mardi 17 janvier 2017

J'ouvre la fenêtre
Sur le marché ce matin, j'ouvre la fenêtre sur une odeur d'enfance, une odeur d'avant, le parfum pénètre à deux battants, je suis envahie de senteurs lointaines, de senteurs de châtaignes . Les marrons grillés du petit train rouge à la cheminée noire m'attendent là haut sur la colline comme au temps où on quittait les usines pour s'emplir de ce goût d'automne, de la musique des manèges et des rares sourires de mon père. J'ouvre la fenêtre sur le grand boulevard de La Croix Rousse, sur le boulevard des souvenirs quand j'étais petite fille.

J'ouvre la fenêtre sur Farinelli. Je rejoins les voix des anges, les voix qui n'ont pas court ici bas, que l'on entend pas entre vous et moi, les voix d'ailleurs qui vous emportent là haut, on ne sait pas trop où mais ailleurs, les voix d'un autre monde où tout semble limpide. J'ouvre la fenêtre sur le grand air de La Liberta et les larmes sont là.

J'ouvre la fenêtre sur le monde un soir d' insomnie, il parait que les étoiles se rencontrent , fusionnent , explosent. Prise dans ce tourbillon, je visite des galaxies, je danse sur les anneaux de Saturne, j'interpelle  Pierrot sur un croissant de lune, il me parle d'exoplanètes, de vitesse de la lumière, me montre des trous noirs, m'entraine sur une queue d'étoile filante. Quel vertige! Il vaut mieux fermer la fenêtre et rejoindre ma couette.