C’est un matin d’été.
Il est tôt, la chaleur est encore supportable. C’est un matin étrange,
on dirait que le ciel est tombé sur la terre. Brume. Silence. Pas un chant
d’oiseau. Juste cette ouate légère qui enveloppe la ville grise. Un jeune homme
marche à pas de somnambule au bord de l’Huveaune.
Depuis une semaine
souffle un mistral terrible qui a tout desséché et chassé à l’autre bout de la
planète les miasmes et la pollution. Dans le ciel d’un bleu d’acier stationnent
des nuages lenticulaires qui ressemblent à des soucoupes volantes. L’enfant ouvre les bras, se met à courir en
tournant sur lui-même…
Le mois de mars de cette année là fut très agité. La journée
avait été printanière, le ciel s’est obscurci d’un coup en début de soirée, de
gros nuages noirs ont avalé le ciel et l’orage de grêle a éclaté avec violence.
Bientôt le sol fut recouvert d’un épais tapis de glace, les grêlons crépitaient
avec un bruit de mitraillette. Le paysage devint polaire, méconnaissable. Ses
pieds chaussés de sandales avançaient prudemment.
Le soleil fait ce qu’il peut, il brille au firmament en ce
milieu de journée et pourtant il fait froid, un léger voile blanc semble absorber
la chaleur. La lumière est tamisée, pâle, les ombres ont disparu. Cette journée
est une invitation au ralentissement, à la paresse. Impression d’y voir
trouble. Hélène s’étire et baille.
Tamanrasset. C’était le but. Le désert. Chaleur sèche,
irrespirable, insupportable. Lumière si vive, si violente, qui danse au sommet
des dunes. L’air vibre, bourdonne. Et, comme si ce n’était pas suffisant, le
sirocco s’est levé, a soulevé une fine poussière de sable piquante comme des
milliers d’épines de cactus et a dressé un écran jaunâtre entre le ciel et la terre.
Kamel…