Le soir tombait, les pommiers se balançaient de droite à
gauche, de long en large sur l’allée. Le silence se faisait entendre et
demeurait ; à part si les âmes disparues du cimetière de campagne où je me
trouvais ; conversaient entres elles.
J’aimais me balader là-bas, quand j’étais tourmentée, la
sérénité du lieu m’envahissait comme un havre de paix.
Chaque tombeau avait sa propre inscription, mais je n’y
jetais jamais un œil. Par pudeur, par respect peut-être… Je n’ai jamais su
pourquoi ; à vrai dire, je ne me suis jamais posée la question. Tant d’âmes,
tant d’esprits qui avaient vus la lumière du jour, demeuraient là.
Pourtant, j’aimais ce cimetière de village, pour sa
petitesse, sa beauté florale. Je n’ai jamais su pourquoi ; à vrai dire, je
ne me suis jamais posée la question.
Une certaine Hester Gray, reposait là. La seule, la seule
que j’avais osé déranger dans son cercueil, pour la fleurir chaque soir. Hester Gray, née 1853, décédée en 1873. « Une
américaine ! » avait-on dit. « Une jeunette de vingt ans, qui
avait épousé un homme de trente ans, son aîné ?» Ou une histoire d’amour avec
un jeune homme fiancé ? Un crime passionnel qui avait causé sa perte ?
Quels secrets et mystères cachait ce personnage ?
Seule sa tombe n’avait pas été fleurie, et pour lui rendre
hommage, sans savoir pourquoi, ni comment ; je cueillais des mimosas pour
préserver sa mémoire, sur son tombeau.
Par pudeur, par respect ? Je n’ai jamais su pourquoi ;
à vrai dire, je ne me suis jamais posée la question. Désormais ce cimetière
était fleuri de toutes parts, peuplés d’âmes, d’esprits fantomatiques, qui
étaient en paix, grâce au pouvoir des fleurs.
Chaque soir, mon bouquet de mimosas à la main, j’y déposais
discrètement ces fleurs. Puis je repartais
en m’éclipsant discrètement, le cœur en rêves ; laissant derrière moi un
cimetière paisible et silencieux ; à moins que les âmes disparues y
parlaient des langages secrets...
Christina