef de gare qui  ferait sursauter mon imagination.
Sur la page de gauche, je vois des mots en transparence, je ne peux les déchiffrer , les phrases s'en sont aller dans le train de ma mémoire, les lettres sont serrées, j'avais du emprunter un TGV ce jour là, j'étais pressée de livrer quelques messages à moi, à toi, à elle, à lui, à eux. A moins qu'il ne s'agisse d'une histoire, l'histoire de qui, je ne sais pas peut être de moi ou de lointaines princesses et rois.
Avant d'écrire quoi que ce soit , je vais tourner les pages, les pages de droite vers des chemins à découvrir ou les pages de gauche vers un passé à relire.
Finalement, je vais fermer ce cahier, dessiner un point au creux de ma main, fermer le poing pour le réchauffer et quand mes doigts s'étireront, les mots jailliront, ils viendront se coucher non pas sur les lignes mais dans les interlignes au gré de leur fantaisie.
Le train est reparti!Pas besoin de conducteur, le fermeture et l'ouverture de ma main contrôlent la vitesse et servent de dictionnaire.

mercredi 21 octobre 2015

A TOI!

Tu trônes rouge et palpitant au milieu de nos corps.Tes battements réguliers comme les secondes d'une horloge résonnent dans nos oreilles lorsque le silence de la nuit tombe sur notre angoisse.
Fragile et en même temps indispensable il suffirait que tu t'arrêtes pour qu'on quitte la vie!
Or le matin nous t'ignorons et nous rendons à peine compte que tu es toujours là.Tu es une "habitude" sans importance. Pourtant tu te manifestes à nous au fil de la journée : tu accelères,tu t'emballes quand tu aimes,tu es blessé quand on te touche!
Dans tous les cas je voudrais que tu saches que je ne t'abandonnerai pas et autorise ta "transplantation" en cas de besoin sur un autre corps différent du mien lorsque je cesserai d'exister.
Ainsi tu pourras toujours continuer à battre et à te battre pour une autre vie d'Espoir!

dimanche 11 octobre 2015

Les choses...

Les choses vont de mal en pis
Les gens vont de mal en pis
Les gens sont de pire en pire
Les gens sont de pire en mieux
Les chiens sont de pire en mieux
Les voisins sont les pires envieux
Les oursins sont les pires anxieux
Les oursons sont les poires soucieuses
Les paires soucieuse, ce sont les oursons
l'épais sourcil, arrêtons les oursons

Une paysanne trait sa vache

Oh la vache !
A l'eau la vache !
La vache c'est de l'eau
La vache fait son veau
La vache fait son voeu
Le mouton fait son voeu
Le bouton fait du vieux
Le bourdon fait du mieux
Le bouton fait du vieux
Le vieux bouton fait


samedi 10 octobre 2015

Cadavre exquis ?

Qu'est-ce que le don ?
- C'est comme une fleur fanée.

Qu'est-ce que la recherche ?
- Une mauvaise habitude.

Qu'est-ce qu'un beau pied ?
- C'est le pourquoi du comment.

Qu'est-ce que le grand frisson ?
- Une tombe ouverte.

Qu'est-ce qu'une escapade ?
- Une fuite.

Qu'est-ce qu'une basse cour ?
- C'est une belle herbe bien grasse.

Qu'est-ce qu'une bonne nuit ?
- Une cerise picorée par les moineaux.

Qu'est-ce que la dignité ?
- C'est une grande idée du vide.

Qu'est-ce qu'un escalier ?
- C'est avoir de l'argent.

Qu'est-ce que la vérité ?
- C'est des montagnes russes qui donnent envie de vomir.

Qu'est-ce que le doute ?
- La tristesse incarnée.

Qu'est-ce qu'aimer ?
- C'est la vie.

Qu'est-ce que la joie ?
- Quelqu'un qui a toujours fin.

Qu'est-ce qu'un policier ?
- La jalousie.

Qu'est-ce que résister ?
- Ce qui est perdu, ce qui est gagné, la pourriture sous la Lune…

Qu'est-ce que la faim ?
- C'est pas du boudin.

Qu'est-ce que le bon temps ?
- C'est l'inverse de la procrastination.

Qu'est-ce que la vie ?
- C'est une longue histoire qu'il vaut mieux ne pas évoquer aujourd'hui.

Qu'est-ce qu'un illyssia ?
- La fin du monde.

Qu'est-ce que l'enfance ?
- C'est l'harmonie entre les choses.

Qu'est-ce que la vie ?
- C'est une plume dans un nid.

Qu'est-ce qu'une belle chose ?
- C'est un plaisir.

Pourquoi manger ?
- C'est le beau temps !

Qu'est-ce qu'une trottinette ?
- Quand la bouteille de vin qui ouvre il faut boire.

Qu'est-ce qu'une farandole ?
- Le mistral noir dans le ciel bleu.

Qu'est-ce que le bleu ?
- C'est se documenter.

Qu'est-ce que la réincarnation ?
- C'est comme un chemin vers le ciel !

Qu'est-ce que le manque ?
- Un ogre très poli.

Qu'est-ce qu'un tribunal ?
- C'est un mouton qui rugit sur la voûte céleste.

Qu'est-ce qu'un alcoolique ?
- C'est une couleur profonde.

Qu'est-ce que la vérité ?
- C'est les congés payés.

Qu'est-ce qu'on a besoin dans la vie ?
- Une vaguelette sur une mer d'huile.

Qu'est-ce que le bonheur ?
- C'est un rêve qui soulève les nuages.

Qu'est-ce qu'un bon livre ?
- C'est un rouge cramoisi.

Qu'est-ce que le nirvana ?
- C'est la poursuite des jours.

Qu'est-ce qu'un dégonflé ?
- C'est l'origine de l'univers.

Qu'est-ce qu'un archange ?
- C'est un caribou sorti d'une boîte.

Qu'est-ce que le dimanche ?
- C'est l'attente blottie dans le noir.

Qu'est-ce que c'est ?
- C'est un œuf à la coque.

Qu'est-ce que vivre paisiblement ?
- Une fourmi paresseuse.

Qu'est-ce qu'un revenant ?
- C'est un jour de fête.

Qu'est-ce que la faim ?
- C'est l'odeur du premier gâteau.

Qu'est-ce que le Père Noël ?
- Un voyage interplanétaire.

Qu'est-ce qu'un éléphant bleu ?
- Des mots, toujours des mots, encore des mots. Que reste-t-il ?

Qu'est-ce qu'une mère poule ?
- C'est un sentier qui se perd et nous conduit vers le vide…

Qu'est-ce qu'une main tendue dans le vide ?
- C'est se perdre dans le noir.

Qu'est-ce que la solidarité ?
- C'est la vérité pure et nue.

Qu'est-ce qu'un fruit mûr ?
- C'est une bulle de savon qui hésite à éclater.

Qu'est-ce qu'un artiste ?
- C'est la nuit quand il n'y a pas de bruit.

Qu'est-ce que la douceur ?
- C'est la vérité qui blesse et qui fait mal.

Qu'est-ce qui me fait aussi peur ?
- Le meilleur moyen d'aller d'un point A à un point B.

Qu'est-ce qu'un sens ?
- C'est un pirate qui joue au Sudoku sur Mars.

Qu'est-ce qui chat écorché ?
- La fureur.

Qu'est-ce qu'un beau regard ?
- Une chaise trouée.

Qu'est-ce qu'un vélo ?
- C'est l'air qu'on respire.

mercredi 7 octobre 2015

Discours bien particulier de L'Arbre Quadricentenaire


Au milieu de la place Sainte-quelque-chose, il y a cet arbre qui domine tout. Et tout le monde. Du haut de son tronc puissant et solide, enraciné au sol depuis l’an de grâce 1602, cet arbre… Bah ! C’est moi ! Je n’ai ni nom,  ni âge. Ce « 1602 » a été gravé sur mon cœur, bien malgré moi, de façon à ne plus pouvoir l’oublier. Je n’ai ni nom, ni âge. Du moins, d’après mes lointains souvenirs. Je suis vieux, certes, très vieux, et presque éternel ! Et des souvenirs, j’en ai beaucoup ! Ils me reviennent quand ça leur chantent, le plus souvent lorsque le vent souffle dans mes branches… C’est alors qu’une certaine nostalgie et une solennité me gagnent, propices à l’Inspiration. Certains souvenirs me sont plus chers que d’autres. Plus précieux, car je dois l’avouer, ils me rengorgent de fierté, et ça n’est pas désagréable ! Je me souviens d’une famille de miséreux qui s’était abritée sous mes solides branches, un soir de pluie. Comme quoi, j’ai depuis ma jeunesse une très grande prestance !  Jamais je n’ai pu oublier les sanglots du garçonnet qui réclamait son quignon de pain. Jamais je n’ai pu oublier la voix démunie de la mère lui rétorquant de manger ses doigts, et que peut-être, sa faim disparaîtrait. Pauvre petiot ! J’avais essayé de lui tendre bien charitablement quelques unes de mes plus belles feuilles, mais ce vilain garçonnet les as capricieusement refusées, ses larmes d’enfant se mêlant aux gouttelettes de pluie en un océan de tristesse. L’océan ! Des illuminés en parlent quelques fois. Oui, je suis bien indiscret d’écouter les conversations d’anonymes, je le confesse bien volontiers. J’aurais bien voulu le voir, l’océan. Le découvrir. Le contempler. Je me contente donc de le rêver. Mais hélas ! Je suis damné à enracinement éternel ! Tant de rêves de voyage et d’aventures brisés ! Quelle malfaisante sorcière aurait donc bien voulu me jeter un tel sort? Cette damnation a fait de moi, un observateur aguerri et un esclave du temps.

Je me souviens aussi de cette ravissante marchande de fleurs qui vendait des bouquets sur la place, en tenant son âne par la bride. Même ma feuille la plus flamboyante et la plus digne, à l’apogée de l’automne, n’aurait pu rivaliser avec la plus piteuse de ses fleurs. J’en tremble encore de jalousie ! Je la voyais souvent sur la place Sainte-quelque-chose (pardonnez-moi, j’en ai oublié le nom !) La première fois que je la vis, ce fut à la pointe de l’automne, alors que moi, je perdais une à une mes plus belles feuilles, et endurais des souffrances atroces ! Quel malheur ! Elle portait alors une robe qui dansait à la brise du vent, et elle avait l’air fort sympathique. Malgré mon supplice abominable, je me tus avec une vaillance qui encore me rengorge aujourd'hui de fierté ; je ne voulais pas l’effrayer ; et si j’eus crié, elle serait aussitôt partie, tremblante de peur, plus ne plus jamais revenir. J’étais bien désolé pour elle, car personne ne s’intéressait à elle. Sauf moi, qui aimait bien l’observer. Les passants oublient souvent, que moi, l’Arbre, enraciné depuis l’an de grâce 1602, ait une âme, et une conscience. Et laquelle !

Les passants cruels et sans cœur, écrasaient brutalement mes pauvres feuilles, jonchant lamentablement au sol. J’en tremblais d’indignation ! Et encore aujourd'hui d'ailleurs ! (Mais je tremblais si légèrement, que naturellement personne ne me remarqua ! ) Personne… sauf la ravissante marchande de fleurs. Elle leva alors la tête vers moi, et nos regards se croisèrent. Elle lut dans mes malheureux yeux ma révolte, mon impuissance, et me sourit, pleine de compassion. Les quelques feuilles qui me restaient s’empourprèrent de décontenance ! C’est alors que la marchande de fleurs ramassa une à une mes pauvres feuilles tombés au sol, et les collecta dans son panier, essuyant bravement les moqueries des passants si cruels et sans cœur. Elle mis le panier sous mon tronc et y déposa ses fleurs. Elle me salua fort respectueusement puis s’en alla, parée de toute la grâce des fleurs qu’elle m’avait laissées. Elle ne revint jamais… Depuis, chaque automne je me démène à faire pousser les plus splendides feuilles qui soient, devenant chaque an plus belles les unes que les autres ; dans l’espoir qu’elle reviendrait. J’attends, j’attends. D’une patience inouïe, je m’en rengorge chaque jour de fierté. J’attends, j’attends qu’elle revienne, car elle fut la seule Humaine à me comprendre, à daigner de me regarder avec le respect qui m’est dû. J’attends, j’attends, péniblement, mais j’attends. Je suis un arbre paré de toutes les grâces, et il n’en existe pas un plus beau que moi, sachez-le ! Si vous daignez me regarder avec le respect qui m’est dû, venez alors me rendre visite à la place Sainte-quelque-chose. À force de remuer tant de souvenirs, d’autres sont revenus… Dont mon nom. Et lequel ! J’en rengorge encore aujourd’hui de fierté. Je suis… Je suis… L’Arbre Quadricentenaire… Et j’attends votre visite !

PS : Prenez votre temps ! Par chance je suis infaillible, par conséquent, je suis donc éternel. (Je m'en rengorge encore aujourd'hui de fierté!)
 
Christina

Oma ! De blanc, et de lumière !


Il y a Moi, quelque part dans une vallée semée de brouillard. Où suis-je ? Je ne sais pas. Qui suis-je ? Je ne sais pas. Des rires lointains parviennent à mes oreilles. Comme un écho qui vient puis repart. En silence. J’avance de quelques pas.  Et une tristesse passagère s’échappe des quelques arbres alentours. Je n’ai pas peur. Quelque chose d’apaisant m’entoure. M’enveloppe. C’est étrange. Je poursuis mon chemin dans ce désert de vie. Un bruit sifflant et régulier entrecoupe le calme des lieux. Quelque chose de vif, de saccadé. Ma respiration… Je suis donc bel et bien consciente. Je flotte. Mes pensées voguent dans l’air. Quelques images floues et vaporeuses me reviennent. Des tons de noir, de gris, de blanc et de lumière en sortent… Oui. Je suis Seule. Effroyablement. Désespérément Seule. Et puis, il y a d’un coup ce voile d’argent immaculé qui s’élève dans l’air. Est-ce un Ange venu me sauver ? Qui suis-je ? C’est une clarté toute singulière. Aveuglante. Rassurante. Je lève les yeux mais rien de noir, rien de gris. Que du blanc. Et de la lumière. Suis-je sauvée ? Mais de quoi exactement ?  Une chose renaît en moi. Renaît sur mon visage. Une chose mouvante. Qui se cache en temps de désolation et réapparaît à la lumière. Peu à peu, les traits se dessinent. Les contours prennent forme. Prennent vie. Le chemin d’or et d’air se dévoile. Apparition. Comme une voie toute tracée menant au Paradis, puisse-il seulement exister. Je cours. Je veux attraper cette lumière. La faire vibrer. La faire vivre à travers moi. La saisir pour moi toute seule. Mais qui est donc ce « moi » ? Qui est-il ? Je cours. Je cours, je ne peux plus vite. Mes pas touchent l’air. Mes pas touchent le sol. La terre ferme. La réalité. Cesse donc de rêver, mon enfant. Une silhouette apparaît dans le lointain. Je marche. J’ai peur. Dans le blanc, et la lumière aveuglante, et rassurante, j’ai peur. Car il n’existe rien de plus blanc. Rien de plus aveuglant. Rien de plus rassurant. Le noir, le gris réapparaissent. Comme par enchantement. Ouf ! Mais… Que fais-je là ? Je m’approche de cette silhouette. Les couleurs, les tons, les rires et les souvenirs me reviennent. Oma ! Je cours ! Mes pas touchent l’air. Mes pas touchent le sol. La terre ferme. Je cours ! Oma ! Mon visage pleure. Oma ! Je me jette vers elle. Et Oma m’accueille dans ses bras. Rassurants. Je suis sauvée ! Le chemin d’or et d’air disparaît. Pourquoi t’es-tu aventurée si loin ? J’ai rêvé, Oma ! J’ai rêvé ! De blanc, et de lumière ! Et là, je me tourne vers Oma. Et je vois. Du blanc, et de la lumière. Des cheveux blancs et un sourire plein de lumière. Oma me prend la main. Me sourit. Et nous avançons sur un chemin de vie et de couleurs vives. Oma ! J’ai fait un rêve si étrange…

 
Christina

samedi 4 juillet 2015

En son for intérieur... Bernard Marie Koltès - Combat de nègres et de chiens

Eleanor Smith
De longs cheveux gris, retombant en vagues, de magnifiques yeux de couleur vertte pâle, on dirait ceux d'une chatte.
En son for intérieur, une lente musique douce et mélancolique, une complainte joyeuse jouée au piano.

Manuel Lepic-Goncalvez
D'abord une peau cuivrée, tannée par le soleil et les travaux d'extérieur. Ensuite des mains, massives, caleuses, marquées, griffées, rugueuses, puissantes.
En son for intérieur, un oiseau, sautillant, un pinson, curieux et prêt à s'envoler quand sa liberté est menacée.

Louise Delambre
Peau parfaite, grain régulier, visage rond, poupée au sourire figé, cheveux tirés en arrière, attachés en chignon bien sûr, port de tête royal.
En son for intérieur, une pièce étroite, sombre et sans fenêtre, fermée à clef, une fillette oubliée.

Manuel travaille chez les Delambre. Il entretient le jardin une fois par mois, parfois plus fréquemment si on le lui demande. Il aime bien aller chez les Delambre, ils sont guindés, ampoulés, presque snobs c'est vrai, mais ils restent corrects et ils paient bien pour le travail effectué. Mais surtout il y a Louise... Manuel aime observer cette fille si jolie et si lointaine. "Cette gamine a l'air absent" pense-t-il. Il espère trouver l'occasion de pouvoir lui parler, un jour.
Louise n'est pas très bavarde, elle a peu d'amis, sauf cette dame qu'elle a rencontré il y a quelques temps au parc, à qui elle se confie de temps en temps. Elle ne sait rien d'elle, à part son prénom. Eleanor... C'est beau Eleanor, c'est peu commun...

Selfies ...à la maniere de Sylvie Weil

Moi, m'ennuyant à une réunion de travail
Une table ronde, des gens autour, 
Quelqu'un au tableau présentant des diagrammes de Venn,
Une fenêtre, vue mer... 

Moi, préparant un chili con carne
Plan de travail surchargé, 
Poivrons, Tomates, Oignons coupés en dés, 
Chef cuistot totalement dépassée

Clapotis, Torpeur, chaleur...
Soleil mordant
Moi, bronzant, face à la mer, sur un rocher

En colère
Grande agitation
Profonde exaspération
Impatience qui ne dit pas son nom

Je la cherche du regard, je la trouve enfin, 
toute petite, si mignonne, 
regard embué, embrumé, regard émerveillé
Moi, assistant au spectacle de danse de ma petite nièce

Visage Paysage Marie Pierre

Le visage est doux,
des mèches blondes viennent caresser la joue droite, de légères rides marquent le sourire.
C'est un sourire franc, de toutes les dents, et les yeux bleus ajoutent leur étincelle à l'ensemble.
Le regard est profond... Gravité et ironie...

Visage Paysage Jeanine

Sur ce visage, chaque détail compte,
comme dans un tableau pointilliste les touches sont précises, distinctes et forment un tout harmonieux.
Une peau hâlée, un front dégagé, très peu marqué,
Quelques mèches de cheveux blonds apportent ce qu'il faut de légèreté et de douceur,
Une bouche fine et maquillée, surement plus par élégance que par coquetterie,
Des sourcils fins et travaillés.
Les yeux fermés, on la sent paisible et calme.
Mais dès que les yeux s’ouvrent, tout se réveille : les yeux rient, la bouche sourit et c'est tout le visage qui devient espiègle. On peut y lire la joie et deviner des souvenirs heureux.

Visage patchwork

J'imagine un visage qui aurait...
la bonne mine de J. Une touche de soleil, de miel et d'horizons lointains, 
les yeux bleus de M. pour tout analyser
la bouche de B. pour le sourire espiègle,
la mâchoire carrée de M.P. pour la détermination, 
la barbe poivre et sel de P. pour la maturité,
et les cheveux épais et en chou-fleur de M. pour la folie !

mardi 16 juin 2015

Nouvelles en trois lignes à la manière de Félix Fénéon

Il voulait tout faire flamber. Idée peu flamboyante car seule sa voiture, pas vraiment flambant neuve, flamba.

M. Troupier, boucher, s'est tranché le doigt.
M. Ridoit, tripier, s'est écorché le pied.
Couteaux et querelles ne font pas bon ménage.

Troisième jeune homme retrouvé mort chez Mme Sapin. Officiellement, accident. Meutre, murmure la rumeur. La veuve n'est pourtant pas noire.

M. Riclou, clerc, avait perdu ses clés. Claude C. clochard, les lui a rapportées. Éclosion d'une belle amitié.

Mme Richard, adjointe au maire, n'aime pas les Noirs. « Ce n'est pas du racisme, assure-t-elle, c'est de la négrophobie. » Le CRAN à cran.

Bébêtes

Les Silonnes sont besogneux. Toute la journée ils travaillent, et la majeure partie de la nuit aussi. Tout le temps la machine silonne tourne, jamais elle ne s'arrête. Les Silonnes se relaient sans cesse pour maintenir le rythme. La machine doit tourner. Pour qui pour quoi, ils ne savent pas. Ils n'ont aucune idée d'à quoi sert leur travail, à quoi sert la machine, mais ils le font, sans jamais se plaindre. Pour un Silonne, le résultat, le pourquoi, importe peu : seul le travail compte.

Les Ajabres parlent. De tout et de rien. Ils passent leur temps à parler, ne prennent même pas la peine de s'arrêter pour manger, ni pour dormir. Il est de coutume pour un Ajabre de s'assoupir au milieu d'une phrase, d'un coup, pour ensuite la reprendre comme si de rien n'était lorsqu'il se réveille. Oui, les Ajabres sont tous narcoleptiques. Une grande partie de leurs discussions consiste à se mettre au courant de ce dont les autres discutent. C'est en discutant des autres discussions qu'ils ajoutent parfois une réflexion propre, au passage, qui vient relancer ladite discussion. Il va sans dire que la plupart de celles-ci tournent en rond, et que les autres ne vont nulle part.

Les Tourpozinthes ne bougent pas, ou quasiment. Ils vivent sur leur tas, qu'ils l'aient extirpés des mains de quelqu'un – usuellement leur géniteur/trice – ou qu'ils l'aient amassé eux-même. Un tas de tout et de n'importe quoi. Ce qui le compose n'est pas pertinent, seul le tas importe. Sa taille surtout. Plus grand le tas, plus important le Tourpozinthe. Mais gare aux voleurs, ils sont légions parmi les Tourpozinthes, principalement au sein de leur propre famille. Un Tourpozinthe passe sa vie à défendre son tas contre les appétits étrangers, en sus de travailler à son agrandissement. Il la perd souvent de la même manière.

Cuisiner

Retrousser ses manches. Débarrasser la table. Laver. Rincer, essuyer, frotter et re-rincer.

Ouvrir le livre. Lire. Compter. Comprendre. Réfléchir. Chercher. Changer d'avis. Vérifier. Re-compter. Se décider.

Ouvrir le placard. Explorer. Faire ses emplettes. Tout disposer. Vérifier. Remplacer. Improviser. Choisir. Inventer.

Sortir la planche. Aiguiser. Éplucher. Tailler, trancher, ciseler, émincer. Détailler. Presser. Ouvrir. Épépiner. Peler, piler. Écraser, réduire en purée. Moudre, râper, émonder.

Ouvrir. Vider. Nettoyer. Écailler. Lever.

Écaler. Casser. Pocher.

Beurrer, huiler. Jeter, faire rissoler, revenir, suer, dorer, caraméliser. Saisir, rôtir, griller. Chemiser, frire. Confire. Braiser. Faire mijoter, frémir, bouillir, réduire, épaissir. Déglacer. Lier.

Attendre. Laisser de côté, réserver. Touiller, mélanger. Écumer. Laisser reposer, refroidir, prendre.

Mesurer. Peser. Incorporer. Mêler. Creuser. Faire fondre, ramollir. Battre. Faire mousser, monter, émulsionner. Enfourner.

Assaisonner. Relever. Ajuster. Goûter.

Verser. Disposer. Mettre en place.

Servir.

Manger.

L'œuf

Un œuf. De poule, pour être précis. À consommer avant le 26 avril apparemment. Date à prendre en considération puisqu'il est cru. Date inscrite en symboles roses sur la coquille couleur chair, symboles originellement droits mais que l'application sur cette surface non euclidienne, même pas ellipsoïdale, a déformées suivant une transformation que je suppose analytique. Il me semble en effet que les équations de la forme de l'œuf – aussi particulière soit-elle – sont explicitables. Au moins approximativement. Je parle bien sûr de l'enveloppe de l'œuf, de son abstraction mathématique. Vue de près, la surface de calcaire est loin d'être lisse. Elle est bosselée, ridée. Elle ressemble à de la peau, n'était la relative dureté que lui confère le minéral. La couleur aide. On y trouve des tâches de rousseur et, chose étonnante, des nævi. Des rides qui pourraient passer pour des vergetures aussi. Elles sont plus ou moins parallèles, sur toute la circonférence, de la tête au cul de l'œuf. Elles suivent les lignes de tension de la structure, longitudinales comme il se doit pour cet objet oblong. La physique règne aussi sur lui, tout vivant qu'il aurait pu être. Il est inerte cependant, rocheux, plus planétoïde que sac de peau. Point de cratère cependant, mais une fine poudre blanche, poussière lunaire ou cométaire, étalée sur sa surface, disparue là où mes doigts l'ont trop tenu. Un astre dûment répertorié, ceci dit. Labélisé 1FRLEQ01. Code-barre mystérieux, témoin de l'inclusion de l'œuf dans un système plus grand, un univers qui va bien au-delà de lui. Et de moi-même du coup.

Saisons

Printemps, c'est le début, encore
Été, c'est le repos, je dors
Automne, c'est le travail, l'effort
Hiver, c'est l'eau qui tombe, dehors.

Mars et les giboulées
Juin passé à glander
Septembre et la rentrée
Décembre y retourner.

Instructions pour ouvrir une porte

Vous vous trouvez devant un panneau de bois d'environ 70cm sur 2m, serti dans un encadrement lui aussi en bois, lui-même marquant la seule issue dans cette large surface blanche et impénétrable en placoplâtre dont le nom est « mur » dans la terminologie adéquate.
Ne paniquez pas.
Ne tournez pas les talons, ne vous enfuyez pas en hurlant à la mort, tout va bien se passer.
Les instructions que vous avez entre les mains sont là pour vous aider. Suivez-les à la lettre, et vous vous retrouverez bientôt de l'autre côté du « mur ».
En premier lieu, il convient d'analyser la situation. À quel type de porte avons-nous affaire ? Étudiez soigneusement le mécanisme auquel vous êtes confrontés.
* En quelle matière est construite la porte ?
* Dispose-t-elle d'une « poignée » ?
* Si oui, où se situe celle-ci ? Quelle est sa forme ?
* Les « gonds » – pièces mobiles permettant à la fois la fixation et l'ouverture de la porte – sont-ils apparents ? De quel côté se trouvent-ils ?
Il convient également d'examiner l'encadrement, ou « tour de porte », sous toutes les coutures. Une fois tous ces éléments en main, vous pouvez vous reporter au tableau de détermination des types de portes, qui vous redirigera vers le chapitre approprié pour en réussir l'ouverture.

Porte mono-battant à poignée quart-de-tour, dite porte « classique »

Vous vous trouvez donc devant le type le plus commun de porte, un des moins dangereux et également un des plus aisé à maîtriser. Attention toutefois, cette espèce peut parfois se montrer rétive, en particulier si improprement ou incorrectement manipulée. Restez donc concentré(e).
Approchez-vous à 75% de longueur de bras de la porte. N'ayez pas peur, à ce stade elle ne peut absolument rien vous faire. Examinez soigneusement l'encadrement de la porte. Celui-ci en recouvre-t-il le pourtour ? Si oui, cela signifie que vous vous trouvez du côté « pousser » de la porte. Sinon, vous êtes de son côté « tirer ». Il est important de déterminer correctement le côté de la porte auquel vous faites face, sous peine de grandement compromettre vos chances de réussir à l'ouvrir. En cas de doute, vous référer au chapitre 32.
Une fois le côté déterminé, levez le bras et posez la main sur la branche horizontale de la poignée. Saisissez-la normalement, puis appuyez doucement mais fermement sur cette partie, jusqu'à lui faire accomplir un quart de tour vers le bas, autour de son axe de rotation. Si cette opération échoue, le type de la poignée a été mal déterminé. Reportez-vous au chapitre 13 pour plus d'informations.
Si vous avez réussi à accomplir la manœuvre précédente, vous pouvez désormais, via la poignée que vous tenez toujours fermement, tirer ou pousser la porte, selon la situation auparavant déterminée. Dans le cas où vous devez tirer, tenez-vous prêt(e) à faire un pas en arrière si besoin est, afin de pouvoir ouvrir la porte en entier. Dans le cas où vous devez pousser, tenez-vous de même prêt(e) à faire un pas en avant. Tirez/Poussez la porte jusqu'à son ouverture complète. Une fois la porte ouverte, vous pouvez lentement relâcher la poignée jusqu'à ce qu'elle retrouve sa position initiale. Félicitations, vous venez d'ouvrir la porte ! Vous êtes désormais libre de la traverser, afin de vous rendre de l'autre côté du mur. Dans le cas où vous souhaiteriez refermer ladite porte, reportez-vous au tome 2 de notre collection, Instructions pour fermer une porte.

mardi 21 avril 2015

L'OEUF


Il n'est ni rond,ni carré,ni pointu
Il est ovale l'oeuf
Lorsqu'il est dur on voudrait soit le peindre en lui donnant un visage humain,soit l'écaler comme on déshabille quelqu'un
Dur c'est mieux pour lui car cru
on l'éclate dans la poèle juste pour notre plaisir
Il tombe parfois de haut
le pauvre
Il est brisé!
Puis cru il n'a pas de chance
car il est souvent battu et mélangé sans qu'il n'ait rien demandé!

Protégé à sa naissance par une mère poule
il pensait devenir quelqu'un
hélàs pour lui le fermier s'en est emparé
Il n'est donc rien d'autre que lui même!

Dans nos assiettes, au plat,mollet,en omelette il nous ramène en quelque sorte à la vie du poulailler d'un village de campagne
Sympa l'oeuf!
A sa vue on entendrait presque le coq chanter
Mais chut...
Il n'est que cinq heure du matin
dans deux heures environ plusieurs personnes tremperont une mouillette dans sa coque sans penser à tout ça!
Bon appetit quand même!

PETITES ANNONCES


-Cherche des points d'interrogations pour clouer le bec aux affirmations
Cherche le pluriel car le singulier se sent un peu trop seul
Cherche toujours "or,ni,car" pour répondre à "mais où et donc"
Cherche une jambe de plus pour le "n" qui prétend qu'on ne l'"m" pas
cherche le "h" qu'on a aspiré!!!

LE PIRE ET LE MEILLEUR!


Aveugle plus que muet c'est ce qu'il y a de pire!
Une mère hurlant sur son bébé c'est ce qu'il y a de pire!
Une blague douteuse,un oeil au beurre noir, une parole venimeuse
C'est ce qu'il y a de pire!
Attachement, détachement c'est ce qu'il y a de pire!
Légions d'honneur,médailles,compétitivité,concours
C'est ce qu'il y a de pire!

Anarchiste, irréaliste c'est ce qu'il y a de meilleur!
Une indienne dans son sari qui sourit à Bouddha c'est ce qu'il y a de meilleur
Des bonbons gratuits interdits par les mères et qui tombent du ciel
c'est ce qu'il y a de meilleur!
Les vapeurs d'alcool dans un délire collectif
c'est ce qu'il y a de meilleur!
Un intellectuel admirant un ouvrier
un ouvrier admirant un intellectuel
C'est ce qu'il y a de meilleur!
Les blancs,les noirs, les jaunes,les rouges
C'est ce qu'il y a de meilleur!
Un plat de spaghettis carbonara du chianti, un expresso
c'est ce qu'il y a de meilleur!
si ma gorge se sèche et que mes yeux pleurent
demain se déploiera et mes yeux riront
"C'est l'adagio des rochers
et le monde s'enflamme
C'est ce qu'il y a de meilleur
Pour moi"

VERBES


Elle se contente d'Etre
Elle parle peu
Elle sait cependant donner sans rien attendre en retour
Elle n'entend pas ce qui ne la touche pas
Elle fuit quand elle ne comprends plus
Elle préfère en rire où se cacher pour oublier
On lui explique
Elle refuse
Elle préfère s'échapper, réver
Elle imagine
On l'ignore à présent tant pis
Partager ? Pourquoi? pour qui?
La solitude déchire mais rassure
Elle respire
elle fume
Elle respecte "les autres"
Qu'on la respecte Elle!
Ils peuvent à leur guise
Aller,venir,crier,travailler s'agiter
se plaindre de tout de rien
s'interroger
Celà ne la concerne plus!
.

lundi 20 avril 2015

Eliette la muette

Eliette, la sixième fille de la famille Rolfe a enfin été mariée. Pas facile de lui trouver un époux, elle parle pas, elle était pas tout à fait finie comme on dit par ici. Sa mère a réussi à lui inculquer les rudiments de cuisine et de couture , bref elle savait tenir une maison. elle n'était pas sotte Eliette , elle raisonnait mais elle restait dans sa tête. Alors Pétrus , il l'avait prise, elle avait une bonne dote, un trousseau, tout ce qui lui faisait défaut au Pétrus. De plus elle était de bonne stature et travaillerait aux champs, il lui expliquerait les sillons, les semences, le maniement de la faux, les lapins ça mangent avant d'être mangés! Elle était courageuse Eliette, pour faire oublier sa différence , elle donnait dans l'excellence. Et le Pétrus c' était pas un mauvais gars,ça ne le gênait pas de montrer l' Eliette à son bras. Il l'emmena dans sa ferme là haut au milieu de nul part. Elle ne manifesta aucun chagrin en quittant les parents, pas plus que de joie en arrivant. Elle n'exprimait rien, ne réclamait rien, heureusement car le Pétrus , il ne les lachait pas comme ça ses écus. Au lendemain de ses noces, elle était à l'étable pour la traite des vaches sans rechigner, tout était dans la normalité, Pétrus et Eliette c'était pour durer.
Elle avait un secret Eliette, elle avait caché dans la poche de son tablier un bracelet garni d'une petite fleur, sa mère lui avait confié , il devait assurer sa maternité. Son époux l'avait surpris mais il l'ignorait, le Pétrus, il était un peu rustre. Quand il l'honorait, elle serrait le bijou dans sa main droite, elle voulait tuer la semence de ce mari sans importance. elle ne voulait plus du passage du bracelet de mère en fille, il n'y aurait plus de fille, elle était la fille du silence, ce silence elle le casserait à jamais.
Elle avait entendu parler de la façon dont on fait les bébés. Alors quand elle accoucha aux champs, elle coupa le cordon, étrangla le nouveau né et l'enterra dans un terrier.
Au tribunal, ils ne comprenaient pas. Comment comprendre, elle ne parlait pas Eliette.
"Je ne parle pas, je peux juste hocher la tête, je ne peux pas expliquer, les sons ne sortent pas, ma bouche est muette, c'est le monde du rien. Rien dire, subir, obéir, même le Pétrus il ne peut pas comprendre, il pleure en me regardant figée sur cette chaise, assaillie de questions. Mais lui aussi il profite de ce rien, alors je ne veux pas continuer, je suis obligée d'arrêter ça, d'arrêter cette malédiction du silence en dehors et du bouillonnement en dedans. Je ne suis pas méchante, regardez, j'ai mis mon chapeau à voilette pour marquer ma tristesse, je ne suis pas mauvaise, j'ai de la peine, le petit bracelet, je ne l'ai pas déchiré, il est là entre mes doigts, vous l'attacherez à la corde qui me pendra, voilà, c'est fini les femmes qui parlent pas, ça s'arrêtera là.

dimanche 19 avril 2015

samedi 18 avril 2015

instruction pour préparer son café

La première chose, choisissez une machine colorée, elle doit bien se voir le matin quand vous êtes encore embrumé, vous n'aurez pas de problème, elles se déclinent dans toutes les couleurs en inox clinquant.
Deuxième étape, l'eau, une drôle d'idée de noircir ce breuvage si limpide, il vous nettoierait l'organisme de ses miasmes mieux que le café, enfin on l'a importé ce café! Il a régalé les cours d'Europe en particulier le bel empire autrichien et il est devenu courant jusque chez nous. Revenons à l'eau, emplir le récipient situé à l'arrière de la cafetière, si vous êtes précis, respectez les traits, 1,2,3, vu votre état matinal allez à 3 au moins. C'est tout pour l'eau.
Venons en au café. Une capsule! Autrefois au moins , on avait l'odeur du café en grains, on connaissait son origine comme pour les grands vins, on rêvait des explorateurs, Bougainville et les autres, on traversait les océans par la senteur de cette nouvelle plante puis on gardait les stigmates de l'opération , il fallait moudre, le moulin entre les cuisses, on tournait et aille! C'était le pincement assuré.
Revenons à notre nexpresso ou dolce gusto, déposez donc la capsule dans son logis, elle ne sent pas grand chose mais il faut tout de même choisir parmi des noms variés: expresso, intenso, américano, restrito et j'en passe, votre choix fixé, l'objet précieux déposé, fermez le tiroir ou abaissez la poignée( fonction du modèle de cafetière). Règlez la roulette des barres lumineuses , elles vont vous donner l'intensité du breuvage, et oui l'intensité, on la trouvait tout simplement en comptant les cuillères de la poudre prélevée dans le tiroir du moulin, maintenant vous ne jugez pas, la machine compte pour vous.
Ensuite appuyez sur le bouton à gauche de la machine, il est rouge, il devient vert et ça chauffe. Pas de flamme ni de buée odorante au dessus du filtre, rien , c'est chaud le bouton vous l'a dit, maintenant pressez le bouton à côté des barres, vous savez celles qui vous disent la force de votre café, ne trainez pas trop, elles vont s'éteindre et il vous faudra renouveler toute l'opération. L'appareil s'ébranle dans un bruit d'usine et oui on est loin du clapotis de l'eau qui boue!
J'ai oublié, mettez la tasse dans le réceptacle avant, c'est le grand espace vide devant vous au dessus d'une grille, elle récupère les gouttes cette grille, on doit rester clean. J'ai bien dit une tasse , pas un bol, le bol c'était avant quand on buvait du café au lait, quand on trempait les tartines beurrées, si vous n'êtes pas rassasié et bien recommencez!
Notez bien : la tasse avant toute manipulation. Voilà une complication, avant on avait le temps de choisir une tasse en porcelaine ouvragée, une tasse de l'arrière grand mère qui racontait une histoire, là surtout pas , une tasse standard sinon elle ne passe pas.
Enfin, sucrez, pas sur ça aussi c'est surveillé.
Buvez votre café avec délice et bonne journée.

mercredi 15 avril 2015

samedi 4 avril 2015

Petites annonces

Ancien maire, après vacances à l'ombre, achète bonne conduite pour revenir sur le devant de la scène.

Vend âme, état neuf, très peu servi. Idéal pour personnes peu scrupuleuses.

Ménage cherche femme pour polir vieux tromblon, faire reluire pots antiques, battre draps raidis et passer à la casserole.

Perdu, amour-propre. Vu pour la dernière fois entre les mains d'une charmeuse pas si charmante.

Trouvé : trouvère en mal de trouvailles. À retrouver dans un trou vers Trouville.

Première rencontre

Quand Jean-Yves et Isabelle se sont rencontrés pour la première fois, c'était en fait la septième fois qu'ils se croisaient.
En effet, leurs familles s'étaient retrouvées au même moment sur la même aire d'autoroute à l'été 83, alors que lui allait à La Baule en venant de Nancy, et elle en Bretagne en venant de Clermont-Ferrand. Par un heureux hasard, ils avaient pique-niqué à trois mètres l'un de l'autre, avant de repartir chacun de leur côté.
La seconde fois, c'était dans le métro parisien. Elle étudiait à l'Université, il transitait entre Gare de l'Est et Montparnasse pour rejoindre son régiment. Ils s'étaient tenus dos à dos dans le wagon bondé de la ligne 4, sans jamais vraiment voir le visage l'un de l'autre. Elle était descendue à Saint-Michel tandis que lui faisait semblant d'écouter une blague de ses camarades.
La troisième fois, c'était à Brest. Stationné à la base navale, lui et son régiment faisaient tous les matins leur jogging sur le port. Dans sa voiture, en route vers la résidence secondaire de ses parents en vacances sur la côte, elle les avait regardés passer au pas de course, sans vraiment les voir.
Et puis, en stage dans sa première officine pas très loin de Montparnasse, elle l'avait recroisé, sans s'en rendre compte. Sa collègue l'avait servi pendant qu'elle classait des ordonnances, aussi n'avait-elle eu droit qu'à son dos alors qu'il ressortait de la pharmacie.
Plus tard, devant la synagogue, il avait fait partie des plantons chargés de la sécurité, plan Vigipirate oblige. Là encore, elle avait à peine fait attention à son visage. Lui non plus, tout à sa mission, ne l'avait pas vraiment remarquée.
Au marathon de Paris, sans le savoir, ils avaient pris leur départ à deux mètres l'un de l'autre.
C'est à la fin de la course qu'ils se sont enfin rencontrés. Lui s'était tordu la cheville dans le dernier kilomètre, elle, son semi terminé, avait de la crème à l'arnica dans son sac. Quand ils se sont vus, ils ont eu l'impression de se connaître, comme ils racontent toujours. Pas très étonnant si vous voulez mon avis.

À la manière de Bukowski

Télé, radio, journaux,
C'est ce qu'il y a de pire.
Grenouilles de bénitiers et fonds baptismaux,
C'est ce qu'il y a de pire.
Injonctions d'hygiénisme,
C'est ce qu'il y a de pire.
D'ailleurs les trucs en -isme,
C'est ce qu'il y a de pire.
Tu devrais, tu devrais pas,
C'est ce qu'il y a de pire.
Cinq fruits & légumes par repas,
C'est ce qu'il y a de pire.
Les autres,
C'est ce qu'il y a de pire.
Les apôtres,
C'est ce qu'il y a de pire.
La masse,
C'est ce qu'il y a de pire.
La nasse,
C'est ce qu'il y a de pire.

Parce que

Se prendre des beignes,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Les fins de règne,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Parler de ce qui fâche,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Y aller à la hache,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Faire demi-tour,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Être de retour,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Partir pour ne pas revenir,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Voir venir l'avenir,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Lui coller une balle dans le crâne,
C'est ce qu'il y a de meilleur.
Et s'en servir de coupe à champagne,
C'est ce qu'il y a de meilleur.

C'est l'adagio des rochers
Et le monde qui s'enflamme,
C'est ce qu'il y a de meilleur
Pour moi.

Salle d'attente

Fais attention.
Je sais, c'est tentant,
Tant de temps,
Tant d'attente,
Et la tension qui te tend,
Lente…
Tendre les bras,
Attendre la tendresse,
Longtemps, elle pourtant patente.
Tant pis pour le restant,
Autant tout tenter
Et risquer la mésentente.
Latente,
Elle entend bien t'attendrir,
Étendre sa tentation ;
Insultante, ôtant toute tentative,
Et toi pestant,
Tantale résistant
Sortant de ta tente,
Exultant,
Tendu d'être tant tenté,
Prétendant attentif à l'entente,
À la battante qui t'attend,
Étend ses tentacules
Et t'entortille instantanément,
Te laisse boitant, étendu,
Édenté d'avoir trop attendu.

Questionnaires

Que savez-vous de cette clé ?
Qui est « la Rousse » ?
Pourquoi étiez-vous là à une heure pareille ?
Que signifie ce symbole ?
Est-ce que « CC93 » évoque quelque chose pour vous ?
Comment s'appelle votre mère ?
Avez-vous déjà dans votre vie été témoin d'une telle chose ?
Quand vous l'a-t-il donné ?
Où se situe « le Clos » ?
Combien en ont-ils offerts ?
Était-il seul ?
À quel titre était-elle présente ?
Savez-vous qui je suis ?

Où est-elle ?
Comment connaissez-vous son nom ?
Qu'a-t-elle fait le 20 mars 2001 à 20h12 ?
Où est-elle partie la nuite dernière ?
De quelle couleur est sa voix ?
Pourquoi la surnomme-t-on « Jojo » ?
Combien a-t-elle de doigts ?
Quand vous l'a-t-elle avoué ?
À qui sont les perles ?
Vous rappelez-vous de ses yeux ?
Avait-elle l'habitude de porter des chaussettes dépareillées ?
Y a-t-il quoi que ce soit dont vous doutiez ?
Est-ce que tout ça est vrai ?
Pourquoi maintenant ?

Le jardinier de Monsieur

« J'étais son jardinier. Enfin, entre autres. Son majordome aussi. Son homme à tout faire, si vous voulez.
Mais c'est par le jardin que je l'ai rencontré. Une histoire improbable. J'aime les plantes, vous voyez. Or, à chaque fois que je passais à côté de chez lui, l'état de son jardin me mettait hors de moi. Un vrai désastre, c'était. Des arbustes qui n'en finissait pas de crever et des herbes qui poussaient partout et n'importe comment. Aussi, une fois où je passais devant ses grilles au moment même où il rentrait chez lui, je n'ai pu m'empêcher de le tancer pour un tel laisser-aller.
À ma grande surprise, il a ri. Enfin, ri, c'est un bien grand mot. Il a souri. Et puis, comme ça, de but en blanc, il m'a proposé de m'en occuper. De m'occuper de ce jardin laissé à l'abandon. Contre salaire. J'étais sans emploi à l'époque, j'ai bien évidemment dit oui. Même si le bonhomme avait l'air un peu bizarre, c'était une occasion que je ne pouvais pas laisser passer.
Elle ne s'est jamais dissipée d'ailleurs, cette impression. Avec les années, j'ai fini par bien connaître ses habitudes, ses petites manies, mais sans jamais bien comprendre d'où elles venaient. Nos relations étaient strictement professionnelles, même si, Monsieur ne sortant guère, j'étais probablement la seule personne à laquelle il parlait.
Des exemples ? Et bien, par exemple, il refusait de porter une montre, ou d'avoir la moindre horloge chez lui. Sans que je sache pourquoi, cette interdiction ne s'appliquait pas à moi, pire ! je me devais porter une montre afin que dès qu'il avait besoin de l'heure il puisse me la demander.
Il marquait les choses, aussi, avec une craie jaune qu'il avait toujours au fond de la poche. Tout et n'importe quoi, mais le plus souvent des arbres, et des murs.
La loupe ? Oh oui, chaque endroit qu'il marquait était toujours scrupuleusement scruté auparavant. D'où la loupe.
Il n'aimait pas sortir, cela dit. Le monde extérieur le terrifiait je crois. Trop de vie, trop de bruit, de mouvement. C'était un misanthrope, assurément. Mais pas seulement. Rien ne le faisait fuir plus vite que les animaux ou les enfants. Tout ce qui bougeait trop ou faisait trop de bruit, en fait. Son monde se réduisait au minéral et au végétal.
Lui-même avait une apparence peu commune. À rester cloîtré, sa peau était devenue diaphane. Il fuyait la lumière, ne sortant que la nuit ou quand le ciel était gris et bas.
Non, ce comportement ne m'a jamais vraiment inquiété. Chacun ses manies, n'est-ce pas ? Et puis c'était un aristocrate, un type de personne plus fréquemment sujet à ce genre de petites… facéties. Elles n'avaient rien de préoccupant par ailleurs.
Peut-être aurais-je dû être plus méfiant, vous avez raison. Mais comment aurais-je pu deviner ? Je ne pensais pas que son esprit était si sensible. Tout est arrivé si vite ! Je savais que les gens parlaient, surtout avec ce qui se passe en ce moment, mais je ne pensais pas qu'il prêterait attention aux rumeurs.
C'est terrible, terrible. Malgré ses travers, c'était un homme charmant, qui n'aurait jamais fait de mal à une mouche. Bien sûr qu'il n'était pour rien dans ces disparitions, je n'en ai jamais douté. Vous l'avez bien vu, tout est en ordre dans la maison. Les mauvaises langues ont beau jeu maintenant de jouer les effarouchées, je les tiens pour responsables de cette tragédie !
Je sais, je sais, on ne peut rien y faire. Mais c'est tout de même très triste qu'on puisse pousser quelqu'un à de telles extrémités sans que les responsables soient jamais jugés. Ah ! J'en pleure ! Excusez-moi, excusez-moi…
Comment ? Le jardin ? Oui, il est magnifique, c'est ma fierté. Il a bien changé depuis l'époque où je suis arrivé. J'y travaille sans relâche.
Vous jardinez vous aussi ? Oh, ne dites pas ça ! C'est vrai que la terre est pauvre par chez nous, il est difficile de faire pousser quoi que ce soit.
Comment je fais ? Pour tout vous dire, je ne sais pas. J'ai la main verte, probablement. Ha ! Ha ! Non, plus sérieusement, c'est juste du travail, beaucoup de travail.
Les tilleuls ? Oh ils ne sont pas bien grands, mais c'est vrai qu'ils ont déjà fière allure. Quand est-ce que je les ai plantés ? Oh il y a trois semaines, je crois. Pourquoi ? »

lundi 30 mars 2015

Merci !

Merci la vie, de m'avoir fait bien portante, deux bras, deux jambes, deux poumons pour respirer, tout fonctionne bien, merci !
Merci la vie, d'avoir fait de moi ce que je suis, des épreuves, des difficultés et aussi des moments de bonheur pour continuer à avancer, l'instinct de survie, l'envie d'en savoir plus.
Merci pour tout, le bon et le mauvais. Merci à ma mère pour les repères, Merci à mon père pour les ouvertures, Merci à la famille bancale et présente, Merci aux amis fidèles. Merci à la vie, à la chance, aux bonnes étoiles qui m'accompagnent. Merci pour cette chance d'être en vie.

Portraits

La femme qui voit flou

Ne vous vexez pas si je passe près de vous sans vous accorder un regard, sans vous reconnaitre. Ne cherchez pas à lire dans mes yeux un signe, une connivence, n'essayez pas d'attirer mon regard... C'est inutile, je suis la femme qui voit flou.
Myope comme une taupe... ça a l'air triste, ça pourrait être gênant, mais finalement, ça ne l'est pas. Le monde est bien plus beau ainsi. Enfoui dans une brume évanescente, je ne vois plus les méchancetés, les mesquineries, les petitesses qui m'entourent. Je ne vois plus que des formes, rondes, douces et des couleurs. Et alors, je recrée un univers : j'y mets ce que je veux et j'y fais entrer qui je veux. J'y vois flou et ça me plait !


La femme sommeil

Toujours alanguie, elle baille à s'en décrocher la mâchoire, elle rêve puis s'étire en soupirant, c'est la femme sommeil. Elle parle doucement, lentement, ses paroles arrivent à vos oreilles et glissent, entrent dans votre cerveau, vous susurre des mots tendres, vous chante de langoureuses mélodies, pour vous bercer et vous emmener ... jusque dans son lit.

L'homme perdu

L'homme perdu cherche une place. Il ne sais pas où il est, où il veut aller, quelle voie emprunter, il rebrousse chemin, prend l'autre direction... Il a du mal à trouver un endroit où poser ses valises... Il n'a pas compris qu'il peut arrêter de chercher... Peu importe où il se trouve car il est arrivé.

Tiroirs secrets

Dans le tiroir secret de mon boucher, il y a un agneau, celui qu'il n'a pas eu le cœur de tuer.

Dans le tiroir secret de ma grand-mère, il y a son passeport, avec son véritable prénom, celui qu'elle n'a jamais prononcé et que personne ne connait.

Dans le tiroir secret de ma sœur, il y a le paquet de cigarettes, emprunté au voisin, celui qui la drague, un paquet de chewing-gum, piqué chez le marchand, une carte postale de notre père parti pour une île, perdue dans la mer des Caraïbes, et quelques billets, le début de la fortune, celle qui permettra de nous payer un biller aller pour le retrouver.

Dans le tiroir secret de la voisine de palier, il y a une photo de mon père.

Dans le tiroir secret de la star de cinéma, il y a des crèmes de jour, des crèmes de nuit, des sérums de beauté, des venins de serpents, des potions plus ou moins magiques, des pilules, des poudres de riz et autres, des lotions raffermissantes, tonifiantes, rafraichissantes, et le pacte, pour vendre son âme au diable, qu'elle hésite à signer.

mercredi 18 mars 2015

plus besoin d'attendre

18h.,Mario a rejoint son lieu de prédilection, il boit une première tasse de café prélevée de son thermos, il est confiant, il s'est préparé minutieusement, il rêve de cette rencontre depuis si longtemps. Il pressent depuis quelques jours que le moment est venu, ce n'est plus une chimère, il est persuadé que son souhait va se réaliser. C'est sans crainte qu'il attend le coucher du soleil, les rougeurs du soir sont les témoins de son obstination. Tout vient à point à qui sait attendre. Alors il attend, telle une sentinelle quitte à prendre racine s'il le faut. Pour l'instant, il est calme , impassible. Soudain un frisson d'impatience parcourt sa colonne vertébrale. "Il faut se dominer", un autre café va aider à réfréner cette frénésie naissante. "Se tenir à l 'affût, camper dans ses certitudes et veiller, ne pas s'endormir, il faut être attentif au moindre bruit et habituer son regard au changement de lumière qui passe dans la fente de la cabane." Il supporte facilement la fraîcheur du soir mais il s'accommode difficilement du silence, son coeur se met à battre tel un tambour, ses extrémités sont froides pourtant des gouttes de sueur perlent sur son front, il tremblote, ce n'est pas le moment, le geste doit être sur s'il veut aller au bout de son projet photo mais il a du mal à garder son sang froid. De plus sa position le fait souffrir, des fourmis s'emparent de ses pieds, l'engourdissement le guette pourtant il ne faut pas bouger. Le coeur bat la chamade, des palpitations s'emparent de son corps, il est sur des charbons ardents. Pas bouger, rester stoïque, se contenir, ne pas se laisser envahir par le doute, demeurer là, confiant. Pas bouger , difficile quand une herbe vient vous chatouiller le nez. Il ne manquait plus que ça! le nez frémit, il serre les dents pour stopper les éternuements, il pleure, renifle, cherche à calmer cette réaction stupide des narines devant un simple brin d'herbe. Agacé, il marmonne:"Pas ça, pas ça,pas maintenant, voilà cinq printemps que j'attends! Il pleure. les sanglots secouent sa carcasse, dehors , un battement d'ailes, c'est loupé. Il se déplie, sa désillusion exacerbée, il se met à taper des pieds, il se traite d'idiot, il en veut à la terre entière, c'était encore un mauvais présage. Dans un coup de talon incontrôlé, les lames du plancher cèdent sous les pieds. Mario est dans l'eau de l'étang, et là plus besoin d'attendre, les aigrettes huppées s'ébattent sous son nez au milieu des roseaux. Elles ne voulaient pas être prises en photo!

samedi 7 mars 2015

dimanche 1 mars 2015

une ère nouvelle

Dans la seconde partie de l'ère Pantacrède, Diotis, adjoint et disciple du créateur premier trouvait  les habitants du monde issus du souffle d'Eliantos trop passifs. Il convoqua Argilos et Germios pour leur imposer un travail de titan.Pendant des millénaires ils durent malaxer germes et terres de leur essence première pour donner naissance à un nouvel être. Il sera présenter à Dieu sous le nom d'Activarius. Les incantations "Capricore, capridore..."répétées toutes les nuits finirent par porter leurs fruits. Aidée de Livia, déesse de la vie, Activarius vit le jour sous la constellation de capricorne. Persapor lui souhaita prospérité et réussite au cours de grandes fêtes qui durèrent pendant plusieurs rotations de la terre.
Chargé d'une énergie féroce, Activarius se déchaina sur les planètes, il construisit, anéantit, retourna les pôles, piétina les prémices de vie animale, il aménagea des villes dont la plus belle à ses yeux fut Parcis, il en confia la direction à Paradas, un confrère bien connu pour ses notions parfois contestées mais non moins paradisiaques de l'existence. Mérivia, sa soeur eut la charge des mers dont elle fit surgir Amorès. Un jour de grande activité, celui ci sortit des eaux et se répandit sur la terre, il ne se contenta pas d'abreuver les populations , il s'accoupla avec tous les végétaux. Des êtres mi marins mi terriens envahirent le monde, cette pandémie mit en danger les habitants, on dut faire appel à Elioportus pour évacuer les lieux.
Depuis si vous regardez bien le ciel, vous verrez tout ce petit monde sur les ailes de Pégase, ils implorent Diotis de les conduire hors du temps de Pantacrède pour construire une ère nouvelle.

mes romans

dans ma prochaine vie je serai écrivain, je prépare plusieurs romans:

un roman régionaliste:
"le chien des terres noires"

Des randonneurs chevronnés se perdent dans les routines marneuses des environs de Digne, ils lancent un s.o.s. à l'aide de leur fumigène mais n'obtiennent aucune réponse. Une nuit à la belle étoile, le hurlement d'un loup et au petit matin l'angoisse devant les traces sur le chemin...


un roman écologique:
"Le cultivateur de petit épeautre et sa bicyclette"
randolph, un jeune allemand nouvellement installé dans la région drômoise se lance dans la culture des céréales anciennes, ses champs sont éloignés de la ferme et en bon écologiste il se rend sur ses terres en vélo. Mais on ne sait pourquoi ce beau vélo fraîchement repeint ne plait pas à Marius, un soir d'automne Randolph doit rentrer à pieds..


un roman maritime:
"on a perdu le chant des sirènes"
Dans les îles éoliennes, Irmo er Dovilio sont installés comme pêcheurs depuis des générations. Depuis quelques jours, ils ne veulent plus poser pour les touristes, aux multiples questions, ils répondent sans cesse:"On aperçu le chant des sirènes" Un matin un groupe de jeunes irlandais proposent leur aide et ils embarquent avec magnétophone et appareil photo....


un roman révolutionnaire:
"le clan des écharpes à carreaux"
Au coeur d'un pays conquis par les hippies aux coiffures à fleurs et pantalons à pois règnent la parfaite harmonie jusqu'au jour où un jeune garçon couturier de son métier veut changer les habitudes vestimentaires. Le gourou de la bande bien que démocrate interdit ce retour aux cheveux courts, il s'ensuit une guerre des clans, le clan des écharpes à carreaux contre les écharpes à fleurs...

bonne lecture!

samedi 28 février 2015

Dédale

Je souffre. Depuis que je suis né je souffre. Tout mon corps me fait mal. Il craque et il se tord, il crisse et se lamente. J'ai mal, et

J'ai faim. Depuis que je suis né j'ai faim. On ne m'a jamais nourri. On m'a jeté, moi et mon corps tors, dans ces ténèbres où je suis devenu aveugle, à la seconde même où j'ai vu la lumière. Ce fut la première et la dernière fois, et puis

Ma tête s'est courbée. Elle l'est depuis que ces cornes ont poussé, qui m'accablent de leur poids. Malgré les années, et l'habitude, ma tête est courbée tant que je ne fais pas l'effort de la relever. Mais gare si je la relève parce que

J'ai soif de vengeance. Depuis que je suis né cette soif me brûle. Je brûle de me venger. Je me venge sur tous ceux qui croisent mon chemin, tous ceux dont le corps lisse et beau me rend le mien insupportable. Tous périssent sous mes coups, et leur chair nourrit la mienne. Et toi, toi le jeune freluquet qui me fait face, toi comme les autres mes cornes perceront et tordront ton corps jusqu'à te rendre semblable à moi. Toi aussi tu seras ma proie.
---
Tu as peur. Pour lui, bien sûr, mais pas seulement. Tu lui as donné la clé du Labyrinthe, tu as fait ce que tu pouvais. Tu as bien vu qu'il était différent des autres, plus beau oui, plus sûr de lui aussi, plus royal. C'est un prince, un vrai, comme tu en as toujours rêvé, comme aimeraient être tous ceux que tu as croisés avant lui. Un héros.

Non, si tu as peur, c'est justement parce que c'est un héros. Tu n'es pas naïve, tu sais qu'il ne faut jamais faire confiance, surtout pas comme ça, au premier regard. Et pourtant tu en as envie. Tu veux croire qu'il est celui qui t'emmènera, qui te rendra heureuse. Tu le crois si fort, c'est que ça doit être vrai, non ?

Tu as peur, mais tu tiens le fil, le fil de sa vie. Il est entre tes mains. Tu pourrais le lâcher, ce fil, le condamner, l'enfermer dans le Labyrinthe, à jamais. Le perdre dans les ténèbres, l'oublier, le chasser de tes pensées. Ce serait si facile. Laisser là toutes ces questions qui te font douter. Tu doutes, n'est-ce pas ? Ta main tremble, pourtant elle tient bon. Tu doutes peut-être, mais pas assez fort. Alors tiens-le, jeune fille, accroche-toi à ce fil comme à tes rêves, et prie pour que la Fortune te sourie. Prie fort.
---
Il hésite. C'était peut-être héroïque comme idée, mais ce n'est pas pour ça que c'était forcément une bonne idée. Il ne peut s'empêcher de penser que ce n'est pas lui qui a pris la décision de venir ici, pas vraiment. Le Labyrinthe plie et déplie ses couloirs, le perd un peu plus dans ses entrailles à chaque pas qu'il fait. C'est peut-être à ça que ressemble le Tartare, il pense soudain.

Il hésite, mais il avance quand même. Il n'a pas le choix. C'est ainsi que ça doit se passer. Son destin est héroïque, et on ne badine pas avec son destin. Les Atrides peuvent en témoigner. Il n'empêche : seul dans le noir, avec en tout et pour tout une torche et quelques gouttes de sang divin dans les veines – soit-disant – il n'est plus si sûr de son courage. Ni de sa légitimité à venir défier la Bête.

Il hésite, mais pas assez. La Bête ne l'a pas pris par surprise, pas suffisamment. Son réflexe est bon, il est maintenant accroché au dos du monstre, les bras autour de ses cornes. C'est le moment où jamais. Il bande ses muscles, prie Zeus de lui accorder un peu de sa force. Il tire. La corne craque, et le monstre hurle. Il rugit, il rue et se cabre, envoie le jeune homme rouler dans la terre battue. Il a juste le temps de se relever comme la Bête fonce sur lui.

Il n'hésite pas. C'est ce qui lui sauve la vie, et perd celle de l'Autre. Un instant, c'est tout ce qui sépare vie et mort. Il se relève du bon côté, et il ne le doit qu'à lui. Sa corne fichée dans sa propre poitrine, la Bête agonise. Elle lui parle comme elle meurt. Il écoute, et pleure avec elle. Il maudit les dieux. Jamais plus il ne tuera pour eux.

Cosmogonie

Le Pocher traversa notre monde, et ainsi il fut créé. Là où il posa le pied la terre émergea de l'eau. Là où il regarda le jour se fit. Là où il posa la main la vie naquit.

Taell fut la première. Issue de la terre, elle n'a de cesse de faire pousser les montagnes, de se défendre contre son frère.

Kollibo de l'eau lui répond tempête après tempête, érode la roche pour qu'elle retourne à l'eau, que le monde reprenne sa forme originelle.

À la pointe de son armée est Suru, la petite sœur des rivières qui plantent leurs griffes dans les montagnes.

En face est Garoche, dont le feu évapore l'eau et la lave mange la mer. Scopo, qui brûle le bois, est son fils.

Le lutin Sumane est enfant de l'eau et de la terre. De lui vient ce qui vit. Ses enfants sont Thrame, frère de ce qui pousse, et Escate, sœur de ce qui bouge. Ils n'ont que faire de la querelle entre la terre et l'eau. Leur royaume s'étend partout.

Lu est maîtresse de la nuit, quand le Pocher ferme les yeux, et Kalasçë, celui qui brise, est son enfant.

jeudi 26 février 2015

mercredi 18 février 2015

Verbigération

Je suis.
J'ai été,
Et je me suis fait avoir.
Maintenant je leur fais dire qui ils sont et ce qu'ils ont,
Et que nous avons le pouvoir d'être, de dire et de faire.

Tu iras.
Tu iras voir.
Je vois où tu voudras aller.
Tu voudras voir d'où elle va venir,
Où tu devras aller pour qu'elle veuille venir te voir.

Elle prit.
Elle prit ce qu'elle trouva.
Elle donna tout ce qu'elle trouvait, et on lui prit.
Elle trouva ce qu'il fallait qu'il prît parmi ce qu'elle donnait,
Mais qu'il fallût qu'elle le donnât ou qu'on lui prît sans qu'elle en parlât, la Mort finalement la trouva.

Nous y mettrions un terme ?
Nous saurions les mettre au pas ?
Nous nous passerions de leur savoir si bien mis ?
Sans regarder plus loin, nous mettrions à bas ce qu'ils surent nous passer,
Et nous regarderions mettre au pilori et passer de vie à trépas ce que nous sûmes aimer ?

Que vous le croyiez,
Que vous ne demandiez qu'à croire,
Que vous croyiez qu'il ne vous reste qu'à demander,
Qu'on vous réponde qu'à défaut de croire, demander resterait vain,
Certes ! Mais à les entendre, on se demande s'ils croyaient que vous resteriez sans répondre.

Penser.
Il leur arrive de penser,
De connaître où ils arrivent quand ils pensent,
De penser arriver à devenir ce qu'ils connaissent.
Et elles le sentent, ce moment où ils arriveront, où ils deviendront ce qu'ils pensent connaître.

(Écrit à partir de la liste des verbes les plus utilisés en français, rangés par ordre de fréquence. Pour ceux que ça intéresse, les contraintes sur ce texte sont les suivantes :
- Découper la liste en groupes de cinq, en conservant l'ordre des verbes.
- Écrire des strophes de cinq vers telles que le premier vers contient uniquement et une seule fois le premier verbe du groupe, le second uniquement et une seule fois les deux premiers, etc.
- Écrire chaque strophe avec comme personne principale un pronom, dans l'ordre usuel des pronoms : je, tu, il/elle, etc.
- Écrire chaque strophe en utilisant au maximum le même temps simple. En l'occurrence ici : indicatif présent, indicatif futur, indicatif passé simple, conditionnel présent, subjonctif présent, infinitif présent.)

lundi 16 février 2015

Journal d’une femme ordinaire.


Samedi 24 Janvier 2015.
Ça y est, il s’est enfin dévoilé ! En allant prendre sa douche il a laissé tomber son portefeuille. Je l’ai ramassé, ouvert et j’ai tout vu ! Il y avait dedans la photo du visage d’un jolie jeune femme brune avec écrit au dos de sa main « à mon Anouchka chérie ». Bien vite le l’ai ramassé, j’ai tout remis en place et je suis retournée au lit, faisant semblant de dormir.

Dimanche 25 Janvier.
Cet après midi, il s’est absenté sans raisons. Il est rentré tard le soir. Son haleine puait l’alcool. La photo avait disparu.

Lundi 26
Cette nuit, j’ai fait des rêves bizarres : j’étais dans mon lit, je n’arrivais pas à bouger et c’était comme si les murs de l’appartement se rapprochaient peu à peu. Sa présence invisible remplissait tout l’espace.

Mercredi 28
Le soir, il est revenu avec des fleurs et des gâteaux. Pendant toute la soirée, il a été très gentil. Au moment de se coucher, j’ai fait semblant d’être malade. Dans la nuit, j’ai compris qu’il ne dormait toujours pas. Le silence entre nous était comme une menace.

Vendredi 29 janvier, dans la nuit.
Son visage a changé, je m’en suis brusquement rendu compte ce soir. Ce n’est plus le même homme. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi. On dirait un étranger. Quand il passe une porte, il me fait penser au charcutier de la Schawzgasse. Ses doigts sont rouges, épais et sa peau blanche me fait penser à celle d’un cochon.

Dimanche 1 Février.
Hier samedi j’ai découvert dans le sac des courses un grand couteau de boucher. J’ai failli m’évanouir de peur. Heureusement, il était à ce moment là dans la salle de bain. Après, naturellement, il l’a sorti et s’est mis à découper une grande pièce de bœuf qu’il avait achetée la veille. On dirait qu’il a fait cela toute sa vie ! Moi, le plus calmement possible, j’ai épluché les carottes et coupé les oignons. C’est vrai, j’ai bien pleuré. Après, il a tellement bu et mangé qu’il s’est endormi tout de suite. Moi, de soulagement, cela m’a donné envie de chanter.

Lundi 2.
Tout à l’heure, quand il m’a vu dans ma robe du dimanche, la valise à la main, il n’a plus dit un mot. Son visage s’est fermé. J’ai vu que ses mains tremblaient. Je lui ai dit que j’allais chez ma mère chercher des affaires. Pendant tout le trajet, j’ai pensé à mon mensonge. Dans la valise, il y a mes affaires pour partir et je n’ai rien dit.

Mardi 3.
Chez ma mère, ce n’est vraiment pas drôle. Elle passe ses journées devant sa fenêtre, sans rien dire. Moi aussi, je ne lui ai rien dit. On a mangé en regardant la télé et puis après chacune est rentrée derrière les murs de son silence. J’ai ressenti un grand vide. Difficile à décrire.

Mercredi matin.
Je suis revenue. Chacun a fait semblant qu’il ne se passait rien. Lui, parle pour ne rien dire, moi je reste dans mon silence. Le soir, il a bien fallu passer à la casserole. Heureusement ce fut rapide. Après, j’avais mal.

Jeudi 5 Février
Je n’ai plus faim : Je lui fais quand même à manger, cela m’occupe. Et puis, si j’arrêtais, il ne comprendrait pas. Alors que j’avais tout préparé, il n’est pas rentré. J’ai pensé à la photo.

Vendredi.
Aujourd’hui les choses sérieuses ont vraiment commencé : en revenant il a rien dit et a commencé à me cogner, comme cela, sans prévenir !

Samedi
Ça recommence, j’ai peur !

Dimanche
La nuit dernière, j’ai fait un drôle de rêve : L’énorme cochon de tante Lucie était mort en mangeant de la mort aux rat ! Au réveil, je me suis mis à rire ! Lui, m’a pris pour une folle et est parti sans rien dire. Je ne l’ai pas vu de la journée

Mercredi 11 Février
J’ai bien réfléchi à l’histoire du cochon de tante Lucie. Dans l’après midi, j’ai pris ma décision, ferme, définitive ; J’ai été à la droguerie, là ou il a acheté le couteau. J’en ai pris un sac. Dessus, en rouge on avait dessiné un rat bien mort avec en dessous écrit « Effet garanti » Cela m’a fait du bien ; Pourtant, je ne me sentais pas à l’aise. Au fond de la boutique, j’ai cru voir une personne qui  m’observait ; Je me suis dis que je devenais folle.

Jeudi :
Ça sera pour samedi ! Normal c’est la St Valentin ! j’ai fini de faire les courses ! Pour faire bien vraisemblable j’en a mis quelques petit tas dans le grenier.

Vendredi 13:
j’ai commencé à faire la cuisine, en faisant mariner les morceaux de bœuf dans du vin avec des oignons et des carottes. Quand il m’a vu travailler, je lui ai dit que c’était une daube pour demain .Je crois qu’il est content …. Cela va me porter bonheur !

Dimanche 15 Février:
Je vais tout vous raconter, cela s’est super bien passé ! Le soir comme je savais que cela aller être la fête, j’ai mis ma petite robe d’été avec tout les accessoires. Après, au fourneau, ma belle ! A la fin de la cuisson, j’en ai mis un bon verre dans la sauce ; Au repas, l’ambiance était bonne ! Je lui ai dis que pour lui, je ne prenais que de la soupe pour rester mince. Lui, il s’est resservi ! L’effet garanti s’est bien produit ; C’était un peu dégueulasse, mais bon, il l’avait bien cherché ! Comme je ne suis pas bête, j’ai pris soin d’appeler le médecin. Seulement, c’était un peu tard ! En signant le papier, il m’a lancé un regard bizarre et m’a dit qu’on viendrait le chercher que demain. J’ai passé le reste de la nuit sans fermer l’œil ; J’en ai profité pour faire le ménage et surtout la vaisselle.

Lundi :
Ouf ! , ils l’on emmené ! Bon débarras ! C’est qu’il en prenait une place sur la table du salon ! Il était vraiment gros et lourd ! Quand j’ai remarqué que les types de la morgue faisaient la tête, je leur ai proposé un petit verre de vin. Ils ne se sont pas fait prier ; Moi, dans ma petite robe noire et avec mes yeux frottés aux oignons, j’ai bien pleurniché. Je suis sûr que l’un des deux, à sa manière de me regarder m’aurait bien consolé…

Mardi :
C’est les vacances, enfin ! Je me suis consolé toute seule. Tu vois, ma petite, avec ton imagination tu vas pouvoir aller de l’avant !

Mercredi :
En deux temps trois mouvements les obsèques ont été réglés ! Vite fait bien fait !

Jeudi :
Je croyais être enfin tranquille mais ça m’est tombé dessus sans crier gare : Au petit matin sur un coup de sonnette, les gendarmes ont débarqué. Ils m’ont dit que sa maîtresse m’avait dénoncée ! J’ai reconnu sa photo. Manque de bol, justement, elle travaillait à la droguerie ! Elle a tout vu ! Elle savait tout !

Vendredi :
Devant le juge d’instruction j’étais calme. J’ai tout raconté, sans problèmes. Mieux, ça m’a fait du bien de parler un peu. Lui, m’écoutait gentiment, je suis sûr qu’il me comprenait !

Samedi :
Ma nouvelle vie commence ! C’est bizarre, je me sens bien : dans ma prison, je me sens presque libre. Je parle toute seule !


dimanche 15 février 2015

Trois personnages


L’homme aux pieds ailés

Je suis le danseur, l’acrobate ailé. L’équilibre est ma vie : j’ai les pieds sur une corde et la tête dans le ciel. J’arpente l’espace comme d’autres font des rimes.

Je donne tout à voir et plus rien à penser.

Pourtant, un jour c’est arrivé, je me suis cassé le pied. C’est toujours bête une chute : C’est fini de rêver ! Tu dois rester allongé le pied en l’air et la tête en bas. Maintenant l’horizon est au ras des pâquerettes !


La fille aux yeux de rêve.

Je suis celle que vous ne rencontrez jamais :
Mes yeux verts sont l’envers du monde.

J’ai connu les voyages et les sommeils d’avril,
L’étonnante stupeur de l’opium paisible,
Et surtout ces ailleurs que personne ne dit.


L’éternel enfant.

Je suis l’enfant aux joues douces et fraîches.
Je ris de la vie car elle est tout sourire.
Mes dents brillent de l’éternelle fraîcheur
Et je dors dans mon lit d’un sommeil paisible.

J’ai du printemps l’éternelle jeunesse.
Je suis le jeu et la course du poulain,
l’odeur des près et la lumière du vent.


samedi 14 février 2015

Blablabla ...


Se lever, respirer,
Fermer les yeux, sentir, Relâcher
Lâcher prise, faire entrer l'air,
Aérer, ouvrir
les yeux, l'esprit, le cœur,
Décloisonner
Faire tomber les murs,
Ne plus en construire
Oser - Vivre

mercredi 11 février 2015

Lectures transatlantiques.


Nager entre deux eaux
Se cacher dans un sourire las
Mais...
Murmurer vrai à l'oreille de l'enfant
L'accrocher au moment présent
Rire avec lui
Lui raconter des contes de fées
S'imaginer l'y emmener

Parler à la vieille dame
Prendre sa canne sous son bras
Lui donner la main
L'emmener au temps jadis
Lui rappeler sa jeunesse
Voir des étoiles dans ses yeux
La rassurer sur" l'au de là"


Profiter de la liberté
Afficher un sourire confiant
Faire des choix
Fuir s'il le faut
Trouver sa voie
S'épanouir tout à fait.

La femme à l'envers


Mes cheveux recouvrent mon visage.
Vous ne verrez ni larmes ni etincelles dans mes yeux
Vous ne pourrez verifier si je respire encore
Si ma bouche s'articule

Deux bosses comme celles des chameaux dans mon dos sont mes seins
Vous hasarderez vous à les toucher?
Vous porteront ils chance?
Mes jambes et mes pieds avancent comme à reculons

Etrange n'est ce pas?
Vous ne pouvez comprendre ces anomalies
Normal!
Je suis la femme à l'envers.