lundi 13 décembre 2021

 Quelques minutes et tout bascule

 

La montée a été dure, le guide nous encourageait mais les heures s’accumulaient et la distance parcourue était insignifiante. La météo était de plus en plus mauvaise, nos vies étaient en danger. Nous atteignions le sommet quand un orage de grêle nous jeta à terre, la mort guettait. Tout se brouillait dans nos têtes, un retard de quelques minutes, incompressible changea la vie et le destin. Un d’entre nous, Julien, le plus jeune, décéda à nos côtés, foudroyé. Nous fûmes longtemps perturbés. De retour dans la vallée, nous avions repris nos activités alimentaires mais nous réfléchissions sans cesse au sens de nos vies. Pour ma part, je collectionnais les objets retraçant mon parcours d’alpiniste. Au moindre objet perdu le sentiment d’oublier un bout de moi- même m’angoissait. Je n’étais plus entier, Julien me manquait au travers de ces pièces de musée. Je pensais que sa compagne ne s’en remettrait jamais. Un dimanche où je lui rendais visite, elle berçait toujours sa poupée quand je suis entrée. Elle est restée des semaines ainsi, figée dans sa vie.

J’ai fini par ranger piolets et crampons et j’ai quitté la région.

Quelques mois plus tard, j’ai reçu un courrier accompagné d’une photo : elle grimpait, Charlotte !