mardi 23 février 2016

Clé n°4

J'aurais dû le savoir. J'aurais dû me méfier. La porte était bizarre, un peu… décalée, comme pas vraiment à sa place. Je suis tombé dessus par hasard – enfin, je me demande maintenant si c'était vraiment par hasard – dans un coin paumé du deuxième étage, aile ouest. La clé était par terre, juste devant. Elle aussi était bizarre, un je ne sais quoi d'étrange. J'ai eu le temps de la regarder sous toutes les coutures depuis, mais elle n'a pas perdu ce côté… venu d'ailleurs.

Je l'ai prise et j'ai ouvert la porte. Ce n'était qu'un placard, un débarras. L'ampoule qui pendait du plafond fonctionnait encore. Il n'y avait rien à part de la poussière, et de vieux cartons. Et puis j'ai vu l'autre porte. Au fond du placard, derrière un mur. Cachée. Elle était fermée. La serrure avait l'air identique à celle de la première, alors j'ai essayé la clé. La serrure a tourné avec un clic, la porte s'est ouverte. Il faisait noir. J'ai avancé un peu, pour voir.

La porte s'est refermée. Toute seule.

Impossible de la rouvrir.

J'ai tout essayé. J'ai cogné dessus, sur la serrure, sur le chambranle, je me suis explosé les jointures à vouloir la démolir. J'ai même tenté de creuser dans le mur autour. Rien à faire.

Je me suis laissé tomber. J'ai regardé la clé, j'ai voulu la jeter. Quelque chose m'a retenu. Je ne sais pas trop quoi. Juste le sentiment qu'il fallait que je la garde.

Ça fait fait un moment que je suis coincé dans le noir, avec pour seule lumière le rai qui passe sous la porte. Personne ne va venir, je le sais, personne ne vient jamais dans cette ruine. Je n'ai pas le choix, il va falloir que je continue dans le couloir. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, c'est la seule issue.

Mais je n'ai pas envie. Je ne veux pas aller dans le couloir.

Parce que j'ai peur.