Il y a Moi, quelque part dans une vallée semée de
brouillard. Où suis-je ? Je ne sais pas. Qui suis-je ? Je ne sais
pas. Des rires lointains parviennent à mes oreilles. Comme un écho qui vient
puis repart. En silence. J’avance de quelques pas. Et une tristesse passagère s’échappe des
quelques arbres alentours. Je n’ai pas peur. Quelque chose d’apaisant m’entoure.
M’enveloppe. C’est étrange. Je poursuis mon chemin dans ce désert de vie. Un bruit
sifflant et régulier entrecoupe le calme des lieux. Quelque chose de vif, de saccadé.
Ma respiration… Je suis donc bel et bien consciente. Je flotte. Mes pensées
voguent dans l’air. Quelques images floues et vaporeuses me reviennent. Des tons
de noir, de gris, de blanc et de lumière en sortent… Oui. Je suis Seule.
Effroyablement. Désespérément Seule. Et puis, il y a d’un coup ce voile d’argent
immaculé qui s’élève dans l’air. Est-ce un Ange venu me sauver ? Qui
suis-je ? C’est une clarté toute singulière. Aveuglante. Rassurante. Je
lève les yeux mais rien de noir, rien de gris. Que du blanc. Et de la lumière.
Suis-je sauvée ? Mais de quoi exactement ? Une chose renaît en moi. Renaît sur mon
visage. Une chose mouvante. Qui se cache en temps de désolation et réapparaît à
la lumière. Peu à peu, les traits se dessinent. Les contours prennent forme. Prennent
vie. Le chemin d’or et d’air se dévoile. Apparition. Comme une voie toute
tracée menant au Paradis, puisse-il seulement exister. Je cours. Je veux
attraper cette lumière. La faire vibrer. La faire vivre à travers moi. La
saisir pour moi toute seule. Mais qui est donc ce « moi » ? Qui
est-il ? Je cours. Je cours, je ne peux plus vite. Mes pas touchent l’air.
Mes pas touchent le sol. La terre ferme. La réalité. Cesse donc de rêver, mon
enfant. Une silhouette apparaît dans le lointain. Je marche. J’ai peur. Dans le
blanc, et la lumière aveuglante, et rassurante, j’ai peur. Car il n’existe rien
de plus blanc. Rien de plus aveuglant. Rien de plus rassurant. Le noir, le gris
réapparaissent. Comme par enchantement. Ouf ! Mais… Que fais-je là ?
Je m’approche de cette silhouette. Les couleurs, les tons, les rires et les
souvenirs me reviennent. Oma !
Je cours ! Mes pas touchent l’air. Mes pas touchent le sol. La terre
ferme. Je cours ! Oma ! Mon
visage pleure. Oma ! Je me jette
vers elle. Et Oma m’accueille dans ses bras. Rassurants. Je suis sauvée !
Le chemin d’or et d’air disparaît. Pourquoi t’es-tu aventurée si loin ? J’ai
rêvé, Oma ! J’ai rêvé ! De blanc, et de lumière ! Et là, je me
tourne vers Oma. Et je vois. Du blanc, et de la lumière. Des cheveux blancs et
un sourire plein de lumière. Oma me prend la main. Me sourit. Et nous avançons
sur un chemin de vie et de couleurs vives. Oma ! J’ai fait un rêve si
étrange…