La
cité où je travaille: Des tours, très hautes, moins hautes, dix
étages minimum tout de même. Des centaines de fenêtres, des
balcons encombrés, vélos, motos, linge qui sèche, meubles
entassés. Peu de gens. Du gris, du gris, du gris. Les allées,
grises, noires, jonchées de détritus, de matériel abandonné là
depuis longtemps, gazinières, carcasses de vélos, matelas troués.
Des gens vont, viennent, toutes teintes de peau, toutes teintes de
vêtements, seuls les foulards et boubous africains comme taches de
couleur, d'un peu de gaité. Des gens sont adossés aux murs, des
jeunes, des garçons seulement. La fumée de leurs cigarettes.
L'accablement dans leur attitude, dans leurs yeux. A l'entrée une
école. Les cris des jeux d'enfants à l'heure de la récré. A
l'entrée un commissariat. Aucun policier dehors. La peur. Ça
sent la peur.
La
cité où je demeure: Deux longues barres d'immeubles, quatre étages.
Des balcons, des balcons fleuris. Sur certains des gens déjeunent au
soleil. Des voitures bien alignées sur le parking. D'autres qui vont
et viennent tranquillement. Des gens qui passent, pressés ou en
promenade. Ils se saluent, s'interpellent. Des enfants qui font des
tours, en vélos, skates ou trottinettes. Tout autour la pinède, les
rochers, les collines. Des petits sentiers pour s'échapper
directement dans le Parc national des Calanques. Le chant des
oiseaux. Les pies qui traversent la route sans crainte, volettent
d'arbre en arbre. Un homme qui promène son chien. Un chat allongé
sur le toit d'une voiture. Les pins. Ça
sent les pins.