lundi 14 avril 2014

A Roger, à tous les miens


Nous n'avons rien fait que vivre. Faire rien, est-ce déjà quelquechose? Les minutes ont passé, les heures et les jours, sans qu'il en reste de trace. Le temps s'est étiré du côté du futur, nous sommes restés invisibles, secrets. Pas d'histoire; pas de livre d'histoire; pas de livre de notre histoire.
Combien faudra-t-il de temps pour qu'il ne reste de nous aucune trace, aucune mémoire, aucune couleur, de nous qui ne sommes pas Mozart mais des anonymes du petit peuple, qui se sont aimés?
Dans un siècle peut-être encore une photo trainera dans un tiroir, et des gens diront: Qui était-ce?
Dans deux siècles, c'est sûr, nous aurons vraiment disparu.
Et pourtant nous sommes la foule. Sans des milliards d'invisibles, sans notre musique à chacun, pas d'histoire,pas de foule, pas d'humanité.
Nous avons été des parcelles de l'humain dans l'immensité, pour la nuit des temps.
Rien ne pourra faire que nous n'ayons pas été. Nul besoin de mémoire.
C'est là, nous sommes là, au monde. Pour toujours.
Notre absence, notre inexistence, qu'aurait-elle changé à demain?