vendredi 6 décembre 2013

Lui et Moi



 Lui et Moi

Nos balades dans les boutiques de fringues – même pas pour moi, mais pour toi qui ne trouvais pas ta taille, pas ton style, aux U.S.A., disais-tu.

Bruxelles, Avenue Louise – tes taquineries auprès des vendeuses, tes questions sur les matières.
Je touchais les tissus, humais les odeurs de la moquette au plafond comme on hume l’air de la campagne, de l’humus de la mousse aux parfums des fleurs et de la sève des arbres.

Tes essayages de pantalons avec plein de poches. Tu en avais besoin dans ton travail et je t’imaginais courant côté cour et côté jardin pour mettre en place les comédiens, un détail du décor, déposant tes lunettes, sortant ton stylo.

Tes blousons aussi, taille XXL sans doute – des kakis de toutes sortes sur les imprimés. Tu n’étais pourtant pas dans l’armée. Et je hume le parfum des vendeuses. Et je sens le sien, délicat, exquis. Subitement, je me pose la question : quel est-il ?

Comédien, que tu la jouais cool ! Quel divertissement j’avais avec toi à ces moments de partage, d’échanges, juste ponctués par des « Comment trouves-tu, Anne-Marie ? » Ton rire, quand tu me trouvais juste indécise : quelle douce mélodie.

Essayages. Changement de style. Tu revenais toujours au tien : chic et décontracté à la fois. Toujours chaleureux et drôle :  tout ce que j’aime !

Les vendeuses se dérident. Avenue Louise, ce n’est pas évident. Elles sont un peu coïncées, ces demoiselles, avant que tu sortes ta Visa ou American Express.
Alors l’air semble beaucoup plus léger. Les portes s’ouvrent. L’air frais pénètre et nous prévient de remonter nos cols.

Balade dans les rues. Rien ne t’échappe. Tu as l’œil du metteur-en-scène. C’est cocasse. Toutes les scènes de la vie sont drôles.


 Une femme qui retourne à sa voiture parce qu’elle a oublié quelque chose : tu en fais une scène parodiant Pagnol. C’est d’autant plus cocasse que tu es Belge, de Liège, et que tu n’as aucun accent – surtout pas celui du Midi. Mais tes mots sont là pour le décrire.

Juste un peu sarcastique parfois, sans méchanceté aucune.

La cigarette, un peu, très peu. L’odeur de ses Craven, envoûtante – ses doigts autour, dégageant force et sensualité tout à la fois.

Les attentions, beaucoup, vraiment beaucoup.
En riant, il me disait : « Bon, on va se détendre dans un café. »
Boire juste ce qu’il faut : un thé avec moi.

Odeurs de bières, mais juste ce qu’il faut aussi. Le café n’est pas enfumé. C’était avant l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Mais ici, ça va. Il fait chaud. L’atmosphère n’est pas pesante. On peut discuter et s’entendre suffisamment pour qu’il puisse me raconter son prochain spectacle.

L’écriture, souvent, sur un petit carnet minuscule où tu notes aussi des petites choses.
Cerveau en ébullition.
Tes idées sont là et tu te prépares à de grandes œuvres :
Cinéma, théatre, comédies musicales.

Te connaître.
Oui. Quelle chance j’ai.