jeudi 14 février 2013

Attente


Quelqu'un attend, quelqu'un qui n'aime pas attendre, quelqu'un qui n'attend jamais.
Il s'organise toujours pour ne pas avoir à attendre. Si un train est en retard, il préfère le rater.
Mais là, aujourd'hui.
Debout? Assis, jambes croisées avec désinvolture? Les cent pas dans le couloir?
Il est fatigué, fatigué, fatigué d'attendre, fatigué de courir.
Angoissé à l'idée que demain, peut-être, il ne pourra plus courir.
Et si ce moment d'attente n'était que le premier, le premier jour de patience, le dernier instant avant qu'il ne devienne un patient?
Salle d'attente, c'est écrit sur la porte.
Pourquoi ne pourrait-on voir un médecin à une heure précise, avec un rendez-vous qui serait respecté de part et d'autre?
Des gens attendent aussi, tous assis, apparemment tranquilles, plus tranquilles que lui. Il les observe. Deux pianotent sur leurs portables, une grosse dame lit une revue. Une autre, plus mince, regarde le plafond. Tranquille. Ou sous tranquillisants? Il ya aussi un psychiatre dans ce cabinet médical.
Et lui, aura-t-il besoin de tranquillisants? Aura-t-il droit aux tranquillisants?
L'image de sa mère surgit, qui lui répétait: Tiens-toi tranquille. Déjà!
Sa mère. Heureusement elle a disparu. Il n'aura pas de mauvaise nouvelle à lui annoncer. Elle ne saura pas.
Cela le soulage. S'il doit être cloué au lit pour de longs mois, s'il doit devenir un patient amorphe, puis un agonisant douloureux, elle ne le saura pas.
Une porte s'ouvre, il se dresse comme un ressort...
Ce n'était pas pour lui, ce n'était pas le Docteur Machin, le célèbre oncologue marseillais. Pourquoi l'a-t-il convoqué? Pourquoi a-t-il refusé de lui donner ses résultats par téléphone?
Il se cale sur sa chaise, soupire. La lassitude commence à l'emporter sur l'énervement.
Il attend.