mercredi 4 novembre 2020

 Reconstitution

Trois maisons dans le hameau, alors forcément, on épie.

Hier soir, les voisins ont fait rentrer la chatte comme d’habitude aux environs de huit heures.

Il ne faisait pas chaud, la bise soufflait, pourtant toute la famille est sortie, ils sont rentrés tard, les enfants ont dû s’endormir rapidement, enthousiasmés par leur balade avec une lampe frontale, une première.

Vers minuit, Mr Tourpin a fermé doucement la porte, un sac en plastique noir à la main. Il avait l’air lourd et animé ce sac. Quelques minutes ont passé et j’ai entendu un bruit violent comme un coup de marteau sur un caillou. Ils s’énervaient parfois contre sa nombreuse progéniture mais tout de même.

Mr Tourpin a pris le chemin de la forêt avec son sac et une pelle. L’orage a éclaté, un éclair a illuminé la clairière, j’ai regardé Mr Tourpin revenir, il n’avait plus le sac, il marchait tête baissée, le poids était maintenant sur ses épaules.

Au petit matin, sur le chemin, je trouve des traces de sang, de la chair éclatée recouvre le cairn du croisement, quelques frêles ossements sont restés collés sur les pierres. Un peu plus loin, la terre est retournée, la pluie l’a suffisamment attendrie pour que je puisse creuser avec la pointe de mon soulier. Il aurait pu recouvrir le lieu de gravier, de mousse, que sais-je ? Non, un simple trou, au fond quatre petits corps dépecés par la violence des coups, quatre petits minous massacrés. Je n’ai pas retrouvé le sac ni l’outil de la tuerie.

Demain matin, Mr Tourpin racontera des balivernes aux enfants du genre : « Mounette a maigri pendant la nuit ou bien, les petits sont partis.

Je lui donnerai l’adresse d’un vétérinaire pour faire castrer cette pauvre Mounette.