lundi 3 mars 2014

retrouvailles ratées

Hourra! Il a trouvé l'adresse, il entendait sa voix lui murmurer"viens ici, viens ici"
"Pourquoi est elle venue ici , dans ce quartier de bobos, ce n'est pas son style à ma Flora! Ma Flora bien aimée, ma Flora qui s'est sauvée un matin après notre petit déjeuner, j'avais beurré ses tartines et chauffé son café et pourtant elle s'est sauvée."
Son amour est encore si vif qu'il a rassemblé toutes sortes d'indices et a fini par la retrouver, son  aimée.
Avant d'aller à sa rencontre, il doit se préparer pour se montrer à son avantage. Il pousse les fauteuils pour mieux se voir dans la grande glace du salon, il se coiffe avec soin, trace une raie de côté dans sa chevelure ébouriffée,  fixe l'épi récalcitrant à la gomina, met sa chemise blanche du dimanche, repasse le pli de son pantalon, revêt un gilet à fleurs et entreprend une étude d'attitudes adéquates pour présenter le bouquet acheté le matin au fleuriste du coin. Il le tient serré contre sa poitrine, se cache le visage dans le feuillage, le laisse prolonger son bras décontracté, le cache derrière son dos. C'est ça, derrière le dos pour faire une surprise à Flora, il le dévoilera en lui ouvrant les bras, et là, elle lui sautera au cou, ils s'enlaceront et disparaitront .....où? dans une chambre au fond, elle a bien une chambre ma Flora, une chambre pour nos ébats.
Il est prêt, il arrive à la hauteur du 13 rue des amours,repère la baie au rideaux bleus comme chez eux, il monte les escaliers quatre à quatre, reprend son souffle, ajuste ses lunettes, s'asperge d'eau de toilette et sonne:"Vite, vite, viens ma bien aimée!"
La porte s'ouvre en effet mais stupeur pas de Flora mais une grosse mama qui l'étreint sur ses seins. Il se dégage, traverse l'appartement, saute par la fenêtre, tombe dans les rhododendrons et court comme un  dératé à la recherche d'une autre aimée. Et oui, les fleurs c'est cher, on ne va pas gaspiller.