samedi 21 avril 2018

Diatribe


C'est le jour du ramasse-bourrier, il va roler dans la matinée pour ravouiller les berlauderies pleines d'urée. Il faudra que je le bouine, ce souanoux renaré, que je lui dise ce que je pense, à ce tiragnard. Non mais!

 

jeudi 12 avril 2018

Quand l'enfance questionne la maturité


  • Alors, vraiment, tu as eu une enfance heureuse?
  • Oui, j'ai toujours pensé, jusqu'à aujourd'hui, que j'avais eu une enfance heureuse.
  • Comme ça? Tu te revois enfant et tu vois une petite fille gaie, souriante, respirant le bonheur ?
  • En gros, oui.
  • En gros ?
  • Fille unique, désirée, choyée, gâtée, bonne élève, des vacances, des amies, que souhaiter d'autre ?
  • Oui, que souhaiter d'autre ? Maintenant, quand tu y repenses, là, spontanément, tu ne peux pas dire qu'il n'y a pas un souhait non exaucé, pas un regret ?
  • Un regret, pourquoi un regret ? C'est trop tard...
  • Mais pourtant, ose ouvrir la porte, tout doucement... Ça ne te fera pas de mal...
  • Que veux-tu savoir, petite fille? Savoir pourquoi tu pleurais le soir dans ton lit? Savoir pourquoi certains rêves te faisaient peur?
  • Je voudrais savoir pourquoi tu n'as conservé que les bons souvenirs. Personne n'a que de bons souvenirs.
  • C'est un choix. C'est sûrement un choix. J'étais une petite fille heureuse et voilà. Rien à redire. Passons à autre chose. Vivons notre vie. Et tant pis si je veux oublier les fissures dans les fondations de la maison familiale.
  • Les fissures. C'est beau, parfois, les fissures... Ça respire.

lundi 9 avril 2018

ouvre la porte

Ouvre la porte
Elle est assise sur le canapé, elle pleure, elle est secouée de sanglots, une rupture sans doute, elle inonde son mouchoir.

Ouvre la porte
Ella a les yeux bouffis mais elle ébauche un sourire, elle cherche un disque, elle écoute:"c'est extra.."
à tue tête, la fenêtre est ouverte.

Ouvre la porte
Elle s'est déshabillée, elle a ôté ses chaussures à talons, elle est magnifique dans son une nuisette de dentelle noire. Elle ondule.

Ouvre la porte
Elle a baissé la lumière, elle danse sur la table au son du saxo.

Ouvre la porte
Elle a défait ses cheveux, elle boit une bière, la tête renversée, c'est une liane.

Ouvre la porte
Elle tourne, elle est habitée de sensualité, une légère transpiration perle sur son front. Léo Ferré chante jusque dans les arbres du parc.

Ouvre la porte
Il a craqué, il est monté, ils se sont aimés.
C'est extra

réponse à ma question

- Tu te souviens du chemin choisi pour ton devenir?
- oui, je l'ai choisi ce métier, en connaissance de cause, c'était ma voie.
-En es-tu bien sûre? tu te rappelles de Melle Lemagne, ton professeur de sciences?
-Oui, une belle femme, elle m'aimait bien, moi aussi et alors?
-Et ce qu'elle te disait, tu t'en souviens, la biologie, vous êtes faite ça, la famille vous avez le temps.
- C'est si loin tous ces discours! Et puis je l'aimais mon homme, on avait d'autres projets.
- Ces émois que tu ressens devant les herbiers, les collections de minéraux, c'est pas sans raison.
-Des souvenirs agréables, un intérêt pour le monde vivant, c'est tout.
-Tu crois que c'est pas plus profond que ce que tu veux bien dire. Pourquoi Marie Curie, Pasteur, Henri Fabre occupent ils ton esprit?
- Des lectures de jeunesse sans plus.
-Non, je sens en toi une sorte d'ébullition quand tu évoques ces noms.
- Tu as sans doute raison, j'aimais les microscopes, les labos et alors.
-Alors tu n'as pas de regret quelque part?
- Non, " la recherche ce n'est pas pour nous,la faculté pas notre monde", c'était bien ancré dans ma tête. Et occuper les bancs de université en s'appelant madame, inconcevable! Enlever ça de la tête des enfants et leur dire"tout est pour vous" , voilà mon chemin, tu comprends, je ne crois pas y être parvenue tout à fait mais je pense avoir semé quelques graines.
-Rassure toi, quelques une auront germé et toi tu as toujours l'esprit curieux de la garance voyageuse.
C'est bien ainsi

Questions au petit matin

 Pourquoi le jour me questionne-t-il tous les matins? Est-ce le soleil levant qui décide de ma journée?Ma liberté est -elle  simple illusion? Suis-je la marionnette de ce jour naissant? Et lui, va-t-il cesser de revenir? Pour moi, c'est certain , je suis dans la finitude mais lui recommencera -t-il inlassablement? Dans un temps lointain, décidera -t-il de rester avec la nuit? Tout deviendra gris, mais de quelle nuance de gris serons nous recouverts? Pourquoi faut il remplir cette journée? Serait- ce possible de rester là, fatigué, et laisser la terre tourner? La vie avance -t-elle toujours? Vers où? Vers quoi? L'hiver, on la croit morte, d'où vient cette énergie qui remonte du fond de la terre? Est-elle régulière, toujours fidèle à elle-même ou est-ce qu'un jour une pâquerette deviendra arbre? Une prairie forêt, un humain géant? Pourquoi chacun reste emprisonné dans sa carcasse? Un chien pourrait-il devenir tigre? les gouttes de pluie se gonfleraient elles en bulles de savon, est-ce qu'elles remonteraient à l'horizon en immense explosion? Est-ce que des fées en sortiraient et me feraient danser? Pourquoi je n'ai pas danser? Est-ce normal que je sente la danse au fond de moi, comme un mouvement bloqué dans une enveloppe? dans une autre vie, peut-être que je danserai? Mais une autre vie, est-ce possible?

samedi 7 avril 2018

Ouvre la porte

Ouvre la porte.
La cuisine est bien rangée.
La fenêtre laisse entrer le soleil derrière le petit rideau de dentelle.
Aurélie est assise sur un tabouret, un livre de cuisine ouvert sur ses genoux.
Un homard vivant, les deux pinces coincées par un élastique, la regarde de travers pour tenter de la charmer.

Ouvre la porte.
La cuisine est embuée.
On ne voit plus le soleil pénétrer dans la pièce.
Une grosse marmite pleine d'eau fume sur la plaque électrique.
Penchée au dessus d'elle, Aurélie tient le homard d'une main, et son livre de l'autre.

Ouvre la porte.
La cuisine est pleine d'eau.
La marmite s'est renversée, le homard est sur le sol et donne de furieux coups de queue.
Le livre d'Aurélie est trempé et elle est debout sur le tabouret en train de regarder le homard.

Ouvre la porte.
La cuisine est sens dessus/dessous.
Le livre est à la poubelle.
Par la fenêtre, Aurélie a jeté le homard dans la rue.
Sur la plaque de cuisson, on peut voir une poêle avec deux oeufs et une petite casserole de pâtes. Aurélie pleure sur son tabouret, en buvant un verre de vin blanc.
On sonne à la porte.
Dans ma rue
Il y a des portes  colorées
et de la lumière toute la journée
Pourtant dans ma rue, on parle bas.

Dans ma rue
à l'étage, il y a des bavardages
souvent par tranches d'âge,
les retraités, les mères de famille
les ados,eux on ne les voit pas.

Dans ma rue, le matin
c'est le moment de l'entretien
le sol est nettoyé par un indien
Il aime que tout brille
il déteste la marque de nos pas.

Dans ma rue
les portes sont ouvertes parfois
pas trop de secrets, on tous le même chez soi
alors la curiosité
le long de cette longue allée n'existe pas.

Dans ma rue
il ya les traditions du calendrier
A Noël, tout est décoré
au printemps, c'est le déballage des objets
je ne me sépare pas de mes objets
alors devant chez moi, il n'y en aura pas.

Dans ma rue
il y a Modulor, un chien sympa
il ne vous mordra pas, n'aboie pas.
C'est le chien d'un ancien commissaire
courtois lui aussi.
maitre et compagnon marchent du même pas.

Dans ma rue
il y a une longue lignée de boîtes aux lettres
toutes numérotées, toutes pareilles.
Le facteur nous connait tous, malgré l'uniformité,
il nous offre son sourire et son amabilité
Rien de personnalisé, on ne doit pas.


Dans ma rue
il ya Jeanne, une  fillette
elle sort pour vous faire un brin de causette.
D'autres enfants jouent les jours de pluie,
ils dérangent ceux qui n'aiment pas le bruit.
Mais  le mauvais temps n'est pas souvent là.

Dans ma rue
il y a des gens sympas
chez qui on peut sonner quand ça va pas.
Gaby, Gisèle, Claudine, Annie
on rencontre toujours quelqu'un  sur nos pas.

Pour quitter ma rue
il y a un ascenseur
non, des ascenseurs, on est nombreux dans ma rue.
Pour monter sur le toit ou descendre en bas
il faut du temps parfois
alors on peut regarder dehors pour s'acclimater à l'extérieur.

Et dans ma rue, il y a des gens comme moi
ils s'installent dans cette rue qui n'en est pas une.
C'est une rue à l'intérieur
pas de voiture mais plein de visiteurs,
ils déambulent dans cette bulle sans nous prêter trop d'attention
pourtant c'est notre unité d'habitation.


mardi 3 avril 2018

Dans ma rue


Dans ma rue y avait des platanes
ils ont presque tous disparu,
une maladie venue d'Amérique.
D'autres espèces les remplacent
mais ce ne sont plus mes platanes.

Dans ma rue y a des chiens qui traînent
et qui lèvent la patte contre le tronc des arbres.
Eux, ça leur est bien égal que ce ne soient plus des platanes.

Dans ma rue y a encore des gosses
avec ballons, rollers et trottinettes.
Il paraît que j'ai de la chance,
dans d'autres quartiers les enfants
sont bien à l'abri chez eux, devant leurs écrans.

Dans ma rue y a des gens qui râlent
que les enfants font trop de bruit,
qu'ils les bousculent, quoi, qu'ils les gênent.
Ils voudraient bien que les gosses restent rangés tranquilles.

Dans ma rue j'y vais plus beaucoup,
vu que je me promène qu'en fauteuil roulant.
Mais le nez collé à ma fenêtre, je vois tout,
j'entends tout, je sens même l'odeur du pain chaud
qui sort de la boulangerie d'en face.

Dans ma rue y a des jolies filles.
Bon, elles ne sont plus pour moi.
Mais un regard, n'est-ce pas, un regard,
ça me réchauffe le cœur et ne me coûte rien.

Dans ma rue, dans ma rue, derrière ma fenêtre,
pourvu que ce soit là que je finisse mes jours.
Pas trop vite, pas trop tard,
avant que le quartier soit réhabilité,
comme ils disent.

lundi 2 avril 2018

Dans ma rue


Dans ma rue
Après l'agitation, le bruit des boulevards
Vous serez surpris par le silence
Parce que ma rue c'est une impasse

Dans ma rue
Vous trouverez des maisonnettes
Entourées de jardinets
De plus en plus bétonnés
Les piscines ont eu raison des arbres

Dans ma rue
Il y avait des haies
Des lauriers, des rosiers
Remplacés peu à peu par des murs
Les voisins on les connaît moins

Dans ma rue
Le soleil brille
Sur  le capot des voitures
Où s'étirent avec paresse
Quelques chats qui rêvent

Dans ma  rue
Il y a aussi des gens
Qui empoisonnent les chats
Alors quelqu'un a installé une caméra
Si vous venez dans ma rue
Souriez! Vous êtes filmé!