vendredi 12 juin 2020

Il ne se passa rien

Le 16 mars 2020, ici, chez moi, il ne se passa rien.
Le gouvernement n'annonça pas que la pandémie due au coronavirus entrait dans le stade 3 et que nous étions tous confinés. Il n'y eut pas de plan d'urgence sanitaire. Je n'appris pas que je ne pouvais plus aller voir mes enfants, ma mère et mes amis. Ce jour-là je ne me suis pas précipitée dans l'armoire à pharmacie à la recherche d'un flacon d'alcool pour désinfecter poignées de porte, interrupteurs, clavier d'ordinateur, souris et téléphones. Je n'ai pas appelé les uns et les autres pour savoir comment ils allaient. Je n'ai pas regardé les terribles images de Wuhan que la télé diffusait en boucle. Je n'ai pas entendu les messages anxiogènes diffusés par le gouvernement. Ce jour-là, je n'ai même pas entendu le silence inhabituel qui s'était abattu sur la ville.
Ce jour-là, le soleil, le ciel, le vent n'ont rien fait de spécial. Le soleil n'était masqué par aucun nuage, il éclairait le monde comme d'habitude. Il ne se passa rien dans le ciel qui se contenta d'être bleu et le vent paresseux ne fit pas danser les branches des arbres.
Un ennemi invisible ne semait pas la terreur.
Ce jour-là, il ne se passa rien et tout s'arrêta.