dimanche 30 mars 2014

Chouette et hibou

Chouette et Hibou se rencontrent sur la branche d'un vieux chêne:

-Il n'est pas l'heure de se coucher et en cette nuit de printemps, je ne sais pas de quel côté s'étire le temps. Et puis je n'ai rien fait cette nuit.
-Rien faire, pour moi dur dur, si je ne fais rien c'est le vide, j'ai besoin de cueillir les couleurs comme la palette d'un artiste, d'écrire des histoires, écrire, écrire on part et on revient d'un ailleurs que personne d'autre ne connait.
-En es tu sur? même dans les sables mouvants, on les retrouve eux, elles, nous, moi, toi, le vent nuage blanc, du bla bla tout ça.
-Tu m'agaces
-Toi aussi et ne me fais pas le coup du ya qu'à...Le vide je l'ai  là sous les plumes.
-Enfin secoue toi!, avant d'aller ruminer dans ton trou, apprends dans le petit matin le latin du jardin, le nom des fruits, des fleurs, abricot coquelicot tu peux aussi les goûter!
-Tu m'agaces , je t'ai dit, le temps égrène ses minutes que je ramasse une à une, je préfère un matin sans rien plutôt que ton latin.

Les heures passent, dans un sourire, la lune sort de la brume et doucement murmure:
"Allons la paix s'il vous plait.......Je parais!"

mardi 25 mars 2014

Le clochard et la folle

(dans un jardin public)

lui: Tu m'aimes encore?
elle: Je t'en prie, pas devant eux...
lui: Dis donc, on n'est pas là pour rigoler.
elle: Je suis tombée sur un os.
lui: Il vaut mieux entendre ça que d'être sourd
elle: Ton opinion sur les femmes, tu sais...
lui: Mais pour qui tu te prends?
elle: On descend, on descend...
lui: Tu ne crois pas que tu es en train de perdre ton temps?

MODULOR le chien et MATTA la chatte


MODULOR: Qui t'a permis de t'étendre sur mon paillasson ?
MATTA: Je n'ai pas besoin de permission je m'étends où bon me semble.
MODULOR: Et si je te mordais pour de bon?
MATTA: Gros comme tu es, le temps que tu t'élances j'aurai trouvé un autre paillasson.
MODULOR: Gros comme je suis, je peux transformer un chat en paillasson!!!

vendredi 21 mars 2014

Méditations infimes



Méditer sur des sujets infimes.
Se réveiller une nuit sur deux. Au milieu de la nuit ? Ou une nuit sur deux en dormant tout le jour ?
Se réveiller. S'ennuyer. Caracoler sur un lit.
A-t-il mal, le lit, si on lui tord le pied ? Le cri du lit.
Faut-il tendre l'oreille pour entendre les cris du lit ?
Un lit qui, tout au long de son existence, n'a accueilli qu'une seule personne, ou un seul couple, toute une vie commune avec les mêmes gens, de pauvres gens peut-être, s'ils ne changent pas de lit.
Un lit qui change d'occupants chaque nuit, chaque jour, plusieurs fois par jour.
Lequel, quel lit, sera le plus fatigué, le plus flapi, vivra le plus vieux ?
Est-il plus heureux, le lit, s'il a abrité un seul couple ou des milliers ?
Ca dépend du couple... Il a pu héberger des insomniaques très énervés, ne jamais pouvoir dormir lui non plus, le lit.
Ou alors il s'en moque, de voir défiler de nouveaux couples inlassablement. Il
s'échappe, il tache de dormir sa vie, de méditer pour son propre compte, il n'appartient à personne en particulier.
Un jour, il finira tout pareil. On lui fera descendre l'escalier. On lui ouvrira le ventre, on séparera le sommier du matelas. Il finira dans une décharge publique, sous la pluie qui le lavera de tous ses souvenirs inavouables.

lundi 3 mars 2014

tableau retrouvé

Il faisait une chaleur insupportable ce jour là, il avait choisi cet après midi pour me faire poser, j'avais refusé le nu, je n'avais plus l'âge pour cela, mon corps n'était pas complètement décrépi, j'avais encore la taille fine et je pouvais lever les bras sans que mes muscles ressemblent à des sacoches vides mais tout de même mes seins devenaient lourds. Le pire, c'est qu'il avait choisi le lendemain du départ de François, je n'avais pas dormi de la nuit et je ne comprenais pas pourquoi il m'avait abandonnée là dans cette grande maison. Ma vie s'effondrait et je ne parvenais pas à offrir le moindre sourire au pinceau. Mon regard désespéré maintenant me fait frémir quand je regarde ce portrait bien qu'il ait eu la gentillesse de ne pas peindre mes larmes.
Maintenant je peux difficilement relever mes cheveux pour dévoiler mon cou et mes rides se sont creusées. Un autre sourire est né mais plus personne ne me fait poser.

un intrus chez moi

Je me présente:"Hugues, c'est moi son saint protecteur maintenant, je me suis introduit chez elle, un premier Avril comme il se doit, c'est ma fête tout comme la sienne, alors tout est permis."
J'ai à peine passé la fenêtre que je hume son eau de toilette, Nina Ricci mais l'odeur est plus douce qu'autrefois et le flacon aux petits oiseaux n'est plus là, ce doit être de l'eau de parfum, normal elle n'a plus les même moyens. Mais cette petite bouteille en forme de pomme est jolie aussi, elle ne dépareillera pas la collection. Où l'a- t -elle installée cette collection? Pas dans la salle de bain comme autrefois, je ne la vois pas. Je me faufile dans le couloir, que de placards!Il n'y en avait pas tant là bas dans l'autre maison. J'ouvre une porte,tiens les voilà, les flacons, tous alignés, dépoussiérés, elle a gardé ses habitudes. Je dois me trouver dans la pièce des collections, les cactus sont là, les dés à coudre, elle a encore celui  qui est tout percé, celui de sa maman , elle a tant cousu sa maman que le fer n'a pas résisté, pourquoi le garder, je vous le demande!Que voulez vous, elle a la collectionite, c'est une manie qui rassure. Je ne vois pas la boite des marque-page, je vais chercher, je passe dans la pièce opposée, ils sont surement là, les murs sont tapissés de livres, tiens ils ne sont plus enfermés, ils sont étalés sur un guéridon en compagnie de ses chers crayons, que des crayons à papier, des H.B. de préférence, sans doute à cause de ses initiales, vous ne lui direz pas elle pretend qu'il s'agit de pression sur le papier où elle couche ses émotions.Ils proviennent de pays traversés avec son aimé, de musées visités et je ne m'attarderai pas sur les broderies de la grand mère et des taties d'ailleurs il n'en reste que quelques unes de visibles, celles qui racontent une histoire, un bout de vie comme tous les objets ici. Les pelotes de laine sont présentes aussi mais pas d'ouvrage en cours, elle a délaissé les aiguilles ma fille. Il faut dire qu'il y a aussi les instruments alors évidemment, il faut de la place pour tout ça.
Mais attention, elle est là, à son bureau, elle colle des plantes dans un carnet, elle va se lancer dans un herbier! Elle observe à la loupe, cherche des noms dans un manuel latin. Sans fin cette collectionite, une vraie maladie!
Pas très corbuséin tout ça! Mais enfin, c'est son nid, elle a besoin de l'adoucir des étapes de sa vie.
Et là haut? Dans cet appartement, il y a en bas et en haut. Je monte le bel escalier de Jean Prouvé et me voilà au dessus, tout est en ordre, chaque chose a sa place, rien ne traine, elle est toujours maniaque, il faut que je l'oblige à abandonner un peu les balais. Il parait qu'elle ne peut rien faire si tout n'est pas cadré, programmé, j'en veux pour preuve l'agenda qui ouvert à la page du jour à côté du bouquet de fleurs fraiches, à croire qu'elle a peur d'oublier de respirer. Respirer, elle en grand besoin. C'est peut être ce qu'elle fait en lisant les cartes postales alignées sur l'étagère. Je m'approche et ose lire quelques missives:
"Tout est possible dans le jeu de la vie"
"Je t'envoie un peu de douceur"
"Offrir aucune résistance à la vie, c'est être en état de grâce"......
Même si ces lectures ressemblent encore à un début de collection, je ne suis pas en rage au contraire, elles me soulagent, je ne suis pas le seul à me soucier d'elle et elles sont belles ces cartes, il y a encore des talents dans ces nouveaux temps.
Avant de quitter les lieux, je vais en ajouter une:
"Allez ma vieille, respire et laisse toi aller!!!"
Si je savais peindre, je la décorerai de mon icône.

Hugues  saint protecteur

retrouvailles ratées

Hourra! Il a trouvé l'adresse, il entendait sa voix lui murmurer"viens ici, viens ici"
"Pourquoi est elle venue ici , dans ce quartier de bobos, ce n'est pas son style à ma Flora! Ma Flora bien aimée, ma Flora qui s'est sauvée un matin après notre petit déjeuner, j'avais beurré ses tartines et chauffé son café et pourtant elle s'est sauvée."
Son amour est encore si vif qu'il a rassemblé toutes sortes d'indices et a fini par la retrouver, son  aimée.
Avant d'aller à sa rencontre, il doit se préparer pour se montrer à son avantage. Il pousse les fauteuils pour mieux se voir dans la grande glace du salon, il se coiffe avec soin, trace une raie de côté dans sa chevelure ébouriffée,  fixe l'épi récalcitrant à la gomina, met sa chemise blanche du dimanche, repasse le pli de son pantalon, revêt un gilet à fleurs et entreprend une étude d'attitudes adéquates pour présenter le bouquet acheté le matin au fleuriste du coin. Il le tient serré contre sa poitrine, se cache le visage dans le feuillage, le laisse prolonger son bras décontracté, le cache derrière son dos. C'est ça, derrière le dos pour faire une surprise à Flora, il le dévoilera en lui ouvrant les bras, et là, elle lui sautera au cou, ils s'enlaceront et disparaitront .....où? dans une chambre au fond, elle a bien une chambre ma Flora, une chambre pour nos ébats.
Il est prêt, il arrive à la hauteur du 13 rue des amours,repère la baie au rideaux bleus comme chez eux, il monte les escaliers quatre à quatre, reprend son souffle, ajuste ses lunettes, s'asperge d'eau de toilette et sonne:"Vite, vite, viens ma bien aimée!"
La porte s'ouvre en effet mais stupeur pas de Flora mais une grosse mama qui l'étreint sur ses seins. Il se dégage, traverse l'appartement, saute par la fenêtre, tombe dans les rhododendrons et court comme un  dératé à la recherche d'une autre aimée. Et oui, les fleurs c'est cher, on ne va pas gaspiller.

L'homme de plumes

Dans une forêt , un homme de plumes se baladait. L'hiver approchait et il vantait ses qualités aux animaux à la recherche de terriers:
"Venez chercher sur moi un peu de duvet d'oie, il vous tiendra chaud pendant les jours glacés qui approchent. servez vous sur mes bras, à cet endroit, il repousse rapidement et ne manquera pas. Je suis parfaitement isotherme, mon corps a toujours chaud. Vous pouvez toucher là dessous et puis c'est doux, au lieu de creuser la terre boueuse et vous salir les pattes, venez plutôt vous blottir contre moi, vous serez bien et on tissera des liens. Je suis imperméable aussi, regardez, les gouttes coulent de ma tête emplumée à mes pieds de plumage sans pénétrer cette enveloppe irisée. Je peux profiter de la fraîcheur sans me mouiller et on ne voit pas quand j'ai pleuré. Un petit coup de vent! Admirez alors le joli mouvement qui m'enveloppe, on dirait un voile léger qui peut vous emporter pour rêver. Avant de vous décider, laissez vous subjuguer par mes couleurs, la nature m'a paré des plumes de tous les volatiles,commencez par ma tête noire et blanche de  pie puis parcourez mon corps rutilant de perroquet. Oui, j'ai malheureusement hérité de plumes agressives aux pieds tel un coq de basse cour mais c'est utile pour progresser sur les chemins caillouteux et ne vous attardez pas sur ce point déplaisant, venez plutôt ressentir quelques chatouilles le long de mon dos, là, tout près de mon collier de tourterelle. Vous pouvez aussi vous lover dans mes multiples ailes. Et je ne vous parle pas de la possibilité d'écarter les barbilles pour admirer le paysage, tout de même plus agréable que le noir perpétuel des galeries souterraines!  Un seul problème, c'est le renard . Le voilà! Montez à bord, on s'en va, loin là bas, on verra des pays où il fait chaud et on évitera les contrées où on fabrique des cages à oiseaux.