Je sais
qu’elle est là, petite et pourtant grande. Fragile et pourtant elle a passé des
générations maintenant. Elle est toujours là, elle m’accompagne à chaque fois
que j’ai du m’installer au loin, cependant plus jamais je ne lui parle, je la
regarde seulement quand je passe tout près. Parfois il m’arrive de la prendre
et de lui faire une beauté, mais je la trouve toujours belle et je ne veux pas
la déranger, lui changer ses habitudes et encore moins ses apparences. Mais, au
fait, savez-vous qui elle est ? Elle est là toujours à la même place. Elle
m’attend. Pourtant elle sait que je ne la regarderai pas nécessairement ce
soir, ni même demain. Mais, je veux qu’elle m’accompagne. Je ne veux pas qu’elle me quitte. Je sais qu’elle
me survivra. Son corps fragile a bien résisté au temps. Ses bras et ses jambes
sont toujours articulés et tous intacts. Sa tête de porcelaine a toujours son
teint clair. Ses yeux s’ouvrent chaque fois que je la relève. Ses cheveux sont
réels et lui font un halo brun autour de son frêle visage.
Le cœur a
ses raisons que la raison ne connaît point. C’est pourtant vrai. Pourquoi je
l’aime, pourquoi je la veux. On m’en a montré d’autres cent fois plus jolies.
Plus grandes, plus à la mode, plus élégantes. Et bien non, je la veux. Je veux
qu’elle soit là dans la lumière ou dans la peine ombre. Dans la nuit, je pense même
la voir. Je sais qu’elle est là, toujours à la même place. Droite posée sur la
commode. Elle se tient fière sur son socle. Je sais qu’elle est là, qu’elle me
regarde.
Un jour,
j’ai cru que l’on me l’avait enlevé. Qui avait osé ? La nuit, parfois on
doute, la nuit, j’écoute tout fuit, tout passe, l’espace efface le bruit.