lundi 15 décembre 2014

Liberté chérie !


Jojo : (l’enfant sauvage. Nus pieds, habillé d’un pantalon sale et d’une chemise débraillée, les cheveux ébouriffés qui n’ont jamais connu le peigne) : Pour moi la liberté, c’est la nature : le vent, la course dans les champs, les pierres et leur mousse, l’eau libre !

Tchalco : ( le violoncelliste. Barbu avec des cheveux bouclés il a les yeux noirs de malice et les mains fines et agiles des musiciens virtuoses) : Pas de doute, ma seule liberté, c’est la musique. L’impro est la création pure. Sans elle, je ne suis rien car tout ce que je suis est ce qui est vivant, ne se voit pas et s’entend seulement !

Hélène : (la danseuse de flamenco. Belle, les cheveux noirs tressés entourés d’un foulard, elle porte avec aisance une robe rouge qui descend jusqu’aux chevilles) : tu le sais bien, quand tu joues de ton violon, c’est la vie qui danse et moi avec ! Voilà ma liberté ! C’est celle du mouvement, l’éclatante liberté du plaisir, la joie du corps léger, l’infini permanence de l’éclair !

Ratignasse : (l’éleveur de chevaux. Cet homme massif porte des bottes et un chapeau de feutre. Ses cheveux gris sont courts, sa peau est basanée, il a toujours une veste au dessus de sa chemise) : c’est vrai Hélène, tu nous éblouis comme un soleil de jeunesse mais pour moi, tout cela passe et seul reste en moi la course des chevaux. J’aime plus que tout, leurs muscles saillants, leurs souffles profonds dans une course au galop effréné !

Bébert : ( le conteur, un homme simple) : Tout cela ne serait pas possible sans le rêve : le rêve d’espace de musique et de danse. Le rêve d’un cavalier fou et de sa course d’étoile !

Fernande : (la maman : d’un certain âge, elle a une silhouette ronde. Ses cheveux coiffés en deux tresses sont surmontés d’un chapeau de feutre. Elle porte une grande jupe plissée grise et un chemisier de laine). : Tu radotes, Bébert ! Rien n’est plus doux qu’une tranche de lard et une bouchée de pain dans l’estomac de l’homme qui a faim ! Ne t’es tu jamais posé la question ? Vis tu de l’eau des chansons des danses et de l’amour ?

Jojo : oui, moi j’en vis ! J’embrasse la terre, je me roule sur elle et en fermant les yeux je mets mon nez dans l’herbe et je respire enfin. Quoi ! N’est tu pas capable de comprendre cela ?

Tchalko : Laisse un peu ouvert tes oreilles Jojo ! bien sûr tu comprendras mieux les oiseaux, le vent dans les sapins et le rythme sourd de ton cœur ! Mais, ce n’est pas suffisant. Ecoute enfin la musique : c’est la seule vraie vie ! L’élan ! Le départ de tout !

Hélène : Vient jojo ! Ne les écoute pas ! Vient te reposer à coté de moi ! Tu es l’enfant que je n’ai jamais eu et je suis celle qu’il te faut ! Mon corps est ton refuge, ton jardin et même ton lit douillet ! Joue nous de la musique Tchalko ! Je veux qu’il danse aussi ! je veux des éclairs du rythme et de la vie !

Rastignasse : C’est vrai ! Laissez-vous aller ! Dansez, enivrez vous ! (il débouche une bouteille) Moi et mes chevaux nous vous regarderons. Demain, avec eux nous pourrons partir à nouveau, plus loin, plus haut, derrière les collines, au-delà des montagnes ! Nous découvrirons l’horizon et les ciels d’ailleurs !

Bébert : vous êtes ma vie, mon cœur, mon âme ! Vous êtes l’énorme creuset dans lequel bouillonne mes histoires : sans vous je ne serais rien Les mots que vous me donnez sont les échos de mon âme, son extrême résonance. Merci, grâce à vous je voyage et j’ai les yeux fermés !

Fernande : Venez mes enfants du voyage ! Venez là et régalez vous bien ! Ma marmite c’est mon cœur qui bouillonne. Il y a dedans tout les légumes du monde, les poèmes et les histoires, le pain et la viande si doux à vos palais !

N’oublie pas le vin, Rastignasse ! C’est le nôtre, celui de la bohème ! Son parfum c’est celui de la liberté : ses couleurs sont écarlates et il claironne dans la nuit !