dimanche 22 mai 2016

Un métier

Je suis marin.
Mon bateau se balance sur une mer bleue presque noire, épaisse comme de la gelée de myrtilles.
Les mouettes tournent en criant au dessus de moi.
J'aimerai remonter un filet plein de sirènes nues et de coquillages rares. J'aimerai pêcher des mérous énormes et des espadons géants que je ramènerai au port, fier de moi, sous les applaudissements et la joie des enfants.
J'aimerai traverser les océans et franchir les 30° rugissantes et les 40° hurlantes, partir de longs mois et me soûler dans les ports où des filles de joie dormiraient dans mon paddock.
J'aimerai être un autre marin. Un grand. Pas  un petit marin sur son petit pointu à ne relever que des sardines et des calamars vendus une misère sur l'étal de Germaine.
Je suis marin. Et je me sens pauvre de ne pas voir ce métier en grand.
Mes rêvent se cassent sur les vagues du petit matin et dans l'odeur de fuel qui traîne sur l'écume sale.