mardi 22 janvier 2013

Scène

J'entre d'entrée dans le salon, le jour déplie mon ombre sur un tapis sans âge. Dans la pénombre zébrée d'ombre, un vieillard androgyne s'accroche à son journal, daté d'hier. Un furet gratte sa cage, l'ennui suinte de l'odeur prenante. Il fait bon frais, mais un rai de lumière s'enfuit du frigo entr'ouvert. La table basse porte avec peine un cendrier, une bouteille carrée et deux verres vides.

Je ressors en silence. Pas le temps. Une heure après, je ré-ouvre cette même porte. "Mets de l' huile" me dis-je, énervé. L'androgyne n'a pas bougé, si ce n'est que ses cheveux dépassent du journal, moins fermement tenu. Le furet me regarde, étonné de cette soudaine agitation. "Ca aime le beurre il paraît". Je remarque plus que ne les vois deux tableaux, le sous-verre cassé, des livres épars, un abat-jour sans âge. "Ce salon est trop grand pour une seule personne. Où sont-ils, s'ils existent ?"