dimanche 29 mai 2016

Adam et Eve
Le rugissement d'un tigre à dents de sabre nous signale que le feu est éteint.
C'est l'aube, Adam me pousse hors de ma couche pour que je rallume le feu.
Je me lève, enfile ma peau de mammouth chevelu et ramasse au passage des branches pour réanimer le feu.
Adam me suit en grognant. Il n'est pas du matin. Il rechigne toujours à aller me chercher des baies rouges pour mon petit déjeuner.

Je dois me contenter d'un morceau de lézard froid à demi rongé par les fourmis rouges.

Il me regarde en biais, l'air mauvais, je sais que je ne dois pas lui parler avant sa ration de protéine.
Ah!! qu'ils sont loin nos jours où tous les matins il me faisait sa parade nuptiale, le corps zébré d'ocre rouge et l'oeil embrasé.


La cloche de l'église sonne 6 heure. Adam me pousse brutalement hors du lit bateau sur la terre battue. J'enfile mes sabots et mon châle rouge et trottine jusqu'à la bergerie pour traire notre chèvre et lui servir un bol de lait chaud.
Adam me suit en caleçon long, le bonnet encore sur la tête, en grognant. Il ne faut pas lui parler le matin.
Ah!!! qu'ils sont loin nos matins endiablés, où dès les premières lueurs du jour nous dansions la gigue, nos chemises relevées.

Le hoquenot balancier tridimensionnel oscille et sonne annonçant le lever de Terre.
Adam me pousse hors de notre couche suspendue et je flotte dans l'espace avant d'agripper mes bottes de plomb.
Je fonce lui chercher 1 pastille marron de café soluble et 1 pastille bleue de fleurs de Mars pour son petit déjeuner.
Il me suit en enfilant sa combinaison et son casque tout en maugréant.

Ah!! qu'ils sont loin nos levers spatiaux dérivants et flottants où nos corps s'enchevêtraient dans des positions acrobatiques improbables....
Isabelle Gros