mardi 24 mars 2020

De cité en cité


La cité où je travaille: Des tours, très hautes, moins hautes, dix étages minimum tout de même. Des centaines de fenêtres, des balcons encombrés, vélos, motos, linge qui sèche, meubles entassés. Peu de gens. Du gris, du gris, du gris. Les allées, grises, noires, jonchées de détritus, de matériel abandonné là depuis longtemps, gazinières, carcasses de vélos, matelas troués. Des gens vont, viennent, toutes teintes de peau, toutes teintes de vêtements, seuls les foulards et boubous africains comme taches de couleur, d'un peu de gaité. Des gens sont adossés aux murs, des jeunes, des garçons seulement. La fumée de leurs cigarettes. L'accablement dans leur attitude, dans leurs yeux. A l'entrée une école. Les cris des jeux d'enfants à l'heure de la récré. A l'entrée un commissariat. Aucun policier dehors. La peur. Ça sent la peur.

La cité où je demeure: Deux longues barres d'immeubles, quatre étages. Des balcons, des balcons fleuris. Sur certains des gens déjeunent au soleil. Des voitures bien alignées sur le parking. D'autres qui vont et viennent tranquillement. Des gens qui passent, pressés ou en promenade. Ils se saluent, s'interpellent. Des enfants qui font des tours, en vélos, skates ou trottinettes. Tout autour la pinède, les rochers, les collines. Des petits sentiers pour s'échapper directement dans le Parc national des Calanques. Le chant des oiseaux. Les pies qui traversent la route sans crainte, volettent d'arbre en arbre. Un homme qui promène son chien. Un chat allongé sur le toit d'une voiture. Les pins. Ça sent les pins.