mardi 31 mars 2020

Départ en catastrophe:
Il faut partir. Urgence absolue ont dit les pompiers dans le haut parleur. Une chance , je suis habillée donc prête. Enfin , presque.Un jean,ça fait la semaine.
Mon sac, je l'aime bien, un beau cuir, bien tanné, bien usé, un beau décor affiche son origine andalouse, bien connu, une grande poche, deux petites, bien pratique pour classer l'indispensable. L'indispensable, c'est bien de cela dont il s'agit:
mes papiers, mon portefeuille avec carte bleue et un peu de liquidité, mes ordonnances vitales et la carte qui va avec,des kleenex, un stylo,quelques biscuits. Il est toujours opérationnel, sans doute les traces laissées par les évacuations précédentes. J'ajoute une bouteille d'eau.
Il est le premier sur mon dos, ses bretelles libèrent mes mains pour les objets accompagnateurs de détresse.
Dans l'une, une petite valise avec mes petites culottes, ma brosse à dents, des tee-shirts roulés, un pull, un kway, faut penser aux intempéries.
dans l'autre, un sac où je jette en vrac:
mon nounous, ton dernier cadeau
ma tirelire en porcelaine, toujours vide mais souvenir de papa
des petits objets, des bijoux qui trainent, il y en aura toujours un pour me rappeler quelqu'un
un poupée en bois, ma vie dans le Jura
mes flûtes pour la beauté et les heures partagées, la possibilité de les faire chanter
F.Sheng, C.Bobin,P.Jaccotet, je ne les sais pas encore par coeur
Quelques petites photos ce serait bien mais je n'en ai pas, pas grave, mes êtres chers sont dans ma tête
Allez, il faut partir, le téléphone dans une poche, le chargeur dans l'autre, on sera peut-être encore relié. On verra