samedi 21 octobre 2017

Moi, mésange célibataire.

J'ai mis des jours à trouver le bon endroit.
Finalement, j'ai choisi ce trou dans un tronc d'arbre. Je trouvais qu'il était déjà un nid, ce petit trou d'écorce douce. Et puis, il était à la croisée de trois branches, comme le symbole de la paix.
Mon mâle n'était pas vraiment d'accord avec moi. Il est suspicieux, l'oiseau!
Finalement il a cédé. De toutes façons il fallait se dépêcher.
Ensuite, il a fallu encore des jours à chercher les bonnes brindilles et à les installer une à une, dans un agencement dont nous seuls avons le secret: les courtes, flexibles et douces à l'intérieur, les longues un peu folles à l'extérieur.
Puis j'ai fini par m'installer.
J'aimais bien la vue de mon balcon.
Et tous les jours je me disais que j'avais fait le bon choix.
Ils seront en sécurité là, mes petits oeufs.
J'en ai pondu quatre. Tous beaux, tous ronds, tous blancs.
Amoureusement couvés.
Au 6° jour de couvage, je n'ai plus revu mon mâle.
Parti avec une autre? Prisonnier dans une cage? Mangé par un chat? Ecrasé contre une fenêtre?
Il a fallu que je quitte mon nid et mes oeufs pour me nourrir.
Mon nid plein.
Quelle vie, d'être mésange célibataire!
Il faut défier tous les pièges pour être sûre de revenir se coucher sur ces petits trésors.
Et le pire reste à venir!
Vous, vous pensez oisillons, c'est mignon, becs ouverts, babillages...
Moi je pense vermisseaux à trouver, nourriture, astreinte, nuits blanches, angoisses....
Dès qu'ils volent de leurs propres ailes, c'est décidé, je me trouve un autre oiseau.