lundi 10 avril 2017

Avec du sucre, votre café?

Le sucre est un petit carré de luxe, pas vraiment bon pour la santé, mais carrément bon pour le moral.
On le trouve aussi en poudre. Toutes sortes de poudres: épaisse et brune, fine et blanche, farineuse comme du talc. Ou bien en cristaux comme des petites pierres précieuses. Ou accroché à un bâtonnet de bois que l'on peut sucer.
Le simple fait d'en prendre un morceau dans les doigts nous transporte dans les îles où les cannes à sucre  dansent sous le vent.
En fermant les yeux, on aperçoit les esclaves noirs, à demi nus, luisant de sueur, fouettés par le maître à cheval pour attiser la cadence.
Sous le coupecoupe qui fait tomber les tiges ligneuses, il y a des bêtes voraces et dangereuses: serpents, araignées, scolopendres.
Et ces esclaves noirs, qui sont pieds nus, se font piquer ou mordre, attrapent la fièvre et meurent.
Tout ça pour le petit carré de sucre qui tombe mollement au fond de notre tasse de café, pour un minuscule et fugace plaisir gourmand.
Mais bien sûr, on ne meure plus en ramassant la canne. Les esclaves n'existent plus. Normalement.
Les coupeurs ont de hautes bottes de caoutchouc qui protègent leurs jambes.
Et des machines infernales et gigantesques transforment la plante en mélasse, puis en sirop, ou en poudre ou en morceaux, ou en rhum. Des machines conduites par des hommes, dirigés par des chefs grognons et exigeants,  payés en dessous du SMIC.
EXPLOITATION: c'est comme ça qu'on appelle les distilleries dans les îles.
C'était hier. Et c'est aujourd'hui.