mardi 31 mars 2020

Yellow River

Au fond de la vallée, après le grand canyon, le campement s'éveille. Quelques femmes sont déjà à la rivière. Le grand chef salue solennellement le soleil. Les chevaux s'ébrouent dans la prairie verdoyante .
Le silence de la nuit, pas tout à fait effacée, fait place à un grondement lointain, une sorte d'ouragan sans nuage approche. "Fils de lune écoute le sol". Il a l'air inquiet. Une machine infernale semble lancée à toute vitesse. Un déchainement innommable se prépare. Une menace sournoise, invisible dont on ignore l'origine, du moins pour le moment, un roulement sourd et profond se rapproche. un danger imminent menace. Un souffle nauséabond se fait sentir. Soudain, un nuage de poussière en haut de la falaise. Une cavalcade. Les sabots de chevaux au galop font trembler le sol. Le son d'un cor et la charge s'abat sur le village. Des tirs en rafale, des balles qui sifflent. Aigle noir est à terre, les femmes crient, courent, leurs bébés dans les bras. Dans tous les sens , des enfants tentent de s'échapper, certains se jettent dans la rivière dont ils ne ressortiront pas. La terreur, l'horreur. des hommes sont décapités et gisent dans leur sang. Les tipis sont en flammes, une odeur de brûlé dans toute la vallée, des corps carbonisés. Des anciens hurlent leur douleur, on les fait taire, une balle dans la tête. Un carnage. Même les plateformes funéraires sont détruites. En quelques heures, il ne reste plus rien. La mort. Une odeur âcre se répand. Les cheyennes sont exterminés. Au milieu de cette désolation effrayante, un indien, assis en tailleur, le dos droit appelle la terre mère à son secours, il sait qu'elle contient son histoire. Le chant des disparus en son sein monte dans les montagnes autour de Yellow River.