jeudi 26 mai 2016

Les athlètes dans leurs têtes

Aujourd’hui encore je vais la viser cette cible, des années que je veux l’atteindre, juste là , dans le mille comme on dit mais c’est tout sauf une loterie. Je vais la vider cette tête encombrée, je vais atteindre la concentration maximum car c’est bien de cela dont il s’agit. Je me suis entrainée tous les jours, face au soleil levant, les énergies sont bonnes, j’ai fait descendre la respiration dans le bas ventre, il paraît que tout part de là, la tête légère, suspendue par un fil dans les airs, le corps lourd, enracinée sur mes jambes, je respire, inspire expire, j’exécute aussi des mouvements souples des bras, croiser, étirer, viser à droite ,à gauche, je vais l’atteindre cet aigle là haut sur la montagne, je l’aurai ! Mais non pas de colère, pas d’acharnement, être à l’intérieur de soi, là, dans le pré, pas facile, j’aime tellement écouter les oiseaux chanter. Mais ce n’est pas le moment, il faut savoir ce que l’on veut. Concentration, respiration, tension de l’arc, vision acérée, dans une expiration lâcher la flèche, écouter son sifflement, le temps s’est étiré lui aussi, va t elle toucher le but ? Mon cœur bat pourtant je n’y crois pas. Quel but déjà ? la pomme sur la tête de Guillaume Tell, le centre du cercle fixé sur un arbre, je voudrais tellement être une bonne tireuse à l’arc japonais dans un costume ample et parée de cheveux cirés, je voudrais avoir ce regard perçant plus perçant encore que les flèches aiguisées. Je voudrai être entièrement habitée par ce geste précis.
Oui , mais voilà, j’ai les yeux bleus et la main qui tremble…alors le tir à l’arc japonais je n’y arriverai jamais ou dans une autre vie qui sait ?


Parodie

Souvent, pour s’échapper les donzelles du bureau d’en face
Sortent poudres et pinceaux, bric à brac de meufs
Qui les peinturlent en cagoles des quartiers
En poufiasses aguichant le boss plein aux as
A peine ont elles barbouillé leur bouche
Que les lèvres épaisses entr’ouvertes et luisantes
Rappellent étrangement les gobe mouches
Ou la gueule d’un mérou en attente.
Ce masque comme il est triste et vain
Ce minois si jeune comme il est comique et laid
Pourquoi ce changement malsain
Alors qu’un simple sourire suffirait
Un jeu tout ça , pas certain
Un espoir de faire copain copain
Avec le mec du bureau
Celui qui est là haut.


Définitions

Zèbre : herbivore bien connu pour sa robe rayée, celle ci provient de son alimentation, un jour il mange des racines, le lendemain, des feuilles d’où des poils noirs puis blancs. En période de pénurie alimentaire les dessins ne sont pas réguliers, on en voit alors des quadrillés !

Iguane : cet animal présente des pics sur le dos, ce serait les restes de son repas, il a mangé trop de hérissons.

Boa : animal préservé, il date de l’époque où les animaux apprenaient à parler et cet variété de serpent commençait l’alphabet en prononçant un beau A.

Hirondelle : il paraît qu ‘elle ne fait pas le printemps pourtant autour d’elle les mâles exécutent des ronds d’ailes et le ciel s’emplit de petits, si c’est pas ça le printemps !

Otarie : ne peut pas vivre dans un pays où les sources sont taries. Pa de quoi rire !

Souris : petit rongeur qui mange du riz plutôt des grains qu’elle va chercher sous les lits et qu’elle distribue à ses petits. Et là tout le monde sourit. Bon appétit !

Moufmouf : c’est un animal des pays poussiéreux mais il est aussi allergique et vous l’entendrez renifler dans les plaines asséchées. L’avantage c’est qu’après chaque éternuement quelques gouttes tombant de leur nez donnent naissance à quelques herbacées. Du coup ils sont obligés d’émigrer.


Nouvelles d’ici

Ceux qu’on appelle humains ici sont de plus en plus nombreux, tous différents et pourtant ils font tous pareil, ils se lèvent à un moment qu’on appelle matin, entendez par là changent de position, ils passent de l’horizontale à la verticale quand un appareil étrange leur secoue les neurones, parfois c’est simplement la lumière qui leur ébranle le cerveau. Mais ils ne se lèvent pas tous en même temps car comme tu sais le soleil baigne la planète bleue en deux temps. Ici tout tourne , je pense que c’est pareil chez toi. Bref, une fois à la verticale, les pieds collés au sol, ils s’agitent, je ne sais pas trop pourquoi ni vers quoi, ils veulent peut être essayer de décoller, échapper à la gravité ou te retrouver .
Malgré ses mouvements fébriles, il y a des moments de calme ou plus exactement des moments où ils écoutent ce qu’on appelle nature, état originel que tu connais bien, ils se laissent bercer par le flux et le reflux des vagues, ils pensent que c’est la lune qui vient les calmer, tu pourrais peut être lui demander, tu la connais bien. Et chez toi les surfaces liquides bougent elles ? Ici certaines eaux, c’est leurs noms, dévalent et courent partout en immense toile, elles dessinent les creux et bosses que tu aperçois de chez toi. Mais il y en a qui ne peuvent pas écouter, ça je sais pas te dire pourquoi, ils écoutent que leur propre bruit et ils en font de plus en plus. Et là haut on entend les oiseaux ?Tu sais ce sont des petits êtres vivants à deux pattes, couverts de plumes, j’aimerai bien monter sur leurs ailes et voler dans les airs, j’arriverai chez toi.
S’habiller, voilà une autre manie qui existe ici, paraît que c’est relativement nouveau, quelques ères en arrière, ils se protégeaient des intempéries mais maintenant ils répondent à ce qu’ils nomment la mode, ils se font de la concurrence, du commerce. Le commerce , tu connais pas, une drôle d’invention, on ne s’échange pas les choses, on les rapporte à une valeur, je ne saurais pas t’expliquer , je peux juste te dire que si tu viens ici procure toi un max de tunes, c’est la référence, tu en auras besoin pour nous visiter et t’informer sur l’histoire de notre pauvre humanité
Bref, je sais pas s’il vaut mieux être ici ou là bas avec toi.


Adam et Eve

Histoire de serpent, de pomme, on ne sait pas trop, la seule certitude, c’est leur regard, leur désir. Une condition pour cheminer sur cette terre c’est de répondre à cet élan profond vital pour créer ce qu’on nomme humanité . Une paire et voilà une drôle d’affaire en route pour des millénaires.
Habitant des contrées de grand froid, Adam doit partir chasser loin de son pommier. Eve va restée seule, Adam soucieux de son bien être, on ne sait pas d’où vient cette réflexion, confie son aimée à son frère. Arriva ce qui devait arriver, le mal était fait, à son retour Adam eut trois bouches à nourrir.
Pour survivre, il valait mieux descendre en suivant les étoiles. Adam construisit un bateau, Eve fut chargée de la confection des voiles, là aussi on ne sait pas trop pourquoi. Ils partirent sur les mers, un soir Adam perdit le contrôle, il changea de cap. Les sirènes, voilà les coupables, ils s’échouèrent lamentablement. Eve pleurait sur sa condition humaine. Ignut, le frère d’Adam la consolait : « Ce n’est rien , il faut t’habituer et moi je suis là.. »
Quand Adam reprit ses esprits , il se trouva avec quatre bouches à nourrir…..