mardi 8 novembre 2016

Les voix

Il y avait les voix des adultes.
Celle de la mamie, aimante, protectrice. Ne te fatigue pas. Couvre-toi bien. Fais attention. Celle de la mère. Qu'est-ce que tu veux ma chérie? Si tu as sommeil, si tu es fatiguée, ne vas pas à l'école. La mère disait aussi qu'il ne faut pas écouter ce que disent la religion et l'école qui interdisent tout ce qui est bon. La voix du père lointaine. Elle ne s'adressait que rarement à l'enfant. Elle s'emportait après la mère. Tu me fatigues. Tu jettes l'argent par les fenêtres Tu es un vrai panier percé. 
A travers ces voix le mot fatigue revenait souvent accompagné de son copain peuchère. La mamie parlait d'une voisine. Peuchère, elle a ses rhumatismes, elle est fatiguée. Chut! Papy dort, il est fatigué, peuchère. La fatigue semblait être un terrible fléau qui inquiétait l'enfant. La mère demande. Tu n'es pas fatiguée? Aussitôt le cœur s'affole, les mains deviennent moites. Est-ce cela la fatigue? La mamie. Ne me tourne plus autour tu me fatigues. La grand-mère disait. Au début du mariage une femme retient l'homme par l'amour après c'est par les petits plats qu'elle lui prépare sinon il se fatigue d'elle. La mère ne sait pas cuisiner, le père va-t-il la quitter? Les vois du père et de la mère mêlées, confuses, pleines de colère, de reproches. Tu me fatigues. Je n'en peux plus. La voix du papy toujours câline, calme, admirative devant l'enfant. Ma beauté, ma gâtée. Écoute, n'oublie pas, quand tu seras grande le danger viendra de la Chine. La mère. Dans la vie, il faut faire ce que l'on veut. Vive l'indiscipline A l'école la maîtresse a une grosse voix. Soyez sages, il faut travailler, écouter, être courageux. A l'école, personne n'est fatigué.