dimanche 10 mars 2019

Textes à mots

C’était Noël, la période des marrons et des marshmallows qui fondent dans le chocolat chaud. Mais dans le no man’s land, rien de tout ça. Perchés sur les branches mortes d’ormes et d’orangers déplumés par les gaz, des oiseaux obèses contemplent les os de petits gars de Melbourne ou du Michigan, soigneusement nettoyés par leur soin. Pas d’étoiles Michelin pour ce restaurant à piafs, qui profitent des largesses de la Mère Patrie, des flots que lèvent ses muses armées de tambours battants. Pour qui ? Pour quoi ? Mystère.

La Mère Patrie ? Pour certains, c’est Melbourne, pour d’autres c’est le Michigan. Pour ma petite nièce confite de marshmallows, c’est probablement Noël. Noël et son déluge de sucreries, de victuailles splendides qu’on ronge à l’os, de biscuits à la cannelle, au cacao, à la vanille et à la fleur d’oranger, de marrons glacés. Un no man’s land de la nutrition, vraiment, à faire tomber toutes les étoiles d’un guide Michelin. La petite muse du glucose et du gras avale tout, et pourtant reste fine comme un roseau. Comment ? C’est un mystère. Ses nounous à l’appétit d’oiseau ne se l’expliquent pas, elles qui à force de voir défiler les plats en sont devenues obèses. Voilà bien un sujet pour la Nouvelle Revue Française.