mardi 31 mars 2020

Il faut partir

Je suis chez mon psy. Il vient de me poser une question qui m'embarrasse:
Vous devez quitter votre maison précipitamment qu'emportez-vous?

Tout!... Ou rien plutôt que choisir.
Mon sac? Peut-être , avoir mes papiers m'éviterait sûrement des démarches administratives ennuyeuses.
Mon téléphone? J' oublierais le chargeur, il serait vite inutile. Non pas le téléphone, j'ai appris par cœur les numéros de mes enfants, c'est suffisant.
Mes bijoux? Je ne possède de précieux que mon alliance, large, en or blanc, comme ça se faisait dans les années soixante dix. Je l'ai portée uniquement pendant la durée de la cérémonie puis rangée dans une boîte. Mes autres bijoux n'ont aucune valeur. Non je ne les emporterai pas.
Un vêtement? Oui si il fait froid, la doudoune rouge suspendue dans l'entrée.
Des photos? Sûrement pas. Je n'aime pas les photos, n'en ai aucune dans mon sac. Les photos représentent toujours ce qui n'est plus, elles me rendent nostalgique et triste.
Mon fennec en peluche? Oui, j'aimerais l'emporter, je l'ai depuis si longtemps! Il est bien vieux, sale, il n'a jamais été beau, il ne tient pas debout, ni assis, il a quelque chose de gauche, d'imparfait, de fragile qui me touche, il a besoin de moi.
Quoi d'autre?
Mes souvenirs, mes rêves, mes amours, mes amis, vous, vous tous, je vous emporterai, tant pis pour le reste.