mardi 16 juin 2015

Bébêtes

Les Silonnes sont besogneux. Toute la journée ils travaillent, et la majeure partie de la nuit aussi. Tout le temps la machine silonne tourne, jamais elle ne s'arrête. Les Silonnes se relaient sans cesse pour maintenir le rythme. La machine doit tourner. Pour qui pour quoi, ils ne savent pas. Ils n'ont aucune idée d'à quoi sert leur travail, à quoi sert la machine, mais ils le font, sans jamais se plaindre. Pour un Silonne, le résultat, le pourquoi, importe peu : seul le travail compte.

Les Ajabres parlent. De tout et de rien. Ils passent leur temps à parler, ne prennent même pas la peine de s'arrêter pour manger, ni pour dormir. Il est de coutume pour un Ajabre de s'assoupir au milieu d'une phrase, d'un coup, pour ensuite la reprendre comme si de rien n'était lorsqu'il se réveille. Oui, les Ajabres sont tous narcoleptiques. Une grande partie de leurs discussions consiste à se mettre au courant de ce dont les autres discutent. C'est en discutant des autres discussions qu'ils ajoutent parfois une réflexion propre, au passage, qui vient relancer ladite discussion. Il va sans dire que la plupart de celles-ci tournent en rond, et que les autres ne vont nulle part.

Les Tourpozinthes ne bougent pas, ou quasiment. Ils vivent sur leur tas, qu'ils l'aient extirpés des mains de quelqu'un – usuellement leur géniteur/trice – ou qu'ils l'aient amassé eux-même. Un tas de tout et de n'importe quoi. Ce qui le compose n'est pas pertinent, seul le tas importe. Sa taille surtout. Plus grand le tas, plus important le Tourpozinthe. Mais gare aux voleurs, ils sont légions parmi les Tourpozinthes, principalement au sein de leur propre famille. Un Tourpozinthe passe sa vie à défendre son tas contre les appétits étrangers, en sus de travailler à son agrandissement. Il la perd souvent de la même manière.