samedi 9 janvier 2016

Cauchemar ou prémonition?

La capitale de ce monde perdu brillait de mille feux, son emblème renvoyait la lumière dans le monde entier. Elle faisait partie des villes les plus photographiées, les touristes se pressaient pour entrer dans ses musées, elle rayonnait tel un diamant aux multiples facettes.
Une nuit, un son profond remonta de son sous sol, des fumerolles jaillirent et crachèrent leur souffre. Vulcain se déchaîna dans ses entrailles et les feux de l'enfer s'abattirent sur terre. L'air devint irrespirable   et la lave changea la Seine en rivière de sang. Des maisons brûlaient et les rues se recouvraient de poussière noire, les grandes avenues jonchées de pierres incandescentes n'étaient plus praticables. On sentait la mort roder, une sorte de peste se répandait alentours. Il fallait fuir, fermer la ville, partir vers d'autres cieux, partir vers un ailleurs ou la décomposition du monde ne ferait plus peur, retrouver l'unité et les images stables de nos vies, oublier la fragmentation provoquée par les secousses.
On rassembla quelques roupies et effets dans nos besaces et on est parti sur des chemins incertains en quête d'une nouvelle lumière. On s'était regroupé au pied de la Tour Eiffel qui tremblait, on attendait amis et voisins en chantant des cantiques. On ignorait où cet exode nous conduirait mais on croyait au salut. Il fallait encore y croire, croire à la rencontre de "l'homme qui marche". On a avancé contre vents et marées, dans la souffrance et la faim, puis on est arrivé sur la terre sainte tant espérée mais là notre homme était lui aussi crucifié, le sang coulait encore sur son flanc. Anéantie par le désespoir je suis tombée à ses pieds, pour me soulager je dessinai des ronds  concentriques dans le sable. En arrivant à l'infiniment petit, je trouvai une balle.
"Etrange, Jésus n'a été fusillé!"
"Je me suis plantée, il est temps de me réveiller dans mon lit bien douillet en espérant le garder longtemps encore!"