dimanche 29 mai 2016

Gaz à tous les étages

Au 3ème étage, la fille enlève sa robe
Au sous-sol, Marcel chausse sa frontale
Au 4ème, il allume les bougies et aère son vin
Au 1er, l'homme ne sait plus ce qu'il doit penser
Au 2ème, elles parlent, elles parlent, elles parlent
Au 4ème, il va choisir sa cravate
Au 3ème, la fille prend une douche
Au sous sol, Marcel renverse un carton plein de cafetières ébréchées
Au 1er, l'homme ne sait toujours pas quoi penser
Au 4ème, il ne met finalement pas de cravate trop guindé
Au 2ème, elles boivent, elles boivent, elles boivent
Au 4ème, il se la joue Brad Pitt devant la glace
Au 3ème, la fille opte pour un tanga noir
Au 1er, l'homme doute, si elle le trompait?
Au 3ème, la fille cherche une robe plongeante
Au 4ème, il cherche son polo harponneur de filles
Au sous-sol, Marcel éclaire avec sa frontale un cafard énorme
Au sous-sol Marcel recule sur une pile de chaises cassées
Au 1er, l'homme ne doute plus, elle le trompe
Au sous-sol, Marcel s'ébroue au milieu des pieds de chaises
Au 2ème, elles dansent, elles dansent, elles dansent
Au 3ème, la fille se contorsionne pour voir son décolleté dans le dos
Au sous-sol, Marcel jure, il a mal, il a cassé sa frontale
Au 4ème, il se trouve trop beau dans son polo
Au 1er, l'homme prend son fusil et décide de monter au 3ème, il doit en avoir le coeur net
Au 3ème, la fille va pour sortir, elle sort
Au 3ème, la fille se retrouve nez à nez avec l'homme et son fusil
Au 2ème, elles s'endorment, elles s'endorment, elles s'endorment
Au 3ème, pan!!! la fille gît dans sa robe trouée, l'homme pleure à genou
Au 4ème, il doute, ce bruit? Non, il ne peut pas savoir!
Au 2ème, elles sont réveillées en sursaut, en sursaut, en sursaut
Au sous-sol, Marcel meurt de peur tout seul dans le noir...
Isabelle Gros
Iles

Iles
Iles
Iles dansantes dans l'écume
Iles tremblantes de beauté
Iles comme des taches de lumière
Iles mirage de tous les égarés
Iles peuplées d'êtres fantastiques
Iles vous jouez avec le vide
Iles vous jonchez mes rêves
Iles je jette mes chaussures par dessus bord car je voudrais bien aller jusqu'à vous.
Isabelle Gros
Adam et Eve
Le rugissement d'un tigre à dents de sabre nous signale que le feu est éteint.
C'est l'aube, Adam me pousse hors de ma couche pour que je rallume le feu.
Je me lève, enfile ma peau de mammouth chevelu et ramasse au passage des branches pour réanimer le feu.
Adam me suit en grognant. Il n'est pas du matin. Il rechigne toujours à aller me chercher des baies rouges pour mon petit déjeuner.

Je dois me contenter d'un morceau de lézard froid à demi rongé par les fourmis rouges.

Il me regarde en biais, l'air mauvais, je sais que je ne dois pas lui parler avant sa ration de protéine.
Ah!! qu'ils sont loin nos jours où tous les matins il me faisait sa parade nuptiale, le corps zébré d'ocre rouge et l'oeil embrasé.


La cloche de l'église sonne 6 heure. Adam me pousse brutalement hors du lit bateau sur la terre battue. J'enfile mes sabots et mon châle rouge et trottine jusqu'à la bergerie pour traire notre chèvre et lui servir un bol de lait chaud.
Adam me suit en caleçon long, le bonnet encore sur la tête, en grognant. Il ne faut pas lui parler le matin.
Ah!!! qu'ils sont loin nos matins endiablés, où dès les premières lueurs du jour nous dansions la gigue, nos chemises relevées.

Le hoquenot balancier tridimensionnel oscille et sonne annonçant le lever de Terre.
Adam me pousse hors de notre couche suspendue et je flotte dans l'espace avant d'agripper mes bottes de plomb.
Je fonce lui chercher 1 pastille marron de café soluble et 1 pastille bleue de fleurs de Mars pour son petit déjeuner.
Il me suit en enfilant sa combinaison et son casque tout en maugréant.

Ah!! qu'ils sont loin nos levers spatiaux dérivants et flottants où nos corps s'enchevêtraient dans des positions acrobatiques improbables....
Isabelle Gros



Le lanceur de poids
On nous croit sans finesse et sans tendresse. On a tort.
Je suis un grand sentimental.
Le poids n'est pas un objet comme les autres, que l'on prend et que l'on jette. 
Non chaque lanceur a son poids qui ne ressemble en rien à celui du voisin. 
Le mien a un nom, un petit nom, je lui parle.
Je l'emmitoufle le soir dans des draps de soie, je ne le malmène ni le tripote jamais, il n'aime pas ça.
Je l'échauffe, jamais de lancer à froid ça pourrait le briser. Je le mets en conditions, lui rappelle l'enjeu, le valorise, après tout sans mon poids je ne suis rien!
Je le prends dans ma paume et le caresse. Puis le fais sauter d'un main dans l'autre, de plus en plus vite.
Enfin, quand il est prêt, qu'il a la bonne température, je le niche dans mon cou.
C'est l'instant que je préfère, lui aussi.
Et là, nous ne faisons qu'un, nous dansons d'un pas léger, je l'encourage et le lâche au loin.


Le grand Chambellan
Je suis le grand Chambellan.
Ma robe sombre luit, ma tenue est discrète et pourtant fastueuse.
Je parais l'air de rien, je suis là sans en avoir l'air, j'écoute sans frémir, je conseille de façon mesurée.
Tout le secret est dans le point d'harmonie.
Je ponctue, j'apaise, je calme, je semble inébranlable dans mes convictions que je forge pourtant au gré des humeurs.
Je suis le mât dans la tempête, j'écoute les pleurs et les rires sans changer de tête, je suis nourri de secrets mais reste scellé.
Je me fonds dans le décor si on ne m'appelle pas, je reviens sur le devant dès qu'on me cherche du regard;
Je suis l'invisible éternel Chambellan.

Isabelle Gros

Pas un crissement, pas une lueur
Rien de tranchant, pas d'odeur
Pas un rire, pas un pleur
Nul pas pressé, nul trottoir foulé
Pas un papier, pas un oiseau
Pas de reliques, pas de taches
Rien de lourd, rien de flasque
Quel chant? Quels mots?
Tout s'étend, tout est loin
Plus de contour,  plus de passé

Monotone, longue, uniforme
Profonde et claire
Elle dévore le fond et la forme
La neige
Isabelle Gros

jeudi 26 mai 2016

Les athlètes dans leurs têtes

Aujourd’hui encore je vais la viser cette cible, des années que je veux l’atteindre, juste là , dans le mille comme on dit mais c’est tout sauf une loterie. Je vais la vider cette tête encombrée, je vais atteindre la concentration maximum car c’est bien de cela dont il s’agit. Je me suis entrainée tous les jours, face au soleil levant, les énergies sont bonnes, j’ai fait descendre la respiration dans le bas ventre, il paraît que tout part de là, la tête légère, suspendue par un fil dans les airs, le corps lourd, enracinée sur mes jambes, je respire, inspire expire, j’exécute aussi des mouvements souples des bras, croiser, étirer, viser à droite ,à gauche, je vais l’atteindre cet aigle là haut sur la montagne, je l’aurai ! Mais non pas de colère, pas d’acharnement, être à l’intérieur de soi, là, dans le pré, pas facile, j’aime tellement écouter les oiseaux chanter. Mais ce n’est pas le moment, il faut savoir ce que l’on veut. Concentration, respiration, tension de l’arc, vision acérée, dans une expiration lâcher la flèche, écouter son sifflement, le temps s’est étiré lui aussi, va t elle toucher le but ? Mon cœur bat pourtant je n’y crois pas. Quel but déjà ? la pomme sur la tête de Guillaume Tell, le centre du cercle fixé sur un arbre, je voudrais tellement être une bonne tireuse à l’arc japonais dans un costume ample et parée de cheveux cirés, je voudrais avoir ce regard perçant plus perçant encore que les flèches aiguisées. Je voudrai être entièrement habitée par ce geste précis.
Oui , mais voilà, j’ai les yeux bleus et la main qui tremble…alors le tir à l’arc japonais je n’y arriverai jamais ou dans une autre vie qui sait ?


Parodie

Souvent, pour s’échapper les donzelles du bureau d’en face
Sortent poudres et pinceaux, bric à brac de meufs
Qui les peinturlent en cagoles des quartiers
En poufiasses aguichant le boss plein aux as
A peine ont elles barbouillé leur bouche
Que les lèvres épaisses entr’ouvertes et luisantes
Rappellent étrangement les gobe mouches
Ou la gueule d’un mérou en attente.
Ce masque comme il est triste et vain
Ce minois si jeune comme il est comique et laid
Pourquoi ce changement malsain
Alors qu’un simple sourire suffirait
Un jeu tout ça , pas certain
Un espoir de faire copain copain
Avec le mec du bureau
Celui qui est là haut.


Définitions

Zèbre : herbivore bien connu pour sa robe rayée, celle ci provient de son alimentation, un jour il mange des racines, le lendemain, des feuilles d’où des poils noirs puis blancs. En période de pénurie alimentaire les dessins ne sont pas réguliers, on en voit alors des quadrillés !

Iguane : cet animal présente des pics sur le dos, ce serait les restes de son repas, il a mangé trop de hérissons.

Boa : animal préservé, il date de l’époque où les animaux apprenaient à parler et cet variété de serpent commençait l’alphabet en prononçant un beau A.

Hirondelle : il paraît qu ‘elle ne fait pas le printemps pourtant autour d’elle les mâles exécutent des ronds d’ailes et le ciel s’emplit de petits, si c’est pas ça le printemps !

Otarie : ne peut pas vivre dans un pays où les sources sont taries. Pa de quoi rire !

Souris : petit rongeur qui mange du riz plutôt des grains qu’elle va chercher sous les lits et qu’elle distribue à ses petits. Et là tout le monde sourit. Bon appétit !

Moufmouf : c’est un animal des pays poussiéreux mais il est aussi allergique et vous l’entendrez renifler dans les plaines asséchées. L’avantage c’est qu’après chaque éternuement quelques gouttes tombant de leur nez donnent naissance à quelques herbacées. Du coup ils sont obligés d’émigrer.


Nouvelles d’ici

Ceux qu’on appelle humains ici sont de plus en plus nombreux, tous différents et pourtant ils font tous pareil, ils se lèvent à un moment qu’on appelle matin, entendez par là changent de position, ils passent de l’horizontale à la verticale quand un appareil étrange leur secoue les neurones, parfois c’est simplement la lumière qui leur ébranle le cerveau. Mais ils ne se lèvent pas tous en même temps car comme tu sais le soleil baigne la planète bleue en deux temps. Ici tout tourne , je pense que c’est pareil chez toi. Bref, une fois à la verticale, les pieds collés au sol, ils s’agitent, je ne sais pas trop pourquoi ni vers quoi, ils veulent peut être essayer de décoller, échapper à la gravité ou te retrouver .
Malgré ses mouvements fébriles, il y a des moments de calme ou plus exactement des moments où ils écoutent ce qu’on appelle nature, état originel que tu connais bien, ils se laissent bercer par le flux et le reflux des vagues, ils pensent que c’est la lune qui vient les calmer, tu pourrais peut être lui demander, tu la connais bien. Et chez toi les surfaces liquides bougent elles ? Ici certaines eaux, c’est leurs noms, dévalent et courent partout en immense toile, elles dessinent les creux et bosses que tu aperçois de chez toi. Mais il y en a qui ne peuvent pas écouter, ça je sais pas te dire pourquoi, ils écoutent que leur propre bruit et ils en font de plus en plus. Et là haut on entend les oiseaux ?Tu sais ce sont des petits êtres vivants à deux pattes, couverts de plumes, j’aimerai bien monter sur leurs ailes et voler dans les airs, j’arriverai chez toi.
S’habiller, voilà une autre manie qui existe ici, paraît que c’est relativement nouveau, quelques ères en arrière, ils se protégeaient des intempéries mais maintenant ils répondent à ce qu’ils nomment la mode, ils se font de la concurrence, du commerce. Le commerce , tu connais pas, une drôle d’invention, on ne s’échange pas les choses, on les rapporte à une valeur, je ne saurais pas t’expliquer , je peux juste te dire que si tu viens ici procure toi un max de tunes, c’est la référence, tu en auras besoin pour nous visiter et t’informer sur l’histoire de notre pauvre humanité
Bref, je sais pas s’il vaut mieux être ici ou là bas avec toi.


Adam et Eve

Histoire de serpent, de pomme, on ne sait pas trop, la seule certitude, c’est leur regard, leur désir. Une condition pour cheminer sur cette terre c’est de répondre à cet élan profond vital pour créer ce qu’on nomme humanité . Une paire et voilà une drôle d’affaire en route pour des millénaires.
Habitant des contrées de grand froid, Adam doit partir chasser loin de son pommier. Eve va restée seule, Adam soucieux de son bien être, on ne sait pas d’où vient cette réflexion, confie son aimée à son frère. Arriva ce qui devait arriver, le mal était fait, à son retour Adam eut trois bouches à nourrir.
Pour survivre, il valait mieux descendre en suivant les étoiles. Adam construisit un bateau, Eve fut chargée de la confection des voiles, là aussi on ne sait pas trop pourquoi. Ils partirent sur les mers, un soir Adam perdit le contrôle, il changea de cap. Les sirènes, voilà les coupables, ils s’échouèrent lamentablement. Eve pleurait sur sa condition humaine. Ignut, le frère d’Adam la consolait : « Ce n’est rien , il faut t’habituer et moi je suis là.. »
Quand Adam reprit ses esprits , il se trouva avec quatre bouches à nourrir…..

dimanche 22 mai 2016

Un métier

Je suis marin.
Mon bateau se balance sur une mer bleue presque noire, épaisse comme de la gelée de myrtilles.
Les mouettes tournent en criant au dessus de moi.
J'aimerai remonter un filet plein de sirènes nues et de coquillages rares. J'aimerai pêcher des mérous énormes et des espadons géants que je ramènerai au port, fier de moi, sous les applaudissements et la joie des enfants.
J'aimerai traverser les océans et franchir les 30° rugissantes et les 40° hurlantes, partir de longs mois et me soûler dans les ports où des filles de joie dormiraient dans mon paddock.
J'aimerai être un autre marin. Un grand. Pas  un petit marin sur son petit pointu à ne relever que des sardines et des calamars vendus une misère sur l'étal de Germaine.
Je suis marin. Et je me sens pauvre de ne pas voir ce métier en grand.
Mes rêvent se cassent sur les vagues du petit matin et dans l'odeur de fuel qui traîne sur l'écume sale.
Tonitrrrruant (rouler les rrr)

Tonitruant
tonne et true
true true qu'à la fin
y en a des tonnes
des tonnes ça fait beaucoup
triez moi tout ça!

Tonitruant
tonton t'es qui,
t'es ti truand?
t'es ti Tony?
mais ne tond pas ton ton
ne tond pas ta parole
trie tonton
trie tontaine

Scie scie sciemment
la forêt est tondue
les sommets y en a plus
plus qu'des tas
tas de thons

Tonitruant
Ne laissez pas vos truands courir
gardez les enfermés
sinon le ton monte
monte monte
et tonitrueeeeeeeeeeeee

Butin butor

Butin du jeudi sur les butte des moulins :
des voiles, des cordes, des arceaux, des roues.

Adieu voiles au vent claquantes et fières
les meules se taisent
la main ne trie plus le grain
il ne tourne plus, il regarde la ville
morne

Des cheminées touffues
regardent le ciel
le nouveau siècle
en a fini avec vos bucoliques moissons

Des étendues infinies
toujours plus noires
des nappes gluantes comme
un couvercle posé sur la ville

C'est le progrès qui étend sa main
prend et jette tout ce qui semble ancien
le grand jour est là!
De petites touffes d'herbes
se moquent encore des pavés

Isabelle
Un pas

Un pas, un trottoir
un petit urinoir,
un papier très glacé
un miroir qui se marre
un camion qui s'amarre
une bouche, un cafard
un trésor, une souris
un passant qui sourit

Un pas, des pas
c'est des pas qui résonnent
des travaux, des klaxons
c'est des roue qui s'hérissent
des passants des touristes
c'est des rues à la file
c'est des portes qui s'enfilent

Un pas, une voix
une chanson qui marine
un chat qui lambine
un outil tout rouillé
un chapeau accroché
c'est une fille qui s'avance
c'est des hanches qui se balancent

un pas, des pas,
c'est un long pas à pas.....

Isabelle




Ni queue ni quête

Un ton, une tonne
un pain, une pogne
un bain, une bonne
un saint, ki ki sonne?
un vent, une vente
un rang, une rente
un sapin une soupente
un beau, une botte
un capot, une capote
un radeau, elle radote
un pipeau, une pipelette
un pou, une poulette
un sou, une soubrette
un fou, une fourrure
un cou, une coulure
un camp, une cambrure
un ballot, une baleine
un rein, une reine
un sein, une scène
un vin, une veine
un pain, une peine
un machin, une machine....

Isabelle
Ni queue ni quête

Un ton, une tonne
un pain, une pogne
un bain, une bonne
un saint, ki ki sonne?
un vent, une vente
un rang, une rente
un sapin une soupente
un beau, une botte
un capot, une capote
un radeau, elle radote
un pipeau, une pipelette
un pou, une poulette
un sou, une soubrette
un fou, une fourrure
un cou, une coulure
un camp, une cambrure
un ballot, une baleine
un rein, une reine
un sein, une scène
un vin, une veine
un pain, une peine
un machin, une machine....

Isabelle


jeudi 19 mai 2016

La véritable histoire d'amour (ou pas) d'Adam et Eve

Adam et Eve se rencontrent à la fête du mammouth dans la grotte de Patavel.
C'est pas le coup de foudre. Ni le coup du siècle: Adam est un primate brutal et éjaculateur précoce.

A la guerre des gaules, Eve se décide enfin à prendre un amant. Mais elle se rend compte que finalement, c'est pas terrible non plus.

A la révolution elle en parle à sa cousine Nini qui lui dit qu'elle doit immédiatement quitter ce malotru! L'amour existe, l'orgasme aussi.

Un jour Eve entend parler d'un certain Monsieur Freud. Elle se dit que peut-être Adam souffre d'un complexe spécifiquement masculin et lui propose de se faire psychanalyser.

A la fin de la 2° guerre mondiale, c'est le baby boom. Chez Adam et Eve aussi! Mais en plus d'être un mauvais amant, Adam se révèle être aussi un mauvais père. En plus, depuis la naissance de Caïn, Abel, Seth, Awan, et Azura, il commence à sérieusement picoler et, comme au début de leur rencontre dans la grotte, il tire Eve par les cheveux.

XXI° siècle. C'est la crise. Le métier de cueilleur/ chasseur/ pêcheur disparaît et Adam se retrouve au chômage. Eve décide alors de reprendre un amant mais elle tombe sur un djihadiste qui part en croisade.

En 3000 après JC, Adam se reconvertit dans la pressurisation des navettes cosmiques et rencontre une étoile montante. Il quitte Eve qui se retrouve enfin seule et presque heureuse.

lundi 16 mai 2016

Critique

Au commencement était la fin.  Stanley ELKIN

Tout est dit dans ce titre un poil pompeux.
J'ai envie de dire à Mr ELKIN: "Eh bien, vas-y mon gars, commence par la fin mais arrête toi vite!"
Car sous des allures de livre pseudo politico/psycho/philosophique, il ne se passe RIEN ou pas grand chose. Une immense contrée déserte dans laquelle on a du mal à avancer.
Bref: très décevant.
A noter, toutefois, l'attachement que Stanley ELKIN arrive à nous injecter à dose homéopathique, au bout de 800 pages, tout de même, pour son personnage principal.

RIEN

Il n'y avait rien.
Pas de voyageurs pressés
ni de voyageurs rêveurs
pas de bagages éparpillés
ni d'hôtesses aux guichets.
Pas de guichets.
Pas de clients dans les boutiques
pas de boutiques.
Rien de bourdonnant
rien de bouillonnant
pas de rires stupides
pas d'engueulades joyeuses
pas de gens armés.
Pas d'odeur de kérosène
ni de croissants chauds
ni d'hamburgers rassis .
Rien de foisonnant
rien de tangible.
Pas de queues immenses
pas de vitres sur l'extérieur
pas de panneaux d'affichage
qui cliquettent sur des centaines de villes.
Pas de passeports dans les mains
pas de police des frontières
pas d'ultime baiser
ni d'effusion sentimentale
pas de gestes d'adieux
pas de larmes
ni de promesses de se revoir bientôt.

Il y avait juste un avion
sur une piste abandonnée
un avion plein d'espoir de partance
et de rêves de voyages exotiques.

samedi 14 mai 2016

État critique

Fan Man, de William Kotzwinkle
Ayant très clairement la flemme de m'épancher sur 5000 signe à détailler comment et pourquoi ce livre est mauvais et devrait être envoyé manu militari au pilon, je vais simplement dire que je ne suis pas fan de Fan Man. Et oui, cette blague pourrie était voulue, elle donnera un avant-goût du livre aux amateurs de Kotzwinkle —car il y en a, les idiots et les incultes n'étant apparemment pas en voie de disparition— qui j'en suis certain apprécieront ce dernier opus.

Un sale type, de Stanley Elkin
Disons-le tout net, Stanley Elkin est un sale type. Ayant toutefois l'immense bonheur de ne pas le connaître, je me limiterai à noter que son style —si on peut appeler ça un style— devrait faire l'objet d'une étude littéraire doublée d'un état des lieux psychologique, afin d'une part de s'assurer que l'auteur soit immédiatement interné et ne quitte pas vivant l'asile psychiatrique, et d'autre part que ses écrits servent de référence pour la détection des meurtriers psychopathes violeurs d'enfants.

Sale temps pour les braves, de Don Carpenter
Sale temps pour les lecteurs, plutôt. Ce pavé de 1761 pages est proprement illisible. Ne me demandez pas de quoi ça parle, je n'en ai pas la moindre idée. Et si vous voulez mon avis, l'auteur non plus.

Au commencement était la fin, de Stanley Elkin
Elkin nous régale une fois de plus d'un étron en forme de livre, sorti tout droit de la fosse d'aisance qu'est son esprit. À réserver aux masochistes coprophiles.

L'ours est un écrivain comme les autres, de William Kotzwinkle
On se demande bien ce qui a poussé William Kotzwinkle à pondre un essai sur l'art de l'écriture, lui-même étant incapable d'écrire et l'ayant prouvé à maintes reprises au cours des dix dernières années. Une curiosité, aussi digne d'intérêt que le dernier gribouillage de ma nièce de deux ans.

Bercy 2008

Ils sont tous là, ils sont venus
Pour ce grand soir tant attendu
Ceux qui étaient là au premier
Qui veulent y être pour le dernier
Comme ceux qui n'étaient même pas nés
La première fois qu'ils ont rappé
Ceux qui ont grandi avec eux
Et avaient cru leur dire adieu
Ceux qui en sortant de l'école
Mettaient à fond « Nouvelle école »
Ceux qui commencèrent par la fin
Sur Skyrock le dimanche matin
Et les plus jeunes, ceux qui croyaient
Que jamais ils ne les verraient
Ceux pour qui c'était évident
Ceux pour qui c'est contre courant
Ils sont venus, ils sont ici
Ils sont venus pour faire du bruit
Des crânes rasés, baskets, survets
Des cheveux longs, des midinettes
Des casquettes et puis des lunettes
Des frères, des sœurs et des starlettes
Des gens des blocks et des zonards
Des gens d'habitude en costard
Des gens des villes, des campagnards
Des gens sympas et des connards
Mais quand les trois lettres s'allument
Quand la fumée la scène embrume
Quand le jaguar soudain rugit
Pour dire qu'ici, c'est Saint-Denis
Quand ils demandent si on est là
C'est tous d'une seule et même voix
Qu'on crie, qu'on clame, qu'on fait du bruit
Qu'on fait résonner tout Bercy
Et quand « Seine-Saint-Denis style » commence
C'est comme si on tombait en transe
Y a ceux devant qui font la houle
Et entraînent avec eux la foule
Ceux qui savent les paroles par cœur
Ceux qui s'en foutent, déjà en sueur
Ceux qui crient de plus en plus fort
Ceux qui hurlent bien plus fort encore
Ceux dans la fosse, qui sautent, qui ruent
Et ceux dans les gradins qu'on hue
Ceux qui sur « Le monde de demain »
Connaissent bien plus que le refrain
Ceux qui quand « Police » est chantée
Ont en l'air leurs majeurs levés
Ceux sur « Tout n'est pas si facile »
Dont les larmes ne tiennent qu'à un fil
Ceux qu'en peuvent plus, la gorge en berne
Mais dont les yeux sont tout sauf ternes
Ceux qui suants et exténués
Continuent pourtant à sauter
Mais quand arrive « That's my people »
Tous sont debouts pour jouer leur rôle
Le poing en l'air, à pleins poumons
On fait « Oh ! Ha ! » à l'unisson
À la fin on est encore là
Dans un état proche du coma
À faire du bruit, plus fort, plus fort
À en redemander encore
Car vous voyez, le pedigree
Ça se reconnaît aux dB
On y a droit une dernière fois
Jusqu'à ce qu'on ait plus de voix
Et finalement, après l'outro
Sur le Suprême tombe le rideau

Il y aurait

Il n'y aurait personne, pas de foule amassée
Ni homme, ni femme, ni même d'enfants
Pas de sable fin, de lagon azuré
Pas de hamac oscillant dans le couchant
Pas de comptoir embouteillé
Ni attablées sans cesse jacassant
Pas de prairies, d'arbres, de petit chemin forestier
Ni rivière ni canal serpentant gentiment
Pas de cohue matinale ni de regards baissés
Pas de gens pressés par le temps
Ni coup de coude ni clin d'œil appuyé
Ni longue litanie des gens passant
Il n'y aurait pas le sol, ni la terre sous mes pieds
Et pas le ciel au firmament
Pas de futur, ni de passé
Juste le présent, ici, maintenant
Il y aurait toi
Il y aurait moi
C'est plus qu'assez
C'est suffisant.

mercredi 4 mai 2016

C'est comme

Un escalier, c'est ce qui permet de monter quand on est en bas, et de descendre quand on est en haut.

Le brouillard c'est quand un nuage tombe par terre.

Un avion, c'est comme un bus avec des ailes.

La fille et la mère

La fille, ayant dépensé
Sans compter
Se trouva fort dépourvue
Quand le fisc fut venu
Plus une seule assurance-vie
Pour assurer ses petites folies
Elle se résigna bien malgré elle
À rendre visite à sa chère maternelle
La priant de lui prêter
Quelques thunes pour subsister
Jusqu'à l'année fiscale nouvelle
« Promis je te rembourse, lui dit-elle
Avant que je parte à Hawaii
Tu auras toute ton oseille. »
La mère n'est pas prêteuse
C'est là son moindre défaut
Mais sa mémoire étant mauvaise
Et son conseiller bien trop à l'aise
Bien que réticente à accorder
À sa fille un énième laisser-passer
Celui-ci valida sans remords ledit virement
En échange de la procuration totale sur les comptes de cette chère maman.

Johnny Boncœur

Johnny Boncœur aimait la route
L'asphalte, l'essence, et la vitesse
Un vrai pilote, sans aucun doute
Auraient affirmé ses maîtresses
En rase campagne en plein été
Deux cent à l'heure pied au plancher
Un maquereau soudain surgit
Sur la route pile devant lui
Le choc ne put être évité
Le poisson se fit percuter
Johnny accourt à son secours
Mais il est trop tard pour Seymour
En cinq minutes entre ses bras
Il passa de vie à trépas
Pas un témoin, se dit Johnny
Je m'en vais l'enterrer ici
Or en été, un tel poisson
Ne décatit pas sans passion
Un passant par l'effluve aidé
Déterra le corps faisandé
Pauvre Johnny, il n'avait vu
La caméra au coin d'la rue
Et le juge d'un coup de marteau
L'envoya pourrir au cachot.

L'horloge

C'est un compas tordu qui parcourt la rivière
C'est le roulement d'une pierre qui finira perdue
C'est un doigt qui indique, inlassable, éternel
Le mouvement perpétuel des destins fatidiques

C'est un œil sur le vide qui s'étend au-delà
Un bras qui donne le « la » au pinceau de nos rides
C'est une fenêtre ouverte sur hier et demain
En arabes ou romains elle nous mène à nos pertes

C'est une suite de visages qui nous reviennent sans cesse
Et qui toujours nous pressent à traverser les âges
C'est une règle à degrés qui ne mesure rien
D'autre que les embruns qu'on prend bon gré mal gré

En une syllabe

Il pleut. Ça fait un bail. Le sol y boit à plein. Nul ne dort, bien que ce soit la nuit. Ce soir est fête. Ça danse et ça chante. Le ciel luit des feux de joie, qui brûlent sans fin, sans voir l'eau qui tombe sur eux, qui ne peut les tuer. Ça crie et ça rit, les corps ont faim, mais la pluie est là qui va faire verts les blés.

Tortue et vermicelles

Un koala malade
Boit son calice jusqu'à la lie
Sonne l'hallali
Fin de la balade

Au menu ce soir
En héraut sous les ridelles
Succédané de tamanoir
Tortue et vermicelles

Une hirondelle égarée
Tourne en rond dans un cimetière
Se cogne aux réverbères
À en finir timbrée

Dans ma grande assiette
Sans le moindre grain de sel
Pigeon rôti et côtes de blette
Tortue et vermicelles

Un cheval de retour
Sans compromis, promis, juré
On l'a compris, s'est bien lancé
À l'assaut de la basse-cour

Ça fera l'en-cas
Pour survivre à la belle
Avec pertes et fracas
Tortue et vermicelles

Les mots

Des mots
Des tas de mots, qui à un moment donné donnent des phrases
Des phrases pleines de mots
Des mots pour parler des maux
D'émois, d'émotions et de brisures
De motions de censure
Qui raturent des mots
Des mots qui perdurent
Et d'autres juste perdus
Des mots en l'air
Des monte-en-l'air
Qui volent un instant
Impriment un moment
Puis s'en vont
Par monts et par vaux
Des menteurs
Au mobiles flous
Qui jouent sur les mots
Les homonymes et les synonymes
Miment mots et rimes
D'autres qui les gravent dans la pierre
Les rendent immobiles
À jamais inamovibles

Quelque soit le motif
Rétifs ou dociles
Ainsi sont les mots.

lundi 2 mai 2016

La passante


Elle marche le long des quais, dans le petit matin, tout est calme ,monotone dans cette ville balnéaire. La journée s’annonce triste malgré le soleil déjà haut. Une journée à oublier, à attendre le soir, à attendre

La vague, les vagues qui s’étirent dans un élan de lune

Elle ressasse sa vie d’ennui, de platitudes, de répétitions à pleurer, il ne reste qu’à souhaiter le retour du roulis des galets dans

La vague, des vagues qui s’étirent dans un élan de lune

Aujourd’hui même la mer est d’huile, pas un cliquetis de mât de bateau, pas un cri de mouette, le calme absolu, un état de vie figée jusqu’au destin calculé de la rencontre avec

La vague, les vagues qui s’étirent dans un élan de lune

Le ciel se charge, le vent enfin se lève, le tonnerre gronde sur la falaise, la falaise qui sait que bientôt jaillira à son pied l’écume immaculée de

La vague, des vagues qui s’étirent dans un élan de lune , dans un élan de vie.

La pie


Une pie dans l’arbre sous la fenêtre

Une pie en costume de fête

Une pie fait son nid

Une branche dans le bec, elle se pose la pie dans l’arbre sous la fenêtre

Elle sautille, elle crie la pie

Voleuse il paraît, elle me déplait la pie là dans l’arbre sous la fenêtre

J’aime les mésanges, pas les pies

Pourquoi juste chez moi une pie fait son nid dans l’arbre sous la fenêtre

J’aime pas les pies !

Elle me regarde la pie, elle dodeline de la tête

Ça ne change en rien mon regard sur les pies

Mais ce ballet dans l’arbre sous la fenêtre

C’est peut être pour que je les aime les pies !

Répétitions


C’est le printemps dansent les saisons.

Les jambes se déshabillent et dansent les jupons

Un vent frais ondule le pré et dansent les corolles

Les premiers papillons s’envolent

Et tu danses danses

Les accordéons, les saxos, les flonflons

Et tu danses danses

Le soleil dort,

la lune dans le caniveau

Et tu danses encore

Rencontre au bout de la rue

Je danse tu danses

La danse La vie La danse

Chien fou


Pas papa père de qui de quoi ? De rien du chien perdu sur le chemin. Pas perdu le chien sur le chemin, il part en voyage, au pâturage d’un autre âge, à paris ou au paradis palabrer avec les palombes, les papillons, les passiflores sous les palétuviers, les palmiers. Pas sage le chien, se prend pour Pégase dans un monde parallèle, veut des ailes le chien , veut s’faire la belle, passer le pont de Pontargit, ici gît, non gît pas , pas mort le chien , l’ai aperçu dans le passage de la Foux, le long de la Loue, même pas peur du loup, merci Saint Antoine de Padou. Au bout du bout le patou tourne tourne à se rendre fou, un tour deux tours, passe passera rat des champs, rat d’égout brouhaha galimatias.

Voilà le bout d’une histoire à dormir debout. Et patati patata es escaba

Pas perdu le chien mais reviendra pas sur ses pas le chien là bas il est bien , c’est où là bas, j’en sais rien, j’veux pas savoir aurevoir.