dimanche 7 décembre 2014

Appartement 913

Le jeune homme est assis dans un rocking-chair. Il se balance doucement. Les yeux fermés, il n'a pas l'air d'écouter la télé qui hurle à voix basse. La pendule affiche 0:32.

Ouvre la porte.

Le death metal en sourdine a laissé la place à un talk show pastel et insipide. Le fauteuil ne se balance plus. Le soleil entre par la fenêtre et éclaire le jeune homme en contre-jour. Ses yeux sont fermés. La pendule affiche 9:15.

Ouvre la porte.

À l'écran, un homme qui sourit trop vante les mérites d'un aspirateur qui ne convainc pas assez. Des rires d'enfants se font entendre à travers la vitre. La pendule affiche 14:43.

Ouvre la porte.

Deux flics de choc poursuivent pied au plancher deux truands qui tentent de se faire la malle. Les pneus crissent, les balles claquent, toujours à volume réduit. L'orange du soleil couchant se reflète sur la tôle du supermarché d'en face, et donne une teinte chaude à la pièce. Rien ne bouge. La pendule affiche 19:59.

Ouvre la porte.

La nuit est tombée. Il fait froid dans l'appartement. On n'entend pas le moindre bruit, à part la télé qui pousse de nouveau la chansonnette, in petto. C'est l'heure où tout le monde dort. Soudain, le torse du jeune homme s'affaisse. Son bras tombe le long du fauteuil, et avec lui le garrot qui se défait, et la seringue qui teinte contre le parquet. La pendule affiche 1:08.

Ferme la porte.