De ma fenêtre je ne vois ni rues, ni immeubles, ni voitures.
Devant ma fenêtre ne se dresse pas la moindre colline, aucune montagne à l’horizon,
pas une morne plaine ne se traine à ses
pieds. Ma maison est au fin fond d’une
impasse. Ma fenêtre n’offre à ma vue que mon jardinet.
A droite, dans la
plate-bande, le vieux pommier au tronc en zigzag commence à fleurir. Les
boutons bien rebondis sont rose vif mais, étonnamment, les fleurs en bouquets
sont d’un blanc lumineux. Sur la terrasse, un ginkgo dans un pot en terre trop
petit, se couvre vaillamment de petites feuilles vert tendre en forme
d’éventails. A gauche, un carré de terre au centre duquel trône un pêcher qui
était couvert de fleurs il y a quelques jours et qui est maintenant bien
feuillu. A ses pieds, quelques fraisiers en fleurs, des ficoïdes, un plant de
sauge, un ciste à grosses fleurs roses et trois vieux rosiers qui m’impressionnent par leur longévité et leur
vigueur. Le jaune, ce matin, m’offre trois roses à peine écloses. Un autre, mon
préféré, a des roses couleur « cuisses de nymphe émue ». Il arrive qu’un
coquelicot, un pissenlit ou quelque autre herbe sauvage s’installent en douce,
ils sont toujours les bienvenus.
Ce petit espace est clos de murs et de haies, à travers
lesquelles je peux voir les murs et les toits des maisons voisines toutes
proches.
Au dessus, le ciel…variable…spectacle
inépuisable.
Le confinement n’a rien changé à la vue de ma fenêtre. C’est
une vue très limitée, une vue de proximité, sans lointain, parfaite pour les
contemplatifs. Chaque matin je suis curieuse de découvrir ce qui a changé
pendant la nuit, je ne suis jamais déçue.
Ce qui se passe à l’extérieur ? De là, je ne peux pas
vous le dire.
17 avril 2020